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07/01/2019

Hubert, Félix, Thiéfaine ... et les autres (parce qu'il y en a plein, vous allez voir !)

"L'homme, chaque soir en se couchant, peut compter ses pertes : il n'y a que ses ans qui ne le quittent point, bien qu'ils passent". CHATEAUBRIAND

 

Thiéfaine : personnalité scindée ? Personnalité multiple ? Que faut-il dire ? Et multiple de combien, tiens ? Vous savez, vous ? Au commencement, déjà, l'obscurité identitaire, la complexité labyrinthique, annoncées par ce nom à rallonges qui semble sonner comme une plaisanterie. Ou comme une question : Hubert, Félix ou Thiéfaine ? Et d'ailleurs notre artiste ne se priva pas de la poser, cette question, sur une pochette de disque, pour qu'on n'en finisse pas de se questionner nous-mêmes, à l'infini. Qui est-il ? Le saurons-nous jamais ? Tout cela me fait penser à un livre paru en Allemagne il y a quelques années : Wer bin ich – und wenn ja, wie viele ? Traduction : Qui suis-je – et si oui, combien ? Vous voyez le genre ?! En tout cas, pour en revenir à HFT, ou Thiéfaine, ou Hubert, etc. : ce qui est bien, avec les rallonges, c'est qu'on peut aussi ne pas s'en servir. On a donc tout à fait le droit de se contenter d'un simple Hubert (familier, affectueux), on peut pousser un peu plus loin et dire Hubert-Félix (moins répandu, mais possible). On peut opter pour Thiéfaine (ô douces sonorités faisant songer un peu à Verlaine !), on peut choisir HFT. Tout est permis. Cela peut être selon l'humeur. Une chose est sûre : c'est pratique quand on écrit des billets pour un blog ; voilà déjà un bon petit réservoir de synonymes !

Je vous dis tout ça parce que je viens de regarder une émission savoureuse et délirante dégotée sur YouTube et intitulée « Hubert, Félix, Thiéfaine … et les autres » ! Une pépite ! Si vous ne l'avez jamais vue, foncez ! On découvre là un Thiéfaine brindezingue, les yeux contemplant on ne sait trop quel chaos, et qui nous dit, entre autres, qu'un individu est constitué de 14 000 personnages qu'il convient de faire émerger de son bordel intime avant de mourir. J'aime bien l'idée. Ça fait du monde en tout cas ! Moi je ne sais pas où j'en suis dans les personnages que j'ai fait remonter à la surface, je ne les compte plus depuis longtemps, et c'est à se demander si tout cela est bien sérieux, si c'est de l'art, de l'amour ou du cochon.
J'arrête là mes élucubrations, regardez la vidéo et dites-moi ce que vous en pensez, si vous voulez bien sûr. Dans son œuvre, Thiéfaine a souvent évoqué son double (cf. Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable, Was ist das Rock'n'roll ? et plus récemment Infinitives voiles ... et j'en oublie sûrement), on sait aussi qu'il aime se glisser dans la peau de nombreux personnages (La môme kaléidoscope résumant bien ce côté caméléon à la Gary), mais 14 000 entités ! Waow, ça fait rêver, ça veut sûrement dire qu'il nous réserve encore bien des surprises, que certains personnages n'ont pas encore vu le jour, si vous voyez ce que je veux dire (et là, gros yeux énamourés pour tout le monde : on imagine déjà le jour magnifique où l'on tiendra entre ses mains le nouveau graal, je veux dire ni plus ni moins que le nouvel HFT). Le documentaire dont je vous parle date de 1983 et regorge de phénomènes hauts en couleur, Thiéfaine n'étant pas le moindre dans cette foule absconse !

Autre chose encore : sous le sapin de Noël, quelqu'un qui me connaît bien a eu la bonne idée de glisser le dernier CD de Véronique Sanson. Jubilation profonde étant donné, petit a, que j'aime beaucoup Sanson (sa voix, ses textes, son univers, ses déchirures) et, petit b, que je comptais m'acheter ce CD un jour ou l'autre. Le duo avec Thiéfaine : de grande qualité selon moi. La voix d'Hubert : nette, coupante, posée, s'accordant à merveille avec celle de Véro. Les paroles : pas très gaies, mais seyant bien à notre homme et à notre femme. Encore une histoire d'amour qui finit mal, ça n'en finira donc jamais. C'est comme ça, c'est la vie, il y a là-dedans un chagrin des glandes insurmontable, que l'art peut peut-être exorciser. Bonne année à tous ! Qu'elle soit donc thiéfainienne en diable, il n'y a que ça de vrai, n'est-ce pas, ou presque !