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19/11/2010

Goethe et aussi chanson n°43 : "Ad orgasmum aeternum"

La pensée du jour : "Denn ich bin ein Mensch gewesen

Und das heißt ein Kämpfer sein". GOETHE.

 

 

Les allusions à la culture allemande ne manquent pas dans l'œuvre de Thiéfaine, nous avons pu nous en rendre compte ensemble, ici même ! Pas un seul album où il ne soit pas question d'une ville allemande (Berlin, Hambourg), d'un auteur allemand (Hölderlin, Nietzsche), etc. Impressionnant !

 

Goethe apparaît trois fois dans l'œuvre de Thiéfaine, sauf erreur de ma part. De différentes façons :

  1. Première référence dans l'album « Météo für Nada » : dans la chanson « Diogène série 87 », on entend un extrait du Satyros, lu par un Allemand.

  2. Une deuxième fois dans l'album « Chroniques bluesymentales », et plus particulièrement dans la chanson « 542 lunes et sept jours environ ». « Mehr Licht », ce sont les derniers mots que Goethe prononça (voir une de mes premières notes ici).

  3. Troisième allusion (plus ou moins) dans la chanson « Confessions d'un never been », où il est question cette fois du mouvement Sturm und Drang, dont Goethe fut un des membres en sa jeunesse.

Il me semble que c'est tout. Pour la petite histoire, j'ai commencé à apprécier Goethe il y a six ans seulement, lorsque je préparais l'agreg et que les poèmes qu'il écrivit sur ses vieux jours étaient au programme. Auparavant, j'avais lu Die Leiden des jungen Werther ... pour très vite leur préférer Die neuen Leiden des jungen W., d'Ulrich Plenzdorf ! J'ai lu Die Leiden des jungen Werther quand j'avais 17 ans. Il faut croire que je n'avais pas la maturité nécessaire pour piger. Pourtant, ce roman épistolaire est magnifique, j'ai pu l'apprécier plus tard, en le relisant. Ensuite, j'ai lu des extraits de Faust. Jamais le Faust en entier. L'immense honte pour une prof d'allemand !!! Mais j'assume ! J'ai toujours préféré me plonger dans Kleist, plus tourmenté, plus sombre... Quand même : en deuxième année de fac, j'avais lu Götz von Berlichingen, quand on étudiait le Sturm und Drang justement, et j'avais beaucoup aimé cette œuvre.

Et puis, lorsque je suis partie faire mes études en Allemagne, à Leipzig, j'ai eu un prof de poésie tout à fait révolutionnaire, qui détestait Goethe, allant jusqu'à dire qu'il n'avait écrit que de la merde ou presque, qu'il ne fallait garder que ses poèmes et jeter le reste !! Comme toutes les filles de la promo, j'étais secrètement amoureuse de ce prof incroyable, véritable poète, qui ne se gênait pas pour dire en plein cours qu'il avait déjà testé pas mal de drogues !!!!! Alors, du coup, je me suis dit : « Oui, c'est vrai, ça, jetons Goethe !! » Et puis, il y a six ans, il y eut cette rencontre. Avec l'homme vieillissant se retournant sur sa vie. Au programme d'agreg, il y avait West-östlicher Divan. J'ouvre le recueil :

« Nord und West und Süd zersplittern,

Throne bersten, Reiche zittern,

Flüchte du, im reinen Osten

Patriarchenluft zu kosten;

Unter Lieben, Trinken, Singen

Soll dich Chisers Quell verjüngen ».

Tout de suite, ça le fait ! L'allemand, en poésie comme en tout d'ailleurs, ça sonne bien ! Moi, ça me prend aux tripes, j'adore ! J'ai dû être une des amoureuses de Goethe dans une vie antérieure !!!!!

Bref, alors là, Goethe, j'en suis tombée raide dingue. De sa poésie, surtout. Raide dingue aussi de l'homme vieillissant étreignant encore et toujours la vie avec le même élan !

 

Je peux vous mettre un topo sur sa vie si cela vous tente. Mais il ne faudrait pas que ce soit trop austère non plus, hein...

 

Allez, encore quelques extraits du recueil West-östlicher Divan :

« Eh er singt und eh er aufhört

Muss der Dichter leben ».

 

« Und solang du das nicht hast,

Dieses : Stirb und werde !

Bist du nur ein trüber Gast

Auf der dunklen Erde ».

 

« Wunderlichstes Buch der Bücher

Ist das Buch der Liebe;

Aufmerksam hab ich's gelesen :

Wenig Blätter Freuden,

Ganze Hefte Leiden ».

 

 

 

Et maintenant : « Ad orgasmum aeternum » !

 

Dans cité X y'a une barmaid

qui lave mon linge entre deux raids

si un jour elle apprend mon tilt

au bout d'un flip tourné trop vite

je veux pas qu'on lui renvoie mes scores

ni ma loterie ni mon passeport

mais je veux qu'on lui rende ses lasers

avec mes cendres et mes poussières

et j'aimerais qu'elle tire la chasse d'eau

pour que mes tripes et mon cerveau

enfin redevenus lumière

retournent baiser vers la mer

 

je reviendrai comme un vieux junkie

m'écrouler dans ton alchimie

delirium visions chromatiques

amour no-limit éthylique

je reviendrai comme un vieux paria

me déchirer dans ton karma

retrouver nos mains androgynes

dans ta zone couleur benzédrine

 

je reviendrai fixer ta chaleur

dans la chambre au ventilateur

où tes ombres sucent les paumés

entre deux caisses de s.t.p.

je reviendrai te lécher les glandes

dans la tendresse d'un no man's land

et te jouer de l'harmonica

sur un décapsuleur coma

 

je reviendrai jouir sous ton volcan

battre nos cartes avec le vent

je reviendrai taxer ta mémoire

dans la nuit du dernier espoir

je reviendrai chercher notre enfance

assassinée par la démence

et lui coller des lunettes noires

le blues est au fond du couloir

je reviendrai narguer tes dieux

déguisé en voleur de feu

et crever d'un dernier amour

le foie bouffé par tes vautours

Commentaires

'tain qu'est-ce que l'aime cette chanson !!!
T'avait pas mis quelque part la traduction en français de vers de Goethe dans Diogène version Bataclan ?

Écrit par : loreleï2 | 19/11/2010

La face A de l'album est un sans-faute... la face B (qui commence demain ?), je suis plus mitigé, comparativement... malgré la présence des dingues et des paumés.
.../...
Hélas, je ne parle pas un mot d'allemand... et ne peut profiter des citations de Goethe si tu nous offre pas les traductions avec...
Goethe dans le texte peut éventuellement me parler quand il est mis en musique par Gustav Malher dans sa huitième symphonie. (Malher qu'on retrouve dans défloration 13). Ou traduit par Gérard de Nerval (qu'on retrouve dans Scandale Mélancolique).
.../...
quant à Ad Orgasnum Aeternum, j'ai toujours pensé qu'elle aurait été plus à sa place sur Dernière Balises... en tout cas une chanson que j'adore... avec tout les souvenirs du Bluesymental Tour qui s'y greffe...

Écrit par : Yannig | 19/11/2010

Je r'viendrai chercher notre enfance assassinée par la démence et lui coller des lunettes noires... Très jolies paroles, fort.

Écrit par : nath | 19/11/2010

ah oui ! suis ok aussi pour une traduction des vers de Goethe, s'il te plait.

Écrit par : nath | 19/11/2010

Pour Goethe, je dois avoir une traduction déjà toute faite quelque part. Je regarde. Quant à l'extrait du Satyros, j'en ai déjà mis une traduction ici, en effet. Je pense qu'on peut la retoruver en tapant "Satyros" dans mon nouvel outil ("rechercher").

Écrit par : Katell | 19/11/2010

vi ça y est j'ai trouvé !
Me souvenais plus du titre du billet

Écrit par : loreleï2 | 19/11/2010

Voici les traductions :
"Denn ich bin ein Mensch gewesen
Und das heißt ein Kämpfer sein" = "Car j'ai été un homme,
Ce qui veut dire un combattant".

Ensuite, traduction du premier extrait ("Nord und West und Süd zersplittern") :
"Nord, Ouest et Sud volent en éclats,
Les trônes se brisent, les empires tremblent :
Sauve-toi; va dans le pur Orient
Respirer l'air des patriarches !
Parmi les amours, le boire et les chants
La source de Chiser te rajeunira".


"Eh er singt und eh er aufhört
Muss der Dichter leben" = "Avant d'ouvrir son chant, avant de le cesser,
Il faut que le poète vive".

"Und solang du das nicht hast", etc. = "Et tant que tu n'as pas compris
Ce : Meurs et deviens !
Tu n'es qu'un hôte obscur
Sur la terre ténébreuse".

Enfin, traduction du dernier extrait :
"Le livre des livres le plus étrange
C'est le livre de l'amour;
Je l'ai lu avec attention :
Peu de feuillets de plaisir,
Des cahiers entiers de peines".

Écrit par : Katell | 20/11/2010

Dans Annihiliation :
"J'écoute la nuit danser derrière les persiennes"

Seraient-ce les persiennes que Goethe, par ses derniers mots, demande à sa servante d'ouvrir alors que dans la chanson, l'action se passe justement au crépuscule de la vie du conteur ? (13ème lame, transhumance, pandémonium, diable, âme piégée, etc...)

Ouais, je sais c'est un peu tiré par les cheveux et avoir raison ou pas (ici probablement pas), ben on s'en fiche c'est pas ça le plus important :-)

Écrit par : Arnaud | 20/11/2010

Les commentaires sont fermés.