22/03/2020
Hubert-Félix le chat...
"Nous inspirions confiance. Et nous n'en avions aucun mérite, sauf celui que la jeunesse accorde pour très peu de temps à n'importe qui, comme un vague serment qui ne sera jamais tenu". Patrick MODIANO
Allez, pour rire un peu en ces « temps de désolation » (Thiéfaine ne croyait pas si bien dire lorsqu'il employait cette expression il y a quelques mois ; et pourtant, le connard de virus n'avait pas encore sévi)... Vous ai-je déjà dit qu'il y a plusieurs années, j'ai eu un chat qui répondait au doux nom d'Hubert-Félix ?! Non ? Eh bien je vous le dis aujourd'hui. Hubert-Félix le chat : je trouvais que ça en jetait ! Cependant, j'aurais dû me douter qu'en affublant le petit minou d'un prénom à double tiroir, j'avais peut-être, malgré moi, favorisé en lui une certaine schizophrénie. Hubert-Félix était duplice : il était capable de passer de la docilité la plus touchante à l'attitude la plus guerrière. Après avoir mendié des caresses, il pouvait vous arracher un doigt ! J'exagère à peine. Bref... Il était borderline, du genre à flirter avec la rébellion. Ce n'était pas un chat ordinaire. C'est le moins que l'on puisse dire.
Un jour de mars 2015, il a disparu dans la nature. Je l'ai cherché, je l'ai appelé, j'ai supplié dans le vide. Hubert-Félix demeura introuvable. Les années filèrent et j'oubliai le chat qui avait un délicieux pet au casque. Mais voilà que depuis plusieurs semaines, tous les jours, j'aperçois dans mon jardin une créature étrange, sur le pelage de laquelle les taches grises sont réparties comme celles d'Hubert-Félix. Ce chat reste tous les jours de longues heures ici. Quand il me voit, il se fige, se pose dans l'herbe et me fixe bizarrement. Il y a quelques semaines, il a passé un après-midi entier à m'observer alors que je ramassais, dans le jardin, les innombrables branches foutues à terre par les tempêtes successives de février. Dès que je me déplaçais, il me suivait (de loin) et se posait pour me regarder, inlassablement. À un moment, j'ai voulu l'approcher : il s'est sauvé. N'empêche que pas une seconde, jusqu'à hier, je n'avais pensé que ce chat puisse être notre Hubert. C'est ma fille Louise qui, la première, a émis cette hypothèse. Comme ça, en passant : « On dirait pas un peu Hubert-Félix ? », a-t-elle demandé. Et mon autre fille, Clara, d'abonder dans son sens : « Mais carrément ! ».
Peut-être qu'à force de tourner en rond dans leur semoule, confinement oblige, nos esprits finissent par yoyoter un brin. Mais tout de même, ce chat, nous l'avons vu, de nos yeux vu ! Ce genre de retour au bercail est-il possible ? Je me pose la question. Tous les soirs, notre Hubert-Félix (si c'est lui) disparaît mystérieusement. Ce qui m'a fait dire hier à mes filles (mais elles n'ont pas compris l'allusion) que peut-être son double pervers jouait dans un groupe de rock, quotidiennement, à la tombée de la nuit... Purée, il n'a pas pigé qu'on était en confinement, le Bébert ? Si c'est lui, il n'a pas changé : toujours aussi borderline !
Je vous espère en bonne forme, amis de ce blog. Si vous voulez bien, faites-moi un petit signe rassurant du fond de votre confinement ! Et désolée pour ce billet un peu crétin, mais la raison tangue en ce moment...
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