Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

15/11/2024

Unplugged : ça y est, c'est là !

"Et c'est le soleil qui fait éclore la rose, puis la meurtrit". Hector BIANCIOTTI

 

Prière de ne pas déranger. Et, pour les urgences, tant pis, vous repasserez plus tard. Car, pour l'heure, je ne connais qu'une seule et unique et merveilleuse urgence : écouter Unplugged de Thiéfaine. Le mettre à fond dans le salon et m'enivrer de tous ces sons, de tous ces mots. Tant et si fort que je redoute que mon voisin ne débarque, un flingue à la main. Pas grave, je ne répondrai pas, je vais carrément mettre un écriteau sur ma porte pour que le message soit plus clair encore : Je n'y suis pour personne, est-ce bien compris ? Enfin, si, je n'y suis à vrai dire que pour un seul homme : HFT ! Donc, mon voisin et son possible flingue peuvent aller se rhabiller, coucouche panier, je ne répondrai pas, même sous la menace d'une impressionnante gâchette !

D'ailleurs, mon voisin est un type très bien qui n'a sûrement pas de flingue... Et qui, si j'insistais un peu, se mettrait à adorer Thiéfaine, j'en suis sûre !

 

D'abord, ouvrons l'objet sacré et voyons un peu comment il se présente. Je tourne frénétiquement les pages du livret, puis je me ressaisis : Vas-y mollo, ma grande, y'a pas le feu au lac. Sur la photo du public, je pars à la recherche de visages amis. Et n'en trouve aucun. Et ne trouve que ça. Parce que tous ceux qui aiment Thiéfaine sont mes amis, c'est comme ça.

Soudain, le visage le plus ami de tous, celui d'Hubert, me bouleverse. Quelle puissance dans le regard, quelle aura, quel charme ! Souvenir de mon passage dans les loges de Saint-Dizier et du moment où ce regard-là se planta dans le mien (et là, je crus que j'allais défaillir). Bref... Mais ça c'est une autre histoire et c'était de toute façon pendant la tournée suivante, Replugged.

 

Ensuite, mettons l'objet sacré dans la chaîne. Et laissons infuser. Ouah, comme c'est bon, j'avais presque oublié (non, je déconne, faut pas exagérer quand même). Cette entrée en matière sur La ruelle des morts, comme elle était surprenante, inattendue, évidente !

Dans mon salon et grâce au volume démentiel que j'y ai foutu, les instruments déploient à tour de rôle ou ensemble leur ampleur. J'adore les orgies de saxo sur Demain les kids et Page noire. Et j'avais oublié (vraiment oublié, pour le coup) à quel point j'aimais le violoncelle. Et l'harmonica. Je me délecte de la version des Dingues, toute en délicatesse d'abord, puis glissant tranquillement vers l'agitation à tous les étages.

 

Soudain, retentit la magique Vendôme Gardenal Snack, que j'ai pris soin d'écouter assise en tailleur, en face de la chaîne, pour que la communion soit plus intense. Ah, ça, pour intense, elle est intense ! Je me mets à pleurer, j'ai des frissons partout. C'est une de mes chansons préférées. Les paroles sont renversantes. Rien que le début : « Tu traînes dans mes nuits comme on traîne à la messe quand on n'a plus la foi et qu'on ne le sait pas ». Je me souviendrai toujours de l'effet que me firent ces mots-là il y a trente-deux ans, quand je traînais dans toutes sortes de nuits qui me rejetaient au petit matin... Je souris tout de même au milieu de mon débordement lacrymal : au moment où Hubert chante « je ne fais que passer, je n'aurai pas de rides », je repense à ce beau moment en terrasse, à Reims, avec Bételgeuse. C'était également sur la tournée Replugged. Il n'y a pas si longtemps...

 

Je repense à tous les moments forts de la tournée Unplugged. Le concert au Grand Rex, la discussion qui avait suivi avec ce couple qui n'en finissait pas d'écarquiller les yeux au récit de ma phénoménale passion. Et moi de me répandre impudiquement, mettant sur la table mon addiction de grosse camée, oubliant les convenances, et oubliant l'heure (c'étaient mes filles qui m'avaient rappelée à l'ordre).

Le concert à Thionville avec ma fabuleuse amie Stéphanie, habillée rock'n'roll pour l'occasion. Le retour dans la voiture, elle totalement conquise par ce qu'elle venait de voir et d'entendre, moi me frottant les mains de plaisir à l'idée d'avoir fait une adepte de plus (oui, j'ai un petit côté prosélyte tout à fait assumé !).

Le concert à Neuves-Maisons. Le sandwich avalé à toute allure dans la voiture, la discussion avec Étienne sur le parking, les retrouvailles avec Stéphane, celui qui avait proposé de m'emmener à Bercy en 1998 (et j'avais refusé : la nouille, mais la nouille ! Regrets éternels à poser sur cette omission comme sur le marbre d'une tombe).

Le concert à Sausheim, ajouté, telle une folie, au dernier moment (deux jours après celui de Thionville). Le retour en voiture avec ma fille Clara. Moi m'exclamant : « Merde, j'ai oublié de faire ma leçon d'anglais sur Duolingo, on peut la faire maintenant ? Tu écris à ma place ». Et elle ne comprenant rien à ce que je lui dictais et me faisant perdre mes cinq vies d'un seul coup d'un seul...

 

Six mois plus tard, c'est en vrai que je perdais cinq vies d'un seul coup d'un seul. La tournée Unplugged est celle qui a clairement mis une frontière dans mon existence, y plaçant à jamais un avant et un après. Comme il a raison, Hubert : parfois, la vie nous laisse peu de choses auxquelles nous raccrocher, il faut des rêves solides pour ne pas sombrer.

 

Dans la chambre stérile, moi, j'avais plusieurs rêves solides. Et je les avais tous écrits. Vrai de vrai. Quelque part, sur la liste, il y avait : « revoir Thiéfaine en concert ». C'est chose faite et c'est incroyable. Et c'est même à mettre au pluriel : ce sont choses faites (!), plus d'une fois et plus souvent qu'à mon tour, nananère ! Comme sur l'appli Duolingo qui a la gentillesse de te refiler des vies le lendemain du jour où tu les as perdues, j'ai ressuscité et je n'en finis pas de jouir puissamment de cette résurrection !

 

Bon, avec tout ça et pour en revenir au double album que j'ai en ma possession depuis quelques heures, je me demande pourquoi nous avons été privés de La queue, Ad orgasmum aeternum et de La fille du coupeur de joints. Pour cette dernière, ma fille Louise a proposé une explication. « C'est vu et revu », m'a-t-elle dit tout à l'heure, à table. Oui, mais même si c'est vu et revu, moi je la voulais quand même. Ça sent la version expurgée, là ! Bon, pas grave, c'est divinement bon malgré ces trois absences.

 

Et puisque j'ai récupéré cinq vies, je réclame cinq tournées à venir, rien que ça ! Pour rattraper le coup de la version expurgée !!!

Commentaires

J'ai également acheté le dernier Cure ce matin. Je vais l'écouter dans la foulée.
Prière de faire preuve d'indulgence pour le billet ci-dessus, je l'ai écrit tout en luttant contre une forte migraine qui me pourrit copieusement ce beau 15 novembre !

Écrit par : Katell | 15/11/2024

Écrire un commentaire