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28/04/2015

Reims, 11 avril 2015

La pensée du jour (qui va énerver le Doc !) : "Tous les hommes, à un moment donné, ont sans doute besoin d'avoir une histoire à eux, pour se convaincre qu'il leur est arrivé quelque chose de beau et d'inoubliable une fois dans leur vie". Patrick LAPEYRE

 

Ces retrouvailles-là ne pouvaient avoir lieu que dans les grandes eaux d'un fleuve magistral. J'en ai rêvé, Hubert l'a fait ! Après la traversée du désert qui a suivi le Homo Plebis Ultimae Tour, cette sensation de sécheresse dans la bouche, l'angoisse que cette tournée ne fût la dernière, le peuple thiéfainien avait soif ! A Reims, en ce 11 avril, l'attente est fébrile. Pas de remarque désobligeante pour autant durant la première partie, assurée courageusement par deux petits jeunes répondant au nom d'Amelie Mc Candless. Il faut dire aussi que la chanteuse de ce groupe a une voix qui vous impose le silence, vous entraînant irrésistiblement dans son sillon envoûtant. A découvrir absolument.

21h05. Il est temps de sonner la fête. Le peuple thiéfainien a soif ! La salle plonge dans l'obscurité, on sent que notre immense attente va enfin être récompensée. Tant de jours à espérer, à désespérer aussi. C'est que le peuple thiéfainen est du genre légèrement passionné, extrême, excessif ! Pour ma part, au début du concert ce soir-là, j'ai la chair de poule, comme toujours, et tant pis si cela fait jeune midinette qui ne sait pas se tenir ! Ce soir-là, je mesure à l'intensité des frissons qui parcourent ma peau combien Hubert m'a manqué. Combien sa présence en ce bas monde est essentielle pour moi. Et tant pis si cela fait ado attardée dans la peau ridée d'une presque vieille de 41 ans. A chaque fois que j'ai vu Thiéfaine sur scène, mon cœur a retrouvé la fraîcheur de ses quinze ans ! Alors, ce soir-là, à Reims, comme tant d'autres fois ailleurs, j'ai quinze ans et je ne veux pas mourir, et je me fous des rabat-joie qui disent et, pire encore, pensent qu'avec les années, la raison doit vous coloniser par tous les pores. Le peuple thiéfainien n'est pas sage, cela n'a jamais été dans ses projets ! Ce qu'il veut, c'est brûler, se cramer les ailes, flirter avec les abîmes et redécoller, mais surtout pas s'enterrer dans une vie étriquée de costard, une vie qui respecte les limitations de vitesse et les priorités et refuse de se garer en double file !

Revenons-en au concert : dès le début, Hubert et sa bande envoient du lourd. En remontant le fleuve, ouverture grandiose du dernier album, ouverture tout aussi grandiose de ce concert ! Toute la soirée, c'est la part belle aux chansons de Stratégie de l'inespoir, mais pas seulement. De vieux titres sortent de leur antre, et c'est pour le plus grand plaisir du public. Le Doc m'avait dit avant le concert que le choix des morceaux allait me plaire, je confirme ! Les excellentes surprises ? Errer humanum est, Autoroutes jeudi d'automne (un monument à mes yeux !), Femme de Loth, Sentiments numériques revisités, Je t'en remets au vent, Les fastes de la solitude, Portrait de femme en 1922, Libido Moriendi. Il paraît qu'à la place nous aurions pu avoir aussi Syndrome Albatros. Je n'aurais pas dit non, de préférence pour les deux, tant qu'à faire !

Ce concert, premier d'une série que j'espère longue (je trouve qu'il manque des dates encore, il n'y aurait pas eu comme un oubli ou deux ou trois ?!), était d'une grande qualité, même s'il y a eu des petites amnésies ici ou là... Pour les oublis de dates, j'ai quelques suggestions : il y a Sarrebruck, par exemple. Oui ! Sarrebruck en Allemagne ! Je peux même me charger de trouver une salle ! Il manque la salle Poirel à Nancy, l'Arsenal à Metz, le Théâtre de Thionville. La Rockhal aussi, et son ambiance Soleil cherche futur. Et je ne parle ici que des salles situées près de chez moi, et je rappelle à tout hasard qu'avaler des kilomètres en voiture ne me fait pas peur, non mais !

Je dis toujours peu de choses de la musique, des musiciens, de leur jeu. Il faut dire que je n'y connais rien dans ce domaine. Je me contente d'apprécier, et c'est déjà pas si mal ! A Reims, ce 11 avril, j'observe la complicité des musiciens entre eux, celle qui les unit à Hubert aussi, et cette tendresse protectrice dont ils enveloppent Lucas, et je sirote tranquillement la substance de mon rêve éveillé.

Fin de partie vers 23h05. Vers les deux heures du matin, Evadné et moi regagnons nos pénates, les mirettes encore embrumées d'avoir visité d'autres cieux. Le dimanche matin, au petit déjeuner, nous avons peut-être "des gueules à briser les miroirs", mais nos yeux, que nous ne montrons qu'à contre-jour, renferment encore les univers bleutés où nous avons été transbahutées la veille.

Midi pile sous le soleil reimois qui cogne déjà fort en ce début avril. Yannig embarque Evadné dans sa voiture, ils vont rentrer dans leur Bretagne qui est un peu la mienne aussi, je ne vais pas tarder à rejoindre la Lorraine. Dernière photo un peu surréaliste devant une pub du CIC qui parle d'avenir, et c'est fini, il faut rentrer chez soi. En essayant de ne pas perdre de vue le beau rêve éveillé que nous avons fait ensemble. Tout de même, sur ce trottoir, les adieux me pèsent. Je me sens bien seule en les voyant s'éloigner, Evadné et Yannig. Pas de doute, j'ai 41 ans sous le soleil de midi, l'illusion de la jeunesse retrouvée ne dure jamais bien longtemps ! Enfin, au fond de moi, je sais que mes quinze ans ne sont pas loin. Ils reviendront en automne ... avec Hubert !

 

Commentaires

, et bien le voilà le billet de mon amie Cath :-)

n.b : et maintenant je le lis !...

Écrit par : Le Doc. | 29/04/2015

J'étais sur le point de prendre une nième fuite ( ce, depuis 1998 ) après avoir participé paisiblement au concert du Printemps de Bouges le 27 avril et puis voici venir le billet de mon amie Cath !...

# Errer humanum est, perseverare diabolicum est* ;-) #

* alors ?... : ni Errer, ni Errare c'est tout autre chose ou l'objet de mon 3 ème livre, cependant je me dois de faire ce qui me plait pour ce mois de mai, le 65 de ma vie pour une 66 année en juin : un tapuscrit m'attend et je vais de ce pas le rejoindre à mon réel !...



O.T.R.A sans doute le doute qui en fait ne m'a jamais assailli ;-)

Écrit par : Le Doc. | 29/04/2015

Très beau compte-rendu , magnifique concert en effet avec de belles surprises . Effectivement il manque bien des dates..... Sarrebruck serait une très bonne idée , il y a d'excellentes salles et ce serait presque à la maison :-) enfin sait-on jamais .....
ps : et puis on s'enfout si on a l'air de midinettes de 15 piges , on l'aime et puis c'est tout !!!!!
à très vite .....c'est c'est vrai qu'il faut encore patienter jusqu'en Octobre....mais bon , ça aussi ça passera !!!!

Écrit par : cindy et bruce | 29/04/2015

Un immense sourire...

Simplement de te lire ici...

Écrit par : Rachel | 30/04/2015

Pour continuer sur la possibilité de rajouter d'autres dates sur la tournée et bien qu'Hubert sera à Vence le 17 juillet prochain, évidemment j'y serai, si une date pouvait être fixée sur Nice qui est quand même la 5e ville de France, ça m'arrangerait, alors siouplait merci de combler ce GROS OUBLI !

Écrit par : FRED06 | 01/05/2015

Merci pour tout ce travail, cet enthousiasme, cette érudition jamais pédante. Vous lire, c’est prolonger le plaisir du lent enfouissement dans une œuvre à nulle autre pareille, celle d’un des grands poètes de notre temps.
Et quelle joie de voir surgir les noms de Charles Juliet, de Georg Trakl ou de Louis Calaferte au détour d’un billet...
J’ai cru comprendre que pour vous aussi, le chemin n’était pas de tout repos. Tenez bon. Vos mots m’ont rempli de lumière.

Bien à vous,

Écrit par : David | 15/05/2015

Merci, David, pour ce commentaire si gentil ! Depuis quelque temps, je vais mieux, sans trop savoir à quoi est due cette embellie. Mais je prends, sans me poser de questions ! J'ai également la chance de souvent tisser de belles amitiés grâce à ce Cabaret !

Écrit par : Katell | 16/05/2015

À Rachel et son Autoportrait au radiateur : j'ai commis l'indélicatesse (mais je suis sûre que tu as compris pourquoi) de ne pas te demander en retour tes coordonnées... alors si tu repasses par le Cabaret : à très bientôt de tes nouvelles et encore merci pour ton sourire, ta spontanéité, ton enthousiasme !
Et cette belle soirée que nous avons partagé en toute simplicité...
Bises

Écrit par : Laetitia | 13/06/2015

@ Cath je te cite ( début de ce billet ) :


" La pensée du jour (qui va énerver le Doc !) : "Tous les hommes, à un moment donné, ont sans doute besoin d'avoir une histoire à eux, pour se convaincre qu'il leur est arrivé quelque chose de beau et d'inoubliable une fois dans leur vie". Patrick LAPEYRE "

, après le Colloque à la Maison de la poésie les 8 & 9 juin cette citation en exergue prend sens. Cependant j'ajouterai que la paire il n'y en a pas deux* !...

... Facile pourrait-on me répondre ce qu'à quoi je leurs répondrai tout de go : il est bon de faire parfois dans le facile.

@ pour Rachel : j'aimerais connaître le titre de ton livre bleu " épuré " par Simone de Beauvoir, merci d'avance et merci pour cette soirée en fin de Colloque vécue par moi en toute simplicité.

minos.le.nettoyeur@orange.fr

Écrit par : Le Doc. | 13/06/2015

@ Laëtitia et au Doc : ça me fait immensément plaisir de lire vos petits mots ici... Cath, ton blog est le reflet de bien des émotions!

La réalité dépasse souvent les rêves...

MERCI

Écrit par : Rachel | 15/06/2015

@u Doc: Le titre du livre que je lisais c'est "la main dans le sac" de Violette Leduc, 1ère véritable partie de "ravages" (avant même "Thérèse et Isabelle" lui aussi censuré par Gallimard!)

" le bruit de la plaque de tôle devant la cheminée m'avait éveillée. Une chose remuée par le vent imitait une révolte. S'éveiller...s'arracher de l'inconnu, être lancé en météore pour reconnaître sa peau, son usure, son carcan. Reconnaître le mur, l'objet, le double rideau. Le jour est filtré puisque nous devons parachever cette résurrection de nous- mêmes. S'éveiller...se dégager d'un bloc de brouillard, être un minéral à transfigurer, faire d'un embryon une personne achevée, le faire dans l'instantané. Recommencer, chaque matin, le début de la genèse. Se replacer dans le monde. Il y a tant de matins à redevenir un homme et son train. S'éveiller...retrouver ses esprits dans une boule de ronces noires." Violette LEDUC

Voilà, ce sont les 1ères lignes de ce livre et j'ai rarement connu une telle emprise par les mots...

Bonne lecture!

Écrit par : Rachel | 15/06/2015

Après avoir erré en voiture dans St-E, on s’est garés sur un parking désaffecté près d’une patinoire fermée, arpenté un parc expo à l’herbe non tondue et aux grands terre-pleins désertés, jeux d’enfants, l’entrée d’une piscine avec un peu d’animation, quelques couples qui tendent vers le dôme du festival.

Un bout de sandwich sur un bout de banc à côté d’un mec bizarre qui n’a pas répondu lorsque je lui ai parlé.
Un concert avec beaucoup de son, Thiéfaine en voix et en forme, une set-list navigant entre l’ancien et le récent, qui permet de saisir l’étendue de sa création et nager dans toutes ses eaux troubles.

Son fils, déjà beaucoup de métier ! Un petit solo de plus par Alice Botté aurait été bienvenu, le Chant du Fou aussi.
Beaucoup d’énergie, beaucoup de générosité, une dérangée à côté de moi qui l’appelait papy (« putain, il a la classe, putain ça m’ferait un super mari ; ah non, pas cette chanson, c’est pas intelligent… les dingues et les paumés stp ! (au sujet de Lucas) putain, qu’il est beau, il est beau comme un bébé »). Je prenais des coups et puis elle me faisait une caresse sur l’avant-bras…
Pogo venant de l’arrière, trois bien allumés, oui « le peuple thiéfainien » était bien là

Écrit par : Nora | 18/06/2015

@ Nora :
Je ne vais jamais en festival pour ça et d'autres choses qui me sont tout autant désagréables... du mal à supporter ! Tant mieux si tu as apprécié :-)

Écrit par : Laetitia | 18/06/2015

@Laetitia
J'ai apprécié le concert, sans aucun doute! mais l'environnement était mouvant, saugrenu, un peu inquiétant par moment, pour moi qui ai toujours eu peur des débordements! ;-)

Et j'ai découvert "sentiments numériques revisités", ça valait la peine!

Le public était venu pour Thiéfaine, car il n'y avait que lui et Ben Mazué en première partie (très bel artiste qui a eu maille à partir avec quelques énergumènes thiéfainesques dissipés...)
Pour être plus juste dans mes propos, j'ai "pris des coups" car elle gesticulait beaucoup, il n'y avait pas de violence envers moi... ;-)

Écrit par : Nora | 18/06/2015

@ Nora :

, Hubert chante pour " Les dingues et les paumés " et a dit qu'il en serait toujours ainsi !...

Bienvenue au club :-)

Écrit par : Le Doc. | 22/06/2015

https://www.youtube.com/watch?v=WZGEAvsuiKs

, juste un clin d'œil ;-)

Écrit par : Le Doc. | 25/06/2015

@Le Doc. super clip !

@ux cerveaunautes et cardiosensibles une adresse vers Lyon :
La Demeure du Chaos

Hallu à tous...

Écrit par : minitorus | 28/06/2015

@ Le Doc
Mais est-on "dingue et paumé" à venir voir Thiéfaine? Peut-être...

Ce qui attire chez lui, c'est incontestablement son irrévérence, son originalité et sa liberté. mais aussi sa poésie destructive qui nous permet de nous enfoncer avec lui et remonter à la surface...
Il décrit très bien les fous, les dingues, les paumés, les personnes malades ("l'étranger dans la glace"). Il leur fait la place belle. A ce titre, il est exceptionnel.
@Katell
oui, très bel article et belle érudition (merci pour les citations et extraits de livres)

Écrit par : Nora | 02/07/2015

@ Nora :

, toutefois au début était :

http://mon3emelivre.hautetfort.com/archive/2015/07/02/au-debut-etait-5649921.html

;-) à thos & por thos

Écrit par : Le Doc. | 02/07/2015

, se libérer de ses chaînes certes mais jamais de ses liens surtout si ils sont coulant :

http://mon3emelivre.hautetfort.com/archive/2015/07/14/ma-devise-5656708.html

Écrit par : Le Doc. | 14/07/2015

"Quand on ne sait pas où l'on va, il faut y aller, et le plus vite possible"

Alors, je me reconnais bien là!

Écrit par : Nora | 22/07/2015

:-) pour tous

Écrit par : Le Doc. | 22/07/2015

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