06/07/2010
Presque 50 000 visites et chanson n°10 : "La fille du coupeur de joints"
Au train où vont les choses, ce Cabaret aura atteint les 50 000 visites dans quelques jours. D'ailleurs, il les a déjà sûrement atteintes, mais ce n'est pas visible : ce n'est qu'au bout de quelques mois que j'ai décidé d'installer un compteur de visites. Pas du tout pour frimer. Parce que de toute façon, au début, je ne savais pas du tout où allait me mener cette aventure. Dire que l'idée m'est venue une nuit, tout à coup, comme ça. Moi qui pendant longtemps avais espéré consacrer un jour un livre à Thiéfaine, je me suis rendu compte qu'il fallait voir plus petit, viser ailleurs. Impossible pour moi d'écrire un bouquin entier. Autant j'aime lire des pavés, autant je suis, quand c'est moi qui prends la plume, adepte des textes courts. « In der Kürze liegt die Würze », comme disent mes amis allemands !
Il y a quatre ans, lorsque j'ouvris ce Cabaret, je ne pensais pas qu'un jour il atteindrait autant de visites. Je ne savais pas non plus qu'il me permettrait de faire tant de rencontres sur la toile. Et ces rencontres ont souvent donné lieu à de vraies amitiés dans la vie réelle. C'est vraiment palpitant ! Chaque nouveau commentaire est matière à suspense !
Il y a les fidèles, les indéfectibles, ceux qui passent ici chaque jour, parfois même plusieurs fois par jour. Moi, par exemple !!!!!! Il y a ceux qui débarquent un beau jour et semblent emballés. Déposent une foule de commentaires pendant plusieurs semaines ... et disparaissent. C'est la loi, c'est comme ça. Difficile de les retenir, même si ce n'est pas l'envie qui me manque de leur envoyer un petit mail pour me rappeler à leur bon souvenir ! Il y a ceux qui viennent ici régulièrement, mais jouent les fantômes. Un jour, après un concert d'Hubert, par exemple, je discute avec eux et je suis étonnée d'apprendre qu'ils passent souvent par « chez moi », mais préfèrent rester dans l'ombre. C'est la loi, c'est comme ça. Difficile de les convaincre de laisser des traces de leurs passages, même si ce n'est pas l'envie qui me manque de les en supplier !!!
Merci à vous, en tout cas, silencieux ou non. Comme Souchon dit souvent au début de ses concerts : "Si vous n'étiez pas venus, pour nous, ce serait très, très différent" !!!
Allez, cessons donc ce verbiage qui n'intéresse que moi et m'éloigne de mon sujet : HFT !!!
Chanson n°10, alors :
« La fille du coupeur de joints ». L'incontournable, celle qui est devenue quelque chose comme un hymne thiéfainien, « ein Muss » de tous les concerts. Ce n'est pas ma chanson préférée, même si je reconnais qu'elle m'entraîne toujours dans sa joyeuse course ! Impossible de faire autrement. Et je rigole doucement quand, lorsque je dis que j'écoute Thiéfaine (plus que de raison !), on me catalogue direct comme une grosse fumeuse de joints !!! De ce côté-là, les apparences sont trompeuses : je suis comme Romain Gary... « Chacun sa religion, chacun son parachute » !
elle descendait de la montagne
sur un chariot chargé de paille
sur un chariot chargé de foin
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s'lamenter sur not'malheur
en se disant qu'on se taperait bien
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
v'là qu'elle nous voit vers les murailles
et qu'elle nous fait : coucou les gens !
la fille du coupeur de joints (bis)
ben, v'là qu'elle nous prend par la taille
pis qu'elle nous emmène sur sa paille
elle nous fait le coup du zeppelin
la fille du coupeur de joints (bis)
ben nous on était cinq chômeurs
à s'payer une tranche de bonheur
une tranche de tagada tsoin-tsoin
la fille du coupeur de joints (bis)
quand on eut passé la ferraille
elle nous fit fumer de sa paille
sacré bon Dieu que c'était bien
la fille du coupeur de joints (bis)
plus question d'chercher du travail
on pédalait dans les nuages
au milieu des petits lapins
la fille du coupeur de joints (bis)
elle descendait de la montagne
en chantant une chanson paillarde
une chanson de collégien
la fille du coupeur de joints
P.S. : Il est bientôt 22h43 ! Une fête quotidienne en ce qui me concerne !!!!
22:31 | Lien permanent | Commentaires (15)
Naissance d'une histoire d'amour (ou de quelque chose dans le genre !) : suite et fin + chanson n°9 : "La dèche, le twist et le reste"
La pensée du jour : "J'aime le péril... les précipices..., les dés qu'on jette étourdiment en pariant sa vie entière, et je n'attends même pas qu'ils aient fini de rouler pour décider de ma ruine. Me perdre, j'aime aussi, à l'occasion. C'est moi. Rien ne m'en guérira". Gilles LEROY, Alabama Song.
J'ai aimé Thiéfaine parce que soudain, quelqu'un parlait à (et de) mon désespoir sur un ton déchirant qui aurait pu être le mien si j'avais su trouver les mots à coller dessus...
J'ai aimé Thiéfaine par instinct de survie, pour échapper à la mistoufle. Parce que nos deux mélancos se rejoignant souvent, je me suis sentie soudain moins isolée dans la mienne... J'ai aimé Thiéfaine pour me sauver d'un naufrage. Les amours de jeunesse sont marquées du sceau de la fougue ! C'est tout sauf de l'amour mou ! C'est le grand ravage, oui ! J'écris tout cela avec beaucoup de distance aujourd'hui, parce que la vie a su laver de ses grandes eaux jusqu'à mes plus beaux souvenirs. « Ma mémoire s'efface », c'est ainsi... « Les matins bleus de ma jeunesse s'irisent en flou multicolore
sous les molécules en détresse
dans le gris des laboratoires ». J'aime beaucoup « L'étranger dans la glace », c'est une chanson qui dépeint magnifiquement la distance qui finit par s'installer un jour entre soi et ce que l'on a vécu de plus beau... On descend dans la soufflerie, le cœur déjà violet. Tout est déjà si loin, la jeunesse plus que tout... Voilà. L'amour qui m'a conduite à Thiéfaine s'est définitivement égaré dans les brumes du presque oubli. C'est à peine si je ressens encore un quelconque frémissement quand j'y repense (il faut dire aussi que c'est une histoire qui aura 20 ans en 2011 !!!!).
Malgré tout, il y a une chanson qui me rappelle toujours ce grand amour de jeunesse, tant elle excelle à dépeindre une ambiance dans laquelle j'ai zoné à un moment de ma vie. Elle tombe à point nommé en ce jour : « La dèche, le twist et le reste »...
tous les deux on pousse nos haillons
dans un igloo à bon marché
sous les toits d'une masure bidon
en compagnie des araignées
toi tu vis ta vie d'alcoolique
entre ces quatre murs lamentables
moi je bricole et je fabrique
des chansons qui sont invendables
twiste et chante, moi je flippe
twiste et chante, moi je flippe
on bouffe une fois tous les trois jours
avec des boîtes de cassoulet
qu'on arrive à paler en douce
dans leurs superbes supermarchés
et quand on est à bout de fric
tu fous le camp chez les émigrés
leur faire découvrir l'Amérique
dans des passes non déclarées
twiste et chante, moi je flippe
twiste et chante, moi je flippe
et quand je m'en vais prendre l'air
du côté des femmes faciles
tu te jettes sur la bouteille d'éther
pour ton vol plané à deux mille
on ne s'aime plus d'amour et d'eau fraîche
la vue de l'eau te fait hurler
et notre amour à coup de dèche
s'est peu à peu désintégré
twiste et chante, moi je flippe
twiste et chante, moi je flippe
Petit mot pour Valentin, bien que je ne sois pas sûre qu'il vienne encore ici :
Je trouve que cette chanson est très proche de l'univers de « La vie d'artiste » de Léo Ferré. Il y a longtemps de cela, j'avais fait ici un parallèle entre ces deux chansons. « Moi je bricole et je fabrique des chansons qui sont invendables », c'est un peu « mon succès qui ne vient pas ». Et aussi : « on bouffe une fois tous les trois jours avec des boîtes de cassoulet », c'est la "pitance incertaine" dont parle Ferré. Deux variations sur le même thème: la dèche liée à la vie d'artiste. Et l'amour qui ne résiste pas à ce quotidien décharné...
Quant au texte écrit en 2002, je l'ai pas mal tronqué au final, je ne me reconnaissais déjà plus dans les mots que j'avais écrits il y a huit ans... « Je suis l'étranger dans la glace » et c'est très bien comme ça...
13:21 | Lien permanent | Commentaires (6)
05/07/2010
Naissance d'une histoire d'amour (ou de quelque chose dans le genre !)
Pas de deuxième pensée du jour, une seule suffit. Celle de tout à l'heure est toujours vraie, "je chemine cahin-caha à travers le deuil"...
Voici donc le texte que j'avais écrit à propos d'HFT le mardi 8 octobre 2002. J'avais mis le point final à 23h50 (c'est précis !). Je viens de le retravailler un peu et de le réactualiser aussi, mon âge ayant changé !!! En voici donc la première partie. La suite demain ou un autre jour. On verra. N'hésitez pas, vous, à me raconter aussi comment vous êtes allés à Thiéfaine ou comment Thiéfaine est venu à vous...
Thiéfaine et moi, c'est une longue histoire ! Une de celles qui, étrangement, mettent un temps fou à s'installer... Mais qui, une fois là, collent à jamais à votre quotidien, de manière indéfectible... Dès le collège, on a essayé de me coller HFT entre les oreilles. Oui, les premiers disques me furent prêtés par mon prof de mathématiques. J'ai toujours eu horreur de cette matière, je n'y peux rien, ça a été le blocage de toute ma scolarité. Un drame, parfois, parce que j'en ai versé des larmes et des larmes devant certains problèmes qui, à mes yeux, étaient condamnés à le rester à jamais... Pour moi, il n'y avait malheureusement pas une solution à chaque problème, loin de là. Et même la solution donnée ensuite par le prof me ... posait problème !!! A l'époque, donc, je n'imaginais pas qu'un jour les mathématiques entreraient dans ma vie ... par l'escalier de service et grâce à HFT !! Maintenant, j'ai pour habitude de dire que je déteste les mathématiques, mais que je fais toutefois une exception quand elles sont souterraines !! Thiéfaine est venu introduire une nuance dans cette aversion viscérale !!
Oui, donc, mon prof de maths... C'était un monsieur assez atypique. Qui aimait Renaud, Lavilliers et Thiéfaine. Entre autres. Un jour, il crut bon de me prêter quelques CD d'HFT. Je ne saurais plus dire lesquels. Il y en avait deux. Le lendemain, je les lui rendis, lui disant que je n'entrais pas du tout dans cet univers. Impossible de piger trois mots, je restai hermétique, indifférente à la poésie d'Hubert. Honte à moi ! Double honte parce que des années plus tard, lorsque j'étais en terminale, une de mes amies m'avait soigneusement recopié le texte de « Demain les kids », certaine que ces mots trouveraient un écho en moi. J'avais dû trouver cela beau, mais le déclic ne s'était pas fait, allez savoir pourquoi...
C'est l'amour qui me conduisit un jour (ou plutôt une nuit) sur les traces d'HFT. Je venais de dégringoler de mon petit nuage : pendant deux ans, j'avais aimé follement un jeune homme que mes parents voyaient comme un voyou, un moins que rien, qui réussit pourtant à devenir en un clin d'œil mon plus que tout ! Pour X raisons, un jour, je suis partie, ne supportant plus certains traits de son caractère. Mais ce ne fut pas sans regrets, ce ne fut pas sans fracas, ce ne fut pas sans larmes... Le jeune homme en question m'avait initiée à Gainsbourg, j'avais plongé tout de suite. En revanche, pour Thiéfaine, qu'il écoutait aussi, une fois encore, le déclic fut remis à plus tard. Plus tard, ce fut quand l'amour n'avait plus cours, quand il avait déjà fait demi-tour... Après avoir claqué la porte sur deux ans d'une histoire terriblement compliquée et pas reposante pour un rond, je me rapprochai du meilleur ami de mon amour... Et ce fut lui qui, par une triste nuit de septembre, me fit entrer dans l'univers de Thiéfaine. Enfin !
« Pauvre petite fille sans nourrice
arrachée du soleil
il pleut toujours sur ta valise »... A l'époque (et même encore maintenant, tiens !), j'aimais penser que certains mots avaient été écrits sur mesure pour moi. Je me sentis soudain la « pauvre petite fille sans nourrice arrachée du soleil » dont il était question dans la sublime chanson. Oui, cette môme qui offrait ses carences, qui cherchait un préambule et se retrouvait toujours avec une valise arrosée par une pluie torrentielle, c'était moi ! Ce fut une véritable révélation ! Mais comment avais-je pu passer à côté de cette magie ? Comment avais-je pu rester indifférente à tant de poésie ? Le lendemain de cette révélation, je fonçai acheter pas mal d'albums d'HFT ! Soudain, ce fut une boulimie phénoménale, plus rien ne pouvait m'arrêter. Je restais des heures dans ma chambre, recluse comme une nonne, à m'adonner aux joies et aux élans d'une nouvelle histoire d'amour : mon histoire d'amour avec la violente poésie d'HFT, tout simplement ! Et elle contribuait à me guérir un peu d'un autre amour. Désormais, j'allais pouvoir marcher sur un fil qui nous relierait secrètement l'un à l'autre (je sais, je flirte beaucoup avec le romanesque, mais que serait la vie sans une bonne dose d'enchantement ? Quand il ne se présente pas d'emblée, l'enchantement, il faut essayer de le créer soi-même. Je suis assez habile à ce jeu, mais je me casse souvent la binette, me retrouvant souvent éclopée pendant des mois. La raison ? Elle est toute simple : je me fais la courte échelle vers un septième ciel que j'invente de toutes pièces, et puis un jour, il faut se rendre à l'évidence, le septième ciel n'était qu'un leurre, et je tombe de mes nues, comme une imbécile, et cela fait 36 ans que durent ces oscillations entre vertigineuses ascensions et brutales dégringolades...).
15:34 | Lien permanent | Commentaires (8)
Chanson n°8 : "22 mai"
La pensée du jour : "Je chemine cahin-caha à travers le deuil". Roland BARTHES.
Oui, je sais, "22 mai", je vous ai "servi" cela pas mal de fois déjà ! Mais si je veux rester logique, je me dois de mettre ici cette chanson. Dans la foulée, je vous soumettrai peut-être un texte que j'avais écrit il y a assez longtemps, sur HFT bien sûr !
22 mai
22 mai 1968
Trois heures de l'après-midi
Le printemps qui refleurit
Fait transpirer le macadam
Sur l'autoroute de l'Ouest
Un séminariste à moto
J'ai bien dit à moto
Roule à toute allure vers un point non défini
Sur le porte-bagages
Le Saint-esprit qui jusque-là
Était resté bien sagement assis
Se coince soudain l'aile gauche
Dans les rayons de la roue arrière
Ah ! Ah ! Ah ! (3fois)
Le séminariste perd le contrôle de sa motocyclette
Et vient percuter de plein fouet
Un pylône garé en stationnement illicite
Sur le bas-côté de l'autoroute
A ce même moment un Chinois de Hambourg
Déguisé en touriste américain
Au volant d'un cabriolet de vingt-deux chevaux
Immatriculé en Espagne
Se dit qu'il lui faut porter secours à ce séminariste
Mais bientôt cette idée lui paraît ridicule
Étant donné :
Petit a) : qu'il ne roule pas sur la même autoroute
Petit b) : qu'il n'est pas au courant de cet accident
Et ce fut sans doute l'événement le plus important de ce mois de mai !
14:52 | Lien permanent | Commentaires (1)
02/07/2010
Chanson n°7 : "Première descente aux enfers par la face nord"
La pensée du jour : "La seule hygiène de vie qui vaille, c'est l'excès, l'extrême". Francis Scott Fitzgerald, cité par Gilles LEROY dans Alabama Song.
Cet après-midi, j'ai entendu la fin d'un passage d'HFT sur France Inter. A l'instant même, en fait. J'ai entendu la fin de "Lorelei Sebasto Cha", mais selon Sam, le morceau était précédé de quelques mots d'Hubert. A retrouver sur Internet, je suppose. Je vais m'y mettre tout de suite après avoir pondu cette note !
Les vacances commencent et je vais essayer d'alimenter régulièrement ce blog. Aujourd'hui, "première descente aux enfers par la face nord". Un titre fascinant, déjà. Et un texte très fort sur cette fichue liberté qui se laisse aller. Garde à vous !
1ère descente aux enfers par la face nord
je m'affale sur la scène
le père fouettard est mort
mais on apprend la haine
dans nos livres d'histoire
on devrait s'amuser à détraquer l'ennui
à tout mettre en danger
devant notre folie
liberté, liberté, liberté,
ben ouais quoi...
la victoire en chantant
nous ouvre la barrière
mon pied entre les dents
j'ai cherché ma civière
je réserve les cieux pour d'autres aventures
ce soir je sais que Dieu
est un fox à poil dur
liberté, liberté, liberté,
je descends aux enfers par l'entrée des novices
offrir à Lucifer mon âme en sacrifice
je boirai dans un crâne le sang du déshonneur
en piétinant les malles des marchands de bonheur
liberté, liberté, liberté
une souris verte qui courait dans l'herbe
on la prend par la queue
on la montre à ces messieurs
ces messieurs nous disent
garde à vous
15:29 | Lien permanent | Commentaires (5)
01/07/2010
Pêle-mêle et chanson n°6 : "L'ascenseur de 22h43" (II)
La pensée du jour : "Mais non : écrire c'est passer tout de suite aux choses sérieuses, l'enfer direct, le gril continu, avec parfois des joies sous les décharges de mille volts". Gilles LEROY.
Ce soir, je vais vous raconter quelque chose d'insolite. D'invraisemblable : ce matin, j'ai décidé de mettre mon tee-shirt "HFT scandale mélancolique tour" pour aller bosser. C'est une minuscule fantaisie que je m'octroie une fois par an, généralement fin juin ou début juillet, quand c'est un peu la fête au bahut, quand les cours ne sont plus dignes de porter ce nom, bref, quand tout part en sucette !!! Tout le monde se lâche, alors moi aussi ! J'avoue que porter mon tee-shirt HFT me procure des sentiments contradictoires : j'éprouve à la fois une certaine fierté (ben oui, quand même, Thiéfaine, ce n'est pas n'importe qui !!) et une légère, mais alors très légère honte. Le terme est fort. Je reprends : une légère gêne (ah, j'aime bien cette association de mots, une "légère gêne" !!). Parce que quand même, à 36 ans, en être encore à arborer une espèce d'appartenance à un groupe, afficher en public sa préférence à soi, cela me semble assez puéril. Mais je ne prétends pas avoir quitté l'enfance, je crois même que toute ma vie elle me collera aux basques parce que l'ennui me terrasse dès que je ne vis pas dans mes rêves. "Je ne vis pas ma vie, je la rêve", chante Jacques Higelin, et je crois que de toutes les jolies phrases et pépites que j'ai piochées chez ce grand artiste, celle-là est celle qui me parle le plus, tout simplement parce que moi non plus, je ne vis pas ma vie, je la rêve. Et c'est tant mieux, la réalité ne casse pas trois pattes à un canard, je préfère ma bulle, ma fragile bulle de savon qui m'explose régulièrement à la face...
Bref, j'en reviens à mon sujet (car oui, il y avait un sujet, à l'origine, au départ, au commencement !!) : ce matin, disais-je, j'ai donc mis mon tee-shirt du Scandale mélancolique tour. Lorsque j'enfile ce tee-shirt, je sais d'avance que la journée aura une couleur particulière. Que certainement, je vais me faire aborder dans la rue par quelqu'un qui va se sentir concerné, me dire que lui aussi, il écoute HFT depuis longtemps, qu'il est tombé dedans tout jeune et qu'il n'en est pas sorti (comment en sortir, d'ailleurs ?). Bref, ce tee-shirt, c'est ma petite fête personnelle !! Et, aujourd'hui, il m'est arrivé un truc insolite, à savoir : il ne m'est rien arrivé ! Personne ne m'a accostée dans la rue, personne ne m'a dit : "Oh, madame, en voilà un beau tee-shirt, en voilà un gigantesque artiste" !! Bernique. Le calme plat. Quand je vous disais que je vivais une période pourrie !! Si mon tee-shirt HFT ne déclenche plus les passions, c'est la fin des haricots. Mais je ne vais pas me laisser tomber si vite de mon "socle de rêve" : je vais laver ce tee-shirt et le remettre très bientôt. Et même : je le mettrai pour aller me balader en ville pendant des plombes. Et on va voir si cela ne suscite pas des réactions, non mais !!
En attendant ce beau jour, je vais m'offrir (et vous offrir) la deuxième partie de "L'ascenseur de 22h43"...
tout corps vivant branché sur le secteur
étant appelé à s'émouvoir
j'arriverai par l'ascenseur de 22h43
et je viendrai relever le compteur de ton ennui
il te faudra sans doute changer de tête
et puis brancher ton cerveau sur ton coeur
rien ne sera plus jamais comme avant
rien ne sera plus jamais comme avant
attention, attention
le surveillant général vient de sortir de son laboratoire
et en refermant sa braguette il a dit aux oiseaux
qui piaillaient dans la cour de récréation
hé, vous là-bas
si ça continue faudra que ça cesse (bis)
attention, attention
désormais vous êtes invités à laisser l'Etat dans les WC
où vous l'avez trouvé en entrant
et puis surtout
n'oubliez pas de me faire envoyer la liste
des erreurs constatées au F 756 du 72 03 10 (4 fois)
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