14/04/2023
Thiéfaine sera au Zénith de Paris ce soir !
"On dirait que les projets de joie sont un défi. Trop longuement préparés, ils laissent le temps à la destinée de changer les œufs dans le nid, et ce sont des chagrins qu'il nous faudra couver". Georges RODENBACH
Ce soir, Thiéfaine et ses incroyables musiciens se produiront au Zénith de Paris. Vous serez quelques veinard(e)s à assister à ce concert. Moi j'peux pas, j'ai leucémie. Et folle amertume et profonde tristesse. Normalement, tout était en place pour que je puisse en être : en week-end à midi, mes filles aussi (enfin l'aînée pas tout à fait, mais on aurait arrangé ça, cela fait bien longtemps que je suis passée experte dans l'art de faire de la place pour Hubert !). On aurait pu être au Zénith, puis passer quelques jours à Paris, grâce aux vacances scolaires qui commençaient. Ben non, ce ne sera pas comme ça. « On ne fait pas toujours ce qu'on veut dans la vie », disent parfois les parents aux enfants pour leur inculquer la frustration.
De la frustration, j'en ai à revendre depuis cinq mois. Tu en veux une pelletée ? Largement jouable ! Tu en veux un paquebot ? Jouable aussi.
Je ne m'appartiens plus, j'appartiens au corps médical. « Vous reprendez bien un petit ECG, et puis une prise du sang, et même un myélogramme ». Obligée de m'exécuter sur-le-champ et sans broncher, moi qui déteste qu'on m'indique ce que j'ai à faire.
Il paraît que si tout va bien, je serai sortie de ce cauchemar à cent têtes à la fin du mois de juillet. Peut-être que je pourrai me faire le festival de Courlans, dans le Jura, qui sait ? Je prendrai mon billet au dernier moment. La maladie m'aura appris à regarder tout projet avec un brin de méfiance désabusée. Et donc à éviter de planifier des mois à l'avance. En cela, je serai désormais toujours raccord avec les mots de Georges Rodenbach cités ci-dessus !
Si, il y a quelques années, on m'avait dit qu'un jour une maladie me clouerait en une espèce de confinement à moi toute seule, j'aurais peut-être frimé et affirmé : « Sûr que j'en profiterai pour écrire ». Oui, ben non. Ça ne se passe pas comme ça. J'ai bien pensé à peaufiner plusieurs récits dans lesquels je m'étais lancée avant la maladie. Parmi ces écrits, il y en avait un sur ma rencontre avec l'œuvre d'Hubert. Mais je n'ai que des velléités de faire et je ne fais pas. Parce que la fatigue, parce que l'angoisse qui prend le dessus, parce que « je n'ai pas la frite », et pas la peine de repasser me voir demain, ladies and gentlemen, car je serai dans le même état, entre somnolence et sidération, ou entre désespoir et colère, je ne sais pas encore.
Comme en février, je vous demanderai de bien vouloir me faire rêver un peu : inondez ce billet de commentaires racontant dans les grandes largeurs vos impressions sur le concert au Zénith !
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