Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/09/2019

Cet instant, le nouvel album de la Grande Sophie

"Et toi tu le vois comment demain

Comme un jour de plus

Ou un jour de moins ?". La Grande Sophie

cet instant.jpg

 

 

 

Vendredi soir, la lune était blanche, joufflue et replète. C'était comme si elle allait enfanter une autre Terre, meilleure que la nôtre. Une belle atmosphère de renouveau enveloppait les champs qui s'étendaient à perte de vue de part et d'autre de la route que je suivais. Dans mon sac, à l'avant de la voiture, le dernier album de la Grande Sophie. Dans mon ventre, l'impatience de le découvrir. À la maison, au moment de déballer le CD, j'observai sur mes doigts presque le même tremblement que lorsqu'il s'agit d'extraire de la cellophane un nouveau Thiéfaine. C'est que la Grande Sophie compte pour moi, depuis des années. Comment l'ai-je découverte ? Grâce à Hubert, d'une certaine manière : sur l'album Les fils du coupeur de joints, LGS chantait Animal en quarantaine. C'était il y a bien longtemps (en 2002, je crois). Tout de suite, sa voix m'avait interpellée. Et cette grâce dans l'interprétation, cette manière de se donner tout entière à la chanson d'un autre tout en se l'appropriant. Très vite, la Grande Sophie m'intrigua. Qui était donc cette femme ? En peu de temps, elle devint une amie fidèle, destinée à m'accompagner sur bien des chemins. Rocailleux ou lisses, c'était selon.

Ce qui est fabuleux avec elle, et ce depuis le début, c'est cette faculté qu'elle a de se mettre en danger et de retomber toujours sur ses pattes, avec, de surcroît, une élégance folle. Mise en danger, pourquoi ? Parce que la Grande Sophie ne nous ressert jamais du réchauffé. Elle sait pourtant, sans doute, quelles sont les recettes qui marchent, mais elle leur préfère systématiquement celles qui n'ont pas encore été testées. Aux sentiers battus, elle oppose fièrement les territoires inexplorés. Et c'est encore le cas avec cet opus, pour le moins déroutant. La surprise commence avec Une vie, le titre qui circule depuis quelques mois sur Internet (le clip n'est pas mal non plus dans le genre déconcertant). On est entre la légèreté d'un rythme dance et l'insoutenable gravité de l'être. Et on oscille sans cesse entre ces deux pôles, tout cela étant rondement mené par une voix qui sait où elle va. Tout au long de l'album (trop court, vraiment trop court, on attend la suite, les bonus, les compléments), on se promène au bras de la Grande Sophie. Elle a l'âme un brin embuée en ce début de cinquantaine qui lui va pourtant à ravir. Elle s'interroge sur le temps qui passe et sème ses ravages sur les amours, sur les visages, sur les quais de gare. Elle se retourne sur hier qui ne fut ni plus beau ni plus intense qu'aujourd'hui. Qui fut, tout simplement, et qui n'est donc plus. C'est puissant, c'est même dérangeant parfois, tant on reconnaît chacune de ses propres rides dans ce miroir que la Grande Sophie nous tend. Et cependant, ce n'est pas triste, c'est souvent relevé par un tempo qui balance et enchante. C'est comme une douce mélancolie d'automne que viendraient balayer de somptueux déhanchements. On croit parfois entendre les accents de Barbara, et cela fait plaisir, c'est signe que deux grandes dames se tiennent la main. À d'autres moments, on croit aussi percevoir de légers échos de rap (notamment dans Hier), et c'est chouette, c'est signe que la Grande Sophie marche avec son temps. Jonction réussie entre le passé et le présent !

J'aime absolument tous les morceaux de Cet instant. J'ai une préférence pour Missive, parce que c'est presque de l'opéra sur du disco ! Les genres se superposent harmonieusement, s'interpellent, se répondent, s'envoient des clins d'œil. C'est tout à fait ce qu'on n'attendait pas et c'est l'évidence même. On se dit, comme pour chaque album de LGS, que c'était ça qu'on espérait au plus profond de soi, que cela ne pouvait se présenter que sous cette forme-là, à la fois totalement nouvelle et pourtant ancrée dans une continuité absolument logique. N'y aurait-il pas là un petit lien avec HFT, lui que l'on trouve toujours là où on ne l'imaginait pas, lui qui nous piège merveilleusement à chaque nouvel album ? À quand le prochain, d'ailleurs ? Je pose la question comme ça, en passant. Même pas dans l'idée d'obtenir une réponse, juste pour la beauté du geste, juste pour le frémissement d'un espoir...

Commentaires

' N'y aurait-il pas là un petit lien avec HFT ..' :

Philippe PARADIS !...

, ou un grand lien ..

Écrit par : le Doc. /J.P Z | 17/09/2019

, … :

https://www.youtube.com/watch?v=vv2qn-VizIk

Écrit par : le Doc. /J.P Z | 18/09/2019

Salut Katell

En lisant ton post, je me suis mis "ma radio" que j'aime bien. Nostalgique et enveloppante. Un brin "amicalement vôtre", un brin Françoise Hardy.

Il y a quelques CD's à la maison. Même si (et je suis bien conscient de la "bêtise" des propos qui vont suivre), je la classe dans les artistes "pour femmes" (comme certains écrivains). Ben ouais, quoi, bleu pour les gars, rose pour les filles.

Allez, je retourne "danser sur le disco".

Bon, sinon, oui, bien sûr qu'on l'attend le prochain album de notre Félix :-)
Mais, qu'il prenne son temps, qu'il tourne 17 fois son cerveau dans sa bouche avant de nous le pondre la tête en bas et en vrac (je me demande où l'inspiration se loge et rejaillit avec toutes ces dates de concert).

D'ailleurs, en parlant de concert, plus que deux mois à se ronger les veines...

Salutation numériques (revisitées, bien entendu).

Écrit par : Seb | 27/09/2019

Seb : je connais pas mal d'hommes qui aiment la Grande Sophie ! Mais bon, chanteuse pour femmes, pourquoi pas ?!
Oui, plus que deux mois... Et même un peu moins !

Écrit par : Katell | 30/09/2019

Les commentaires sont fermés.