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06/04/2024

HFT était au Casino de Mondorf-les-Bains hier soir !

"La nuit

 tombe, l'aube se lève, un été a passé.

Déjà, disent les fumées du hameau

tandis que des animaux sans colère continuent

d'amasser l'or du temps, l'or

de nos yeux avides et si vite fermés". Guy GOFFETTE

 

Heureusement que de temps en temps, un brin de raison vient me percuter et bloquer mes pulsions / impulsions, sans quoi je serais en ce moment même en route pour Dole. Bon, j'avoue que le pincement au cœur est énorme de ne pouvoir assouvir le désir de voir Hubert dans sa ville natale. Mais on ne peut pas tout avoir, n'est-ce pas ? J'ai eu Mondorf-les-Bains hier, j'aurai Paris et Reims en mai. Peut-être Besançon en juin, peut-être Bois d'Amont en septembre. C'est déjà pas si mal. Mais Dole, tout de même, ne m'aurait pas déplu !

Mondorf-les-Bains, donc. Hubert s'y est produit hier au Casino. J'y avais déjà vu, il y a bien longtemps, la chanteuse Berry dont on n'entend plus du tout parler aujourd'hui. Dommage, d'ailleurs. À l'époque, déjà, j'avais noté le côté un peu surréaliste du truc : aller voir un artiste pas loin des machines à sous et autres bandits manchots...

Hier, en traversant tout cet arsenal, je pensais à la chanson Sexe, Casino et tendritude, qui n'est pas la plus connue d'HFT. Je me disais que ce serait drôle qu'il nous la fasse. Vous imaginez ? Une chanson par ambiance. Ce soir Villes natales et frenchitude. À Reims Affaire Rimbaud, parce qu'on n'est pas loin des Ardennes. À vous de poursuivre la liste à l'envi.

Bon, mais non, pas de Sexe, Casino et tendritude hier soir, pas plus que de Maalox Texas Blues qui était venu visiter un de mes rêves la semaine dernière. J'aurais adoré, pourtant. Tout comme Dole ce soir. Mais on ne peut pas tout avoir, n'est-ce pas, et pas la peine de radoter.

Reprenons donc depuis le début. Départ de la maison vers 16h30. Une heure et demie plus tard, même pas tout à fait, j'arrive dans un pays où « herzlich willkommen » se dit «häerzlech wëllkomm ». On dirait de l'allemand, en plus compliqué encore !!!

Je suis toute guillerette en ce 5 avril 2024 qui, comme tous les jours que Dieu fait d'ailleurs, aura la particularité de ne jamais revenir. J'y pense un peu au volant de ma voiture, je sais que chaque seconde qui passe est précieuse. Il faut la savourer comme il se doit. Dans quelques secondes, elle ne sera plus là. Et m'amènera, avec ses petites sœurs, au point de non-retour : la fin du roman de ce soir. Je roule vers Bruce et Cindy, lorrains comme moi. Fans de Thiéfaine aussi. Adeptes quand il le faut des grandes discussions sur les parkings qui bordent les salles de concert... Même durant les hivers que la Lorraine sait rendre rigoureux à souhait.

Nous nous retrouvons et allons manger ensemble. À 20h et des brouettes, agitation à notre table de resto : il ne faudrait pas que nous soyons en retard où vous savez. Il n'y a que cinq minutes de marche de là où nous sommes au Casino, mais prévoyons large quand même, on ne sait jamais, une traversée d'engin, que sais-je...

Comme moi, Bruce et Cindy ont chacun un billet pour le premier rang. Mais pas du même côté que moi. Nous nous séparons donc. Embrassades à droite et à gauche, et je m'installe. Ça y est, le voilà, le moment tant attendu.

Concert assis. Ça me fait toujours un peu bizarre. Incompatibilité avec les chansons d'Hubert. Mais son public n'ayant plus tout à fait vingt ans, il faut offrir un certain confort aux arthroses naissantes, aux rhumatismes, aux cartilages devenus trop poreux, n'est-ce pas ?!

Est-ce cette foutue position assise qui fait que pendant quelque temps rien ne bouge ou presque dans les rangs ? C'est mou du genou, tout ça. Et, pour ma part, je reconnais que quand ça ne s'agite pas plus que ça, je suis plutôt du genre à ne pas oser. Il n'en va pas de même pour un de mes voisins, 655321, qui, à un moment, estimant que la mollesse ça va bien cinq minutes, même quand on a les articulations rouillées, jouera les ambianceurs à grand renfort de larges gestes bien qu'étant lui-même perclus de douleurs !

Démarrage tout doux, donc. Ce n'est que sur Amanite phalloïde queen que tout ce petit monde se décrispe. Ah, ça y est, enfin ! Désormais, chaque chanson connaîtra ses envolées, et je suis soulagée. Je ne voudrais pas qu'Hubert pense qu'on n'est pas d'humeur à le suivre. Ou qu'on a mal vieilli.

Aux quatre coins de la salle, des vigiles veillent au grain. Le moindre flash apparent se voit couvert de remontrances. Ici et là, quelques personnes se lèvent. Le vigile qui est à quelques pas de moi est aux aguets. Ok pour la position debout, mais pas trop près de la scène.

Et puis, finalement, tout part en vrille quand même, et ce avant La fille du coupeur de joints. D'accord, on n'a plus vingt ans, ni même trente, parfois même plus quarante, mais il ne s'agirait pas non plus de nous condamner direct à l'Ehpad. On a de la ressource et on va (enfin) le prouver. La même ressource donnant à voir le meilleur d'elle-même quand retentissent les premières notes de La fille. À ce propos, savez-vous que désormais, on trouve au merchandising une boîte à musique qui joue ce morceau ?! J'adore l'idée ! Mais je n'ai pas acheté le gadget en question : dans quelques mois, je déménage et j'ai bien assez de bibelots comme ça. Notamment un cendrier HFT qui ne sert jamais, vous vous souvenez ?!

Hubert et ses musiciens arborent un franc sourire à la fin : le public du Casino a mis un peu de temps à s'enflammer, mais une fois que ce fut chose faite, le brasier s'avéra pas mal. Aurait pu mieux faire, mais je m'attendais à pire compte tenu du départ mollasson.

Encore un concert que j'ai kiffé. De l'émotion à foison en ce qui me concerne. Des frissons partout et des larmes quand j'ai vu Hubert apparaître sur la scène. Il m'a toujours fait ça, ne me demandez pas pourquoi, c'est un truc entre lui et moi ! Re-frissons et re-larmes pendant Combien de jours encore. Chanson ambiguë, vous ne trouvez pas ? Ce qui sous-tend le texte semble se situer entre nostalgie de partir (« Combien de jours encore à contempler l'automne ? ») et soulagement de partir (« délivré à jamais du poids de l'univers »). Tout cela me laisse songeuse à chaque écoute...

Durant la chanson, je me demande combien de concerts encore. C'est miracle d'en avoir vu autant. Miracle d'avoir partagé tant de décennies avec l'œuvre qui me fracassa littéralement il y a trente-et-un ans. Je savais bien, à l'époque, que je venais de me prendre un choc émotionnel déterminant, fondamental, irréversible, mais de là à imaginer qu'il durerait ainsi... J'en éprouve régulièrement une profonde gratitude.

Après le concert, je discute avec un monsieur qui me dit qu'il vient de voir HFT pour la 25ème fois. J'allonge (sans même vouloir frimer) mes quelque soixante concerts et je me transforme soudain en phénomène de foire. Le monsieur va chercher ses potes, qui me félicitent, n'en reviennent pas. Ils sont mordus aussi, me disent-ils, mais tout de même pas à ce point. Ouais, je sais...

Notez encore ceci, s'il vous plaît : à la toute fin, Hubert s'est approché de la foule qui s'était massée près de la scène et a distribué une avalanche de checks. En riant lui-même de son audace. Moment de grâce parmi tant d'autres. Quel homme, vous dis-je, quel homme !

Je ne dévoile pas la setlist pour l'instant. Laissez-vous surprendre lors des dates à venir. Vous ne serez pas déçus !