21/01/2009
Paroles et musique (suite)
La pensée du jour : "Tout ce qui était n'est plus; tout ce qui sera n'est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux". Alfred DE MUSSET, La confession d'un enfant du siècle.
Aujourd'hui, voici la suite de l'interview que Thiéfaine avait accordée à Paroles et musique en 1988. Justement, dans le passage qui suit, il évoque La confession d'un enfant du siècle. Un livre que j'avais lu en 1995 et avec lequel j'avais passé des heures magiques. A relire, peut-être, tiens ?
« Quand on écoute « Droïde song », c'est plus que des doutes : c'est presque du fatalisme ?
-(Dubitatif) J'ai l'impression que c'est bien centralisé, que l'on bouffe de « la centrale »... Qu'il est de plus en plus difficile d'avoir des idées à soi, son propre jugement, son propre rythme...
-Jadis, dans « Bipède à station verticale », vous écriviez : « Parfois, j'ai la nostalgie de la gadoue ».
-J'évoquais notre côté animal. La tentation de se vautrer dans la boue ou de se détruire, alors qu'on a opté pour autre chose...
-Ambiguïté d'un enfant du siècle à la croisée des chemins ?
-C'est un peu ça. A parler d'auteurs, j'ai été marqué par Alfred de Musset, et particulièrement par la Confession d'un enfant du siècle. Ce côté romantisme déchiré... On a une déchirure en soi, et à travers elle on peut exprimer beaucoup de choses. Dans Musset, il y a cela, outre une appréhension de la solitude...
-Il y a une chose qui me frappe chez vous. Vous vivez près des arbres et des champs, dans le Jura, et pourtant, à les lire, vos textes semblent avoir été composés à New York ou dans les tours de La Défense à Paris. René Char vient de mourir. Indépendamment de l'universalité de sa poésie, il incarnait une sorte de tragique solaire. Son écriture a une origine indéniablement méridionale, par ses mots, ses couleurs, ses parfums, etc. Vous, vous parlez en privé des orages, des oiseaux, des odeurs de l'herbe, mais on n'en trouve pas trace dans vos chansons.
-Oui, j'ai beaucoup souffert durant mes années de vie à Paris. J'avais la nostalgie de l'espace et de la nature... Avec elle, je n'ai aucune responsabilité. Tandis qu'avec les villes c'est vraiment l'homme qui est impliqué...
-Peut-être qu'il y a cette différence. Mais, lorsqu'un Jean Ferrat chantait « La montagne » -chanson écologiste avant la lettre-, il défendait aussi un certain type de rapport à la vie !
-J'y viendrai peut-être... Jusqu'ici, pour moi, une chanson est une décharge. Une « purification » au cours de laquelle on cherche à s'enlever tout le plus qu'il y a en soi. Une forme d'exorcisme, aussi. Individuel et général, puisque l'individuel c'est du général. »
21:10 | Lien permanent | Commentaires (2)
Commentaires
Je n'avais jamais lu cette interview!!!
Merci à toi katell!!!
Écrit par : Yoann | 23/01/2009
Super Katell, merci beaucoup.
Bises
Écrit par : petit-jour | 23/01/2009
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