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10/05/2012

Suite de l'interview parue dans le magazine MOJO

La pensée du jour : "Faut pas vouloir la lune. D'abord, même qu'on la voudrait..." René FALLET

 

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Le virage symbolisé par Suppléments de mensonge est-il le plus important de votre carrière ?

 

Cet album s'inscrit dans la même optique que Dernières balises (avant mutation) (1981) et Soleil cherche futur (1982), qui étaient les albums d'un renouveau. J'avais sorti trois disques avant ceux-là et je trouvais que ça ne me représentait pas musicalement. Mon troisième album De l'amour, de l'art ou du cochon (1980) est un album un peu neutre pour moi, je ne le revendique pas trop. C'étaient les restes de mes compositions des années 70, je n'étais pas très concerné. Quand on l'enregistrait, j'écrivais déjà la suite. C'est un moment de ma vie où j'ai aussi opéré des ruptures, je me suis débarrassé du superflu : j'ai coupé la moustache, enlevé les masques et montré mon vrai visage.

 

 

Sur ces albums, intervient votre collaboration avec Claude Mairet...

 

Claude et moi, on était à l'école ensemble. On jouait dans de petits groupes. On se produisait lors de soirées estudiantines. C'était le milieu des années 60, on jouait Dylan, Aufray. Et certaines de mes chansons. J'avais de ces titres ! « Piments rouges dans les neiges du Fuji-Yama », « Bain de minuit dans le Gange à Bénarès », ça voyageait beaucoup ! Après je suis monté sur Paris, j'ai rencontré Tony Carbonare, mon arrangeur (et plus tard son manager, ndlr), qui jouait dans Machin, un groupe folk-rock électrique. Ça allait pas mal avec mes textes, mais ce n'était pas ce que je voulais faire, pas vraiment du rock'n 'roll. Dès que j'ai obtenu un contrat, j'ai fait venir Claude à Paris, je l'ai ajouté au groupe pour le deuxième album, Autorisation de délirer (1979), qui sonne déjà plus blues. Et après, j'ai travaillé toute la décennie suivante avec lui.

 


 

 

Alambic/Sortie-Sud (1984) est même cosigné Thiéfaine-Mairet !

 

Oui, j'avais eu un accident de moto qui avait eu pour conséquence que je ne pouvais plus jouer de guitare, or il me faut une guitare pour composer. Je n'étais pas très heureux de cet album, le résultat est mitigé. J'ai pu composer à nouveau sur les albums Météo für nada (1986) et Eros über alles (1988). Et puis ensuite, Claude et moi avons perdu l'osmose, ça n'avançait plus, j'ai décidé de mettre fin à la collaboration. On n'était plus sur la même planète.

 


Une nouvelle collaboration avec lui est-elle envisageable ?

 

Il faudrait qu'on se voie, qu'on se retrouve. Ça pourrait être drôle, intéressant même. Ça dépend où il en est, et ça je n'en sais rien.

 

 

Durant cette période Soleil cherche futur, vous rencontrez un grand succès. « Lorelei Sebasto Cha » se retrouve numéro 1 du Hit-Parade RTL en 1982. Comment avez-vous vécu cette période ?

 

J'étais en tournée à ce moment-là et j'ai eu du mal à assumer tout ça. J'étais très surpris. On m'avait tellement dit que je ne ferais jamais rien, que je ne chanterais jamais à l'Olympia... Dans toutes les villes où l'on passait, on trouvait un mot sur la salle disant que le concert était déplacé dans un endroit plus grand. On jouait devant 4 000 ou 5 000 personnes. C'est dur quand tu débarques du cabaret, même si tu as déjà un peu grandi et gagné un public. D'autant plus que j'étais déjà un peu déglingué à l'époque, accro à certaines substances toxiques. C'était une tournée où je planais, donc je n'ai pas tellement suivi cette histoire de tube.

 

 

 

Dans les années 90, vous tentez l'expérience américaine, avec deux albums enregistrés à New York (Chroniques bluesymentales – 1990) et Los Angeles (Fragments d'hébétude – 1993).

 

Au début, Chroniques bluesymentales, c'était sympa : on se mettait tous assis en rond le matin dans le studio, je jouais mes morceaux aux musiciens américains. On bœuffait, mais une fois qu'on avait bien assemblé la rythmique, que ça sonnait bien, je pensais que Barry Reynolds, le réalisateur, avait prévu des arrangements. Mais là, rien, rideau. On a dû tout écrire nous-mêmes, avec Tony Carbonare, et il y avait des jours terribles, où rien ne sortait. Au final, on a un album un peu sous-produit. Du coup, pour le suivant je m'étais blindé. J'avais écrit la moitié des arrangements, et Patrice Marzin l'autre moitié.

 

 

 

Arrive ensuite le diptyque La Tentation du bonheur (1996) et Le Bonheur de la tentation (1998) avec à nouveau Tony Carbonare. Comment vous est venue cette idée ?

 

C'était un pari un peu raté. J'ai eu cette idée-là un matin où je n'étais pas très frais. J'ai pris deux feuilles de papier, d'un côté j'ai inscrit les titres de l'un, et de l'autre côté j'ai décliné leurs négatifs. Je les ai sortis à presque deux ans d'intervalle mais tout était prêt à l'avance, même les pochettes. D'ailleurs, les concepteurs les avaient perdues ! Heureusement que j'en avais conservé des copies ! C'était déjà arrivé à New York sur Chroniques bluesymentales, où la fille qui était chargée de rapporter les photos les avait paumées dans le métro. Au final, j'ai un petit manque sur ce diptyque. On va trop loin ou pas assez, je ne sais pas, mais musicalement on aurait pu faire mieux; plus rock'n'roll.

 

Commentaires

Merci Katell pour cette suite...en plus préambulé par une citation de René Fallet...
l'ataraxie me guette lorsque j'hume les fragrances de ce Cabaret.
De plus trés instructif cet entretien ou j'apprends que Thiéfaine n'était pas trés
heureux de "Alambic/sortie/sud" alors qu'à titre personnel je trouve cet album bouillonnant,intemporel et étanche à toute lassitude...l'exceptionnel ne sombre jamais dans le banal ou dans l'asphyxie tout au long de ces 7 morceaux de pur tour de force musico-poétique...
et puis autre observation :la porte d'une (re)collaboration future avec le ( presque mythique) Claude Mairet n'est pas fermée...sans etre un nostalgique forcené j'ose avouer que je m'en réjouirai beaucoup.
Merci encore pour ces infos mais l'entretien n'est peut-etre pas fini,si ?

Avec gratitude
Alfana

Écrit par : alfana | 09/05/2012

Non, l'entretien n'est pas fini ! Je vous mets la suite dans quelques jours.

Écrit par : Katell | 09/05/2012

Ah mais si, on en apprend, des choses intéressantes, vivement la suite !

Alfana, tout à fait d'accord pour Alambic, Hubert n'a aucun goût, c'est clair :) !

Pour Mairet, j'ai lu qu'il aurait bien voulu renouer avec Hubert à Bercy 99 et qu'il avait été déçu que ça ne se soit pas fait. Alors, oui, un petit effort ! Quelqu'un sait où est passé Mairet d'ailleurs ?

Écrit par : Aska | 09/05/2012

Pareil que vous, lorsque j'ai lu cet article cette histoire d'alambic mitigé je n'en croyais pas mes yeux, qu'est-ce donc que ce drôle de jugement (du moment peut-être) ??

Quant à Bercy Aska, c'était en 98, et Mairet y a bien participé... Mais effectivement ils n'ont rien fait en commum après ça, que je sache :(. J'avais lu il y a quelques temps que Mairet était actuellement en charge d'un théâtre ou de quelque chose de ce genre là, dans une ville de l'est de la France. Je ne sais plus de quand date l'info ni où je l'avais trouvée, peut-être n'est-ce plus d'actualité... Quoi qu'l en soit je serais heureuse d'une nouvelle collaboration entre ces deux-là !

Écrit par : aclh | 10/05/2012

Bonjour à tous =)
Claude Mairet habite bien dans l'est, à Dole, donc non loin de la maison d'HFT. Il dirige une compagnie de théâtre avec sa femme. On m'avait même dit que son numéro est dans l'annuaire.

Écrit par : Acetylleucine | 10/05/2012

@ aclh : oui oui, Bercy, c'était en 98 et pas 99, erreur de frappe (ou horreur de frappe, au choix)...

Pour Mairet, je me suis mal exprimée, mea culpa ! Il a fait Bercy effectivement, mais voici ce qu'il dit dans la bio de Thiéfaine par Théfaine p. 235 : " J'étais tout émoustillé de jouer à nouveau à ses côtés. Mais, hors la scène, il ne s'est rien passé... J'avoue que je suis rentré chez moi assez amer. "

Et sinon, je vois que tu as écouté Alambic. Alors ? Tes impressions sur la " perle noire " ?

Écrit par : Aska | 11/05/2012

Ah, Alambic... La perle noire, vraiment !!!
C'est bien à quelque chose comme ça que je m'attendais. J'ai mes petites préférences sur cet album, mais tout vaut le coup : c'est court, mais c'est aussi intense et sombre... et ça, j'adore.

Écrit par : aclh | 12/05/2012

@ aclh : ah, super contente que toi aussi, tu aimes !

Écrit par : Aska | 12/05/2012

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