02/07/2014
Crucifixion avec la Vierge et dix-sept saints
La pensée du jour : "Ma tristesse, lorsque, enfant, je tournais la dernière page d'un livre, je la retrouve chaque soir à l'heure où le jour se ferme comme une page. Elle est faite de tous les abandons du temps, et de l'angoisse d'avoir une fois encore négligé de retenir l'essentiel". Jean-Claude PIROTTE, merveilleux poète disparu le 24 mai dernier.
FRA ANGELICO (Guidolino di Pietro, en religion Fra Giovanni da Fiesole, dit il Beato) : né vers 1400 dans le Mugello et mort à Rome en 1455. Peintre et dominicain italien. C'est un des maîtres de l'école florentine et l'un des plus profonds interprètes de l'iconographie chrétienne (fresques et retables du couvent florentin San Marco, où il était moine; chapelle de Nicolas V au Vatican). Il fut béatifié en 1982. (Le Petit Larousse illustré 2014).
La collection Découvertes Gallimard a consacré un ouvrage complet à Fra Angelico (Fra Angelico Peintre de lumière, de Neville ROWLEY).
Voici l'analyse du tableau Crucifixion, proposée par ce même recueil consacré au peintre. Crucifixion est évoqué par Thiéfaine dans Annihilation (enfin, je suppose qu'il s'agit de ce tableau : on y distingue bien la Vierge et 17 saints !)
La fresque la plus impressionnante de tout le couvent de San Marco se situe au rez-de-chaussée, en bordure du cloître, où Fra Angelico a peint une immense Crucifixion dans la salle capitulaire. Le nombre de personnages est ici bien plus important que dans la même scène, maintes fois figurée dans les cellules des novices, et dépasse largement ce que racontent les textes sacrés : autour du Christ et des larrons en croix, de la Vierge qui s'évanouit et de saint Jean l'Evangéliste, on trouve des personnages hautement anachroniques mais à la fonction bien précise. A l'extrême gauche, saint Cosme évoque le pouvoir médicéen, tandis que dans la partie droite de la fresque se pressent des saints ermites recueillis sur l'exemple du Christ. En première ligne on trouve bien sûr saint Dominique*. Deux autres grands personnages du même ordre, les saints Thomas d'Aquin et Pierre Martyr, sont figurés à l'extrême droite.
La série de moines dominicains représentés en médaillon au bas de la fresque confirme qu'il s'agit bien là d'une défense explicite de l'ordre des frères prêcheurs. Tout autant qu'un message religieux, cette partie de l'œuvre est un témoignage capital des capacités de portraitiste de Fra Angelico. Depuis le milieu des années 1420, le genre même du portrait avait connu à Forence un essor remarquable, d'abord grâce à Masaccio, puis sous l'influence des tableaux venus de Flandre. Se vouant tout entier à une peinture religieuse, Fra Angelico ne souhaitait pas réaliser les portraits de ses contemporains; tout juste pouvait-il accepter de les glisser subrepticement dans les scènes sacrées. Les médaillons sous La Crucifixion et certains visages de la fresque elle-même montrent néanmoins sa maîtrise exceptionnelle dans le rendu de la physionomie humaine, bien loin de l'expression nécessairement iconique de la Vierge ou du Christ.
*saint Dominique, né à Caleruega vers 1170 et mort à Bologne en 1221, religieux castillan. Il fonda l'ordre des Dominicains, ou Frères prêcheurs, confirmé par Honorius III en 1216, prêcha auprès des cathares dans la région de Toulouse et fut canonisé en 1234. (Le Petit Larousse illustré 2014).
10:26 | Lien permanent | Commentaires (19)
Commentaires
En écrivant ce billet, je me suis demandé quelles étaient les chansons dans lesquelles Thiéfaine évoque des peintres ou des tableaux. Vous pouvez m'aider un peu ?
J'ai déjà pensé à "Solexine et Ganja", "Errer humanum est" et "Compartiment C voiture 293".
Écrit par : Katell | 02/07/2014
Dans "Autoroutes jeudi d'automne", il évoque Guernica, même s'il s'agit vraisemblablement plus de la bataille.
Egalement Rembrandt dans "27ème heure: suite faunesque", sans citer de tableau précis.
Je continue à chercher!
Écrit par : Monsieur Müller | 03/07/2014
Défloration 13 Catherine !...
Écrit par : Mystériousmaous | 03/07/2014
Oui, "Camélia, huile sur toile", bien sûr !
Écrit par : Katell | 03/07/2014
Le chevalier, la mort et le diable (Dürer) dans Les fastes de la solitude !
Écrit par : HFTforEver | 03/07/2014
Douanier Rousseau du graffiti vocal : Was ist das Rock'n'roll
(évoqué aussi, au passage, par Serge Gainsbourg : naïve comme une toile du nierdoi sseaurou, Lemon incest)
Écrit par : HFTforEver | 03/07/2014
Super ! Merci ! Il faudrait vraiment que je prenne le temps de consacrer quelques billets à la peinture dans l'œuvre d'HFT ! Cela doit faire la millième fois que je le dis !
Écrit par : Katell | 03/07/2014
Et dans la continuité de ton article : le quattrocento florentin, Last exit to paradise !
Écrit par : HFTforEver | 03/07/2014
Oui, c'est vrai, j'y ai pensé ce matin et cela m'est sorti de l'esprit ensuite !
Je suis en plein travail sur Barbara. Je parviens à pondre des trucs, je ne sais pas ce que ça vaut, je sais seulement que cela me fait un bien fou d'écrire !
Écrit par : Katell | 03/07/2014
Au-delà de ces références précises, explicites, ponctuelles, "la peinture dans l’œuvre d'HFT" est surtout diffuse & puissante, continuelle, omniprésente par les images, les descriptions, les atmosphères de ses chansons qui sont de véritables tableaux dépassant le cadre de la peinture !
Écrit par : HFTforEver | 03/07/2014
Peu importe de savoir "ce que ça vaut" si tu dois l'écrire et a fortiori si ça te fait du bien !!!
Bon travail alors ;-)
L'écriture est un plaisir, une recherche, un soulagement. Ce peut être aussi la réouverture insidieuse et incessante des blessures (le couteau dans la plaie), auto-alimentation de la souffrance, plongées à répétition, auto-supplice perpétuel dans lequel nous restons ou nous revenons... quitte à en rester prisonnier... boucle infernale, bocal du poisson rouge, marécage... mais si nous le faisons c'est qu'il faut le faire ! Et pouvoir peut-être enfin les refermer ces blessures, en sortir un jour.
Écrit par : HFTforEver | 03/07/2014
Tant que j'y pense, les gravures de Dürer me reviennent aussi dans la Série de 7 rêves en crash position.
Pardon pour les messages successifs, c'est un des traits de mon caractère : un diesel à très forte rémanence... de longues feuilles ultra persistantes dans le temps... avant de tourner la page et passer à autre chose !
Écrit par : HFTforEver | 03/07/2014
D'autant que ton "appel à l'aide" me passionne : j'avais songé à un ouvrage, une sorte de dictionnaire HFT à correspondances internes multiples comme un jeu de piste illimité une fois qu'on y est entré... avec les mots utilisés, leur occurrence, les champs lexicaux, les thèmes, les jeux de mots etc... du détail pointilleux pour mieux revenir et renforcer la vision d'ensemble ! Vaste programme à décrypter, très révélateur et intéressant. Mais à la fois je suis attirée par les dissections à la fois j'en ai horreur, et je suis aussi paresseuse... Il vaut mieux que ça reste tel quel dans sa forme des seize albums plus variations en live, le désir me reprend de temps en temps mais je préfère garder ce "dictionnaire" aux contours inachevés dans mon imaginaire !
Les chansons dépassent le cadre de la peinture, elles sont vivantes : sublimes photographies avec le mouvement en plus ! à l'image des plus beaux films...
ça y est, je sors !
Écrit par : HFTforEver | 03/07/2014
Non, ne sors pas ! Tes commentaires sont passionnants et ouvrent des tas de pistes !
Tout à fait vrai, ce que tu écris : le fait de s'épancher sur le papier peut être une façon de réactiver sans cesse les mêmes blessures, les mêmes tourments, et je ne suis pas loin de penser que c'est le cas chez moi !! En même temps, rester avec tout cela sur les bras, sans l'exprimer, est nocif aussi !
Merci pour les autres commentaires aussi !
Il y aurait effectivement un sacré boulot à faire sur l'immense richesse des œuvres de Thiéfaine, sur les différentes références, et il y en a une pléthore ! On s'y met quand toi et moi ?!!!!!
Écrit par : Katell | 04/07/2014
Tu peux peut-être faire un livre avec les billets et les commentaires du cabaret ...
Je passe de temps en temps voir s'il y a de la lumière, et il y en a à chaque fois !
Et je suis d'accord avec vous les textes de Thiefaine ont une grande force évocatrice, avec chaque chanson on pourrait faire un film ! Est-ce la poésie ?
Écrit par : minitorus | 04/07/2014
Quand tu veux Katell, avec grand plaisir :-) effectivement c'est passionnant !!!
Peut-être après ton ouvrage sur Barbara, non ?
J'ai bien peur de ne faire plus que ça si on s'engage là-dedans... Obsessionnel tu connais ?
Bises et à très bientôt !
n.b : je ne suis pas littéraire ! Scientifique à la base ;-)
Écrit par : HFTforEver | 04/07/2014
citation de katell "Il y aurait effectivement un sacré boulot à faire sur l'immense richesse des œuvres de Thiéfaine, sur les différentes références.. "
1) La richesse des œuvres d'Hubert sont et existent aussi de part { la richesse } de ce que vous y projeter donc de votre { richesse } .. à l'image des tests dit de projection en psychologie [ ex. Rorschach, T.A.T .. ) ..
2) Toutefois le risque est comme le dit HFTforEver de réactiver à minima et d'entretenir les fêlures que vous portez toutes et tous ..
3) J'ai ramassé à la petite cuillère une personne ces derniers jours qui s'y est noyée dans l'œuvre d'Hubert !...
4) écrire pour écrire ou écrire pour dépasser ' non HFT ' mais pour se dépasser et dépasser vos blessures !...
Pour ne jamais conclure :
Il y a surtout et avant tout un immense travail à faire sur vous.
Écrit par : Le Doc. | 05/07/2014
, précision :
Je continue le mien, avec ou sans œuvre car vivre est déjà une œuvre !...
Écrit par : Le Doc. | 05/07/2014
Cuicui le rôti !
Écrit par : le Piaf | 09/07/2014
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