09/04/2011
Anna Akhmatova (Requiem)
8
A LA MORT
Puisque tu dois venir, pourquoi pas maintenant ?
Je t'attends. Et c'est dur.
J'ai éteint la lumière et j'ai ouvert la porte
Pour toi, si simple, miraculeuse.
Prends la forme que tu voudras,
Sois l'obus mortel qui s'engouffre,
Le malfaiteur agile qui vient à pas de loup,
Les noires fumées de la typhoïde,
Ou bien cette légende que tu as inventée
Et qui nous lève le coeur à tous,
Que je voie le haut du chapeau bleu *
Et le concierge blême de peur.
Peu m'importe à présent. L'Enisseï tourbillonne,
L'Etoile Polaire rayonne,
Et l'éclat bleu des yeux que j'aime
Se voile d'un ultime effroi.
La maison aux fontaines
19 août 1939
*Uniforme des employés du NKVD.
21:58 | Lien permanent | Commentaires (3)
Commentaires
Très joli poème encore une fois. Cette personnification de la Mort est troublante. On pourrait presque croire que la poète se morfond seule dans son coin, attendant désespérement l'homme qu'elle aime...une attente fébrile où la délivrance ne passe que par cet obus qui s'engouffre...Dans le tourbillon, le maëlstrom unique de la Ienisseï, sous le regard tendre des étoiles incandescentes...
Écrit par : Monsieur Müller | 10/04/2011
Un peu "je t'aime et je t'attends", non?
Écrit par : Monsieur Müller | 10/04/2011
http://twitter.com/#!/hfthiefaine
" À mon avis, il n’y a pas que la mort dans la vie. "
Écrit par : Loreleï2 | 11/04/2011
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