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29/05/2022

Thiéfaine aux Moissons rock de Juvigny : retour sur le concert d'hier soir

"Dans les entrelacs d'une vie, il y a des rencontres qui rejaillissent de manière surprenante". Simonetta GREGGIO

 

Samedi 28 mai 2022, moissons rock de Juvigny. À l'entrée du site, un panneau indique où se trouve le parking. Juste à côté, un autre signale « traversée d'animaux sauvages ». Cette juxtaposition (tout à fait thiéfainienne, à bien y réfléchir) me fait sourire. Il n'y aura pas d'animaux sauvages ici ce soir, si l'on excepte les fous furieux qui, comme moi, sont venus uniquement pour les beaux yeux d'Hubert ! Enfin, s'il n'y avait que ses yeux... Bien sûr qu'on vient pour tout le reste. Inutile, me semble-t-il, de préciser en quoi consiste ce « tout le reste » ! Bien sûr qu'on vient également pour les musiciens et cette façon qu'ils ont de remuer en nous les claviers intimes et les cordes sensibles.

Bien sûr que je viens parce que cette première date de festival me titille depuis quelque temps. Je ne suis pas à une folie près, alors celle-là ou pas, qu'est-ce que ça changerait, fondamentalement ? Depuis que ma région s'est fondue dans l'immense masse du Grand Est, je n'ai plus aucun scrupule à élargir le rayon des possibles ! La Marne, c'est le Grand Est, alors je ne vois pas où est le problème !

J'arrive sur le site vers 19 heures. Juste le temps de manger un petit truc. Ensuite, je rejoindrai la foule qui s'est déjà agglutinée près de la barrière de la grande scène. J'envoie un message à Philippe, je sais qu'il est là ce soir. Philippe, je l'ai rencontré il y a quelques années à Paris. J'avais été impressionnée par son « tableau de fan » : plus de 150 concerts au compteur. Il suit HFT depuis 1978. C'te veine d'être né encore plus tôt que moi ! Respect, mon camarade !

En guise de réponse à mon SMS, Philippe lance un « Catherine ! » fermement décidé à me faire réagir. Je fonce vers lui. Et m'installe, du même coup, parmi les acharnés qui font le pied de grue ici depuis l'ouverture des portes. Qui ont assisté sans grande conviction au concert précédent, rien que pour être sûrs d'être bien placés pour celui d'Hubert. Quand tu aimes cet artiste, il ne faut pas être du genre à en avoir vite ta claque de faire la queue !

Me voilà donc arrivée tout devant sans avoir fait le moindre effort pour parvenir à cette place de choix. Jusqu'où l'injustice ira-t-elle se loger en ce bas monde, je vous le demande !

J'adore les prémices de concert. Ces moments où tout n'est que frémissement et attente. Plus que tout, j'aime m'imprégner de l'ambiance qui règne autour. Prendre la température, l'air de rien. Je viens de faire la connaissance de Caroline, et je me demande comment nous avons fait pour nous louper pendant tant d'années alors que nous suivons Hubert avec la même frénésie ! À ma droite, une jeune fille au visage exempt de rides. Elle doit avoir l'âge que j'avais quand j'ai fait mon premier concert de Thiéfaine. 22 ans, je dirais. Elle est furax contre elle-même car elle est arrivée trop tard et n'a pas pu atteindre son objectif : la barrière pour être au plus près de la fournaise et aussi, pragmatisme oblige, pour avoir un appui tout au long de la soirée. Elle me fait rire. Elle râle parce que ça fume dans tous les coins, et pas que des Royal Menthol. Ah ben oui, ça... Le public d'HFT n'est pas vraiment constitué de communiants proprets. La sainteté, connaissent pas, ne voient pas ce que c'est, ne pratiquent pas non plus. Ce n'est pas dans les cathédrales qu'ils vont racoler leurs amours ! Ce public, je l'ai découvert en 1995 aux côtés de ma mère qui en fut légèrement effarouchée. Il m'a d'emblée séduite parce qu'il a quelque chose que les autres n'ont pas. Et, surtout, la capacité de mélanger des individualités a priori irréconciliables !

20 heures. Que la fête commence ! Nous n'aurons pas La ruelle des morts pour démarrer, mais Animal en quarantaine. Au total quatorze titres. Version écourtée d'une setlist vraiment splendide. Il n'y avait rien à jeter là-dedans, mais il a quand même fallu s'y résoudre pour les festivals. Ce qui reste : Juste une valse noire (après Animal en quarantaine), Lorelei, Je t'en remets au vent, Pulque mezcal y tequila, Elle danse, Demain les kids, Les dingues et les paumés (toujours avec ses orchestrations magistrales), La ballade d'Abdallah Geronimo Cohen, La fin du roman, Petit matin, Page noire, La queue et, évidemment, La fille du coupeur de joints.

Je sais, une heure et quart et quatorze titres, ce n'est pas bézef, mais c'est toujours mieux que rien. Cela permettra de patienter avant la reprise des concerts de deux heures (vous avez vu que des dates s'étaient ajoutées ? La région Grand Est étant ce qu'elle est, je pense pousser jusqu'à Meisenthal en novembre ; d'ailleurs, c'est mon département, c'est juste à l'autre bout, mais pas grave). Et puis viendra la tournée Replugged, le rock chevillé aux entournures pour notre plus grand bonheur.

Fin du concert. Je me retourne vers la foule qui déjà se disloque. Et là, qui vois-je ? Un couple rencontré à Bar-le-Duc, avec qui j'avais sympathisé et qui m'avait fortement encouragée à faire le déplacement jusqu'à Juvigny ! Je suis heureuse de revoir ces deux êtres lumineux. Ils dégagent un truc à part. Peut-être parce qu'ils possèdent cette indéfinissable aura des gens heureux. On les sent bien ensemble. Et ouverts aux autres. Comme à Bar-le-Duc, ils me font parler de ma passion pour HFT (je suis cet animal sauvage qui risque de traverser la chaussée à tout moment sans prévenir !). Je leur explique que par précaution, avant de partir aujourd'hui, j'ai pris de quoi dormir à l'hôtel en cas de grosse fatigue. Elle me répond que c'est beau de faire tout ça pour un artiste. Je ne sais pas si c'est beau ou si c'est plus fou que beau. Toujours est-il que c'est ma vie. « Je n'y peux rien, c'est elle qui m'a choisie », comme dans la chanson d'Adamo (je n'écoute pas qu'HFT !!!). La folie comme seul salut possible ?! J'y crois et, du coup, ne suis pas près d'y renoncer !!!