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03/10/2015

Thiéfaine au Zénith de Nancy, suite.

La remontée du fleuve qui ouvre ce VIXI Tour a le pouvoir de nous entraîner d'emblée dans les remous envoûtants de "turbulences scéniques" ! L'équipage est plus assuré qu'à Reims (le concert du 11 avril ouvrait le bal). Les enchaînements sont plus fluides, on sent que le tout est sacrément bien rôdé à présent. Cela promet un véritable feu d'artifice pour les dates parisiennes ! 

Et que de belles surprises au programme hier soir ! "Syndrome albatros" annoncé par les vers de Baudelaire faisait partie des morceaux inespérés. Thiéfaine est à l'aise et avenant. Il remercie le public, se souvient d'être passé parfois au Parc des expositions de la ville ("le plus pourri de France, mais le plus chaleureux"). Il déclame des vers de César Vallejo, d'abord en espagnol, puis il en livre la traduction en français. J'ai l'impression de retrouver Hubert, le vrai, celui que j'ai toujours défendu toutes griffes dehors, parlant avec enthousiasme de son immense culture quand on ne me jetait à la tête que des propos rebattus, dénués de toute finesse ("Ah ouais, Thiéfaine, le mec qui chante pour les gros fumeurs de joints"). 

Profonde émotion hier, de celles qui vous zèbrent les entrailles, en écoutant "Petit matin, 4.10 heure d'été". Hubert est là, face à nous, la guitare lovée contre son ventre comme un bouclier, l'harmonica aux lèvres. Il nous raconte un cauchemar, une descente aux enfers, et j'en ai l'âme en miettes. Nous applaudissons un désastre, un cri de désespoir auquel l'extrême dépouillement instrumental confère la force d'un coup de poing dans la gueule. Faut-il avoir touché le fond du fond pour écrire une chanson pareille ! Alors que, peut-être, nous vaquions à de joyeuses occupations, l'artiste que nous aimons se débattait dans des eaux noires, charriant des cadavres en décomposition. C'était dans la splendeur de l'été et nous ne savions rien de cet itinéraire qu'un naufragé parcourait seul, à bout de souffle et sans boussole. 

Je ne vais pas détailler tout le programme. Sachez simplement qu'il est beau, merveilleux, et tantôt se sirote comme du petit-lait, tantôt se prend en pleine face comme un uppercut. C'est un choc qui provoque des frissons, des larmes, des émotions semblant venues d'une autre galaxie. D'ailleurs, le Galaxie, je n'y serai pas ce soir. Il me faut être raisonnable et soigner mes deniers en ces temps de Loreleis maigrichonnes ! Peut-être vaut-il mieux rester sur le souvenir ébloui du concert d'hier ? 

J'aime les moments qui précèdent les concerts, écrivais-je dans le premier volet de ce billet. J'aime aussi le charme mélancolique des fins de partie, quand les étoiles scintillent encore dans les yeux des dingues et des paumés qui ne savent plus très bien où est la sortie, quand les commentaires fusent dans tous les coins, ou quand le silence s'impose comme seul commentaire possible. J'aime les retrouvailles avec les irréductibles, les passionnés, les ardents. Gérard, les yeux emplis d'étincelles quand il évoque le petit gadget qui lui a permis, ce soir, de filmer ni vu ni connu. Étienne que je n'avais pas vu depuis de longues années. 655321, dit l'insolent, qui, même par moins vingt, sort en tee-shirt de sa voiture pour ne pas crever de chaud dans la salle. Sam et ses attendrissantes confusions (Jean Corps Malade, ça vous dit quelque chose ?!) Bruce et Cindy (accompagnés hier de leur fille), Vax et Julie (accompagnés hier de leur fils !) Tout le petit peuple thiéfainien qui n'a pas peur de taper la causette jusqu'à point d'heure sur un parking. Tout ce joli monde qui compose un étrange patchwork. Nous sommes tous différents et pourtant tous semblables dans notre passion. Dingues et paumés de tous horizons, légèrement allumés. Pâles enfants que les fins de partie déboussolent et rendent à leur fragilité. Comment, quand se meurent de tels embrasements, ne pas avoir besoin de se tenir chaud sur un parking ? 

Commentaires

Au passage, bises affectueuses au Doc qui fait partie de ceux qu'on retrouve à point d'heure habituellement, sur un parking ou dans un café, et que j'ai malencontreusement loupé hier.

Écrit par : Katell | 03/10/2015

Quels beaux hommages à Thiéfaine et à son public,mélange hétérogéne de bipédes
aux sensibilités différentes mais véhiculants le meme pudique respect : s'y côtoient
les amoureux des belles lettres,les pourfendeurs d'un systéme médiatique devant lequel il est important de ne pas courber l'échine systématiquement, les nostalgiques d'un vécu plus sulfureux auquel HFT était souvent associé...autant de raisons (sinon plus car ça peut se cumuler) que de fans sinon plus, prouvant l'universalité d'un Artiste beaucoup moins clivant que certains pseudo-analystes ne le pensent. A chacun d'y trouver la gratitude qu'il souhaite ; je rajouterai pour ma part que l'élégance particulière qui se dégage de son visage ténébreux correspond harmonieusement de manière presque troublante aux thèmes de son répertoire.Cette concordance confirmant et célébrant une sincérité devant laquelle je ne suis quelquefois pas toujours insensible "lacrymalement" parlant lorsque les lumières s'éteignent et que se devine, par un halo dénonciateur, une présence presque 20 fois renouvelée !!!...
Merci aussi pour cette délicatesse peu commune consistant à ne pas tout dévoiler d'un spectacle que pour ma part je ne savourerai que le 13 novembre (Lyon).
Amitiés
Alfana

Écrit par : alfana | 03/10/2015

Très beau résumé , tout est dit :-) c'est juste la fin maintenant . ....des mois d'attente ..... on est dimanche matin il reprend sa route , nous la nôtre .Une fin de concert à la fois triste et merveilleuse "DES ADIEUX" j'avoue je m'attendais à tout sauf à ça .Beaucoup d'émotions ce soirs , de belles rencontres ....Plus qu'à attendre le mois de Mars , à très vite j'espère , bises et bon dimanche ....

Écrit par : cindy et bruce | 04/10/2015

Hello,
De retour d'une nuit peuplée d excès en tous genres, je découvre ce billet de Katel teinté d'une sincérité touchante, émouvante et attachante!
Bon, il est beaucoup plus de 4h10 et Morphée m'attend! Te lire ce soir m'a comblé, merci Katel,
A.

Écrit par : toine | 04/10/2015

Merci pour vos commentaires si touchants ! Et mes excuses à Christophe, s'il passe par là : je ne l'ai pas retrouvé après le concert.

Écrit par : Katell | 04/10/2015

Bonjour,
Ça donne envie ce compte rendu..!
Pourrait-on juste avoir une précision sur les vers de Baudelaire en question ? :)

Écrit par : Ethel | 04/10/2015

Il s'agit du premier quatrain de l'Albatros de Baudelaire.

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

D'ailleurs, il me semble que le 1er couplet de Syndrome Albatros a été changé par Thiéfaine lors du concert, mais je ne suis pas sûr du tout !

Écrit par : Antoine | 04/10/2015

1 ère partie :

.................. comme un bouclier, mon arme à moi // la guitare lovée ................


Citation, de Cath. " la guitare lovée contre son ventre comme un bouclier. "
--------------------

... Alice me disait le 2/10 " Doc !!! , mon arme à moi c'est la guitare !... " il répondait au fait que ce jour là je portais à la ceinture un revolver et non un Col Vert, j'habite presque en Sologne. De canard en connard il n'y a qu'une lettre et c'est avec que l'on forme les mots, voir les maux. Je me rappelle le texte " ha.. t'es là toi* ... " par j'en ai presque instantanément oublié la musique*.


p.s : de toi à moi il n'y de pas que je ne saurais franchir et puis maintenant il y a le téléphone portable

... Le 4/1à à au matin je m'essayais à poster un message sur ce blog mais l'ordinateur de mon hôtel se refusait à répondre à mon injonction, au final sa réticence semblable à celle d'un vrai militaire* m'a rendu service. Je ne tourne jamais 7 fois ma langue dans ma bouche, d'ailleurs le saurais-je ?... , il me faudrait pour cela m'y essayer [ :-) ] !...

* avant exécuter un ordre toujours attendre le contre-ordre

... 2 ou " fois cela me semble un bon choix, un choix presque médian sur l'échelle de mon équilibre hémisphérique, c'est suffisant aussi sur l'échelle de Beaufort.


p.s : je pianote sur mon ordinateur et qui plus est de chez moi, alors les fautes, je ne me relis pas ;-)

, la suite ....

Écrit par : Le Doc. | 06/10/2015

interlude ou intermède ? ! ...

" On est devenus des orphelins de notre futur. " dit Jean-Michel J.... , j'avais délaissé Spinoza au 3 B il me faut maintenant continuer le présent car je construis ainsi un possible futur.

Hé dit .. , j'y serai pour peaufiner mon immense vécu, il suffit de passer le pont !...

, depuis samedi je l'ai passé et repassé le pont au corps calleux ...

Et Zou

Écrit par : Le Doc. | 06/10/2015

Hé dit ..

... Pas Mitchell l'autre, vous, l'autre moi, ou JE le M.M.I* du P.P à la gloire de mémé, ou " VOUS EST UN AUTRE JEU " de miroirs.

* Orchi-Doc-non Laste, car le Doc est O.D.L un jour pour un O.R.L toujours ..

... Une autre fleur du mal de l'être en bas de laine face à son miroir, un autre syndrome de Nietzsche :

" La vie ne serait rien sans musique ... " disait-il !... , ou de la jarre du Wagnérien Ohhh qu'a-t-il de Thiéfaine ;-)

p.s : moi aussi j'ai déroulé du câble sur mon Remorqueur de Haute-Mer, il en a résulté mon Abeille :-)))

Écrit par : Le Doc. | 06/10/2015

https://www.youtube.com/watch?v=2ajreKmFpxM

Écrit par : Le Doc. | 06/10/2015

https://www.youtube.com/watch?v=34QxDoQo6KI

Écrit par : Le Doc. | 06/10/2015

Les commentaires sont fermés.