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18/09/2021

Petite flamme

"Il fait grand deuil

En cette vie". André VELTER

 

Qu'elle est belle, cette petite flamme qui scintille dans les yeux de qui vient de découvrir Thiéfaine et s'en trouve émerveillé ! Comme elle en dit long, cette petite flamme, sur la claque qu'il a prise et à laquelle il ne s'attendait pas !

Explications : il y a un peu plus d'un an, j'avais parlé de Thiéfaine à un de mes collègues, un prof d'anglais, musicien non pas à ses heures perdues, comme on a coutume de le dire, mais plutôt à ses heures retrouvées, celles que l'on vit en dehors du carcan professionnel. Ce collègue n'est pas spécialement branché chanson française, il préfère tout ce qui vient d'Angleterre ou des États-Unis. Mais il est quand même toujours à l'affût de nouvelles découvertes. Donc, à la fin de l'année scolaire 2020, j'avais exposé à ce collègue ma passion pour l'œuvre d'Hubert, le tout en long, en large et en travers, avec sans doute une petite flamme dans les yeux, moi aussi. Ce collègue m'avait promis d'écouter HFT. Un an et des poussières plus tard, c'est chose faite. Et là, révélation de type électrochoc, claque monumentale. « Aha-Erlebnis », comme on dit dans cette langue de Goethe que j'aime tant. « Aha-Erlebnis », ce n'est pas l'événement qui vous agite quand vous découvrez le groupe Aha. Encore que cela soit possible aussi, après tout ! « Aha-Erlebnis », c'est le déclic qui vous tombe dessus et qui vous fait dire « Aha » ! Genre, pour mon collègue : « Aha, c'est donc ça, Thiéfaine » ! ». Ce « Aha-Erlebnis », vous et moi l'avons également connu un jour. Dans ma vie, ce fut, il y a presque trente ans, le point de départ d'une certaine folie, mais je ne regrette rien car c'est celle-là même qui m'a « toujours sauvée et m'a empêchée d'être folle ». Carrément. J'assume pleinement ces mots qui pourront paraître outranciers à ceux qui n'ont jamais eu besoin d'un accompagnement spécialisé pour vivre...

Bref, revenons à nos moutons : jeudi, mon collègue arrive et m'explique que ça y est, il a acheté les trois premiers albums de Thiéfaine, pour une somme dérisoire de surcroît. Et qu'il ne s'attendait pas à ça. Et qu'il n'en revient pas. Et qu'il s'en veut de ne pas avoir entamé cette vertigineuse plongée bien plus tôt. En substance, voilà ses propos : « Ouah, comme ça sonne, je n'imaginais pas que la langue française pouvait donner un tel rendu dans des chansons. On sent des influences venues d'un peu partout, du rock anglo-saxon, mais aussi de la bonne chanson française. C'est tellement inhabituel, tellement hors norme. Je suis bien décidé à me faire toute la discographie, chronologiquement. Et qu'est-ce que c'est bon musicalement aussi ».

Eh bien, voyez-vous, la petite flamme qui vibrait dans les yeux de mon collègue, elle a illuminé tout mon jeudi, tout mon vendredi, et elle me porte encore en ce samedi. Pour moi, elle est comme une madeleine de Proust qui ravive bien des souvenirs. Par une nuit de septembre 1992, je sortais un peu groggy d'une voiture où je venais d'entendre un chanteur au nom bizarre. Je rentrais chez moi avec une cassette qui allait tourner inlassablement dans un lecteur un peu poussif, tourner tant et tant qu'elle en deviendrait poussive elle aussi. Cette cassette, c'était celle sur la pochette de laquelle il y avait un clap de cinéma. Je crois qu'elle a été pour beaucoup d'entre nous le déclencheur de bien des aventures ! Il y a là une version très habitée des Dingues et des paumés. Le son monte, monte, monte, créant une impatience quasi palpable dans le public. Lorsque survient l'apogée, le rythme chauffe, et toute la salle itou. Et je suis bien certaine que si l'on avait pu voir les yeux de tous ceux qui eurent la chance de se trouver dans le public ce soir-là, on aurait pu y percevoir la petite flamme qui allait briller, quelques décennies plus tard, dans une salle des profs de Moselle !

15/09/2021

Fil à retordre !

"Les soirs de juin sont tragiquement beaux, les vivre, c'est déjà les perdre, la beauté n'est beauté que parce qu'elle contient déjà en elle l'expérience de sa perte". Fabienne JACOB

 

Bon, bon, bon, il faut bien l'avouer : Hubert me donne du fil à retordre depuis quelque temps ! Et ce n'est pas La fin du roman qui viendra simplifier les choses et démêler l'imbroglio dans lequel me voilà perdue. Est-ce là un Thiéfaine nouvelle manière qui s'offre à nous, comme l'écrivait Delphine ? Il est évident que l'écriture s'est clarifiée. Pour autant, les paroles de La fin du roman continuent à receler de nombreux mystères pour moi. Je ne vois pas bien où HFT veut en venir. Fin de quel roman ? Fin d'une civilisation, déjà dépeinte dans Page noire ? Fin d'un chapitre ? Fin de quoi, nom de nom ? Mystère et boule de gomme.

En tout cas, si Du soleil dans ma rue, après m'avoir désarçonnée, a fini par gagner mon affection, La fin du roman se voit pour le moment perdante sur toute la ligne. Déjà, je n'en aime guère la musique. Les paroles, ben, je l'ai déjà écrit plus haut, je n'y pige tout bonnement que dalle, éclairez-moi si votre lanterne y voit mieux que la mienne ! Un point positif à mes yeux, cependant, car il ne saurait y avoir d'obscurité absolue : la voix d'Hubert reste inchangée, belle et assurée. Pas un tremblement qui trahirait la moindre faiblesse. Allez, Cath, console-toi, cette voix qui demeure ferme en dépit du temps qui assassine bien des choses, c'est déjà beaucoup !

Console-toi aussi en te rappelant les albums précédents, qui ne remportèrent pas ton adhésion totale, loin s'en faut. On ne peut pas plaire à tout le monde et à son père, disait le mien, de père. On ne peut pas plaire à tous les coups, dirais-je aujourd'hui dans le contexte qui me fait écrire ce billet.

Alors, oui, je suis un peu déçue. Mais j'essaie de me reprendre illico. De quel droit serais-je déçue ? Après tout, Hubert ne me doit rien, ni à moi, ni à quiconque. Pas même la quasi perfection à laquelle il nous a habitués. Après presque trente années d'un compagnonnage fébrile, proche d'une certaine folie, n'est-ce pas moi qui dois quelque chose à Hubert ? Si, il me semble. Je lui dois un peu d'indulgence. Un peu de patience aussi. Jusqu'au 8 octobre, jour où je découvrirai l'album et où peut-être, insérée dans un ensemble sans doute assez cohérent, la chanson que je juge « coupable » aujourd'hui m'apparaîtra comme une pierre logique de l'édifice...