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21/05/2014

"Mais le jour s'lève pas toujours au milieu des dentelles"...

La pensée du jour : "Ah ! que la vie est dérisoire, vue de chez nous, vue des hommes, c'en est fou, c'en est déchirant..." René FALLET

 

« sur mon styx

une étoile fixe

illumine ma fréquence

et dans l'axe

où elle me faxe

excess est sa fragrance

comme une guêpe sur une fleur à peine éclose

mes lèvres sur sa déchirure explosent

son bouton de rose

 

dans sa soie

j'm'essuie les doigts

je bois dans son cristal

et son vin

coule au parfum

de ses vasques orientales

comme une guêpe sur une fleur à peine éclose

mes lèvres sur sa déchirure explosent

son bouton de rose

 

et je voyage en classe clandestine

dans la sève des bouquets d'églantines

dans le satin d'essences assassines

je m'incline

elle est clean

si fine

féline

féminine ... / ... féminine

 

mais le jour s'lève pas toujours

au milieu des dentelles

et parfois

je sens le froid

quand je suis trop loin d'elle

comme une guêpe sur une fleur à peine éclose

mes lèvres sur sa déchirure explosent

son bouton de rose ... / ... »

 

 

 

C'est la chanson qui me trotte dans la tête depuis ce matin. Je l'aime beaucoup. On y trouve, on y retrouve la façon dont Thiéfaine appréhende le féminin. Avec ses images végétales, cette chanson annonce déjà « Les jardins sauvages ». D'ailleurs, ici, le monde animal et le monde végétal (la guêpe et la fleur) communient, signant leur appartenance à un même grand ensemble, l'univers qui les contient. Comme souvent, la femme apparaît ici comme un point d'ancrage rassurant. « Sur mon styx une étoile fixe illumine ma fréquence ». Cela rappelle étrangement d'autres envolées : « A chercher le Pérou sur ma radio inca j'ai trouvé la fréquence que je n'attendais pas ». La zone du féminin est chaude, c'est l'ultime refuge, le nid douillet où vient s'échouer le désespoir. C'est la douceur, voire la fragilité (que l'on trouve dans les images du cristal, de la fleur à peine éclose, ou encore de la déchirure). Impossible pour moi de ne pas faire un parallèle avec la chanson de Ferré, « Cette blessure » :

 

« Cette blessure

Où va ma lèvre à l'aube de l'amour

Où bat ta fièvre un peu comme un tambour

D'où part ta vigne en y pressant des doigts

D'où vient le cri le même chaque fois

Cette blessure d'où tu viens

 

Cette blessure

Qui se referme à l'orée de l'ennui

Comme une cicatrice de la nuit

Et qui n'en finit pas de se rouvrir

Sous des larmes qu'affile le désir ».

 

Déchirure pour Thiéfaine, blessure pour Ferré, le registre reste le même...

 

J'aime aussi la mélancolie qui se dégage du dernier couplet :

« Mais le jour

s'lève pas toujours

au milieu des dentelles

et parfois

je sens le froid

quand je suis trop loin d'elle ».

 

Non, le jour ne se lève pas toujours au milieu des dentelles. Il n'est pas rare que l'on se prenne en pleine face la brutalité du soleil levant... Coups de poing dans la tronche après la torpeur bienfaisante du sommeil (quand on a la chance de s'y être enfoncé et qu'on n'a pas grillé 113 cigarettes sans dormir). Le jour qui se lève, c'est plutôt « Caterpillar dans la lingerie fine », comme dirait Souchon. Peu ou pas de place pour les dentelles, les froufrous, les douces fragrances et la poésie. D'où la nécessité absolue, l'urgence totale de s'enivrer des mots d'HFT...

Commentaires

J'ai découvert ce matin un blog très sympa, sur lequel il est souvent question d'HFT : toorsch.blogspot.com/
Un billet y a été consacré au "Bonheur de la tentation" et à "La tentation du bonheur". Voici le lien :
toorsch.blogspot.com/.../n83-hubert-felix-thiefaine-la-tentation.html/

Écrit par : Katell | 21/05/2014

Les deux liens mentionnés ci-dessus ne fonctionnent pas. Mais on tombe facilement sur le blog en question en tapant simplement "les chroniques de toorsch".

Écrit par : Katell | 21/05/2014

Merci, du grand hubert, et du grand katell, il serait temps qu'il s'y remette le bougre!
Oui il a pas fini toute la géographie de la femme hihi.
Par contre katell, tu t'es arretée à l'intro de ton bouquin sur thiéfaine, tu as quelques lignes ?

Écrit par : le fan | 22/05/2014

Merci pour les liens, le 2eme fonctionne pour ma part, chouette blog, un commentaire m'a bien fait rire, "il ressemble à don johnson".

Écrit par : le fan | 22/05/2014

Je ne sais pas trop où j'ai mis l'intro du bouquin. Il y a quelques années, je l'avais postée sur le blog. Je vais chercher et je te tiens au courant.

Écrit par : Katell | 22/05/2014

J'ai pas trouvé, mais j'ai relu des perles, c'est vrai que ça date tes premières notes, c'est dingue comme tout me parle dans tes écrits, (dsl) tes joies, tes peines, tes délires, tes approches, tes coups de gueules.

Écrit par : le fan | 22/05/2014

Je parcoure toujours le chemin de la 3 ème voie tout en étant sur une parallèle, Catherine se remettant à écrire : serait-ce le signe dans ce retour d'un aller mieux ? , je lui souhaite !

la //

Écrit par : la // | 22/05/2014

Le fan, j'ai souvent remarqué une sensibilité similaire chez les admirateurs de notre ami Hubert. Jevais essayer de remettre la main sur cette note. Car je ne sais pas du tout où est la version manuscrite.
Oui, la //, je vais mieux, enfin je crois, j'espère. Que de chutes et de rechutes... Déjà, il y a un progrès : je parviens à écrire, ce qui n'a pas été le cas pendant de longs mois et m'a beaucoup angoissée. J'écris depuis 1986, c'est mon oxygène. Quand j'ai cessé d'écrire dernièrement, ne pouvant plus, tout simplement, j'ai désespéré. Le blog m'a toujours permis de garder un lien avec l'écriture, mais c'est bien maigrelet parfois, et là aussi l'inspiration m'a manqué... Hier, des tas de mots me venaient comme ça, mais suis-je sortie du marasme ? Difficile de le dire. Merci de prendre soin de moi, en tout cas !

Écrit par : Katell | 22/05/2014

Bonjour,
je passais par là car j'ai vu de la lumière sur le site de HFT et son facebook, alors je venais voir si cet élément soudain vous avait redonné de la joie...

Des photos prises en studio... Mais aucun commentaire... Mystère, mystère...
Ce qui m'attire chez un artiste, c'est d'abord ses mélodies; quel dommage quand on voit la richesse des textes figurant plus haut... Je boude d'être aussi obtuse aux paroles (j'exagère un peu)... Mais, j'aimerais entendre HFT sur certaines chansons de Ferré, uniquement pour découvrir la façon dont il entonnerait ces mélodies divines, qui emportent tout sur leur passage par leur beauté ou leur véhémence (Cette blessure, Manuel de Falla "dans le ventre des Espagnoles..." et tant d'autres)
Oui, je l'avoue, je suis une amoureuse des mélodies ;-)
Vivement de nouveaux titres d'HFT, et le bonheur de le (sa)voir créatif, revigoré, entouré de ses potes musiciens...

Écrit par : Nora | 27/07/2014

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