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11/08/2006

Hölderlin de nouveau

Hypérion ou l’ermite de Grèce, la première œuvre d’Hölderlin : ce roman par lettres fut mis en chantier dès 1792 et décrit « la résolution des dissonances à l’intérieur d’un caractère ». Je l’ai lu rien que pour pouvoir en parler sur ce blog !

En voici un résumé (merci encore à Jean-Louis Bandet et à son Que sais-je ? consacré à la –fabuleuse !- littérature allemande) :

« Hypérion est un jeune Grec contemporain, qui a fait l’expérience de l’unité perdue entre les hommes et les Dieux, il rêve de retourner ‘dans le bienheureux oubli de soi, au grand Tout de la nature’. L’image de cette unité s’offre à lui dans l’amour pour la beauté de Diotima et il cherche à la réaliser dans le combat pour la libération de sa patrie. Mais la lutte armée, la compromission avec l’histoire, ne peut pas créer l’Etat utopique, fondé sur la beauté. Diotima meurt, retrouvant la ‘divine liberté que nous donne la mort’, exhortant Hypérion à devenir le ‘prêtre de la divine nature’. En exil en Allemagne, Hypérion vit en solitaire au sein de la nature, où il découvre que ‘les dissonances du monde sont comme les disputes d’amoureux ; la querelle contient en elle la réconciliation’ ».

Toujours dans le même Que sais-je ?, on peut lire (et cela explique « ils croient voir venir Dieu, ils relisent Hölderlin ») :

« Regret de l’unité perdue, aspiration à la fusion dans le grand Tout, ce sont là des thèmes romantiques, et la nostalgie de la Grèce rappelle Schiller. Mais pour Hölderlin, la Grèce, cette demeure désertée des Dieux, est là, présente, devant les yeux de son âme, son image se superpose à celle de l’Allemagne, et il construit, dans de grands hymnes, le mythe d’une nature où le réel transfiguré manifeste le sacré. Heidelberg, le Neckar, les grands fleuves allemands sont célébrés à la fois dans leur réalité concrète et dans leur transparence symbolique ; le pain et le vin, symboles chrétiens mais aussi attributs de Dionysos, font pressentir au poète le retour des dieux grecs et leur réconciliation avec le Christ. La poésie de Hölderlin est attente et célébration de ce grand retour, de ce moment où l’Allemagne sera, comme la Grèce antique, le pays des Dieux et de la liberté ».

 

Voici quelques extraits de ce roman :

« Ce qui ne peut m’être tout, pour l’éternité, ne m’est rien.

Ô Bellarmin ! où trouverons-nous l’unique chose qui nous donne la paix ? Et quand pourrons-nous entendre une autre fois chanter notre cœur comme aux jours radieux de l’enfance ?

Hélas ! Ce chant, je l’ai cherché jadis dans la fraternité des hommes. J’imaginais que la pauvreté de notre nature se changerait en richesse pour peu que deux de ces miséreux ne fissent plus qu’un seul cœur, une seule et indissoluble vie, comme si tout le mal de l’existence provenait de la seule rupture d’une unité primitive ».

 

« A quand le grand revoir des esprits ? Car, je le crois, nous fûmes tous réunis, autrefois ».

 

« Nous plaignons les morts comme s’ils se sentaient morts : pourtant, les morts connaissent la paix. Mais la souffrance qui n’a pas d’égale, le sentiment de l’anéantissement total, c’est que notre vie perde son sens, que le cœur se dise : Tu dois périr et de toi rien ne restera, nulle fleur plantée, pas la moindre hutte bâtie, que tu puisses au moins penser : ‘Je laisse une trace sur la terre’. Et tout ce désespoir n’empêche pas l’âme d’être encore désirante ! »

Commentaires

Super ton site !! Une vrai pro. Moi j'étais fan il y a quelques années... mais c'est toujours un plaisir d'écouter ses chansons. bisous Aurélia

Écrit par : aurelia | 20/08/2006

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