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15/01/2012

Méthode de dissection : une autre artiste citée dans le livret de Suppléments de mensonge

La pensée du jour : "ça recommence, je ne peux m'empêcher de méditer sur la manière dont l'individu est prisonnier dans la cellule de ses propres limites". Sylvia PLATH

 

 

Née en 1932 dans le Massachusetts, d'une famille d'origine allemande et autrichienne, Sylvia Plath fit des études brillantes à Smith College et à Cambridge, en Angleterre. En 1940, son père meurt; cette mort marquera toute son œuvre. En 1953, elle tente de se suicider; elle fera plusieurs séjours en établissements psychiatriques. Elle épouse Ted Hughes en 1956. De son vivant ont paru un recueil de poèmes, Le Colosse, et un roman, La Cloche de détresse. Ariel (1965) suivi de La traversée et d'Arbres d'hiver (1971) la placent parmi les plus grands poètes anglo-saxons contemporains.

 

Sylvia Plath s'est suicidée en 1963, à l'âge de 31 ans, laissant deux enfants.

 

Ainsi commencent les Journaux que Sylvia Plath a tenus entre 1950 et 1962 :

 

(Avant d'entrer à Smith à l'automne, Sylvia Plath avait pris un emploi pour l'été : elle travaillait aux champs à Lookout Farm dans la campagne du Massachusetts).

 

Juillet 1950. Peut-être ne serai-je jamais heureuse, mais ce soir, je me sens comblée. Il suffit d'une maison vide, d'une chaleur et d'un brouillard de fatigue après une journée passée à planter des fraisiers au soleil, d'un verre de lait frais sucré et d'une petite assiette de myrtilles noyées de crème. Maintenant je sais comment les gens peuvent vivre sans livres et sans université. Quand à la fin de la journée on est si fatigué que l'on doit dormir, et le lendemain matin à l'aube il y a d'autres fraisiers à planter, et la vie continue ainsi, près de la terre. Dans de tels moments, il serait ridicule d'en demander plus.

 

Plus loin, on trouve :

 

J'éprouve parfois le sentiment d'attendre quelque chose, qui serait là, presque à portée de compréhension, juste sous la surface, prêt à être saisi. C'est un supplice comparable au fait d'avoir un nom sur le bout de la langue. J'éprouve ce sentiment lorsque je pense aux êtres humains, lorsqu'on m'arrache des dents de sagesse et que cela me fait songer à l'évolution de l'espèce, la mâchoire étant devenue plus étroite de ne plus avoir à mâcher des nourritures si dures. Le corps humain de moins en moins poilu. Et l'œil de l'homme qui s'adapte à la finesse du caractère imprimé, au mouvement délié et coloré qui caractérise le XXème siècle. Me vient ce sentiment, vague et obscur, lorsque je réfléchis à l'adolescence prolongée de l'espèce : les rites de la naissance, du mariage et de la mort; toutes ces cérémonies primitives et barbares qui ont survécu en s'affinant jusqu'à l'époque contemporaine. La pureté de la bestialité aveugle me semble presque préférable. Quand je médite ainsi, je sais qu'il y a là quelque chose qui m'attend. Un jour peut-être j'aurai une révélation, et je verrai l'autre côté de cette farce monumentale. Alors je pourrai rire. Alors je saurai ce que la vie signifie.

 

(...)

 

J'ai le choix entre deux attitudes : bonheur dans l'action constante, ou passivité et tristesse dans l'introspection. Ou alors je peux devenir folle en ricochant de l'une à l'autre.

 

 

 

Commentaires

Beaux extraits que ceux que tu as choisis... pour ce qui est du dernier, j'ai l'impression qu'elle a malgré elle choisi de ricocher et, donc, de devenir folle, comme prisonnière d'elle-même.
"A fragmentary girl", disait-elle.

J'ai lu dans la préface d'Arbres d'Hiver que plus le temps passait, plus elle ponctuait ses lettres de "je n'ai jamais été aussi heureuse", bien que s'enfonçant chaque jour davantage dans ce qui a fini par la détruire.

"Je ne fais pas confiance à l'esprit. Il s'échappe comme de la vapeur.
Dans les rêves, par le trou de la bouche ou de l'oeil. Je ne peux l'arrêter.
Un jour il ne reviendra pas".

Écrit par : aclh | 15/01/2012

Bon, et bien à la lecture de ces quelques extraits, il me semble incontournable que j'en lise prochainement, tout comme Hawthorne! Je n'aurais jamais assez d'une vie pour lire tout ce que j'ai envie de lire...

Écrit par : Monsieur Müller | 16/01/2012

cit. de Cath " je ne peux m'empêcher de méditer sur la manière dont l'individu est prisonnier dans la cellule de ses propres limites.. "

, ne pas hésiter à lire Henri Laborit pour comprendre ce qui fixe nos limites ..

p.s : et mes hommages à Cath ;-)

Écrit par : Le Doc. | 19/01/2012

Petite allusion à Sylvia Plath dans le livre que je lis en ce moment. Elle se serait promené sur la plage de Berck, juste à côté du Touquet!

Écrit par : Monsieur Müller | 27/01/2012

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