30/08/2008
"Plus de mur à Berlin"...
La pensée du jour : "Combien de fois m'est-il arrivé de ne distinguer le présent qu'à travers la lunette du 'jamais plus'" ? Pierre PEJU.
De retour. Après quinze jours de vacances magnifiques... Joie de revoir ma Bretagne tant aimée, son ciel capricieux qui passe, au cours d'une même journée, de la colère grise à la sérénité turquoise, joie de replonger dans l'eau ô combien vivifiante de la Manche ! Et joie aussi de pouvoir aller rendre visite à Evadné et à sa petite famille fort sympathique.
L'ennui, quand on part en vacances, c'est qu'il n'est pas possible d'embarquer avec soi tous les albums de Thiéfaine ! Il faut faire un choix, sachant que celui-ci dépend toujours d'une humeur précise chopée à un moment précis (en l'occurence celui des préparatifs). Humeur dont on sera peut-être à des kilomètres une fois arrivé sur son lieu de vacances. Et de se dire : « Mais pourquoi n'ai-je pas pris aussi tel autre album ? ». Il est vrai aussi que je me suis constitué, il y a un bon moment déjà, ma "trousse de secours", à savoir une compilation toute personnelle qui tient en trois CD et qui trône dans la boîte à gants de ma voiture, au cas où... Là aussi, il a fallu faire des choix et il m'arrive souvent, en écoutant ces trois CD, de déplorer l'absence de tel ou tel titre ! En résumé : il faudrait se trimbaler en permanence avec tout Thiéfaine à portée de main !!! Ce n'est pas exactement ce que nous avons fait pendant ces vacances, ayant tout de même aussi deux enfants à caser dans la voiture, et des bagages, des bagages à n'en plus finir. Nous n'avions pris que « Chroniques bluesymentales » et « Amicalement blues » (ah tiens, je note après-coup : deux fois le mot « blues » !) Et c'est en écoutant « Chroniques bluesymentales » que je me suis dit que quand même, vu mon intérêt pour l'histoire allemande récente et tout ce qui a trait à la partition du pays, je me devais, dès mon retour, de réparer un oubli...
Car « plus de mur à Berlin pour justifier ma honte »... Comment se fait-il que je n'aie jamais consacré une seule note à ce (tristement célèbre) mur de Berlin ? Allons-y !
Le mur de Berlin (die Berliner Mauer), également appelé le « mur de la honte », a été érigé en plein Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961. Notons que le président du Conseil d'Etat de RDA de l'époque, Walter Ulbricht, déclarait encore le 15 juin 1961 : « Niemand hat die Absicht, eine Mauer zu errichten » (« personne n'a l'intention de construire un mur »)... Avec le mur de Berlin, la RDA tente de mettre fin à l'exode croissant de ses habitants vers la RFA. Côté est, on appelait ce mur « le rempart antifasciste ». Si ! Le Mur, séparant physiquement la ville en Berlin-Est et Berlin-Ouest, est pendant près de trente ans le symbole de la guerre froide et de la partition de l'Allemagne à l'issue de la Seconde Guerre mondiale. Plus qu'un simple mur, il s'agit d'un dispositif défensif comportant deux murs avec chemin de ronde, miradors et alarmes. Plusieurs centaines de ressortissants de RDA ont perdu la vie en essayant de le franchir.
L'affaiblissement de l'Union soviétique, la politique de libéralisation conduite par Gorbatchev et la détermination des Allemands de l'Est qui ont organisé de grandes manifestations permettent, le 9 novembre 1989, d'abattre le mur de la honte...
« Chroniques bluesymentales » sort en 1990, si je ne m'abuse (j'ai soudain un doute : 1990 ou 1991 ?). Donc, oui, effectivement, « plus de mur à Berlin »... Cela fera bientôt vingt ans que ce mur est tombé. Je revois encore très bien les scènes de liesse filmées à Berlin en novembre 1989. A l'époque, je ne me doutais pas que je deviendrais prof d'allemand. Ni que je rencontrerais, quelques années après la chute du Mur, des gens qui me diraient, des larmes plein les yeux : « Oui, ce jour-là, j'étais à Berlin, j'ai moi-même donné des coups de marteau dans le mur »... Je ne me doutais pas non plus que j'allais bientôt découvrir un certain Hubert-Félix Thiéfaine et m'amuser à traquer, dans toutes ses chansons, les allusions à l'Allemagne, à sa littérature, à son histoire...
00:48 | Lien permanent | Commentaires (10)
11/08/2008
"Baudelaire est mort hier"...
La pensée du jour : « J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans ». Charles BAUDELAIRE
Et Charles Baudelaire encore, pour ce poème qui me fascine et m'effraie à la fois :
L'HORLOGE
Horloge ! Dieu sinistre, effrayant, impassible,
Dont le doigt nous menace et nous dit : « Souviens-toi !
Les vibrantes Douleurs dans ton coeur plein d'effroi
Se planteront bientôt comme dans une cible;
Le Plaisir vaporeux fuira vers l'horizon
Ainsi qu'une sylphide au fond de la coulisse;
Chaque instant te dévore un morceau du délice
A chaque homme accordé pour toute sa saison.
Trois mille six cents fois par heure, la Seconde
Chuchote : Souviens-toi ! - Rapide, avec sa voix
D'insecte, Maintenant dit : Je suis Autrefois,
Et j'ai pompé ta vie avec ma trompe immonde !
Remember ! Souviens-toi ! Prodigue ! Esto memor !
(Mon gosier de métal parle toutes les langues.)
Les minutes, mortel folâtre, sont des gangues
Qu'il ne faut pas lâcher sans en extraire l'or !
Souviens-toi que le Temps est un joueur avide
Qui gagne sans tricher, à tout coup ! C'est la loi.
Le jour décroît; la nuit augmente; souviens-toi !
Le gouffre a toujours soif; la clepsydre se vide.
Tantôt sonnera l'heure où le divin Hasard,
Où l'auguste vertu, ton épouse encor vierge,
Où le Repentir même (oh ! La dernière auberge !),
Où tout te dira : Meurs, vieux lâche, il est trop tard ! »
10:08 | Lien permanent | Commentaires (3)
08/08/2008
Spécial ado SMS blues
Né d'un spectre érubescent*
dans un désert opiacé
j'bois du jus de charbon ardent
je fume des fleurs de sorciers
oh ! C'est tellement bon !
surtout t'inquiète pas maman
t'inquiète demain je rentre à la maison
je partouze au Golgotha
et je débloque chez les angels
je lis l'évangile d'Attila
je prends des bains d'eau de javel
oh ! Ça tourne rond !
mais surtout t'inquiète pas m'man
t'inquiète demain je rentre à la maison
au nom de mon nom
je suis seul dans ma peur en solo
je vois mes démons
et je kiffe quand je sniffe
mes odeurs d'inferno
le temps perd ses tristes ratures
la terre prend de la distance
je me sens comme une bavure
d'un dieu crevant de son silence
oh ! Ça devient long
mais surtout t'inquiète pas m'man
t'inquiète on a les mêmes à la maison
au nom de mon nom
je suis seul dans ma peur en solo
je vois mes démons
et je kiffe quand je sniffe
au nom de mon nom
je suis seul dans ma peur en solo
je vois mes démons
et je kiffe quand je sniffe
mes odeurs d'inferno
*érubescent : (litt.) qui rougit, devient rouge.
**Golgotha : nom araméen du Calvaire, où Jésus fut crucifié.
Il y a aussi ... "Spécial Sarko SMS blues" :
Non, pardon, je reviens à mes moutons ! J'étais très étonnée d'entendre cette chanson au début du concert de l'Olympia. Etonnée, mais pas désagréablement non plus, s'entend ! Je m'attendais plus à ce que les deux compères optent pour "Avenue de l'amour", je trouvais que cela aurait fait une belle introduction, mais peut-être un peu trop prévisible, justement !
Sinon, j'ai une pensée (envieuse !) pour tous les petits veinards qui seront à Crozon demain soir ! Si vous passez par le cabaret un de ces jours, n'hésitez pas à nous y raconter ce concert. Sinon, de toute façon, on ira voir chez l'animal bluesymental ou ailleurs. On trouvera !
22:08 | Lien permanent | Commentaires (2)
02/08/2008
Aimez-vous Jacques...
La pensée du jour : "C'est formidable, le monde qu'un individu peut transporter dans lui ! Il peut être à lui tout seul comme une grande foule en marche". Jacques HIGELIN
Si, comme moi, vous aimez Jacques Higelin, ne manquez pas, cet après-midi, entre 16h05 et 17h, l'excellente émission de Dominick Martinot-Lagarde, consacrée entièrement à l'artiste (sur France Inter, bien sûr !). Il y a déjà eu plusieurs volets, et cela va continuer ainsi jusqu'à la fin de ce mois. A vos postes !
Et, pour le plaisir, "Tête en l'air", de ... Jacques Higelin :
Sur la terre des damnés
Solitaire
Etranger
Aux vérités premières
Enoncées par des cons
J'avais touché le fond
De la misère
Et je crie et je pleure et je ris
Au pied d'une fleur des champs
Egaré, insouciant
Dans l'âme du printemps
Coeur battant, coeur serré
Par la colère
Par l'éphémère
Beauté de la vie
Sur la terre
Face aux dieux
Tête en l'air
Amoureux
D'une émotion légère
Comme un soleil radieux
Dans le ciel
De ma fenêtre ouverte
Et je danse
Et je lance un appel
Aux archanges de l'amour
Quelle chance un vautour
D'un coup d'aile d'un coup de bec
Me rend aveugle et sourd
A la détresse
A l'éphémère
Tristesse de la vie
Sur la terre
Face au ciel
Tête en l'air
Amoureux
Y'a des allumettes
Au fond de tes yeux
Des pianos à queue
Dans la boîte aux lettres
Des pots de yaourt
Dans la vinaigrette
Et des oubliettes au fond de la cour
Comme un vol d'hirondelles
Echappé de la poubelle des cieux...
13:28 | Lien permanent | Commentaires (2)