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19/01/2022

"En ma fin gît mon commencement"...

"Rien ne sert à celui qui possède un cœur fougueux que le monde extérieur lui offre paix et bonheur, sans cesse se créent en lui-même de nouveaux périls et de nouveaux malheurs". Stefan ZWEIG, Marie Stuart.

 

Dans une interview assez récente d'Hubert-Félix Thiéfaine, j'ai appris que la chanson Fotheringhay 1587 lui avait été inspirée par sa lecture de la biographie que Stefan Zweig avait consacrée à Marie Stuart. C'était assez pour me donner envie de lire ce livre, d'autant queZweig est un auteur que j'aime particulièrement !

Voici le résumé que l'on trouve sur la quatrième de couverture : Reine d'Écosse à l'âge de six jours, en 1542, puis reine de France à dix-sept ans par son mariage avec François II, Marie Stuart est veuve en 1560. Elle rentre alors en Écosse et épouse lord Darnley avant de devenir la maîtresse du comte Bothwell. Lorsque ce dernier assassine Darnley, Marie doit se réfugier auprès de sa rivale, Élisabeth Ire, reine d'Angleterre. Celle-ci la retiendra vingt ans captive avant de la faire condamner à mort. Son courage devant le supplice impressionnera les témoins, au point de métamorphoser celle que l'on disait une criminelle en une martyre de la foi catholique. Sur cette figure fascinante et controversée de l'histoire britannique, Stefan Zweig, le biographe de Marie-Antoinette, a mené une enquête rigoureuse. Ce récit passionné et critique nous la restitue avec ses ombres et ses lumières, ses faiblesses et sa grandeur.

 

Le livre de Stefan Zweig nous entraîne dans les abîmes des passions humaines et une multitude de complots politiques. De tout cela, ainsi que d'une foule de péripéties inattendues, se tisse le destin de Marie Stuart. Il est franchement impossible de faire un résumé de l'ouvrage de Zweig. Le mieux est encore de le lire !

En tout cas, le chapitre qui précède l'épilogue s'intitule En ma fin est mon commencement. J'en recopie quelques passages ici, ça peut toujours servir à la compréhension de la chanson !

 

« En ma fin est mon commencement » : cette parole dont le sens, alors, n'était pas encore très clair, Marie Stuart l'avait jadis brodée sur une étoffe. À présent sa prédiction va se réaliser. Sa mort tragique rachètera aux yeux de la postérité les fautes de sa jeunesse, elle leur donnera un tout autre caractère, elle sera en vérité le début de sa gloire.

(…)

Marie Stuart utilise ses derniers moments avec un sang-froid et une mesure qui autrefois lui étaient, hélas ! étrangers. Grande princesse, elle veut une mort grandiose, et avec son sens parfait du style, qui toujours la distingua, avec son goût artistique et héréditaire et sa dignité innée au moment du danger, elle prépare son trépas comme une grande cérémonie, une fête, un triomphe. Rien ne doit être improvisé, abandonné au hasard, à l'humeur du moment ; tout doit être calculé, d'un effet imposant, d'une royale beauté. Chaque détail a sa place comme une strophe touchante ou puissamment émouvante dans le poème héroïque d'une mort exemplaire. Pour avoir le temps de recueillir ses pensées et d'écrire tranquillement les lettres nécessaires, Marie Stuart a commandé un peu plus tôt que d'habitude son repas, auquel elle donne la solennité d'une cène. Après avoir mangé, elle réunit autour d'elle tous ses serviteurs et se fait passer une coupe de vin. Gravement, mais le visage serein, elle lève le calice au-dessus de ses fidèles, qui tous sont tombés à genoux. Elle boit à leur santé et les exhorte ensuite à rester dévoués à la religion catholique et à vivre en paix entre eux. Elle leur demande pardon à tous, individuellement – on dirait une scène de la Vie des saints – des torts que, consciemment ou inconsciemment, elle a pu avoir envers eux. Alors elle remet à chacun d'eux un souvenir : des bagues, des joyaux, des colliers et des dentelles, toutes ces petites choses précieuses qui ont autrefois orné et égayé sa vie. Ils reçoivent ces présents à genoux, en silence ou sanglotant, et la reine, malgré elle, est remuée jusqu'aux larmes par la déchirante affection de ses fidèles.