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27/06/2021

J'ai changé d'avis, comme dans la chanson d'Aubert !!!

"Y a du soleil dans ma rue mais je ne sais pas quoi en faire". Hubert-Félix THIÉFAINE

 

Il arrive que certaines chansons de Thiéfaine me donnent du fil à retordre. Justement parce qu'elles me semblent, de prime abord, rompre avec le fil conducteur de l'œuvre (oui, je pense qu'il y en a un). Ainsi, j'ai mis des années, je crois, avant d'intégrer « psychologiquement » Les mouches bleues à l'ensemble de l'édifice. Mytilène Island attendra encore...

Du soleil dans ma rue a bien failli connaître un sort identique. Première écoute : sidération. Oui, carrément. Une réaction du genre « mais qu'est-ce qu'il est allé nous faire là, notre Hubert ? ». J'ai découvert cette chanson un vendredi matin. Le dimanche suivant, après plusieurs auditions, j'étais catégorique : jamais je ne pourrais aimer ce titre. Et puis, et puis... Ce vendredi soir, je ne sais pas pourquoi, j'avais la mélodie dans la tête. Je repensais également aux paroles, qui m'avaient d'abord déconcertée, malgré une entrée en matière pourtant adoptée d'emblée : « Y a du soleil dans ma rue, mais je ne sais pas quoi en faire ». Avouez que c'est très thiéfainien, ça, avoir du soleil dans sa rue, mais ne savoir qu'en faire ! Youpi, c'est chouette, toute cette lumière et cette chaleur, mais pas moyen d'en tirer quelque chose. C'est comme les conneries de barbecues du mois de mai. C'est sympa, mignon, tout ce que vous voulez, mais quand on a un sentiment tragique de l'existence, impossible d'adhérer totalement !

Bref... Donc, ce vendredi soir, je réécoute la chanson. En mettant de côté mes premières réticences. Que je peux énumérer ici : ces chœurs féminins qui parsèment le morceau, cela me fait un effet bizarre, cela me rappelle les années 80, et même très précisément un truc qui martelait « il en a marre de cette nana » dans la chanson de Bruel. Autres réticences ? La musique, doucereuse, genre tube de l'été incitant à danser sur la plage, et les ruptures de rythme dans cette même musique.

Après mûre réflexion, et juste avant de réécouter la chanson, je me suis dit que ce n'était pas possible qu'Hubert ait eu l'intention de nous balancer un truc destiné à nous faire chalouper à côté d'un quelconque Club Mickey en juillet. Donc, je m'interroge avant de réécouter ladite ballade : tout cela ne serait-il pas plutôt traversé d'une profonde ironie ? Une expression me revient, inventée un jour par ma fille aînée à propos des femmes qui sortent avec des hommes plus âgés qu'elles : ce sont des cougars inversées. Et voilà l'analogie : ce morceau, faussement léger et sautillant, ne serait-ce pas un tube de l'été inversé ? Genre « je vous fais croire que, mais en fait pas du tout, loin de moi cette idée ». Quand on y regarde de plus près, le texte est d'un triste et d'un lourd incommensurables... C'est tout sauf un tube de l'été : ici, l'image du rat dans la poussière m'évoque Une charogne de l'ami Baudelaire. Là, « faisons semblant d'être amoureux » vient flinguer tout espoir d'une idylle sincère. L'amour n'est que de surface, un trompe-l'œil facétieux qui n'en pense pas moins. Que voulez-vous, « nous n'avons plus le temps d'imaginer l'amour au temps des sentiments »... De plus, la faucheuse rôde dans les parages, et elle est loin d'avoir pacifiquement déposé les armes. Au contraire : elle est capable de dézinguer quarante mille fois chacun des sept milliards d'humains que nous sommes.

Alors, Du soleil dans ma rue, petite guimauve, joli susucre, tendre romance ? Non, certainement pas : cette chanson, c'est l'absolu antitube de l'été !

Et vous, qu'en pensez-vous ? Et que dites-vous du titre de l'album à venir, Géographie du vide ? Pour moi, c'est très cioranesque, on n'est pas loin de Syllogismes de l'amertume, quelque chose comme ça. Bref, j'adore ! Ce que j'adore aussi, c'est être complètement déroutée (et avec Thiéfaine je suis servie, cela fait presque trente ans qu'il me promène de surprise en étonnement : jamais aucune autre œuvre ne m'aura autant amenée à écarquiller les yeux, ou plutôt les oreilles !). Ce que j'adore, c'est ne plus savoir sur quel pied danser. Croire d'abord, comme avec Du soleil dans ma rue, qu'il faut danser, puis me rendre compte qu'il n'en est pas question une seule seconde, et qu'il conviendrait plutôt, devant tant de misère, de s'écrouler de tout son long, dans la poussière, les bras en croix...

Oui, après mûre réflexion, j'adopte cette chanson, complètement ! C'est bizarre, mais c'est ainsi. Je ne suis pas avare de contradictions. Et comme dit la sagesse populaire, n'est-ce pas, il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis. C'est plutôt sympa de se dire ça pour conclure, cela permet de se ranger soi-même, tranquillos, dans la catégorie des non-imbéciles !

Commentaires

Salut Katell

C’est vrai, ça m’a aussi fait le coup du reviens-y. Je me suis retrouvé avec cet air en tête, à le fredonner (Fredonner ? Thiéfaine ?).
Et je dois dire que les chœurs « à la Gotainer » (ben quoi ?) me plaisent bien. Ils me renvoient au live de 83 ou celui de 85 (Buenas noches, Jo). J’aime bien les chansons d’Hubert avec des morceaux de femmes dedans…
En revanche, je trouve toujours la voix trop en retrait par rapport à l’instru. Mais, c’est mon ressenti d’oreille cassée. Quant au texte, je n’accroche pas trop. Enfin, on ne peut pas dire « Amen » à tout. Mais, il est vrai qu’on n’est exigeant qu’avec ceux qu’on aime.
En tout cas, j’ai hâte de découvrir cette « Géographie du vide » !!
En attendant, je m’en retourne à la pluie…

Salutations numériques !

Écrit par : Seb | 30/06/2021

.
.
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GDV = PDC
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Écrit par : le Doc. dit Jean-Pierre Zéni | 30/06/2021

@ ... :

https://thiefaine.com/livre-dor/#comment-189521

, ...

Écrit par : le Doc. dit Jean-Pierre Zéni | 30/06/2021

Perso pour moi c'est non. Je l'ai écouté 2 fois, dégout total. J'ai mis 25 ans à aimer Zone Chaude Mome donc elle attendra.

Par contre Page Noire, quelle claque, j'adore, je l'écoute souvent.

Au plaisir.

Écrit par : PK | 04/07/2021

Réaction normal de PK et objectivement légitime* !

* toutefois

:-) à Delphine car - VOUS N'EST PAS UN AUTRE JE -

Écrit par : inconnu | 04/07/2021

Il me faut réécouter PAGE NOIRE pour affiner mon propos ou commentaire ci-dessus car bien à qui ? , mais à Môa :-)

Écrit par : inconnu | 04/07/2021

« il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis » c’est ce que j’ai toujours dit sans jamais dévier d’un iotat !! lol
Plus sérieusement (!!) moi j’ai bien accroché d’emblée à « du soleil dans ma rue ». La formule « mais je ne sais pas quoi en faire » me semble effectivement très HFT, genre figure de réthorique mais je ne suis pas sûr de laquelle ? Catachrèse ? Eparnothose ? Zeugma ? Métaphore filée ?
Pour la fausse légèreté musicale style tube de l’été, moi ça ne me gêne pas (y compris les cœurs pom pom girls ) ; ça me rappelle d’autres titres comme par exemple « rock joyeux » entre autres …

Je l’ai mise en prolongement du « temps des tachyons » en conclusion de ma 3ème émission de radio consacrée à HFT et je trouve le contraste plutôt intéressant et même avec des ressemblances sur le fond…

https://latorduememanque.info/hubert-felix-thiefaine-le-dingue-et-les-paumes/

Écrit par : Daniel | 04/07/2021

« il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis » c’est ce que j’ai toujours dit sans jamais dévier d’un iotat !! lol
Plus sérieusement (!!) moi j’ai bien accroché d’emblée à « du soleil dans ma rue ». La formule « mais je ne sais pas quoi en faire » me semble effectivement très HFT, genre figure de réthorique mais je ne suis pas sûr de laquelle ? Catachrèse ? Eparnothose ? Zeugma ? Métaphore filée ?
Pour la fausse légèreté musicale style tube de l’été, moi ça ne me gêne pas (y compris les cœurs pom pom girls ) ; ça me rappelle d’autres titres comme par exemple « rock joyeux » entre autres …

Je l’ai mise en prolongement du « temps des tachyons » en conclusion de ma 3ème émission de radio consacrée à HFT et je trouve le contraste plutôt intéressant et même avec des ressemblances sur le fond…





https://latorduememanque.info/hubert-felix-thiefaine-le-dingue-et-les-paumes/

Écrit par : Daniel | 04/07/2021

* sans vice ni vertu mais dans le savoir de l'être que nous sommes et c'est du boulot ! , - Cogito, ergo sum - est nécessaire à l'espèce nous appartenons car ne pouvant être en permanence dans l'agir et c'est du bouleau !...

Je te cite Daniel :

' Un dingue de paroles, pour des paumés par millions qui essaient de « comprendre ce que [ses] chansons [veulent] dire » ! '

, que voici une approche réductrice mais déjà que voilà ma non lecture nécessaire précisée depuis longtemps en autres en ce lieu !...

Le verbe hélas ne fait rien à l'affaire ne fait rien à l'affaire :-)

, un p'tit café et je vais me promener ..

, ...

Écrit par : le Doc.* dit Jean-Pierre Zéni* | 04/07/2021

, le Doc se promener en - mor bihan - lui qui ai navigué sur toutes les mers du monde cependant il n'y a de petites mères !...

, ...

Écrit par : le Doc.* dit Jean-Pierre Zéni* | 04/07/2021

Correction : je n'ai que le C.E.P toutefois :

, sans S : il n'est de petite mère !...

, ...

Écrit par : Jean-Pierre Zéni dit le Doc | 04/07/2021

MERCI Katell pour cet excellent résumé, qui rejoint ma propre perception de l'affaire.
Je reste néanmoins perplexe par rapport à la présentation officielle de ce titre, sur la page FB officielle, comme étant justement un titre propre à nous faire "chanter et danser"... est-ce de l'art ou du cochon ? Je pencherais actuellement pour une prolongation, dans la présentation, de l'ironie de ce titre, une sorte de "on va bien les faire marcher"...
Quant à la musique je la trouve plus grinçante que doucereuse, plus précisément grinçante ET doucereuse à la fois. Et les choeurs, qui me déplaisent également, sont comme une sorte de dialogue, j'imagine de charmantes jeunes filles qui essaient de dérider Hubert, "Regardez, il y a du soleil dans sa rue et il fait la gueule".... Et ta comparaison avec les BBQ du vendredi est parfaite (on fait un Club No Barbecue ? je suis dispo !), quand on a une telle approche de la vie, on ne peut pas juste se réjouir parce que le soleil brille....
Belle journée tout le monde !

Écrit par : delphine | 05/07/2021

- Hubert : qui n'a pas sa névrose

- Doc : tout le monde est névrosé Hubert car c'est notre espèce qui est névrosée, toutefois - il y a névrose et névrose - et toi Hubert tu as la pire des névroses ou la zwangneurose. Je n'en avais pas encore posé mon diagnostique et c'est toi qui me l'a dit de vive voix !

Tu m'as dit à Lille en 2018, on est dans la dernière ligne droite Doc :-)

On the road, man ;-)

, ...

Écrit par : le Doc. dit Jean-Pierre Zéni | 05/07/2021

@ Daniel je te cite :

' Hubert Félix Thiéfaine : Le Dingue et les paumés… '

, ceci dit c'est un titre qui se veut accrocheur !

P. -S : change de braquet :-)

, ...

Écrit par : le Doc. dit Jean-Pierre Zéni | 05/07/2021

Extrait de Delphine :

- , quand on a une telle approche de la vie, on ne peut pas juste se réjouir parce que le soleil brille....
Belle journée tout le monde !

Écrit par : delphine | 05/07/2021 -

, on a surtout et avant tout l'approche que l'on peut de la vie !...

, ...

Écrit par : le Doc. dit Jean-Pierre Zéni | 05/07/2021

Emmenez-moi au bout de la terre
Emmenez-moi au pays des merveilles
Il me semble que la misère
Serait moins pénible au soleil*

* chantait Charles Aznavour

Je suis actuellement en Morbihan et il pleut beaucoup, le ciel est gris. L'année dernière à une semaine d'intervalle ( fin juin ) il y avait du soleil et il y faisait chaud, alors je me questionne sur la qualité résiliente de ma névrose qui est identique je le répète à celle d'Hubert ?!

Je reviendrai plus tard vous dire, surtout à toi Delphine ma lectrice assidue et qui malgré sa béotienne attitude [ :-) me comprend un plus que mes non lecteurs & non lectrices ;-)

P. -S : il est vrai que ce n'est pas le Sud ..

, ...

Écrit par : le Doc. dit Jean-Pierre Zéni | 05/07/2021

Dingue selon CNRTL

DINGUE, adj. et subst.
DINGUER, verbe intrans.
Fam., pop.
------------------------------------------

A.− Arg. des hôpitaux. Aliéné mental.

------------------------------------------
1. Emploi adj. Le voilà de nouveau dingue. Ces gens qui, cinq minutes auparavant, n'eussent pas mis en doute ses facultés, trouveront désormais bizarres ses gestes les plus simples (H. Bazin, Tête contre murs,1949, p. 173).
2. Emploi subst. Tu sais où ça [la cocaïne] va t' conduire, non? Aux dingues que tu vas finir (Le Breton, Rififi,1953, p. 81).À vivre comme un dingue depuis le début de cette histoire, la notion du temps m'avait lâché (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p. 197).
B.− Usuel, adj. Fou, folle. Rendre dingue; il est complètement dingue. Elle se fait chier chez ses beaux-parents; elle en devient dingue (Sartre, Mort ds âme,1949, p. 178).
Rem. 1. Dingue est un mot à la mode, avec le sens de « bizarre, extraordinaire, saugrenu »; il peut être mélioratif. C'est dingue; une discussion, une maison, une soirée dingue (cf. Gilb. 1971). 2. On rattache parfois à ce mot le subst. arg. dingue « fièvre paludéenne » (de l'esp. dengue « fièvre coloniale », lui-même d'orig. souahéli), réinterprété au sens de « qui rend fou » (cf. Esn. 1966). 3. On rencontre ds la docum. le dér. dinguerie, subst. fém., fam. Caractère ou acte d'une personne au comportement dingue. L'émouvante cicatrice qui est, si j'enlève ma gourmette de suicidée ratée, la seule séquelle visible de ce temps de dinguerie dont on ne parlera plus jamais, bien sûr (A. Sarrazin, La Traversière, J.-J. Pauvert, Paris, 1966, p. 128).
Prononc. et Orth. : [dε ̃:g]. Homon. dengue. Étymol. et Hist. 1915 pas dingue (ds Esn.); 1916 (Barbusse, Feu, p. 15 : t'es pas dingue, non?). Prob. dér. régr. de dinguer* « aller de-ci de-là, divaguer »; cf. 1890 la dingue « le paludisme » (ds Esn.). Bbg. Rigaud (A.). La Vraie cour des miracles Vie Lang. 1969, p. 399.

, le seul diplômé c'est le Doc :-)

Écrit par : dingue diplômé | 06/07/2021

Paumé selon CNRTL :


PAUMÉ, -ÉE, part. passé et adj.
Arg. et pop.
I. − Part. passé de paumer*.

-----------------------------------

II. − Adj. Égaré, désemparé.

------------------------------------

Complètement paumé. Je rassure la mère. Elle en profite, la vache, alors que je suis paumé dans sa crêche pour me consulter à son tour (Céline, Mort à crédit, 1936, p.14).Moi, Marie, vingt-cinq ans, diplômée, dupée, désespérée, l'image d'une génération, je suis complètement paumée... (Madame Figaro, 20 mai 1983, p.8).
− Empl. subst. Personne dans un état de misère et de détresse autant matérielles que morales. Bande de paumés. Il me venait des idées de paumé (Céline, op.cit., p.372).Alors la chapelle est bien ce pays d'un merveilleux lugubre et prenant, ce paradis des paumés, des mômes de la cloche et des costauds qui ont l'honneur au bout de la langue et la loyauté au bout des doigts, cet Éden sombre, dense et nostalgique que les soldats célèbrent le soir dans les chambrées pour venir à bout de l'ennui solitaire (Fargue, Piéton Paris, 1939, p.24).
Prononc.: [pome]. Fréq. abs. littér.: 16.

, je suis actuellement en vacances en MORBIHAN !...

, je reviens :

Écrit par : Jean-Pierre Zéni | 06/07/2021

Au début est le gazoullis :

Le bébé commence par émettre des - gazouillis - involontaires et non spécifiques vers l'âge d'1 mois. On parle déjà de « babillage ». Mais il existe en réalité plusieurs stades de babillage, celui-ci se structurant jusqu'à 6/8 mois. Votre bébé émet d'abord des sons puis commence à faire des vocalises. Vous ne vous lassez pas de ses séries de « guueuuuu » « abeuuu », pourtant émises sans aucun stimuli et de façon tout à fait aléatoire. Plus tard , il associe des consonnes à des voyelles.

, ...

Écrit par : Jean-Pierre Zéni | 06/07/2021

Dans le même ordre d'idée :


- Il n'est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. -


, ...

Écrit par : Jean-Pierre Zéni | 06/07/2021

Même Hubert a dû commencer par associer des consonnes à des voyelles ;) ! Après, il s'est plutôt bien débrouillé avec ça....
Bonnes vacances Doc ! Bonne journée aux autres ;)

Écrit par : delphine | 06/07/2021

Une pensée pour AXEL KAN :

Alfred de VIGNY
1797 - 1863
La mort du loup
I

Les nuages couraient sur la lune enflammée
Comme sur l'incendie on voit fuir la fumée,
Et les bois étaient noirs jusques à l'horizon.
Nous marchions sans parler, dans l'humide gazon,
Dans la bruyère épaisse et dans les hautes brandes,
Lorsque, sous des sapins pareils à ceux des Landes,
Nous avons aperçu les grands ongles marqués
Par les loups voyageurs que nous avions traqués.
Nous avons écouté, retenant notre haleine
Et le pas suspendu. -- Ni le bois, ni la plaine
Ne poussait un soupir dans les airs ; Seulement
La girouette en deuil criait au firmament ;
Car le vent élevé bien au dessus des terres,
N'effleurait de ses pieds que les tours solitaires,
Et les chênes d'en-bas, contre les rocs penchés,
Sur leurs coudes semblaient endormis et couchés.
Rien ne bruissait donc, lorsque baissant la tête,
Le plus vieux des chasseurs qui s'étaient mis en quête
A regardé le sable en s'y couchant ; Bientôt,
Lui que jamais ici on ne vit en défaut,
A déclaré tout bas que ces marques récentes
Annonçaient la démarche et les griffes puissantes
De deux grands loups-cerviers et de deux louveteaux.
Nous avons tous alors préparé nos couteaux,
Et, cachant nos fusils et leurs lueurs trop blanches,
Nous allions pas à pas en écartant les branches.
Trois s'arrêtent, et moi, cherchant ce qu'ils voyaient,
J'aperçois tout à coup deux yeux qui flamboyaient,
Et je vois au delà quatre formes légères
Qui dansaient sous la lune au milieu des bruyères,
Comme font chaque jour, à grand bruit sous nos yeux,
Quand le maître revient, les lévriers joyeux.
Leur forme était semblable et semblable la danse ;
Mais les enfants du loup se jouaient en silence,
Sachant bien qu'à deux pas, ne dormant qu'à demi,
Se couche dans ses murs l'homme, leur ennemi.
Le père était debout, et plus loin, contre un arbre,
Sa louve reposait comme celle de marbre
Qu'adoraient les romains, et dont les flancs velus
Couvaient les demi-dieux Rémus et Romulus.
Le Loup vient et s'assied, les deux jambes dressées
Par leurs ongles crochus dans le sable enfoncées.
Il s'est jugé perdu, puisqu'il était surpris,
Sa retraite coupée et tous ses chemins pris ;
Alors il a saisi, dans sa gueule brûlante,
Du chien le plus hardi la gorge pantelante
Et n'a pas desserré ses mâchoires de fer,
Malgré nos coups de feu qui traversaient sa chair
Et nos couteaux aigus qui, comme des tenailles,
Se croisaient en plongeant dans ses larges entrailles,
Jusqu'au dernier moment où le chien étranglé,
Mort longtemps avant lui, sous ses pieds a roulé.
Le Loup le quitte alors et puis il nous regarde.
Les couteaux lui restaient au flanc jusqu'à la garde,
Le clouaient au gazon tout baigné dans son sang ;
Nos fusils l'entouraient en sinistre croissant.
Il nous regarde encore, ensuite il se recouche,
Tout en léchant le sang répandu sur sa bouche,
Et, sans daigner savoir comment il a péri,
Refermant ses grands yeux, meurt sans jeter un cri.

II

J'ai reposé mon front sur mon fusil sans poudre,
Me prenant à penser, et n'ai pu me résoudre
A poursuivre sa Louve et ses fils qui, tous trois,
Avaient voulu l'attendre, et, comme je le crois,
Sans ses deux louveteaux la belle et sombre veuve
Ne l'eût pas laissé seul subir la grande épreuve ;
Mais son devoir était de les sauver, afin
De pouvoir leur apprendre à bien souffrir la faim,
A ne jamais entrer dans le pacte des villes
Que l'homme a fait avec les animaux serviles
Qui chassent devant lui, pour avoir le coucher,
Les premiers possesseurs du bois et du rocher.

Hélas ! ai-je pensé, malgré ce grand nom d'Hommes,
Que j'ai honte de nous, débiles que nous sommes !
Comment on doit quitter la vie et tous ses maux,
C'est vous qui le savez, sublimes animaux !
A voir ce que l'on fut sur terre et ce qu'on laisse
Seul le silence est grand ; tout le reste est faiblesse.
- Ah ! je t'ai bien compris, sauvage voyageur,
Et ton dernier regard m'est allé jusqu'au coeur !
Il disait : " Si tu peux, fais que ton âme arrive,
A force de rester studieuse et pensive,
Jusqu'à ce haut degré de stoïque fierté
Où, naissant dans les bois, j'ai tout d'abord monté.
Gémir, pleurer, prier est également lâche.
Fais énergiquement ta longue et lourde tâche

--- et puis :
Dans la voie où le Sort a voulu t'appeler,
Puis après, comme moi, souffre et meurs sans parler.

---

, pensées : le Doc

P. -S : soyez raisonnable et humain ..

Écrit par : Jean-Pierre Zéni | 06/07/2021

Atmosphère :

https://www.youtube.com/watch?v=KYic1U1a6yw

Écrit par : Docky | 07/07/2021

Bonjour Katell, bonjour à tous,

Il y a du nouveau sur le site d’Hubert...

Écrit par : Bételgeuse | 07/07/2021

https://www.youtube.com/watch?v=zEST1ixV6iM

C'est ici que ça se passe !
Qu'en pensez-vous ?
ça fait plaisir de revoir sa bouille et il ne vieillit pas non ?
Je remarque que le blouson noir à rayure blanches d'Amicalement Blues reprend du service... et également la tenue "chemise blanche avec cravate noire un peu lâche". Comme si il voulait revenir sur les années passées en fait ?

Écrit par : delphine | 08/07/2021

Je dis ça et je ne dis pas rien :

https://thiefaine.com/session-photo-album-tournee/#comments

signé : Docky le Rocky du néo cortex non maltaise ..

Écrit par : Docky | 08/07/2021

@ Un doigt mais pas un devoir :

https://www.youtube.com/watch?v=AFjiMUc6548

Écrit par : Docky | 08/07/2021

Bonjour à tous,

Encore du nouveau du côté de chez Hubert...

https://www.thiefaine.com/actualites/

Écrit par : Bételgeuse | 09/07/2021

Bonjour,

Comme beaucoup d'entre vous, j'ai tout de suite adhéré à Page Noire mais du Soleil dans ma rue m'a, comme Katell, donné du fil à retordre (Comme Seb, les choeurs m'ont immédiatement fait pensé à ceux de Buenas Noches)... En me penchant davantage sur le texte, je me suis rendue compte que Thiéfaine nous avait livré là quelques très beaux vers teintés d'Inespoir (?). Et je me suis même réveillée aujourd'hui avec le refrain en tête.
J'aime beaucoup le titre de l'album "Géographie du vide" ; il me fait penser à "La carte et le territoire" de Houellebecq. J'ai hâte d'en découvrir les contours et de l'écouter en live (Grand Rex pour moi), même si je m'interroge sur la set list : quelle place sera donnée aux anciens titres, et quels seraient les titres les plus adaptés pour une interprétation unplugged ?

Thiéfainement vôtre

Écrit par : CélineCapucine | 10/07/2021

Bonjour,

Comme beaucoup d'entre vous, j'ai tout de suite adhéré à Page Noire mais du Soleil dans ma rue m'a, comme Katell, donné du fil à retordre (Comme Seb, les choeurs m'ont immédiatement fait pensé à ceux de Buenas Noches)... En me penchant davantage sur le texte, je me suis rendue compte que Thiéfaine nous avait livré là quelques très beaux vers teintés d'Inespoir (?). Et je me suis même réveillée aujourd'hui avec le refrain en tête.
J'aime beaucoup le titre de l'album "Géographie du vide" ; il me fait penser à "La carte et le territoire" de Houellebecq. J'ai hâte d'en découvrir les contours et de l'écouter en live (Grand Rex pour moi), même si je m'interroge sur la set list : quelle place sera donnée aux anciens titres, et quels seraient les titres les plus adaptés pour une interprétation unplugged ?

Thiéfainement vôtre

Écrit par : CélineCapucine | 10/07/2021

Bonjour CélineCapucine,

Pour ma part je n’adhère pas du tout à Du soleil dans ma rue. Je l’ai écouté une première fois entièrement, j’ai laissé passer quelques jours et j’y suis revenue mais sans pouvoir aller jusqu’au bout. Ceci dit je ne m’inquiète pas car il y a eu d’autres chansons d’Hubert qui m’ont fait le même effet et que j’adore maintenant. Par exemple, pendant longtemps, je n’arrivais pas à écouter Critique du chapitre 3 que je trouvais excessivement noire, alors qu’à présent je la trouve magnifique.

Je trouve comme toi le titre de l’album Géographie du vide grandiose et tellement thiéfainien. Il me fait penser aux Fastes de la solitude et plus particulièrement à la dernière strophe.

Vivement 2022 et la nouvelle tournée !

Écrit par : Bételgeuse | 10/07/2021

J'ai un peu perdu le fil de vos commentaires en cette fin d'année scolaire particulièrement chargée. Mille excuses ! J'ai délaissé ce blog, cela m'énerve ! Je vais reprendre vos remarques une à une, tranquillement, pendant les vacances.
Pour moi aussi, dans toutes les dates parisiennes, ce sera le Grand Rex. J'ai quatre autres billets (Bar-le-Duc, Vittel, Thionville et Neuves-Maisons). Un beau début !

Écrit par : Katell | 10/07/2021

En écoutant cette chanson, mon fils me dit "On dirait 'regarde comme il fait beau dehors' d'Orelsan, mais pour les darons" Pour le plaisir je vous retranscrit le début :

Regarde comme il fait beau dehors
C'est l'heure pour aller jouer
Regarde comme il fait chaud dehors
Faut sortir s'aérer
Je m'en bats les couilles!
Abattu par la fatigue d'avoir rien branlé
Le projet c'était d'rien foutre, et j'ai aucun plan B
J'pense qu'à glander, chanter, m'esquinter la santé
Mon cochon d'Inde est mort de faim, j'lui donnais rien à manger
Quinze appels manqués, rappelle-moi d'jamais les rappeler
Aucun objectif, j'suis sûr de pas les rater!
...


Je confirme ton impression, "y'a du soleil dans ma rue" est un anti-tube de l'été.

Si tout l'album est à la hauteur des 2 premiers titres, ça promet !

Écrit par : Michel | 18/07/2021

Hubert repassant LE STADE DU MIROIR :

https://thiefaine.com/livre-dor/

:-)
, ...

Écrit par : The Doc'n'Roll | 20/07/2021

"Y'a du soleil de ma rue" est une réponse pour moi à la chanson de Cantat "droit dans le soleil" qui était elle-même une réponse à "Télégramme 2003".

ça faisait longtemps que je n'étais pas venue me promener ici...

Merci, cat !!!

Écrit par : Bérangère | 04/09/2021

Les commentaires sont fermés.