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25/10/2024

On retrouve de ces choses... ("Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître" !)

"J'attendais qu'elle arrête d'être morte". Agnès DESARTHE

 

Oui, c'est vrai, ça : on retrouve de ces choses quand on fouille dans d'anciens journaux intimes, carnets et compagnie ! Cet été, j'ai déménagé une cargaison de trucs de ce genre. Il faut dire que j'écris depuis l'âge de 13 ans, et de façon compulsive ! Pour moi, tout ce qui est vécu doit être écrit, sinon c'est mort, c'est perdu, c'est mal vécu, vécu de traviole, voire pas vécu du tout. C'est une manie qui me vient de loin. Et que je bénis parfois, quand même. Hier, je me suis amusée à trifouiller dans tous les coins et recoins, partout où j'ai entassé, dans mon appartement, de quoi faire de la lecture à mes filles pour les millénaires qui viennent. Un jour, il faudra jeter tout ça, sans autre forme de scrupule. Pas de quoi casser trois pattes à un canard. Et puis, d'ailleurs, ce serait dommage pour le canard. Donc, peut-être que quand je serai toute ratatinée, je prendrai le temps de relire ce qui, au fil du temps, a fini par devenir le récit de ma vie (prévoir plusieurs années de retraite pour ce faire, et ne faire que ça, sans envisager une seconde d'aller ne serait-ce qu'aux toilettes !). Peut-être que j'aurai ensuite la force de tout bazarder. Bref... En attendant, il y a là-dedans des lignes que j'ai envie de sauver. Parce qu'elles parlent de Thiéfaine, et dépeignent ma passion dans ses différentes étapes.

Le 20 décembre 1992, par exemple, dans mon journal, je fais ce que j'appelle mon «désormais traditionnel bilan de fin d'année » (je ne connais pas une seule année où ce bilan n'ait pas été établi, c'est quelque chose que je fais encore maintenant, à mon grand âge : vers la fin de chaque mois de décembre, je me pose pour expliquer quels furent les moments de joie et les moments merdiques de l'année qui est sur le point de mourir). Et, le 20 décembre 1992, je note ceci, brièvement : « J'ai découvert Thiéfaine, c'est hyper important ». Je ne croyais pas si bien dire, ou plutôt écrire ! Si la jeune fille que j'étais en cette fin 1992 avait pu voir son évolution sur les décennies futures, quelle tête aurait-elle bien pu faire en se rendant compte que ce « hyper important » allait se transformer en primordial et ne jamais faiblir ?!

 

Et puis, il y a ce journal de l'année 1995, celle de mon premier concert de Thiéfaine. Alors là, c'est drôle. Dans mon cahier (mauve), je parle de cet événement comme de la venue du messie, et Dieu seul sait s'il n'y a pas un rapport !

Florilège :

Vendredi 6 octobre 1995 : Depuis ce midi, j'échafaude des tas de plans pour aller voir Thiéfaine en concert : il va effectivement venir à Sarreguemines le 27 octobre. Depuis que je sais ça, je suis DINGUE (écrit comme ça dans le journal !). Il faut à tout prix que je voie ce grand, ce gigantesque bonhomme. Dans le pire des cas, je vais au concert avec ma mère !! Elle va devenir folle, elle n'aime pas spécialement HFT !! Dans le meilleur des cas, j'y vais seule, en voiture. Mais ne rêvons pas. De toute façon, mes rêves ne se réalisent jamais, quoi que je fasse... Si seulement je pouvais assister à ce concert !

(Remarque : Finalement, c'est bien ma mère qui m'emmena à Sarreguemines le 27 octobre 1995. J'ai déjà évoqué la chose ici dans les grandes largeurs. Ce qui me contraria sur le moment devait faire de ce concert l'un des plus beaux moments que je pus partager avec ma mère. Ah, si j'avais su, en 1995, qu'il ne restait que quatorze années de vie à ma Mutti, j'aurais peut-être envisagé différemment sa venue au concert... Si jeunesse savait, n'est-ce pas !)

 

Poursuivons :

Mardi 10 octobre 1995 :

Waow ! Ce soir, je suis totalement DINGUE (écrit comme ça dans le journal !) ! Tout d'abord parce que j'ai fini les corrections que je devais apporter à mon mémoire de maîtrise. Youpi ! Ensuite, demain, je vais acheter un billet pour le concert de Thiéfaine ! Deuxième youpi et explications : en fait, je vais acheter deux billets. Ma mère vient avec moi, elle aime les ambiances de concert, m'a-t-elle dit. De mon côté, j'ai réfléchi et je me suis dit que je ne pourrais renoncer à aller à ce concert. Moralement, je n'en aurais pas la force ! Je suis trop dingue d'Hubert-Félix ! Alors, tant pis, j'irai donc avec ma mère. C'est mieux que de ne pas y aller du tout. Je veux À TOUT PRIX voir Hubert ! J'espère qu'il y a encore des places. Demain matin, à dix heures, je fonce à la FNAC pour y acheter les billets !

 

(Un rien pitbull déjà... Un pitbull terriblement romantique : « Je suis trop dingue d'Hubert-Félix ». Si c'est pas mignon pour un pitbull !!!).

 

Mercredi 11 octobre 1995 :

(…) En définitive, je n'aime que les chiens ! Et HFT et Léo Ferré et Gainsbourg. Je n'en reviens pas, j'ai été déçue des milliers de fois...

 

(Et encore, ça ne faisait que commencer !!!).

 

Jeudi 26 octobre 1995 :

Jour J moins un avant le concert de Thiéfaine ! YOUPI ! Je suis déjà toute dingue ! J'espère ne pas être déçue. Cela m'étonnerait quand même, car HFT est GRANDIOSE, cela ne fait aucun doute.

 

(Un rien fanatique, le pitbull).

 

Nuit du vendredi 27 au samedi 28 octobre 1995 :

1h25 du matin. Il faut à tout prix que je raconte ma soirée ! Le concert est passé, snif ! C'était tout simplement GRANDIOSE, GÉNIAL, ÉPOUSTOUFLANT, MERVEILLEUX, EXTRA, MAGNIFIQUE, MAGIQUE... La salle des fêtes de Sarreguemines est assez petite, j'étais à environ trente mètres d'Hubert-Félix... Le concert m'a vraiment plu. Il y avait beaucoup d'excités, beaucoup de fumeurs de joints mais, sinon, tout était EXTRA. Hubert-Félix a une présence inouïe sur scène. Il fait le clown entre deux chansons, raconte tout et n'importe quoi... Et quand il chante une chanson triste, il sait faire passer le message, communiquer ses émotions, ses blessures. Je suis plus fan que jamais !

 

Et ainsi de suite sur plusieurs pages... Si cela vous intéresse, je mettrai cette suite. Il n'y a qu'à demander. Après, ce n'est pas de la haute littérature. « Il sait faire passer le message » : plus plat que ça, tu fais difficilement ! « Il raconte tout et n'importe quoi » : pas gênée, la meuf, d'écrire une chose pareille !

Oui, c'est naïf, c'est bourré de maladresses et de tartignoleries adolescentes, mais qu'est-ce que c'est chouette de retrouver ça et de se dire « Je n'ai pas tellement changé » !!!

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