16/10/2022
"Et j'ai mis de côté Telemann et Mahler"...
"Dans les interstices de l'emploi du temps, loger de petites lumières". Paul DE ROUX
En août, j'ai passé une semaine à Hambourg. Ravie de découvrir enfin cette ville qui manquait à ma connaissance de l'Allemagne et dont Hubert a si souvent parlé dans ses chansons. J'ai adoré Hambourg. J'ai arpenté la cité hanséatique de long en large et l'ai quittée à regret. Elle offre un immense éventail de saveurs et d'ambiances diverses. Elle abrite tout un "quartier musical", appelé "Komponistenquartier". On trouve là un musée consacré à tous les musiciens qui ont marqué la ville d'une manière ou d'une autre. Parmi ces derniers, Telemann et Mahler, si c'est pas merveilleux ! J'ai rapporté de ce musée un certain nombre de trésors, notamment une petite note biographique au sujet de Telemann. Je viens de la traduire et vous la propose aujourd'hui. Au passage, signalons que Thiéfaine m'a une fois de plus ouvert des horizons : je ne connaissais pas bien Telemann et Mahler. Depuis la découverte de Page noire, je les écoute régulièrement.
Georg Philipp Telemann (1681, Magdebourg-1767, Hambourg) : compositeur et musicien allemand baroque, multi-instrumentiste.
Son père, Heinrich Telemann, était diacre de l'église Zum Heiligen Geist. Sa mère, née Haltmeier, était la fille d'un ecclésiastique de Regensburg (Ratisbonne).
Le père de Telemann mourut en 1685. Dès lors, sa mère dut élever ses enfants seule. C'est à l'âge de dix ans que Telemann apprit le chant et le clavecin. À douze ans, il composa Sigismund, son premier opéra.
Sa mère ne voyait pas d'un bon œil les dispositions artistiques de son fils et tenta de les étouffer, notamment en l'envoyant dans une école de Zellerfeld (région du Harz). Ce faisant, elle espérait que la vie de son fils prendrait une autre direction. Mais, là-bas, il rencontra Caspar Calvoer, qui remarqua tout de suite son talent et lui dispensa des cours de musique. C'est ainsi que Telemann poursuivit ses activités de composition, écrivit des œuvres pour l'église et la ville et apprit de manière autodidacte plusieurs instruments.
En 1697, il partit pour Hildesheim, où il fréquenta le célèbre Gymnasium Andreanum. Toujours en autodidacte, il améliora sa connaissance de divers instruments (flûte traversière et flûte à bec, hautbois, violon, viole de Gambe, violone et trombone). Il se mit à composer de la musique pour son école et devint directeur musical du monastère Sankt Godehart.
En 1701, après avoir brillamment terminé ses études, il partit pour Leipzig. Répondant au souhait de sa mère, il s'inscrivit à la faculté de droit. Mais il abandonna très vite ses études juridiques au profit de la musique. Il composa alors des cantates pour l'église Saint-Thomas et devint directeur de l'opéra de la ville.
En 1704, il fut nommé maître de chapelle à la cour du comte Erdmann II de Promnitz à Sorau (aujourd'hui Zary en Pologne). Il y resta jusqu'en 1708. C'est là-bas qu'il découvrit la musique française (Lully et Campra), mais aussi les musiques folkloriques de Pologne et de Bohême, qui devaient inspirer nombre de ses compositions. À Sorau, il écrivit au moins 200 ouvertures et/ou suites.
En 1708 , il devint maître de chapelle à Eisenach. En 1709, il épousa Amalie Louise Juliane Eberlin qui mourut en 1711 en donnant la vie à leur fille Maria Wilhelmina Eleanore.
En 1712, Telemann occupa, à Francfort-sur-le-Main, les fonctions de maître de chapelle et de directeur de musique à l'église Barfüßer.
En 1714, il épousa en secondes noces Maria Catharina Textor. De cette union naîtront neuf enfants.
En 1721, on proposa à Telemann de prendre la suite de Joachim Gerstenbüttel à Hambourg. Il devint responsable de la musique dans les cinq églises principales de la ville. De 1722 à 1738, il occupa la fonction de directeur artistique de l'opéra Gänsemarkt.
Il resta à Hambourg jusqu'en 1767. Ce furent 46 années durant lesquelles il porta la vie musicale de la ville hanséatique à son sommet.
En 1736, il se sépara de Maria Catharina.
À la fin de l'année 1737, il partit pour quelques mois à Paris. Il y rencontra de nombreux musiciens français (entre autres Forqueray, Blavet, Guignon et Eduard) et écrivit six quatuors (Nouveaux quatuors, connus aujourd'hui sous le nom Quatuors parisiens).
De son vivant, Telemann compta parmi les compositeurs les plus célèbres et les plus importants. Ses compositions furent jouées dans toute l'Europe. Elles sont d'une grande diversité et sont nourries de nombreuses influences. Son œuvre est un pont entre le baroque tardif et les débuts du classicisme.
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02/10/2022
Arno, du haut des cieux...
"Embrasse le passé, il n'existe plus". ARNO
Prenez un jour de pluie comme ce dimanche. Prenez un album qui, bien que nouveau, a des allures de deuil. Prenez Ostende, cette ville où d'aucuns se demandèrent un jour si ça vaut le coup de vivre sa vie. À cette question demeurée sans réponse de leur vivant, ont-ils, aujourd'hui, trouvé une réponse ? Cela me plairait de le savoir. Bref... Zoomez sur Ostende. J'y suis aujourd'hui. Zoomez plus précisément encore sur Opex. C'est de là que je vous écris. Opex, c'est un quartier portuaire d'Ostende dont je n'avais jamais entendu parler avant. C'est là que les grands-parents maternels du chanteur Arno tenaient un bistrot. Un estaminet, comme on dit dans le Nord, et rien que le nom vous amène aux narines des odeurs de frites et de bière. Opex, c'est le nom qu'Arno a choisi pour son dernier album. C'est dingue comme cet adjectif, dernier, peut recouvrir des acceptions différentes et se parer, selon les circonstances, de joyeux froufrous ou de noires mantilles. Quand il veut dire « dernier d'une longue liste à venir », il est on ne peut plus réjouissant. Quand il signifie « dernier de la liste, à jamais », il est aussi sombre que ce dimanche de pluie où tout semble déjà s'abandonner sans résistance à l'hiver.
Dès le premier morceau, Arno prévient : « Hier, c'était le passsé, aujourd'hui la vérité, Embrasse le passé, il n'existe plus ». Pas la peine de s'encombrer d'un inutile barda (regrets ou autres), c'est dans le vide que ça se passe désormais.
Au fil des chansons, Arno regarde droit dans les yeux la vie qui se dérobe, ainsi que lui-même et ceux qui l'ont accompagné. Un très beau morceau rend hommage à un grand-père un peu frivole. Court-circuit dans mon esprit raconte sans fard l'invasion de la maladie. Pas de sentimentalisme devant l'inévitable, juste un état des lieux, un constat : « Maintenant, je paie mes conneries du passé ». Ce passé qui, bien que n'étant plus, sait encore sévir. Et nous rattraper par la manche, le saligaud !
De son vivant, Arno fut le maître des reprises. De toutes les chansons des autres auxquelles il alla frotter son grain de folie, il fit quelque chose de flambant neuf. C'est encore le cas avec La paloma adieu, où sa voix, dans un surprenant reggae, se mêle à celle de Mireille Mathieu. Reggae où les mots « Ma vie s'en va, mais n'aie pas trop de peine », résonnent étrangement.
Arrêtons-nous sur les photos qui ornent la pochette. Sur l'avant, on voit Arno derrière une baie vitrée, chapeau de clown vissé sur sa chevelure blanche. Il contemple la mer. Le chapeau de clown scintille et semble réduire la vie à une farce dont il vaut mieux rire … de peur d'être obligé d'en pleurer. Sur l'arrière de la pochette, on découvre Arno en albatros aux ailes de géant. Sans doute face à un micro, sur une scène. C'est là, sans doute, plus encore qu'à Opex, que se trouvait son port d'attache.
Du haut des cieux ou du milieu du néant, on ne sait pas bien, Arno nous assène une retentissante claque posthume. Je vous conseille de vous la prendre en pleine face, sans chercher à en parer la puissance. De toute façon, vous ne pourrez pas. On ne fait pas le poids devant tant de cris du cœur qui viennent à notre rencontre !
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01/10/2022
Casino de Paris, en être ou ne pas en être : question résolue !
"L'homme est ainsi, il se nourrit de souvenirs et trébuche sur l'amer". Richard BOHRINGER
Il en va de nos décisions comme de bien des choses dans la vie : elles ne nous appartiennent pas toujours complètement. Elles sont souvent le fruit d'un enchaînement - heureux ou non - de circonstances diverses et variées, voire avariées. Au moment où l'on prend telle ou telle décision, on ignore (et c'est tant mieux) tout ce qu'elle va impliquer. Ainsi, il y a 31 ans, m'étant moi-même condamnée à devenir prof en raison d'une soi-disant vocation (l'impétuosité de la jeunesse aime les grands mots), j'avais dit à mes camarades de terminale que j'hésitais entre enseigner l'allemand et enseigner l'italien. Là, un de mes amis s'était écrié : « Non, mais toi, il faut que tu deviennes prof d'allemand, c'est une évidence. Tu nous parles tellement de cette langue que si tu ne t'y consacres pas pleinement, tu le regretteras toute ta vie ». Ce jour-là, je devais rendre mon dossier de poursuite d'études et n'avais encore rien écrit dessus, à part mon nom et autres renseignements sans conséquences. Le reste n'était pas dépourvu de conséquences et j'en avais bien conscience. Les propos de mon ami, jouant un tantinet avec la corde du tragique, résonnèrent furieusement en moi. Sur le dossier, mon stylo traça avec conviction : « fac d'allemand ». Choix qui ne fut pas salué par ma prof d'italien ! Choix qui devait orienter ma vie entière, il faut bien le dire. Par la suite, je me suis souvent demandé quel chemin j'aurais parcouru si j'avais mis « fac d'italien ». Je ne saurai jamais. Pas le temps de vivre deux vies, une seule étant déjà assez compliquée à mener ! C'est comme dans la chanson de Goldman, chacun repart soit avec ses X, soit avec ses XY, et « tant pis, on ne saura pas ce que ça aurait donné ». Est-ce réellement mieux comme ça, plus sage, plus correct ? Mystère impénétrable...
Bref... Début septembre, en analysant mon emploi du temps, je m'étais vaguement dit qu'un aller Metz-Paris (avec retour le lendemain) serait envisageable le 22 novembre (date à laquelle HFT se produit au Casino de Paris : comment ça, vous l'ignoriez ?!)...
Mercredi, je conduisais ma fille Louise à son cours de krav maga, et nous écoutions Thiéfaine dans la voiture. À sa demande, je précise ! Honnêtement, si ça n'avait tenu qu'à moi, nous aurions … écouté Thiéfaine de la même façon !!! Nous chantions en chœur, tout en ne nous interdisant pas quelques commentaires. Ainsi, c'est mercredi que j'ai appris que Louise adorait le vers suivant : « À mettre sa vie en musique, on en oublie parfois de vivre ». La bonne gosse ! Cela m'a mise en confiance. J'ai décidé de lui dire que je n'avais toujours pas résolu le dilemme qui sévit en moi depuis septembre : en être ou ne pas en être, de cette soirée au Casino de Paris ? Bien sûr, d'un point de vue technique, c'est jouable, je le sais depuis un certain nombre de semaines, j'ai étudié la question avec un zèle exemplaire. Mais le reste, mais le reste... La fatigue engendrée par la surdose d'adrénaline, l'angoisse de louper mon train ou de ne pas le voir arriver pour cause de grève, la trouille d'un incident mécanique frappant précisément le même train ce jour-là précisément, la redescente redoutable après le concert, qui plus est en plein mois de novembre... La folie aussi. Car oui, c'est folie de plier ainsi ma vie aux exigences de ma passion. L'organiser en fonction du passage d'HFT ici ou là. Trembler devant le planning des réunions (parents-profs, conseils de classes, etc.). Craindre le moindre grain de sable susceptible de venir percuter la machine dont j'essaie de huiler savamment les rouages, tentant de parer d'avance à toute éventualité. Intimant aux malencontreux aléas l'ordre d'aller se faire voir ailleurs en période de tournée. Après, d'accord, ils pourront reprendre une activité normale, comme dans les Guignols de l'info, et comme dans le cours de toute existence. Essayer de combattre le mauvais œil en inventant toutes sortes de conjurations qui n'ont cours dans aucune religion. Les jours précédant un concert, ingurgiter en se pinçant le nez de douteuses décoctions censées renforcer le système immunitaire. Tomber bien bas, quoi !
Autant dire que chaque concert de Thiéfaine est une victoire sur les impitoyables coups tordus du destin ! Revenons à mercredi et retournons, si vous le voulez bien, à l'avant de ma voiture, en compagnie de Louise. Je lui faisais donc part du dilemme qui était le mien, Casino de Paris ou pas Casino de Paris ? Et voilà qu'elle me l'a réglé en deux coups de cuillère à pot, le dilemme : « Non mais maman, tu ne te poses même pas la question : tu y vas, à ce concert ». Comme je ne suis pas loin de penser que ce que Louise veut, Dieu le veut aussi (il n'a pas le choix, elle est tellement déterminée), j'ai donc décidé de faire en sorte d'assister à ce concert. À peine étions-nous de retour à la maison que je me procurais le nécessaire (billet de concert, aller-retour Metz-Paris, chambre d'hôtel). Le tour était joué. Il ne reste plus qu'à compter sur un sort clément et enclin à aligner docilement les astres en novembre. Ce n'est pas demander la lune non plus ! D'ailleurs, ce même sort a déjà fait preuve d'une certaine docilité et je l'en remercie : les réunions parents-profs tombent la semaine avant le concert au Casino de Paris !
Je rappelle qu'en décembre 1998, je refusai d'accompagner un de mes copains à Bercy au motif que le concert avait lieu un vendredi et que j'avais cours le lendemain matin. Alors que ce copain me promettait un retour dans la nuit et mettait en avant la possibilité que j'aurais de faire une sieste le samedi après-midi. Je me dérobai. Comme une cloche. Je ne me suis jamais pardonné cet écart de conduite absolument incompréhensible. Je sais, on peut avoir des regrets plus consistants, mais tout de même. Il en est quelques-uns qui persistent opiniâtrement. Donc, si j'ai décidé d'aller au Casino de Paris le 22 novembre, ce n'est pas folie, croyez-moi, mais sage précaution ! Il s'agit d'éviter tout regret. Ces machins-là, c'est trop tenace, ça vous enjambe les décennies avec une telle obstination qu'il vaut mieux ne pas en avoir !!! Et c'est le moment d'en revenir à mon introduction, vous savez, avec l'ami de terminale... Ce concert au Casino de Paris, si je n'y vais pas, je le regretterai toute ma vie !
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