17/07/2006
Des chiffres et des dates
"Si les mots sont magiques, les chiffres ne le sont pas moins. A l'école, on l'a vu, ça s'est mal passé de ce côté-là. Reste la fascination d'un monde mystérieux, passionnant. 'La symbolique des chiffres m'intéresse. Certains me portent bonheur. Intuitivement je les sens, comme des signes. Il y en a dans toutes les religions; les pyramides, les vaisseaux spatiaux sont construits avec des chiffres; la physique c'est des chiffres, la musique aussi. Les mots et les chiffres, je les connais mieux maintenant, mais ils ont toujours un côté énigmatique, comme tout ce qui est en devenir'. Dans ses mathématiques personnelles, il raisonne à coups de loufoques petit a et petit b, conférant une allure rigoureuse aux hypothèses les plus folles - ce qui en renforce l'absurdité. Il cherche la fin d'une inconnue, ajoute ou substitue aux mots des codes, des horaires, des matricules, tel ce 713705 aux vertus rayonnantes (retournez votre calculette, pour voir)". (Hubert-Félix Thiéfaine par Pascale Bigot).
Thiéfaine et les chiffres, tout un poème! La preuve :
L'ascenseur de 22h43, La vierge au dodge 51, Enfermé dans les cabinets (avec la fille mineure des 80 chasseurs), Alligators 427, Groupie 89 Turbo 6, 113ème cigarette sans dormir, Narcisse 81, Un vendredi 13 à 5 h, Chambre 2023 (et des poussières), Diogène série 87, 542 lunes et 7 jours environ, Portrait de femme en 1922, Série de 7 rêves en crash position, 24 h dans la nuit d'un faune, Critique du chapitre 3, Orphée nonante huit, Mojo - dépanneur TV (1948-2023), 27ème heure suite faunesque, Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable, Eurydice nonante sept, Le Touquet juillet 1925, Guichet 102, Télégramme 2003.
Sans oublier, bien sûr, Comme un chien dans un cimetière (le 14 juillet)!!
14:45 | Lien permanent | Commentaires (0)
15/07/2006
Comme un chien dans un cimetière (le 14 juillet) : avec un jour de retard!
Bon, je reviens de Berlin. Ville magique, ville à nulle autre pareille, très verte, très émouvante... Une page d'histoire à chaque coin de rue. Entre une visite du Reichstag, un petit tour aux archives Rio Reiser, les différents musées et châteaux, et même la finale de la Coupe du Monde sur écran géant à la porte de Brandebourg (eh oui!), j'ai pu tout de même écouter quelques morceaux de Thiéfaine. Et les deux personnes avec qui j'étais ont plutôt bien accroché! Cool!
Avec un jour de retard, voici le texte de "Comme un chien dans un cimetière", chanson que j'adore et que j'ai été contente d'entendre sur cette tournée. Cela fait partie des très bonnes surprises de ce "suicide tour"!
"T'as été à l'herbe aux lapins
mais t'as fait un faux numéro
si tu crois que j'en ai du chagrin
téléphone à la météo
le ciel est bleu / le jour est J
la bombe est H mais mon grand-père s'ennuie
comme un chien dans un cimetière le 14 juillet
ne cherche plus dans l'annuaire
j'ai mis les scellés sur mon coeur
mais passe plutôt chez le notaire
je te lègue ma part de bonheur
je pourrai toujours me recycler
avec la veuve du fossoyeur qui s'ennuie
comme un chien dans un cimetière le 14 juillet
le marchand d'ordures est passé
je vais pouvoir m'évanouir
remonte-moi mes oreillers
je pars pour un éclat de rire
tandis qu'au loin j'entends sonner
les oreilles d'un sourd et muet qui s'ennuie
comme un chien dans un cimetière le 14 juillet
je jette mon dernier sac de billes
la tempête vient de s'apaiser
déjà les moutards de ma ville
viennent vers moi pour me regarder
il n'y a plus rien à espérer
puisque maintenant les enfants s'ennuient
comme des chiens dans des cimetières le 14 juillet".
Question : C'est quoi, l'herbe aux lapins?!
Remarque : On en trouve, des dates et des nombres dans les chansons de Thiéfaine! Il faudrait que je m'amuse à les recenser!
21:40 | Lien permanent | Commentaires (1)
07/07/2006
Hubert-Félix Thiéfaine au journal télévisé de France 2
Thiéfaine était l'invité des cinq dernières minutes du journal de France 2. Il était là pour parler des "Solidays", il a interprété "Gynécées", chanson qu'il a tronquée d'une strophe. Retrouvez tout cela sur le site de France 2!
15:33 | Lien permanent | Commentaires (1)
"Nous marchons sur Berlin en gobant nos oeufs durs"
C'est en me répétant cette phrase plusieurs fois ces derniers temps que je me suis rendu compte que gober des oeufs durs, c'était plutôt coton!!!
Pourquoi est-ce que je me répète ces mots en ce moment? Parce que je vais, moi aussi, aller marcher sur Berlin! Ce blog ne sera donc pas alimenté pendant plusieurs jours. Je plante homme et enfant pour aller me remplir les mirettes des splendeurs de Berlin! Je suis à la fois triste et joyeuse. Triste de quitter ceux que j'aime, et joyeuse à l'idée de partir à la rencontre d'une ville chargée, ô combien, d'histoire, et notamment d'une histoire qui me touche particulièrement, parce que la RDA, la chute du Mur, c'est mon dada!
Ce qui me pèse aussi toujours, quand je pars, c'est que je ne peux évidemment pas me trimbaler tous les albums de Thiéfaine! C'est pourquoi je me suis constitué, il y a quelques mois, une "trousse de survie", avec tous les titres que j'aime particulièrement!
J'espère revenir en forme (oserai-je dire "revenir tout court"?). C'est que j'ai la ferme intention d'aller au festival du Chien à plumes en août, moi! Cela fait un petit bout de temps que je n'ai pas vu Thiéfaine sur scène!
Mais, en attendant, place aux oeufs durs et à bien d'autres choses!
07:46 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/07/2006
Et, au fait...
Et, au fait, je viens de penser à "Redescente climatisée", chanson dans laquelle il est question d'un "consul ivre mort". Et s'il s'agissait là d'une allusion au Consul d'Au-dessous du volcan? Je ne sais pas, cela vient de me traverser l'esprit, c'est juste une supposition!
10:37 | Lien permanent | Commentaires (0)
Encore un extrait du livre de Malcolm Lowry
Voici encore un passage d’Au-dessous du volcan. Cela me fait un peu penser aux scolopendres que Thiéfaine évoque dans « De l’amour, de l’art ou du cochon ? ». Dans le même genre, avec petites bestioles bien répugnantes, il y a aussi « Les mouches bleues » !
« Dans la salle de bains le Consul, accablé, s’assit et contempla sur le mur les insectes qui, formant divers angles entre eux, semblaient des navires mouillés loin en rade. Une chenille se mit à cheminer vers lui en se tortillant, lorgnant, de-ci de-là, antennes pleines de questions. Un gros criquet au fuselage poli, accroché au rideau, lui imprimant un faible ballant tout en nettoyant comme un chat sa face où paraissait pivoter, au bout de leurs tiges, ses yeux. Le Consul se tourna, s’attendant à voir la chenille bien plus près mais elle s’était tournée, elle aussi, virant sur ses amarres rien qu’un peu. Maintenant un scorpion traversait lentement dans sa direction. Soudain le Consul se leva, tremblant de tous ses membres. Mais ce n’était point du scorpion qu’il s’inquiétait. C’était que tout d’un coup, ombres grêles de clous isolés, taches de moustiques écrasés, balafres et lézardes mêmes du mur s’étaient mises à grouiller en sorte que, où qu’il jetât les yeux, un autre insecte naissait, se tortillant d’emblée vers son cœur. C’était comme si, et c’était le comble de l’épouvantable, tout le monde des insectes s’était d’une manière ou d’une autre rapproché, et maintenant le cernait, se ruait sur lui. Un moment brilla sur son âme la bouteille de tequila du fond du jardin, puis le Consul trébucha jusque dans sa chambre ».
Cela fait froid dans le dos, non? Le Consul, sous l’effet de l’alcool, s’enfonce dans des délires hallucinatoires. Tout cela est servi par un style tellement puissant qu’on vibre un peu comme lui, je trouve !
08:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
05/07/2006
La postface de Max-Pol Fouchet
Ce soir, comme j'avais envie de mettre sur le blog un petit quelque chose qui soit en rapport avec Au-dessous du volcan et comme j'avais déjà mis un extrait de la préface et plusieurs passages du roman, je me suis dit : "Allons donc faire un tour du côté de la postface. Pourvu d'ailleurs qu'il y en ait une!" Oui, il y en a une, écrite par Max-Pol Fouchet. Elle ne m'a pas dévoilé la fin de l'histoire (car je n'ai pas fini le roman). De toute façon, on devine aisément, dès les premières lignes, que ce truc ne va pas, ne peut pas finir bien. Le Consul est empêtré dans son alcoolisme, cette dépendance l'enferme dans une tour de marbre (le marbre du tombeau, oui!), et l'amour qu'Yvonne lui porte est, évidemment, voué à l'échec. Comment pourrait-il en être autrement? On devine illico qu'ici, un drame va se jouer, s'est déjà joué, et qu'aucun salut n'est possible. On devine qu'ici, c'est la mort qui règne en maître et que rien ne vient rompre l'immense solitude de chacun. Cela me rappelle Cohen : "Chaque homme est seul et tous se fichent de tous et nos douleurs sont une île déserte"... Ici, Yvonne essaie pourtant de rejoindre le Consul dans sa solitude, mais ... Laissons parler Max-Pol Fouchet!
"A première vue, un roman où l'amour et l'alcool s'octroient les grands rôles. Soyons-en convenus, pour l'instant, - parce que ce roman d'amour est d'une présence inoubliable, - parce que cette description de l'alcoolisme est d'une incomparable authenticité. Les vains appels d'Yvonne, les cris désespérés du Consul, - pour ne parler ni de Hugh, ni de monsieur Laruelle, - qui les entendrait sans déchirement? Mais ces simples mots d'Yvonne : 'Nous pourrions être heureux tous les deux', dépassent l'histoire proprement dite : rarement l'impossibilité du couple fut aussi cruellement exprimée. De même, l'alcoolisme de Geoffrey Firmin n'est pas simple vice, tare physiologique. Sa femme le sait : 'De toute façon, ce n'est pas la boisson', et le Dr. Vigil aussi : 'maladie de l'âme'. Impossible de s'y tromper, on nous mène par la main : ce roman d'amour est un roman de l'amour. De l'amour terrestre? Oui, d'abord. Et, une fois encore, se bornerait-il là, ce serait déjà un beau livre de passion et de mort. Mais comment l'amour terrestre se limiterait-il à lui seul pour un homme comme le Consul - (et Malcolm Lowry pourrait dire, comme tel autre de son héroïne : Le Consul, c'est moi) - dont le regard perce les apparences, voit à travers ce qui est vu, lit les visionnaires et les aventuriers de l'esprit, rêve d'écrire un livre sur la connaissance secrète? Le Mexique, où le livre se situe, est plus que le Mexique. Certes, la tragédie s'accorde avec la 'peine éternelle qui jamais ne dort du vieux Mexique' - pourtant on nous avertit que nous ne sommes pas là, 'mais dans le coeur'. Nous voici prévenus".
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04/07/2006
Malcolm Lowry encore
Voici un extrait d’Au-dessous du volcan. En lisant les premières lignes de ce passage, j’ai su que je le mettrais sur le blog, tant le style qui y est employé est puissant et beau. Comme, en plus, il est question d’Oaxaca dans ces quelques lignes, je ne vais pas me priver !
« … Nuit : et une fois de plus, le corps à corps nocturne avec la mort, la chambre trépidante d’orchestres démoniaques, les bribes de sommeil apeuré, les voix à la fenêtre dehors, mon nom répété sans cesse avec mépris par des groupes d’arrivants imaginaires, les clavecins de la ténèbre. Comme s’il n’y avait pas assez de vrais bruits dans ces nuits couleur de cheveux gris. Non tels que le fracas déchirant des villes d’Amérique, le bruit de pansements arrachés à d’immenses géants à l’agonie. Mais les chiens parias qui hurlent, les coqs qui annoncent l’aube toute la nuit, le battement de tambour, le gémissement qu’on retrouve plus tard blanc monceau de plumes sur les fils télégraphiques aux arrière-jardins, ou volaille perchée dans les pommiers, la peine éternelle qui jamais ne dort du grand Mexique. Pour moi j’aime traîner ma peine à l’ombre des vieux monastères, ma faute dans les cloîtres, au bas des tapisseries et dans les miséricordes d’inimaginables cantinas, où des clients tardifs à la triste figure et des mendiants culs-de-jatte boivent à l’aube, dont la froide beauté jonquille se redécouvre en la mort. Aussi quand tu partis, Yvonne, j’allai à Oaxaca. Pas de plus triste mot. Te dirai-je, Yvonne, le terrible voyage à travers le désert, dans le chemin de fer à voie étroite, sur le chevalet de torture d’une banquette de troisième classe, l’enfant dont nous avons sauvé la vie, sa mère et moi, en lui frottant le ventre de la tequila de ma bouteille, ou comment, m’en allant dans ma chambre en l’hôtel où nous fûmes heureux, le bruit d’égorgement en bas dans la cuisine me chassa dans l’éblouissement de la rue, et plus tard, cette nuit-là, le vautour accroupi dans la cuvette du lavabo ? Horreurs à la mesure de nerfs de géant ! Non, mes secrets sont de la tombe et ils doivent être tus. Et c’est ainsi parfois que je pense à moi-même comme à un grand explorateur qui, ayant découvert un extraordinaire pays, n’en peut jamais revenir pour faire don au monde de son savoir : mais le nom de ce pays est enfer ».
Plus loin, on peut lire encore ceci : « Je me demande si c’est parce que ce soir mon âme est vraiment morte que j’éprouve pour l’instant quelque chose comme la paix ».
En fait, dans ce passage, un des personnages écrit une lettre à la femme qu’il aime. A un moment, il s’interrompt. Quand il se remet à écrire, il commence par ces mots, que l’ami Hubert ne bouderait pas, me semble-t-il :
« « Plusieurs mescals plus tard » !
Et ça, donc : « Tu vas me croire fou, mais c’est de cette manière que je bois aussi, comme absorbant un éternel sacrement ».
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