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14/03/2024

"Ton piano danse toujours", un spectacle de Jean-Marc Sauvagnargues

"Il y a comme cela des nostalgies qui courent en pointillé tout au long d'une vie". Paul DE ROUX

 

« Il manque quelqu'un près de moi, je me retourne, tout le monde est là, d'où vient ce sentiment bizarre que je suis seul ? ». « Il y a peut-être quelque part un bonheur dont j'aurais eu ma part », « Diego libre dans sa tête », « Mademoiselle Chang a tout ce qu'elle demande » : ces mots ont bercé mon adolescence. Il y avait toujours, pour les accompagner, une mélodie qui portait dans son architecture la signature de son compositeur, reconnaissable entre toutes. Celle d'un certain Michel Berger. Ma mère l'adorait. Combien de fois l'ai-je surprise, chantant à tue-tête ses chansons devant son fer à repasser ? C'est qu'elle repassait toujours intelligent, ma mère. Elle se posait dans le salon, face à la fenêtre. Pas trop loin de la chaîne stéréo pour pouvoir se transformer en DJ le moment venu, et roule, c'était parti pour plusieurs heures. En un après-midi, elle venait à bout du linge entassé, et en chantant. C'est à son contact que j'ai appris que tout, dans la vie, est « plus marrant et moins désespérant en chantant ». C'est qu'on en aura passé des heures, à écouter les chanteurs et les chanteuses qu'elle aimait. Elle avait des goûts éclectiques et surprenants. Moi qui ai gardé ses CD, je ris souvent de voir Scorpions pas très loin de Dalida, Alain Barrière avoisiner A-ha, et autres savoureuses bizarreries. Ma mère se moquait bien des classifications et des genres. C'était elle qui décidait : si elle aimait un morceau de Supertramp, pourquoi ne pas acheter illico l'album sur lequel il se trouvait et ranger celui-ci à côté des Fabulettes d'Anne Sylvestre ? Dans son monde, tout était possible. Un exemple à suivre, je crois !
Et donc, elle aimait particulièrement les chansons de Michel Berger. Si bien que ce dernier devint pour moi, après la mort brutale de ma mère, un artiste au potentiel hautement inflammable. Je ne l'ai pas écouté pendant des années. Idem quelques autres. Et puis, il y a quatre ou cinq mois, j'ai fait comme dans La minute de silence : j'ai sorti, pour voir, des disques de leurs pochettes. Des disques de Michel Berger. Les grandes eaux se sont vite invitées et, en même temps, il y avait cette joie incommensurable de retrouver un petit quelque chose ayant appartenu à ma maman. Le genre de truc qui fait à la fois du bien et du mal. Après plusieurs écoutes, j'en vins à la conclusion suivante : moi aussi, j'aimais beaucoup Michel Berger. Que de souvenirs contenus dans ses chansons ! 
Et voilà qu'il y a quelques semaines, j'apprends que Jean-Marc Sauvagnargues, des Fatals Picards, tourne en solo avec un spectacle entièrement consacré à Michel Berger. Mieux encore : j'apprends que le même Jean-Marc Sauvagnargues va venir pas loin de chez moi le 13 mars. Billet pris dans la foulée. Et nous voilà le 14 mars, au lendemain d'un soir qui a chanté comme ma mère aimait. Et qui l'aurait enchantée. 
C'est que tout est enchanteur dans ce concert. Jean-Marc Sauvagnargues alterne les parties parlées et les parties chantées. Quand il parle, c'est pour nous présenter la biographie de Michel Berger, ses amours, ses amis, ses emmerdes (et Dieu sait s'il y en eut dans cette courte vie, intense mais pas exempte de drames) ou pour nous dire combien ce chanteur compte pour lui. Déjà, hasard ou pas : ils sont tous deux nés un 28 novembre, à exactement vingt ans d'écart. Il y a comme ça des choses qui interpellent. Et me ramènent à Hubert, forcément : né la même année que ma mère et le même mois que mon père, prénommé Maurice comme le sien. Jean-Marc Sauvagnargues nous confie que les chansons de Berger ont fini par composer la bande-son de sa vie. Voilà qui me ramène encore à notre cher HFT, dont les chansons me racontent désormais mon histoire, de mes dix-neuf ans à aujourd'hui. Ça en fait, des choses à me dire ! 
Bref... Le spectacle de Jean-Marc Sauvagnargues s'appelle « Ton piano danse toujours » et il est d'une grande délicatesse...
Hier encore, comme tous les jours depuis février 2009, il manquait quelqu'un près de moi. Quelqu'une, plutôt. Et pourtant, à un moment, en entendant La groupie du pianiste, j'aurais juré qu'elle était à mes côtés, en train de chanter très fort, son fer à repasser à la main ! 

Commentaires

Bonjour Katell,

Un grand merci pour ce texte très touchant et qui me parle car Michel Berger a lui aussi fait partie de ma vie musicale. Le paradis blanc reste une de mes chanson préféré de ce grand artiste, je la trouve grandiose, aussi parce qu'on y entend des chants de baleines qui sont, elles-aussi, des artistes indémodables !

Je suis allée voir les prochaines dates de ce spectacle de Jean Marc Sauvagnargues mais je n'ai rien vu près de chez moi... dommage, je serai bien allée le voir.

Pour en revenir à Michel Berger et par association d'idée... je suis allée voir Véronique Sanson hier soir. Quel concert ! Quelle artiste elle-aussi ! Et quel humour, quelle pêche à 74 ans ! C'était grandiose ! Mais je n'en dit pas plus pour te laisser le plaisir de la découverte. En tout cas, ce dont je suis sûre, c'est que tu vas passer une belle soirée !

Bon concert donc !

Écrit par : Bételgeuse | 15/03/2024

Je me rend conte que mon texte est bouré de fote... honte a moi ! ;-)

Écrit par : Bételgeuse | 15/03/2024

Oui, je me suis dit que j'allais boucler la boucle dimanche soir en allant voir Véronique Sanson. Je vais réaliser un rêve. Cela fait des années que je veux la voir sur scène ! Très contente ! Je te/vous raconterai !
Ah oui, le spectacle de Jean-Marc Sauvagnargues est à voir, si possible ! Je crois qu'il ne reprendra que cet été. Pont-à-Mousson (où je l'ai vu mercredi) était la dernière date de cet hiver. Peut-être qu'il en ajoutera d'autres plus tard ?

Écrit par : Katell | 15/03/2024

Les commentaires sont fermés.