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19/05/2014

La longue dame brune

La pensée du jour : "Je suis si lourde

du temps que je porte". BARBARA

 

 Elle n'avait pas sa pareille pour dire la pâleur des amours en déclin, les baisses de température dans les sentiments, les virevoltes du cœur, la mélancolie de l'automne (elle avait même créé le verbe « automner »), les trains qui partent (« au revoir, nous étions bien ensemble »), l'absence qui crie. Et tant encore. Le pardon malgré les horreurs subies. La douceur des rues de Vienne. Les « enfants blonds de Göttingen ». Elle, je veux dire : Barbara. Barbara dont les chansons ont bercé mon enfance, puis mon adolescence, et enfin ma vie d'adulte. Barbara, cette femme qui chantait, qui se définissait tout entière dans ce seul verbe : chanter. Qui n'avait pas eu peur de renoncer à une vie de famille bien ordonnée pour pouvoir chanter encore et toujours. La vie d'artiste avant tout, et tant pis pour le reste ! Un homme à demeure ? Trop encombrant ! Une entrave à sa liberté de femme qui chantait et sillonnait les routes pour aller retrouver régulièrement sa plus belle histoire d'amour : le public. Un enfant ? Même topo ! Plus tard, dans ses mémoires, elle écrira : « Dans ma vie de femme j'ai échoué. Dans ma vie de mère j'ai échoué. J'ai longtemps senti dans mon ventre un vide glacé, j'ai longtemps jalousé les femmes enceintes et détesté les nouveau-nés. J'ai souvent marché la main posée sur mon ventre. Aujourd'hui, je pense que c'était sans doute le prix à payer et que ma vie a été malgré tout belle et intense ».

Barbara, c'est comme Thiéfaine, je l'ai tellement écoutée que je peux passer de longs mois sans faire entrer sa voix chez moi, ce n'est pas une absence, c'est juste la mer qui se retire mais n'est jamais bien loin. Je la porte à l'intérieur de moi, ses mots m'habitent, ses mélodies me sont une maison.

Hier, en écoutant Marie-Hélène Fery chanter et évoquer Barbara dans son spectacle musical « De l'Ecluse au Châtelet », j'ai senti à quel point le répertoire de la longue dame brune faisait partie de moi. Quelques mots, quelques notes, et j'étais repartie au « temps béni de mon enfance », j'aimais et je souffrais avec Barbara. Marie-Hélène Fery a le mérite de mettre sa touche et sa sensibilité personnelles dans l'univers qu'elle revisite. Elle raconte les débuts de Barbara à l'Ecluse, sort des tiroirs des chansons audacieuses comme « Joyeux Noël », et c'est un peu comme si Barbara, du fond de son exil, nous faisait un petit clin d'œil espiègle... On réécoute avec émotion (moi, en tout cas) la merveilleuse aventure que fut le voyage à Göttingen, et l'on se dit que Barbara était tout simplement admirable dans ses pardons et dans ses choix.

Merci, Marie-Hélène, pour cet hommage vibrant. En sortant du spectacle hier, je me suis dit que la mer s'était retirée trop longtemps et qu'il était temps de me refaire une petite cure de Barbara ! J'ai commencé ce matin !

Commentaires

Le fan, ne t'en fais pas, j'ai eu vent de l'album qui allait sortir bientôt en hommage à Renaud, et j'ai bien l'intention d'en parler prochainement dans une note !

Écrit par : Katell | 19/05/2014

Lorsque je me promène rue de Siam il me reste les effluves de Barbara assise non de moi dans un petit bar.

Écrit par : Mon cher | 20/05/2014

Merci pour le voyage, avec thiéfaine je plane, avec toi je rêve, superbe duo!

Écrit par : le fan | 20/05/2014

C'est trop d'honneur, le fan !! Je te remercie !
Mon cher, quelle chance ! Moi je n'ai même pas vu Barbara sur scène, mon grand regret. En revanche, il y a quelques années, je suis allée à Précy-sur-Marne, où elle a vécu, et j'ai eu la chance de discuter avec son voisin. Une superbe rencontre.

Écrit par : Katell | 20/05/2014

Tu devais etre heureuse, parler avec une personne qui l'a vu vivre au quotidien !
Oui dommage que tu ne l'es pas vu, j'imagine déja le belle note que tu aurais écrite!

Écrit par : le fan | 20/05/2014

Oui, c'était un grand moment. En plus le village est superbe et rempli du passage de Barbara, avec, notamment, la rue de la petite cantate ! Depuis quelques jours, un début de bouquin me trotte dansla tête, j'aimerais écrire un truc sur Barbara. J'espère que mon projet aboutira. Le bouquin que je rêvais d'écrire sur HFT en est resté à l'introduction...

Écrit par : Katell | 21/05/2014

Grande dame que Barbara (j'ai eu le bonheur de la voir sur scène en 1993), ses chansons me trottent également régulièrement (et épisodiquement) dans le crâne. Tant de tendresse, gaieté, tristesse, mélancolie,tant de sentiments qu'elle a su exprimer (en mon nom, je me permets puisque je n'ai su les exprimer moi-même.) Marie Hélène Fery lui emboîte le pas, à sa façon,sans aucunement avoir à rougir. Un vibrant hommage à la chanteuse de minuit.

Écrit par : Monsieur Müller | 21/05/2014

Merci encore pour ce billet, et tant d'autres Katell... Barbara loge aussi chez moi.
Beau commentaire Monsieur Müller !
Et dans les rues de Brest flotte une présence bien plus forte que des réminiscences, les empreintes de la poésie Mon cher ;-) gravées en plein cœur ! Et qui nous caressent si longtemps après...

Écrit par : HFTforEver | 18/06/2014

Les commentaires sont fermés.