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12/11/2016

Dans une semaine, les aminches...

"N'existe pour moi que ce qui me passionne; cette phrase trace exactement mes limites". Julien GREEN

 

Oui, dans une semaine, les aminches, nous y serons. L'impatience grandit et, en même temps, je voudrais la garder  au cœur durant une éternité, pour ne pas avoir à "redescendre". L'attente a toujours un côté magique, que vient saper la réalisation du désir. Tant qu'il y a quelque chose à attendre, chaque fibre de notre être se sent vivante, et violemment !

Dans une semaine, il se peut bien que les dieux soient jaloux de nos corps et que le vent fou qui soufflera sur le Zénith balaie l'éternité !

Depuis quelques semaines, je planche à nouveau sérieusement sur le petit bouquin que je voudrais consacrer à Thiéfaine. C'est assez laborieux, et le découragement me visite régulièrement. Qu'à cela ne tienne, je vais continuer. En voici le début, qui n'a, je crois, plus grand-chose à voir avec la première mouture. Il est d'ailleurs fort possible que je passe le restant de mes jours à réécrire ces pages du début, et que tout cela tourne en boucle à jamais. Tant pis, j'aurai essayé ! Ce qui va suivre (je mettrai tout ici dans les jours qui viennent) a été écrit d'une traite, le 29 octobre...

La voix rocailleuse de Leonard Cohen déverse une douce mélancolie sur ce beau dimanche de fin octobre où j’entreprends d’écrire un livre que je crois porter en moi depuis des années… Commencé à maintes reprises, laissé en plan autant de fois, il sommeille dans les profondeurs. Parfois, il me semble qu’il me fait des appels du pied. La nuit surtout, quand l’insomnie donne corps à mes regrets.

Je me lance donc pour la énième fois, et j’espère mener à bien mon projet. Tant pis si le résultat est cagneux ! Les livres que l’on n’écrit pas demeurent autant de défaites cuisantes. Ils finissent par devenir des fantasmes et leur inexistence même nous persuade de la puissance qu’ils pourraient receler si… Cette fois, je ne recule plus, il n’y aura plus de si pour mettre Paris en bouteille ! Action !

L’automne est pour moi la haute saison des mélancolies désarmantes. Les arbres qui se dénudent de jour en jour me ramènent invariablement à mon propre dépouillement. Nue je fus propulsée en cette vie, nue j’en repartirai, n’ayant guère appris que la fragilité de toutes choses et la brûlante urgence de s’émerveiller et d’aimer. Est-ce un hasard si c’est par une nuit d’automne, ô combien reculée à présent, que me tomba dessus un étonnement dont je ne devais jamais tout à fait me remettre ? Tout à coup me fut offerte la certitude que la poésie n’avait pas pris fin avec Rimbaud, Verlaine ou Baudelaire. Elle vivait encore, délicieusement vénéneuse, et elle palpitait sous la plume d’un certain Hubert-Félix Thiéfaine, orfèvre de son état, ciselant les phrases comme d’autres le font de métaux précieux. J’avais alors dix-neuf ans. Des révélations, je croyais en avoir eu plus souvent qu’à mon tour, entre la littérature et la chanson ! Mais celle-ci surpassa toutes les autres et, pour un temps, les balaya. J’oubliai qu’un jour je m’étais enflammée pour Renaud, Brel, Barbara ou Gainsbourg ! Plus que toutes les autres, la voix de Thiéfaine m’allait droit à l’âme. Je ne sais précisément ce qu’elle fit naître de remous et d’échos en moi, je sais seulement qu’un matin de septembre, après l’avoir entendue dans une R18 déglinguée (on ne peut rêver décor plus thiéfainien !), je m’éveillai à la fois inchangée et modifiée de fond en comble. Toute la nuit, j’avais imaginé des ascenseurs permettant de remonter des précipices vers les hauteurs ! La révélation m’était en effet venue d’une seule phrase, jetée dans le ciel étoilé comme un pavé dans la mare : « Tu voudrais qu’il y ait des ascenseurs au fond des précipices ». La chanson parlait d’une « pauvre petite fille sans nourrice arrachée du soleil », abonnée aux meurtrissures et aux errances. Il pleuvait toujours sur sa valise. Je la voyais zoner d’hôtels borgnes en bars interlopes, s’écorchant ce qu’il lui restait d’âme dans les escaliers de service. Par une de ces identifications romantiques en diable dont l’adolescence a le secret, je m’étais sentie la frangine de cette jeune fille paumée. Ou plutôt : j’étais devenue cette jeune fille. Peut-être même que je l’avais toujours été et l’avais ignoré jusque là. Quelqu’un venait de prêter une voix aux cris étouffés en moi. A l’époque, j’avais en ma triste possession toute la panoplie d’une égarée. Surtout, je venais d’achever un amour impossible de peur qu’il ne m’achevât. Je l’avais dégommé à la chevrotine, le cœur en miettes et m’interdisant de me retourner (combien résonneraient en moi, plus tard, d’autres mots de Thiéfaine : « Ne te retourne pas, lady, prends tes distances » !). J’avais liquidé toutes mes cartouches. Je me sentais exsangue, comme vidée de ma substance. Pas encore tout à fait revenue du pays où l’on n’arrive jamais. Un ultime instinct de survie m’avait ordonné le demi-tour complet, j’avais obéi à la voix de la raison, m’étais rangée à toutes ses bonnes raisons, je savais que j’avais fait le bon choix, mais cela ne m’empêchait pas d’être déguenillée… J’étais et j’avais mal dans ma peau. La fin d’une histoire d’amour vous décape au vitriol. Soudain, il ne reste rien de vos souriantes certitudes. Le moindre miroir vous renvoie votre laideur. Elle vous a poussé comme une verrue sur le front.

Dans ces cas-là, il est bon de rencontrer une œuvre réconfortante et de s’en enivrer jusqu’à la moelle. C’est même ce qu’il y a de mieux à faire. Au milieu des eaux agitées où je me débattais comme fétu de paille, j’avais trouvé le vaisseau qui allait me ramener vers le rivage. Il portait un nom étrange : Hubert-Félix Thiéfaine.

 

Commentaires

https://www.youtube.com/watch?v=vTlWWfhm5jk

En mettant ce lien une de mes premières pensées est pour - Elsa - qui m'a offert il y a quelques années le " LIVE IN LONDON " de LEONARD COHEN ayant appris par je ne sais quel intermédiaire que Léonard était en mon cœur et l'est toujours, l'oiseau sur le fil s'est juste envolé !...

Like a bird on the wire
Like a drunk a midnight choir
I have tried, in my way, to be free.*

* Bird on a wire.


.

Écrit par : Jean-Pierre Zéni dit le Doc | 12/11/2016

https://www.youtube.com/watch?v=NfqNb28z-Hk

, j'étais sur le Porte Hélicoptères JEANNE D'ARC ( R97 ) dit affectueusement ' La Jeanne ' au mois de mai 1967 à Haïfa. ( Guerre des 6 jours )

Écrit par : Jean-Pierre Zéni dit le Doc'n'roll | 12/11/2016

, ou pas ..

Écrit par : à suivre | 12/11/2016

citation de katell " Le moindre miroir vous renvoie votre laideur. Elle vous a poussé comme une verrue sur le front. "

, verrue ?... pas vue !... : ha ces littéraires ;-)

p.s : nos verrues les plus redoutables sont liées à notre espèce et vivent dans notre néocortex.

Lorsque j'avais environ 13 ans j'avais une verrue à l'index gauche, mon père ce héros au sourire si doux alla chercher une limace dans notre potager et par la force me l'appliqua sur le doigt. La verrue résista à ce traitement, alors Inès sa seconde épouse me conduisit à l'hôpital on l'on me soigna efficacement par cryogénie.

Je ne sais quel fût l'avenir de la limace, ce que je sais et cela je le sais c'est que je serai au Zéni-th.

Écrit par : le Doc | 13/11/2016

J'ai aussi découvert Thiéfaine avec mathématiques souterraines et "j'ai décollé comme un cheval" et depuis je le suis sur ma monture. Allez hue, sans les filles de la Rochelle, hélas, parties vers d'autres aventures . Mes chevaux sont fatigués et ne me porteront pas au zénith poursuivre le bel Hubert. Après le palais des sports, la maison de la radio et le Mans, j'ai peur qu'ils finissent "par tomber". Ah, ce n'est pas facile d'avoir été.
Florent

Écrit par : Florent | 16/11/2016

Bon alors, on attend ton avis sur le zénith !

Écrit par : PK | 24/11/2016

Re: zénith 19 novembre 2016

Message de Stephan » Sam Nov 19, 2016 10:46 pm

Pour ceux qui n'y sont pas, aucun regret à avoir, c'est pourri. Si j'avais pas payé ma place je me casserai direct.

Cicéron, c'est Poincaré...

Écrit par : inconnu | 25/11/2016

" un public pas toujours courtois "

Écrit par : revue de presse | 25/11/2016

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