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14/01/2012

Méthode de dissection : les auteurs cités dans le livret de Suppléments de mensonge

La pensée du jour : "On a les admirations qui nous ressemblent". Louis CALAFERTE

 

 

Je continue à décortiquer le livret de Suppléments de mensonge. Hier soir, je me suis dit soudain : « Punaise, pas très gai, tout cela ! Dagerman et Plath se sont suicidés, qu'en est-il des autres auteurs cités dans le livret ? » J'ai fait quelques recherches et le moins que l'on puisse dire, c'est que les écrivains cités par Thiéfaine ont eu une vie chaotique et, souvent, une mort violente.

 

Consacrons-nous aujourd'hui à Nathaniel Hawthorne, dont on trouve les mots suivants placés en exergue des Ombres du soir :

 

« Les gens devraient réfléchir avant de se rendre à une invitation au Royaume de Nulle Part ».

 

HAWTHORNE Nathaniel : romancier américain. Né le 4 juillet 1804 à Salem, autrefois grand port de mer, d'une famille de négociants et de marins à son déclin, mort à Plymouth (New Hampshire) le 10 mai 1864. Sa mère était veuve, ce fut elle qui l'éleva dans une maison hantée. Dans tous ses écrits, on retrouve certains traits de l'histoire de sa famille que son imagination lui fit voir sous un jour obsédant éclairé, cependant, par l'ironie légère qui lui était propre, comme une version américaine des Atrides. Un de ses plus lointains ancêtres fut le juge Hawthorne, persécuteur de sorcières, dont il retrace le portrait sous le nom de Pyncheon dans La Maison aux sept pignons. Parmi ses ancêtres spirituels on doit citer le théologien puritain Jonathan Edwards. Un accident au pied survenu dans son enfance, en l'excluant pendant deux ans des jeux d'enfants, lui donna l'habitude de la solitude, celle aussi de se détacher des grands courants de la vie qui couraient autour de lui. Ces habitudes prirent une forme stable dans son esprit avant de trouver leurs moyens d'expression; son premier travail littéraire fut une revue pour jeunes intitulée The Spectator dont le titre peut sembler un pressentiment. Jeune, sa beauté était extraordinaire, et pendant ses quatre années d'études au Bowdoin College, il joua avec succès l'étudiant désinvolte, mondain, chevaleresque, rêveur, le type même du jeune Cyroniano qui devait devenir le héros de son premier roman, Fanshave. Puis il se retira soudain dans l'intimité de la maison maternelle. Là il parcourut, pendant douze ans, les labyrinthes de l'âme puritaine et apprit à maîtriser l'art de la création littéraire. C'est dans cette retraite qu'il construisit ce coin secret de son esprit dans lequel devait se confiner le reste de son existence. Il vécut parmi des ombres qu'il revêtit dans ses romans d'assez de chair pour que l'on puisse voir et décrire leurs mouvements, mais ces ombres n'étaient en définitive que fantômes échappés des rêves de l'imagination américaine. Ces années solitaires lui firent découvrir en lui une à une – et il les exorcisa avec sa plume – ces dispositions du « caractère » humain qu'un esprit aussi seul peut connaître : l'esthète stérile, le spectateur impuissant de la vie des autres, le « voyeur », l'égocentrique, l'investigateur cruel et scientifique des âmes : types de personnages qui apparaissent sans cesse dans son œuvre. Dès l'enfance il avait été attiré par la littérature symboliste et fantastique, les allégories, les mythes, les légendes où les événements décrits sont des événements de la vie de l'âme : à cette époque, tout en continuant ses explorations, il se plongea dans des évolutions toujours plus tortueuses; il descendit dans ces régions souterraines (« subconscientes », dirait-on de nos jours) où les actions cachées ont la force et l'irréversibilité des lois naturelles et où tous les phénomènes, à leurs limites extrêmes, se métamorphosent l'un dans l'autre. Pendant quelque temps, il envisagea même de se joindre à une expédition qui devait aller explorer le pôle sud, s'imaginant peut-être qu'il y serait accueilli par cette blancheur sans forme qui enveloppe tout et en quoi tout se résout, aux limites extrêmes de l'esprit, mythe qui séduisait l'Arthur Gordon Pym de Poe.

 

Lorsqu'il sortit enfin de sa retraite de Salem, il prit un poste aux douanes de Boston (1839-1841), participa, peu de temps toutefois, et avec un certain scepticisme, à l'expérience de Brook Farm inspirée par la philosophie de Fourier (c'est Brook Farm qu'il décrivit plus tard dans Le Roman de Blithedale), et il épousa Sophie Peabody. Agé alors de 38 ans et probablement vierge, il ressentit pour sa femme une adoration qui sûrement fut certes érotique mais dans laquelle entrait également une gratitude infinie pour celle qui l'avait sauvé de l'éternelle agonie glacée qui attend l'explorateur polaire, ainsi qu'un sentiment d'expiation passionnée pour ce dont il se sentait coupable : coupable de s'être exclu, comme son Ethan Brand, de la « chaîne magnétique de l'humanité » en devenant un artiste et un investigateur des âmes. Pendant quatre ans le couple habita à Concord, entouré des apôtres du Transcendantalisme, mais inaccessible à leur évangile. Hawthrone s'adonna dans la sérénité à son art. De nombreuses pages des Mousses du vieux presbytère se rattachent à cette période de sa vie. Trois autres années passées comme fonctionnaire des douanes, cette fois à Boston, furent suivies d'une soudaine poussée d'énergie littéraire : entre 1849 et 1853, il publia La Lettre écarlate, La Maison aux sept pignons, Blithedale Romance (traduit en français sous le titre Valjoie en 1952), Le Livre des merveilles et Les Contes du bois touffu. En 1853, son ancien camarade d'études, Franklin Pierce, devenu président des Etats-Unis, le nomma consul à Liverpool. Pendant les deux années suivantes, Hawthrone assura ses devoirs officiels. Il resta avec sa femme et ses enfants en Europe jusqu'en 1860, et voyagea en Angleterre, en France et en Italie. L'Italie lui inspira l'arrière-plan du Faune de marbre qui ne fut autre que l'élaboration de ce qui avait toujours été son thème le plus cher, « l'histoire naturelle » de l'âme humaine. Revenu en Amérique, le même intérêt obsédant pour les « origines » qui l'avait poussé, lorsqu'il était adolescent, à se livrer à des recherches minutieuses sur la vie de ses ancêtres de Nouvelle-Angleterre, s'accentua encore dans une série de manuscrits, œuvres manquées, dans lesquelles le « drame » de la condition humaine devait remonter, à travers la Nouvelle-Angleterre et la vieille Angleterre jusqu'à la source première, jusqu'à quelque obscur péché originel : une « trace ensanglantée » sur le seuil d'une demeure ancestrale. Mais ses forces diminuaient; Hawthorne n'était que trop conscient de ce que l'univers moral dont il était le poète et l'historien se trouvait sur le point de mourir; sa mort elle-même, survenue en 1864, fut un cas évident de mort physique déterminée par la nécessité et la volonté de mourir.

 

Stanley GEIST (Dictionnaire des auteurs de tous les temps et de tous les pays).

 

Commentaires

Il faut que j'en lise d'urgence! Ce rapprochement avec Arthur Gordon Pym me met l'eau à la bouche!

Écrit par : Monsieur Müller | 14/01/2012

Totalement inconnu au bataillon pour moi... encore un auteur à ajouter sur la liste (déjà longue) de ceux que m'auront fait découvrir Thiéfaine et le Cabaret !

Écrit par : aclh | 15/01/2012

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