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28/04/2014

Sheller en concert à Thionville le 25 avril, Sebastian Hackel à Sarrebruck le lendemain !

La pensée du jour : "Je chante au fil des mots comme ils me viennent". William SHELLER

 

Une petite sieste troublée par l'irruption infernale d'un mioche qui braille à tue-tête « maman est folle », un cauchemar récurrent, un lampadaire qui crache sur le trottoir sa lumière intermittente et blafarde, le papier peint tristounet d'un hôtel, de minuscules bouts de vie épars, et c'est plus qu'il n'en faut pour que William Sheller se jette dans la féerie des mots et donne corps et consistance à ce qui, pour le commun des mortels, ressemblerait simplement à une somme de petits riens. De ces petits riens, Sheller, lui, bâtit un édifice d'une incroyable splendeur. Facteur Cheval des apparentes insignifiances, il construit jour après jour sa boutique poétique, revisite le quotidien pour en extraire la substantifique magie. A cela il ajoute l'incandescence de son piano. Et la musique vient porter à bout de notes un univers tout entier, à nul autre pareil.

De ces mots et de cette musique, je me suis nourrie bien des fois, et je m'en nourris encore. « J'ai dans la tête un transistor qui fredonne » en quasi permanence des airs de mes artistes préférés ! Thiéfaine, Higelin, Gainsbourg, Renaud, la Grande Sophie, et tant d'autres ! Toujours là en cas de besoin urgent de s'extraire de la pesanteur de la vie quotidienne, marmots-boulot-dodo...

Donc, Sheller, lui aussi, est dans le transistor, et en bonne place ! Qui, mieux que lui, sait dépeindre la mélancolie des amours qui s'effilochent dans une absence, les impressions furtives, l'imagination de la pluie quand elle fait des miroirs dans la boue, bref, tous ces petits riens qui, mis bout à bout, font le grand tout de la vie ?

Ce que j'aime avec les concerts de Sheller, c'est que l'artiste nous fait généreusement pénétrer dans les coulisses. On a non seulement la chanson, mais aussi l'explication de texte qui va avec ! Et vendredi, je n'ai pu m'empêcher de penser à Thiéfaine, je me suis dit que ce ne serait pas si mal si lui aussi fournissait les explications de textes et les didascalies ! Cela éviterait bien des élucubrations à quelques fans assoiffés de tout comprendre (et je me mets dans le lot, bien sûr, sachant bien à quel point je suis ridicule et toute rikiki avec ce que je crois piger parfois, parfois seulement). Vendredi, comme les deux fois précédentes où je l'ai vu sur scène, Sheller expliquait donc la genèse de chaque chanson. De quoi apporter un nouvel éclairage (parfois un éclairage tout court !) sur des textes que l'on connaît par cœur depuis longtemps et dont on n'avait vu jusqu'alors que ce que notre faible compréhension avait bien voulu tenter de nous livrer !

Textes et explications de textes, donc. Le tout posé dans le doux écrin qui l'accompagnait magnifiquement : un quatuor à cordes. C'était d'une grande beauté. Un peu comme si, sous nos yeux ébahis, tout ce petit monde avait bâti pour nous, « de quelques pierres, un château de légende », transfiguré le quotidien et posé un voile délicat sur nos minuscules et pauvres vies...

 

Le lendemain, pas le temps d'écrire un mot sur le Cabaret. On the road again ! En terre allemande, cette fois, pour un concert d'un autre genre, mais tout aussi pur : celui de Sebastian Hackel. Ce jeunot (il a 25 ans !) écrit lui aussi à partir de peu de choses, des sacs plastiques dans les arbres, par exemple ! Et c'est étincelant de poésie ! C'est dommage que tant de gens prennent (j'en ai honte pour eux) des mines écœurées en évoquant la rudesse de la langue allemande (le pauvre Goethe doit se retourner dans sa tombe). Il suffirait que les balades d'un Hackel, d'un Prosa, d'une Yvonne Catterfeld, ou d'un Bendzko inondent les stations de radio françaises à longueur de temps pour que les oreilles pucelles s'habituent à cette langue, qui a une façon pourtant si poétique de dire le monde. Non mais c'est vrai, quoi ! Quand, pour une langue, un trou paumé, c'est l'endroit où le renard et le lièvre se disent bonne nuit (« wo Fuchs und Hase sich gute Nacht sagen » !!!), elle ne peut pas être laide, voyons !

Sebastian Hackel, c'est beaucoup de finesse dans les mots et dans la voix. Des histoires d'amour à peine esquissées, qui se retirent comme la mer à marée basse, sans prévenir, et déjà la nostalgie d'un paradis perdu... Que dira-t-il à 40 ans, le pauvre ?!! « Moi qui balance entre deux âges », entre celui de Hackel et celui de Sheller, j'essaie de m'abreuver à toutes les sources poétiques de ce bas monde, pour ne pas perdre une miette du festin. Essayer de ne pas passer à côté de ma vie. Accueillir les mots des autres pour m'en nourrir. D'ailleurs, à ce propos, où en est le prochain album de Thiéfaine ?!!!

Commentaires

Merci,

Écrit par : le fan | 28/04/2014

Je ne peux être qu'épaté une nouvelle fois par cette capacité que tu as à retranscrire tes émotions, tout en maniant la langue française avec brio. La comparaison avec le Facteur Cheval est fort bien trouvée: ces petits choses qui font un tout, quoi de mieux pour qualifier le grand Sheller, cet artisan des textes qu'il retranscrit à fleur de mots. J'ose de mon côté, je-ne-sais s'il serait flatté, la comparaison avec Philippe Delerm et Joël Egloff qui, en littérature, savent eux aussi coucher sur le papier ces brefs instants magiques. Tout comme toi.

Écrit par : Monsieur Müller | 29/04/2014

Certes.

Écrit par : Un de l'agence | 03/05/2014

Hâte de lire ton billet sur la bande à renaud!

Écrit par : le fan | 16/05/2014

william sheller...
premiers souvenirs de lui quand ma mère regardait le clip du "nouveau monde" au milieu des années 80!
alors je le trouve pas facilement accessible ce blondinet looké tintin à la voix fluette et aux manteaux de fourrures pendant le clip du "nouveau monde", bon déjà lui, je le classe immédiatement dans la catégorie "chanteur à part", mais quel drole de look!
bac en 91. mon amoureuse s'appelle marie, elle est belle, elle est blonde, "elle aime les beatles et puis moi" et elle aime sheller et me passe toute la journée "un homme heureux"!
deuxième souvenir de lui donc, j'ai du partagé marie avec toi william, pas bon pour toi! mais bon marie n'écoutait que ca donc j'ai fini pas faire la chanson "un homme heureux" mienne (normal car je l'étais, heureux!). Je découvre grace à marie tout le répertoire de cet artiste au monde merveilleux. jcours tout seul, chanson qui te ressemblerait, et surtout le carnet à spirale! alors avec marie, j'ai 17 ans, elle 16, et on fume des pétards! or, la gomme arabique, ben c'était la petite bande de collant sur mes petites feuilles ocb qui permettait de faire les 2 feuilles ou de rouler le cone! bref, cette chanson qui parle d'un homme qui oublie un peu tout (quand on fume on a la mémoire qui flanche!) m'apparait alors comme un hymne à la fumette! "j'ai encore perdu ton amour tu sais"...et moi des filles j'en ai perdues combien à cause de mes excès?
et puis, avec marie, on chante les filles de l'aurore a tue tete, on s'aime sur cette chanson, combien de fois je l'ignore mais bon marie était pleine de vie!
bref, sheller et moi, on commence à cohabiter d'une facon sympa!
décembre 2011, il fait un froid incroyable, paris est recouvert de neige et les températures passent sous le niveau de la mer! faisant fi des intempéries, bah j'emmène ma désormais femme mélanie à la cigale, salle incroyable ou j'ai vu tant de merveilleux concerts.
"je vais te faire découvrir un artiste à part Méla", c'est william sheller! alors Méla se méfie car les deux dernières fois que je lui ai dit ca, je l'ai emmené voir herbie Hancock et dick annegarn, alors elle est un peu sceptique mais bon comme elle aime pas mes ex, je vais pas lui raconter avec Marie et comme elle aime pas quand je fume, ben je vais taire mon analyse de la gomme arabique! c'est donc un peu sans explication que je l'emmene voir un concert d'un pianiste qui chante de la variétoche dans une salle où il fait 4 degrés!
et c'est vrai qu'il aime raconter des anecdotes entre les morceaux et moi avec le temps, mon morceau reste "les filles de l'aurore" qu'il chante en fin de spectacle tout en précisant qu'il s'agissait d'une chanson "alimentaire" et qu'il ne l'aimait pas!
"quoi? pensais-je, mais c'est ton chef d'œuvre et le rythme "quand l'aube les voit passer par deux" est magique comment peut dire ca william? t'as rien compris? tu veux que je t'explique?"
bon méla aura trouvé ce concert assez sympa et plus vivant que les 4 heures du quartet d'herbie hancock, le bonhomme attachant, et moi si je kiffe l'artiste, je penserais désormais que le bonhomme est un "sombre connard" car il ne comprend meme pas l'intérêt de sa chanson!
désolé de vous avoir un peu raconté ma life mais beaucoup des artistes chroniqués ici en ont fait partie!
bon et comme il s'agit d'un blog "essentiellement consacré à hft", je finirais par vous avouer que la chanson de mon divorce d'avec mélanie était "jt'en remets au vent" d'hubert félix! quel mariage raté, mais le divorce particulièrement réussi (un peu grace à toi mon thiéfaine que j'ai vu 6 fois en concert, mais bon on en reparlera jpense!)
A.

Écrit par : toine | 01/09/2014

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