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06/11/2016

Rien à voir avec Thiéfaine : Anne Sylvestre !!

"J'ai aimé en effet cette minute en mars

et ce coin de la terre où il y a toi près de moi

sachant tous deux que tout ça est plutôt éphémère

et que le présent de l'indicatif convient parfaitement

à la rencontre ce matin de ton rire et de ma rêverie". Claude ROY

 

Elle se tient devant nous, toute d'anthracite vêtue. La chevelure d'une rousseur chatoyante. Chatoyante comme le style de ses chansons. Sa voix craque un peu parfois, comme les cloisons de ces maisons qui ont toujours été ouvertes à tous les vents, accueillant pareillement rires, chagrins et joies. Sa mémoire se fissure un peu parfois, comme ces planchers qui ont porté des danses endiablées, des galipettes d'enfants et des amours sauvageonnes. Devant nous se tient une dignité, âgée de quatre-vingt-deux ans. Elle a fière allure, drapée des expériences glanées qui l'ont rendue plus fragile parfois, plus forte bien souvent, chaque chose vécue la menant invariablement à l'écriture, la faisant plus riche d'une rime, d'un trémolo ou d'une histoire drôle. Parce que bien souvent, ses chansons se sont bâties sur des déroutes et des défaites dont elle a su tirer le meilleur parti : un éclat de rire !

Combien de tempêtes et de drames aura-t-elle traversés ? Combien d'amours, infimes ou gigantesques, l'auront conduite à elle-même ? Faudrait voir à ne pas l'appeler la petite dame ! Elle a horreur du ton condescendant que l'on réserve trop souvent aux personnes âgées, et elle le martèle haut et fort dans une chanson intitulée Violette. Violette, on lui doit le respect pour toutes les tornades qui se sont abattues sur elle et ne l'ont pas fracassée. Si elle est toujours là, c'est qu'elle n'était pas et ne sera jamais une petite dame ! Ainsi d'Anne Sylvestre. Elle se tient devant nous, et c'est notre enfance qui nous revient par chaudes vagues. Je n'avais pas dix ans que déjà cette chanteuse sautait à pieds joints dans ma vie ! De préférence dans les flaques, un air espiègle planté dans les yeux ! J'aimais qu'elle me chante que ce sont les rêves qui font grandir les enfants. J'y croyais dur comme fer. Et puis un jour, aux alentours de mes vingt-trois ans, j'appris qu'Anne Sylvestre n'était pas seulement la conteuse de fabulettes qui avait enchanté mon enfance. Je découvris ses chansons pour adultes et elles se parèrent pour moi d'un joyeux goût de revenez-y !

A Vandœuvre-lès-Nancy où elle s'est produite vendredi soir, nous avons retraversé en sa compagnie pas loin de soixante ans de chansons. Nous avons ri aux éclats en réécoutant Lettre ouverte à Elise, essuyé une larme qui caracolait sur la joue à l'écoute de Thérèse (« Thérèse il y a des années où les pommiers n'ont pas de pommes (...) Le chagrin que j'ai cette fois savez-vous tellement me pèse »). Nous avons ri aussi des facéties dont Anne Sylvestre n'est jamais avare entre deux chansons. Nous avons arpenté au bras de cette noble dame un univers aigre-doux, abritant autant de rires que de douleurs. Autant de froissements que de douceurs. C'était comme une promenade sous les tilleuls. Nos pas qui se perdaient par un soir de juin endolori des fureurs du soleil et s'en reposant enfin !

Au piano, une certaine Nathalie Miravette. J'ai toujours aimé les Nathalie, je leur trouve un tempérament sautillant, à l'image de leur prénom : trois syllabes qui rebondissent sur la langue ! Nathalie Miravette est pleine de peps. De talent aussi, bien sûr, diablement ! Elle sait donner aux chansons d'Anne Sylvestre un relief puissamment coloré. Une complicité rieuse semble unir les deux femmes et il fait bon se trouver en leur compagnie. Bref, ce fut un enchantement que ce concert !

 

Commentaires

Bonjour,

Beaucoup de plaisir à lire ce beau commentaire sur l'une des plus grandes dames de la chanson francaise.
C'est aussi la gratitude qui me pousse à surenchérir de mon propre attachement à cette grande Artiste.De son répertoire des Fabulettes qui ont si souvent bercé et enthousiasmé mes garçons jusqu'à ses albums plus adressés aux adultes son écriture a toujours su "cheminer jusqu'à nos cœurs"...En tant que "rescapé" des fabulettes je me souviens d'un chat Crocus et/ou d'un veau à proximité d'une balançoire qui me renvoient aux charmes surannés d'une écoute amusée lors d'interminables voyages en voiture.Elle possédait cette grace de donner du souffle à des histoires et à de l'anecdotique qui captivaient l'interet des plus petits et...des plus grands.
Pour la petite histoire, lors de la tournée en solitaire Thiéfaine avait partagé l'affiche d'un festival (en Isére il me semble) et malgré leur univers pour le moins éloigné je ne doute pas de la richesse de leurs échanges.
Enfin, je ne résiste pas à la tentation de vous inviter à vous rendre sur le site de Damien Saez "culture-contre culture" pour écouter 2 joyaux annonçant la sorte de son prochain album "l oiseau Liberté".Appréciez,l'émotion est au rendez-vous de ces 2 chansons hommages d'un Artiste Immense (en plein cœur d'un projet grandiose "le Manifeste").
Amitiés
Alfana

Écrit par : alfana | 06/11/2016

J'aime les gens qui doutent...
Merci Katell pour ce retour par cette grande dame trop méconnue.
Sa voix me faisait déjà voyager, enfant.
Ça m'aurait plû de la voir aux côtés de notre Hubert...
Salutations numériques !
Seb

Écrit par : Seb | 06/11/2016

Détour, pas retour...
J'en profite pour rajouter une couche : la dame a aussi écrit un petit livre sous forme de lexique-inventaire à la Préfecture.
Yop !

Écrit par : Seb | 06/11/2016

Prévert, pas Préfecture...
P..... De correcteur automatique !

Écrit par : Seb | 06/11/2016

@ spéciale dédicace à Brigitte* et à Laetitia :


https://www.youtube.com/watch?v=uLsjlOLNnJs

* additif à ma dédicace du 4 novembre ..

Écrit par : Le Doc. | 07/11/2016

, ou pas et non au pas !...

Écrit par : , à suivre .. | 07/11/2016

Bon alors, on attend ton avis sur le zénith !

Écrit par : PK | 24/11/2016

Re: zénith 19 novembre 2016

Message de Stephan » Sam Nov 19, 2016 10:46 pm

Pour ceux qui n'y sont pas, aucun regret à avoir, c'est pourri. Si j'avais pas payé ma place je me casserai direct.

Cicéron, c'est Poincaré...

Écrit par : inconnu | 25/11/2016

" un public pas toujours courtois "

Écrit par : revue de presse | 25/11/2016

ha.. si je me mettais un instant dans la peau de ce fameux Doc je dirais :

, quelle est cette motivation qui pousse un ex-ami à verser coûte que coûte des intérêts supplémentaires à venir applaudir avec ferveur mon ex-employeur * ;-)

p.s : * oh le pôvre ! [ jean perds mon latin mais je ne suis pas chercheur :-) ]

Écrit par : J-P ? | 25/11/2016

Les commentaires sont fermés.