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27/03/2011

"Suppléments de mensonge", presque un mois déjà...

C'est un dimanche de printemps, pas nécessairement printanier. C'est un dimanche moitié-soleil et moitié-nuages, un dimanche de « soleil-cafard ». Il fait un temps hésitant, à se promener dans la « Ruelle des morts » pour y compter ses deuils et se rendre compte que la pelle déborde qui sert à les ramasser...

C'est un dimanche à écouter Thiéfaine, pour se sentir moins seul(e), un dimanche à s'enivrer l'âme de « Suppléments de mensonge ». On ouvre le flacon, et se déverse l'ivresse... Je n'ai pas dit assez combien j'aime cet album, combien il m'entre dans la peau. Dans « La Ruelle des morts », j'ai tout à coup la soixantaine avec Thiéfaine, et je regarde avec nostalgie s'éloigner mes marelles et ces deux clochers, l'un lorrain, l'autre breton, qui si souvent font résonner, dans ma vie d'adulte, leurs mélancoliques carillons...

Sautons un peu plus loin sur la marelle, justement, et c'est « Petit matin, 4.10. heure d'été » qui vient nous plonger dans ses eaux glaciales... « J'ai broyé mon propre horizon », chantes-tu, vieux compagnon d'infortune... Il y a plusieurs décennies, tu posais la lancinante question de savoir « qui n'a pas sa névrose », je demande aujourd'hui qui ne broie pas son propre horizon, qui ne dilapide pas ses forces et le temps qui lui est imparti ? Dans « Scandale mélancolique », tu te décrivais comme un never been, te voilà avouant que tu rêves d'avoir été... C'est chaque jour la « foire aux âmes brisées », mais certains sont un peu plus sensibles que d'autres au « vieux drame humain » qui s'y joue. Certains tomberont à genoux avec Nietzsche devant un cheval épuisé, d'autres passeront tranquillement leur chemin. Peut-être que pour ceux-là, les mots de Thiéfaine n'ont pas, ne peuvent pas avoir le même impact que sur les premiers.

Dans « Infinitives voiles », tu évoques le « miroir intime d'une enfance bâclée ». Là encore, une question me vient : qui n'a pas le sentiment, après-coup, d'avoir bâclé son enfance, de n'en avoir pas suffisamment siroté la belle insouciance, celle dont il est écrit dès le premier cri que l'on pousse, qu'elle ne reviendra plus ? Qui ne livre pas chaque jour son petit « combat sans espoir » ?

«Infinitives voiles » : depuis de longues semaines, je me triture le cerveau sur cette licence poétique ! Un début de réponse (qui n'engage que moi) m'est venu ce matin : l'infinitif, quelque part entre l'infini et le définitif...

Bien d'autres « fulgurances » me sont venues à l'esprit ce matin. Par exemple, en écoutant « Les ombres du soir », j'ai imaginé « séduire pour mieux détruire, dit-elle ».
Cela faisait un peu plus d'une semaine que je n'avais pas écouté ces suppléments -au pluriel- de mensonge -(au) singulier. Une fois encore, je ressors bouleversée de cette plongée au cœur d'un album baignant à la fois dans les plus froides ténèbres et la plus chaude lumière. C'est tout l'art de Thiéfaine que de savoir nous piéger et de chanter avec la même grâce tantôt « le souffle éthéré des douceurs féminines », tantôt la « froideur féminine » (il y a la femme qui vous "homérise", mais il y a aussi celle qui vous vampirise !), tantôt « l'espoir d'un futur désiré », tantôt ses « scarifications de guerrier de l'absurde ». Dans « Suppléments de mensonge », on oscille sans cesse entre coups de poing et caresses, entre froideur, brutalité même, et douceur, voire sensualité. C'est peut-être ce qui explique que l'on ressorte vacillant, bizarre, et pourtant plus fort, de chaque heure passée en compagnie de cette œuvre magnifique...

Commentaires

Il ne passe pas un jour sans que je l'écoute .
Il n'a pas quitté le lecteur cd de la voiture depuis que je l'y ai mis le 25 février !
Quand je sors épuisée et lessivée du boulot , qu'est-ce que ça fait du bien de l'entendre dès que je met le contact !
Et comme j'ai en général plus d'une heure de route c'est parfait !

Écrit par : Loreleï2 | 27/03/2011

bonsoir, juste un petit coucou en passant. c'était vraiment printannier chez moi aujourd'hui
j'avoue que j'ai été un peu dur lors des premières écoutes, mais plus il y a d'attente dans quelque chose, plus on est déçu lorsque ça arrive.
pourtant il y a bien deux ou trois pépites sur cet album et notamment fièvres resurectionnelles et 4.10.
Et puis, tiens, même cet Vamp elle est pas mal.
Elle fait bien la balance avec cette femme qui fait que le soleil se lève..
bonne nuit.

Écrit par : hervé | 27/03/2011

Moi aussi je l'écoute tous les jours.
J'aime beaucoup cet album sauf une chanson, quebec november hotel, celle ci je n'accroche pas du tout, je n'aime pas trop la musique qui accompagne cette chanson, ni les paroles, ni l'interprétation, j'ai beau l'écouter, rien a faire.
A + Sylvie

Écrit par : sylvie | 28/03/2011

Moi aussi je l'écoute tous les jours.
J'aime beaucoup cet album sauf une chanson, quebec november hotel, celle ci je n'accroche pas du tout, je n'aime pas trop la musique qui accompagne cette chanson, ni les paroles, ni l'interprétation, j'ai beau l'écouter, rien a faire.
A + Sylvie

Écrit par : sylvie | 28/03/2011

Peut-être que je m'aventure un peu loin (dès mon premier commentaire sur ce blog) mais à chaque fois que j'entends que Thiéfaine veut "arracher son masque et sa stupide armure, ses scarifications de guerrier de l'absurde" je repense à ses débuts... Pour moi, "guerrier de l'absurde" rime avec "Autorisation de délirer" et "De l'amour, du lard ou du cochon", où effectivement, il était proche de l'absurde, du non-sens etc. Et j'ai l'impression amère que Thiéfaine renierait son passé.
Suis je la seule à avoir pensé à ça? à avoir eu une réflexion qui part un peu loin du texte originel de la chanson?

Écrit par : Maryoko | 31/03/2011

Merci pour ce post qui me donne l’opportunité de compléter mes premières impressions livrées sur le site officiel…
Sans doute favorisé par une vacuité artistique manifeste dans le rock français actuel, le retour adoubé d’Hubert-Félix Thiéfaine, dans cet Hexagone décadent giflé par une brise Marine de plus en plus menaçante, hisse les trop rares étendards d’un refus de la médiocrité au niveau d’un retentissement médiatique et commercial plus conséquent. Pourquoi ne pas s’en réjouir ?
Sacré pays quand même où prés d’un citoyen sur 5 vote front national pendant que d’autres (ou les mêmes ???) se félicitent qu’une devise en 3 mots embellissent les frontons de nos hôtels de ville…enfin il parait qu’il vaut mieux être homme à paradoxe que homme à principes…
Sacré pays où des artistes privilégiés (« jamais seul ») s’enorgueillissent d’une prétendue attitude rebelle parce qu’ils refusent de payer leurs impôts en France… paupérisant davantage le quotidien de modestes contribuables parmi lesquels (bonjour le cynisme) se recensent leurs fans, aveuglément (ou désespérément ?)compréhensifs …non des fois le public n’a pas l’artiste qu’il mérite !
Mais je m’égare…alors un mois après sa sortie quid? de ces « suppléments de mensonge » :
Le moment le plus intense étant la montée d’escaliers, les préliminaires de l’écoute s’articulèrent autour de la prise en main de l’objet (toute interprétation suggestive étant laisser à l’initiative de chacun-e-) et de la lecture attentive des
citations disséminées sur les feuillets. Et je remarquai dans les remerciements la présence d’un certain Damien Saez, découvert il y a peu, et dont la sauvagerie, la discrétion mais aussi le talent résultent peut-être aussi d’une filiation à confirmer…
Alors certes, je ne nie pas une certaine perplexité à la défloration de ces « suppléments de mensonge »…j’attends tellement de chaque nouvel album qu’inévitablement la découverte initiale n’accouche souvent que de frustrations
(Légères, faut pas exagérer quand même) voire d’inavouables mais latentes déceptions…et là le plongeon habituel dans l’étreinte des mots du poète ne s’était pas produit. Mais certaines œuvres se méritent, s’apprivoisent et gagnent en profondeur par des écoutes plus persévérantes et itératives. Trouver le bon compromis car la charge émotionnelle se dilue aussi dans trop de proximité, c’est valable dans tous les domaines, n’est-ce pas ?…ah bon.
Fort de mon expérience passée concernant les 2 albums les plus aventureux (« alambic/sortie sud » et « défloration 13 ») je gérais avec soin mon appréhension de ces « suppléments de mensonge »…et bientôt je fus saisi par l’étau empathique de la mélancolie imprévisiblement lumineuse du Thiéfaine nouveau. Avec cette alchimie renouvelée ma vulnérabilité capitula face aux effusions enchanteresses de l’alligator jurassien dérivant et s’enlisant vers les vases épurées de rivages rédempteurs. Et malgré un visage grêlé de vécu je reste toujours prompt à m’enthousiasmer à la perspective de cette poésie (« soi-disante » post-adolescente et puis qu’importe) si décriée dans certains milieux autorisés….Pourtant l’album est digne de son prédécesseur « scandale mélancolique » :
En ouverture « La ruelle des morts » par son oscillation entre nostalgie et espièglerie annonce les nuances d’un disque où des boutons de rose (« Fièvre résurrectionnelle »), côtoient des rocks joyeux (« Vamp orchidoclaste »).
Grace à leur emplacement soigneusement choisi, des chansons comme « Garbo XW Machine » distille un souffle de rock émoustillant salutaire après le joyau «… Annabel Lee » et juste avant le fiévreux, éprouvant mais splendide « petit matin 4.10 ». « Compartiment C… » assure une transition très agréable par la description de cette énigmatique voyageuse solitaire à jamais figée dans un tableau. Avec « infinitives voiles » l’album atteint une dimension d’intimité poétique exceptionnelle corroborant cette mise à nu illustrée par la pochette du disque.S’insére alors une sorte de pause ludique avec la « vamp » et le dynamique « sporting lobotomie club » où l’on retrouve la puissante verve épistolière de Thiéfaine, grâce notamment à la percussion de mots acérés enchevêtrés d’arrangements efficaces. Reste la pépite «les ombres du soir » enivrante odyssée de 9 minutes dont on se plait à suivre le fil et dont l’harmonie paroles/musiques me parait la plus réussie tellement se dégagent de l’évidence et de la cohérence de ce morceau.
Enfin, à priori d’après ce que j’ai lu et entendu ça et là, les 2 chansons les plus controversées qui clôturent l’album. Pourtant « Québec november hôtel » et « les filles du sud » sont loin d’être dénuées de charme. La premiére, par
Sa légèreté permet de trancher avec les riches brulots précédents et amène une diversion non négligeable. Quant aux « filles du sud », elle conclue ce disque sur une dédicace en forme de sourire qui ne manque pas de panache.
Pour tout dire Un millésime 2011 très réussi qui m’a fait dire lors d’une écoute que même si l’hiver était rigoureux ce n’était pas le froid cause de ma chair de poule mais bien des suppléments de mensonges du petit matin aux ombres du soir… qui hérissaient mes poils.
Dans l’attente de suppléments de vérités …scéniques je vous salue en vous remerciant pour tous ces suppléments...culturels bien enrichissants.
Cordialement

« il faut vivre comme l’ on pense sinon,tot ou tard ,on finira par penser comme on a vécu » JEdern Hallier.

Écrit par : alfana | 01/04/2011

Cit. d'Alfana :
" il faut vivre comme l’ on pense sinon,tot ou tard ,on finira par penser comme on a vécu » JEdern Hallier. "
.
, là , le Doc certes autididacte de son état ne peut s'empêcher de dire : " aïe.. aîe.. " !... il est vrai que Jean-Edern Hallier n'était pas avare dans ses emportements à une connerie près !...

Écrit par : Le Doc. | 01/04/2011

Bonsoir à tous en passant.

Si je saurai écrire le français aussi bien que alfana, j'aurai écrit presque pareil à quelques nuances près ; (pas prés)
Yahvé vraiment pas besoin de Quebec november hotel ni d'un Robot-bar d'ailleur.
Mais c'est Hubert qui décide.

Écrit par : hervé | 08/04/2011

Bonsoir à tous en passant.

Si je saurai écrire le français aussi bien que alfana, j'aurai écrit presque pareil à quelques nuances près ; (pas prés)
Yahvé vraiment pas besoin de Quebec november hotel ni d'un Robot-bar d'ailleur.
Mais c'est Hubert qui décide.

Écrit par : hervé | 08/04/2011

Désolé Alfana, j'avais l'esprit taquin l'autre soir. C'était une belle analyse- critique.
Bon dimanche à tous.

Écrit par : hervé | 10/04/2011

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