07/10/2016
Higelin 75, premières impressions (d'autres suivront sans doute !)
"On finit toujours sur l'éternel quai de gare des adieux"... Hubert-Félix THIEFAINE
Valérie Lehoux a raison : Jacques Higelin a la démarche ondulante d’un danseur, il porte élégamment ses soixante-quinze ans, avec la grâce de qui semble ne pas vieillir. C’est comme si le temps n’avait aucune prise sur son innocence originelle, dont il demeure des flammes, encore, dans le regard et le sourire. Pourtant, il faut bien l’admettre : même nos idoles vieillissent. Jamais Higelin n’avait, me semble-t-il, autant parlé de la mort que dans son dernier album. Les métaphores qui l’évoquent sont incisives, thiéfainiennes par moments. Elles dézinguent que ça fait froid dans le dos. Exemple :
« En attendant que la vieille catin
La vieille toquée, la vieille peau
Emballe dans un fourreau de sapin
Mon macab en paquet cadeau
En attendant que les vautours
De la mafia nécrologique
Me rédigent un faire-part
De derrière les frigos (…)
J’fume
Une dernière taffe de provoc
L’embolie pulmonaire
L’infarctus, le cancer ».
On pense inévitablement à Brigitte Fontaine et à toutes les lignes délicieusement provocatrices qu’elle a écrites sur ce tabou qu’est le tabac dans notre société aux conventions bien léchées (et c’est une fumeuse repentie qui écrit cela)… Bref, Higelin nous revient et c’est la fête, la fin de la langue de bois, il balance au lance-flammes de la poésie à tous les étages ! La démarche est celle, gracieuse, d’un héron de la voltige, le cheveu est toujours aussi fou, désordonné. Les valises sous les yeux sont noires comme suie et le regard, pareillement, est charbonneux, mais n’a rien perdu de son incandescence !
« ça fait déjà un milliard sept cent
Quatre-vingt dix-sept millions
Cinq cent cinquante-deux mille secondes
Que les battements de mon cœur soutiennent
Obstinément et sans faiblir
Mon fol acharnement à jouir
Des hauts et des bas de l’existence », murmure-t-il à nos oreilles qui n’attendaient que ce chant pour se désensabler un peu.
Les jours qui viennent promettent d’être beaux, comme cette nuit où le champagne coulait à flots, cher Jacques ! Je vais m’enivrer toujours un peu plus de ce dernier album, en attendant un autre rendez-vous, avec Hubert cette fois (la date de Thionville approche !). L’automne, haute saison des mélancolies désarmantes, a parfois des douceurs qui vous laissent sans voix !
14:07 | Lien permanent | Commentaires (4)
Commentaires
... C'est " joliment écrit " katell presque a en redresser ma gueule cassée qui m'a ramené cette nuit au réel que je n'ai jamais quitté.
... Je n'ai vu Higelin qu'une seule fois, c'était à Nantes il y a cinq ans ( à vérifier .. ) il me semble, j'avais apprécié sa convivialité en concert et j'avais presque pu apprécié cette dernière si un fan ne l'avait pas énervé. Il ne s'agissait pas là d'un flash :-) , déjà il nous commentait les inconvénients à vieillir !...
... Hubert chante ' résilience 0 ' et ' stratégie de l'inespoir ', je n'y suis pas encore :ou paradoxalement l'avantage en la circonstance de ne pas guérir des blessures de son enfance.
... En ce lieu j'écris, à Thionville je serai sans voix pour d'autres raisons cependant toujours prêt à ouvrir ma gueule pour la bonne cause, bien sûr si j'arrive à échapper à mon geôlier orbito-frontal !...
Écrit par : Le Doc. | 08/10/2016
.../...
Écrit par : hé Zou | 08/10/2016
;-)
Écrit par : de passage | 08/10/2016
Que tu sois avec ou sans voix, cher Doc, je serai heureuse de te voir à Thionville. Joie dans les cœurs !
Écrit par : Katell | 08/10/2016
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