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31/03/2012

Un compte rendu du concert de Gennevilliers

Pas le temps en ce moment de pondre des billets ou même de recopier des articles de journaux. En revanche, je vous invite à aller lire ici le compte rendu du concert de Gennevilliers :

http://perlicuisine.canalblog.com/

Je reviens ici dès que possible.

 

 

Commentaires

C'est le compte-rendu d'une fille qui a bien de la chance d'avoir passé une si belle soirée, même si ça avait l'air un peu mal parti au début ;-)...

Écrit par : Aska | 02/04/2012

Ce fut en effet une soirée du tonnerre !

Écrit par : Loreleï2 | 02/04/2012

Je confirme que ce fut mémorable à tous points de vue... le meilleur concert pour moi jusqu'ici. Forcément !! ;-)

Écrit par : aclh | 02/04/2012

Très chouette aussi, le compte rendu de Sapq. C'est par ici, courez-y vite :
http://lacharrette.hautetfort.com/

Écrit par : Katell | 08/04/2012

Je découvre à l'instant ce très beau compte-rendu qui me replonge dans ce concert exceptionnel de Gennevilliers. Merci ACLH!
Quant à celui de Sapq, je l'avais lu par d'autres biais, et j'avais bien rigolé!
Je vous épargne le mien, qui doit faire plus de trois pages...

Écrit par : Evadné | 21/04/2012

Ben moi, trois pages d'Evadné, je signe tout de suite ! Et je ne suis pas la seule !

Écrit par : Katell | 21/04/2012

Pareil pour moi, je veux bien lire ça tout de suite !!

Écrit par : aclh | 21/04/2012

Mais oui, on veut lire ! A quoi ça servirait d'écrire trois pages si personne ne les lit ?

Écrit par : Aska | 21/04/2012

Eh bien vous l'aurez voulu! Attention, c'est du jet de midinette. Il faut dire que Gennevilliers arrivait le lendemain du Mans, où j'avais passé un long moment à discuter en loge avec l'artiste et je n'en étais toujours pas remise!!
Toutefois, vu la longueur du truc, je ne sais pas si ça va passer en commentaire...

Écrit par : Evadné | 22/04/2012

Toujours faut se tenir debout !



Moins de vingt-quatre heures après Le Mans, c’est donc à Gennevilliers que m’a conduite mon périple thiéfainesque. Encore bercée par la magie du moment passé la veille en loge, je flotte au-dessus de la foule parisienne et me presse pour retrouver les amis, venus en nombre. Gennevilliers commence par une traversée de Paris en scooter, assez mémorable vu mon accoutrement (jupe et casque rose de gamine) et mes bagages (des spécialités bretonnes dégoulinantes de beurre et de caramel). Bref, Bécassine à roulettes, qui s’étonne de voir autant de gens et de voitures ! Direction Gennevilliers. Je ne mesure pas du tout la distance qui me reste à blêmir avant la transhumance et c’est tant mieux, parce que c’est loin et qu’il faudra refaire le chemin en sens inverse. De nuit. La trouille. Errance dans Gennevilliers. En cherchant la salle des fêtes, nous atterrissons devant la mosquée, un vendredi à l’heure de la prière ! L’ambiance est quelque peu différente de celle d’un concert de Thiéfaine. Nous arrivons enfin sur les lieux vers dix-huit heures. Joie de retrouver les amis, l’infirmière de minuit, le conseiller maritime, la reine des amanites, le breton à mémoire d’éléphant, le pirate de la toile, les fans parisiens vus en coup de vent à Bercy, joie aussi de recroiser des visages aperçus à Bercy, d’engager la conversation avec des inconnus. Récit de mes gaffes de la veille et rires. Ambiance des plus sympathiques. Public très hétérogène, festival Chorus oblige. Distribution des places et première déconvenue : il est écrit « Placement assis ». Comment ça ? Renseignements pris auprès de mon espionne préférée, la salle est effectivement prévue en configuration assise. Toutefois, on peut considérer qu’il y a une petite fosse pour finir debout, sur les rappels. Contrariété. Jamais fait aucun concert assise, même dans les églises pour les concerts de harpe, je suis debout ! Alors un concert de Thiéfaine sur une chaise, c’est une hérésie ! Du coup, j’ai faim. L’homme au scooter me conduit au supermarché le plus proche, promenade tout à fait dépaysante pour la campagnarde que je suis. Jamais vu autant de variétés de sandwichs ! J’écarquille les yeux comme une rescapée d’Europe de l’Est en pleine Perestroïka ! Bon, ce n’est pas le sujet, mais depuis mon arrivée à Paris, j’ai compté des dizaines de gens qui crevaient la dalle dans la rue. Et je suis là à hésiter entre un sandwich au saumon et un autre au poulet ! Et à me plaindre parce que je vais passer le concert assise. Indécent quand d’autres mendient les miettes et n’ont plus la force de se lever. Donc, il est dix-huit heures et je ne m’aime pas. Presque envie de rentrer chez moi. De toute façon, Hubert ne peut pas donner davantage que ce qu’il nous a déjà offert. Pourquoi revenir quand l’inégalable a été atteint ? Pour chercher la déception ? Le concert de trop ? Celui qui me fera arrêter la tournée ? Considérations bien sombres sur le chemin qui nous ramène à la salle. Nous en venons même à évoquer la mort de l’idole. Que ferions-nous s’il venait à disparaître ? Difficile de le dire, mais sans nulle doute cette disparition m’affecterait bien davantage que l’anonymat ne le laisserait supposer. Une chose est sûre, j’aurais besoin de rituels de deuil ainsi que de la présence de cette famille de dingues et de paumés constituée au fil des tournées. Les loups frileux, justement, ils sont là de plus en plus nombreux massés devant la salle à attendre Hubert, bien vivant, à en croire ceux qui ont pu s’immiscer dans l’ombre pour les balances. N’empêche, va falloir s’asseoir comme à l’école et je suis soudain atteinte de phobie scolaire. Ouverture des portes et double filtrage. Pas de chance, à deux reprises, c’est moi qu’on bloque. Dédale d’escaliers pour arriver jusqu’au premier rang où sont alignées des chaises en plastique sur ce qui ressemble à un terrain de sport. Horreur ! J’essaie de faire bonne figure mais ma mine déconfite trahit ma déception. La tentation est grande de gagner les gradins. Avec quelques esprits réfractaires, nous mettons au point une stratégie pour que l’assemblée se lève vite et bien.



Pas de première partie, les claviers de Christopher et la guitare d’Alice ouvrent la voie aux grondements de bêtes et j’ai envie de pleurer. Non pas d’émotion mais de rage. Sentiment de honte à ne pas me lever quand Hubert entre en scène. Mince, la politesse ! En bonne parisienne qui se respecte, la plume de la bande arrive en pleine Annihilation et je la guide en faisant du quatre pattes sous le nez des musiciens. A peine rassise, je me reçois des coups d’objectifs de la part des photographes agenouillés contre ma chaise. Si ça continue, faudra que ça cesse ! Nous nous redressons pour applaudir, la salle suit timidement et reprend sa place. Deuxième essai sur Fièvre résurrectionnelle : on fait signe. Debout/assis. On dirait une messe païenne. D’un geste de la main, Alice nous encourage à l’insurrection. Visiblement, les musiciens ressentent la même frustration. Alors c’est décidé, pour Lorelei on se campe sur nos pattes de bipèdes et on ne lâche pas le train ! Troisième essai transformé et alors là, ça pousse, ça enfle, ça avance, un soulèvement massif nous porte dans cette fosse improvisée. Collés à la scène, à nous brûler les coudes sur les projecteurs pendant que le soleil chauffe, nous sommes propulsés pour de bon dans la magie du show ! On a gagné ! Dès lors, c’est la fièvre, la vraie résurrection. La fougue contenue se déverse et vient nourrir le jeu des musiciens et le chant du poète. A partir de là, la magie à son apogée ne tarira pas. Dans ce corps à corps avec le groupe, dans ces lumières bleutées qui inondent jusqu’à nos visages, il n’y a plus de salle, il n’y a plus de scène. Nous sommes une même vague soulevée par la présence shamanique de l’aventurier des Graals perdus. Nous vibrons à l’unisson, le cœur plaqué contre les baffles, les mains tendues vers le lycanthrope errant, les bouches collées sur le micro du rebelle éclaté. « O sweet ! ». Un public déchaîné pour un Thiéfaine au sommet de son art, un don réciproque d’énergie et d’amour. Debout, oui, toujours faut se tenir debout ! Pour vivre plus haut, chanter plus fort, et inversement ! Branchés sur le hasard, amis ou inconnus, on lit dans nos regards le même éblouissement, sur nos visages les mêmes sourires de plénitude. Ce soir encore, Hubert donne le meilleur. Ce soir encore, le concert est exceptionnel, et pourtant différent. A ceux qui me demandent avec un brin de mépris ce que me procurent ces multiples dates sur la même tournée, je n’ai rien d’autre à répondre que ce soir encore l’atmosphère est inédite et l’orgasme éternel. Le voleur de feu est revenu rallumer le soleil et jouir sous nos volcans. Les mêmes sensations en simultané, les mêmes fulgurances partagées, échos indicibles d’intensité. Inutile de me retourner, je sais que derrière moi, le pirate pleure, et les larmes à distance scellent la communion de nos âmes. Vautrés dans l’algèbre des mélancolies ou hissés dans l’antichambre d’azur, on reçoit des claques à répétition et on en redemande. On se prend alors à rêver de concerts sans barrière, sans distance, dans cette proximité chaleureuse et nourricière. Le respect du public pour Hubert est immense, sa fidélité indéfectible. Il est donc désormais inutile de nous parquer. Rien ne sera plus jamais comme avant. Maintenant que nous avons connu l’extase et porté le feu, nous resterons debout ! Et soudain, au détour de La ruelle des morts, des pensées qui m’assaillent : et si la vie, c’était ça, se lever d’un même mouvement, et par la force du nombre, faire reculer les normes, les barrières, ne pas céder aux injonctions des assis, suivre son désir irrépressible de vivre et de brûler. Et donner, unis, au-delà de nos différences, le meilleur. N’accorder d’importance qu’à la beauté et à la poésie, portés par la musique.



Dans ses interprétations toutes gorgées de chaleur, où les guitares vibrent d’intensité, la voix d’Hubert insuffle tantôt la rage animale aux morceaux rock, tantôt la grâce solennelle aux Petit matin de L’étranger dans la glace et autre Chant du fou. Images arrêtées sur des postures de toute beauté, tableaux vivants qui se dessinent entre Alice et Hubert. Et nos corps deviennent prolongement de l’âme du poète qui danse sur les cris distordus des cordes. Quand La fille du coupeur de joints arrive, il souffle un air de kermesse populaire et déjantée dans la salle des fêtes de Gennevilliers, la bien-nommée ! Merveilleux de voir ce public de festival se faire piéger. Survolté au point de mettre le tee-shirt lancé en lambeaux ! Par chance, le maître du dernier carrefour est sorti indemne de la mêlée.



Ce soir, l’exaltation a tourné à l’hystérie. Mais surtout, ce soir, un souffle rock-joyeux nous a élevés. Hubert-Félix Thiéfaine a chanté et la misère du monde s’est tu.

Écrit par : Evadné | 22/04/2012

Les midinettes ont appris à écrire ? Bonne nouvelle !
Superbe CR, Evadné, ça aurait été vraiment dommage de ne pas le poster ! Comme si on y était, avec des commentaires poétiques en prime, un vrai plaisir à lire. Merci !

Écrit par : Aska | 22/04/2012

Heureusement que tu nous as fait partager ce compte-rendu, il est magnifique et plein de poésie. Merci à toi !
Je te revois répondre à la question "t'es garée où ?", et parler du choix démentiel de sandwiches... merci de m'avoir fait revivre ces bons moments (en plus de tous les autres) !

Écrit par : aclh | 22/04/2012

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