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24/05/2014

Alexis HK à la médiathèque de Créhange !!!!!!

La pensée du jour : "Gloire à qui n'ayant pas d'idéal sacro-saint

Se borne à ne pas trop emmerder ses voisins !" Georges BRASSENS

 

 

Oui, je mets plusieurs points d'exclamadmiration après le titre car la soirée d'hier les mérite bien ! Alexis HK à la médiathèque de Créhange pour une rencontre musicale, quel programme alléchant, et qui a tenu ses promesses, en plus ! Pas une seule fausse note. Rien que de la joie, même si les chansons flirtent parfois avec une certaine mélancolie (moi ça me fait même pas peur !!).

Avant de parler de cette soirée, j'aimerais évoquer ma « claque » Alexis HK. Il y a encore deux ans de cela, je connaissais la « sombre histoire » des Ronchonchon, grâce à une de mes filles, rien de plus. Et un jour, j'eus LA révélation en écoutant « Le pont des artistes ». Alexis HK était là pour parler de son album « Le dernier présent ». J'ai tout de suite craqué pour « Fils de » et les autres chansons interprétées par l'artiste ce soir-là. Deux jours plus tard, l'album était en ma possession ! Par la suite, j'ai acheté « Les Affranchis » aussi. Et je pense que très vite je me paierai toute la discographie du bonhomme.

La médiathèque de Créhange, donc. Il faut imaginer une petite ville mosellane d'environ 4 000 habitants, des habitants qui ont une sacrée chance, punaise, car leur commune est dotée d'une bien belle médiathèque. Active, surtout. Quand même, accueillir Alexis HK pour une rencontre musicale gratuite, ce n'est pas donné à tout le monde ! Alexis a d'ailleurs expliqué durant la soirée que l'idée de gratuité lui tenait à cœur et qu'il savait bien que certaines personnes ne pouvaient pas se payer des concerts.

Une heure durant, nous avons navigué dans le répertoire très riche de l'artiste, qui aime à plaisanter entre deux morceaux. Nous expliquant d'un air espiègle que ses thèmes de prédilection ne sont pas ceux du commun des chanteurs, il nous a invités plusieurs fois à saluer ses prises de risques, son audace, voire son suicide artistique, je cite ! Il est vrai qu'évoquer la mort et la fin du monde nous sort des trucs inconsistants dont on nous rebat les oreilles à longueur de temps. Les lieux communs et la facilité, très peu pour Alexis HK. Lui, ce qu'il aime, c'est servir au public des sujets du genre « métaphysique et trépas » (cela me rappelle vaguement quelqu'un...), les figures libres plutôt que les figures imposées par les lois du marketing... Il se veut funambule au-dessus d'un volcan plutôt que pépère dans ses charentaises. Il dit de Brassens que c'est « le patron », il admire l'œuvre et le personnage, il préparer quelque chose autour de l'ami Georges et de son irrévérence. De quoi réjouir d'avance nos écoutilles !

Après ce petit concert, Alexis HK a invité le public à lui poser des questions. Silence d'abord dans l'assemblée. Et puis une question est arrivée, puis deux, puis trois. La célébrité ne l'intéresse pas, il espère juste un peu de reconnaissance. Etre invité chez Drucker lui donne tout simplement envie de mourir. Il sait très bien que s'il passait demain sur les très grandes ondes, il devrait se renier un peu, traîner ses guêtres dans les sentiers battus qui ne lui disent rien qui vaille. Un petit côté Thiéfaine ? Il avoue admirer la carrière de notre artiste préféré, il l'a beaucoup écouté quand il était ado. Lui qui, à quatre ans, écoutait avec ravissement « Orly » de Brel, a dû retrouver, j'imagine, un peu de son âme dans la noirceur de certaines chansons de Cousin Hub, qui n'est pas le dernier quand il s'agit de chanter que « la vie ne fait pas de cadeaux » !!

Bref... Ce fut une belle rencontre. De celles qui laissent dans le cœur une étincelle que l'on pourra trimbaler avec soi sur le chemin. De celles qui vous font dire que cette chienne de vie vaut quand même bien un petit détour, que l'on veut bien endurer mille et un tourments pour un seul de ces instants de grâce. Merci l'ami !

21/05/2014

"Mais le jour s'lève pas toujours au milieu des dentelles"...

La pensée du jour : "Ah ! que la vie est dérisoire, vue de chez nous, vue des hommes, c'en est fou, c'en est déchirant..." René FALLET

 

« sur mon styx

une étoile fixe

illumine ma fréquence

et dans l'axe

où elle me faxe

excess est sa fragrance

comme une guêpe sur une fleur à peine éclose

mes lèvres sur sa déchirure explosent

son bouton de rose

 

dans sa soie

j'm'essuie les doigts

je bois dans son cristal

et son vin

coule au parfum

de ses vasques orientales

comme une guêpe sur une fleur à peine éclose

mes lèvres sur sa déchirure explosent

son bouton de rose

 

et je voyage en classe clandestine

dans la sève des bouquets d'églantines

dans le satin d'essences assassines

je m'incline

elle est clean

si fine

féline

féminine ... / ... féminine

 

mais le jour s'lève pas toujours

au milieu des dentelles

et parfois

je sens le froid

quand je suis trop loin d'elle

comme une guêpe sur une fleur à peine éclose

mes lèvres sur sa déchirure explosent

son bouton de rose ... / ... »

 

 

 

C'est la chanson qui me trotte dans la tête depuis ce matin. Je l'aime beaucoup. On y trouve, on y retrouve la façon dont Thiéfaine appréhende le féminin. Avec ses images végétales, cette chanson annonce déjà « Les jardins sauvages ». D'ailleurs, ici, le monde animal et le monde végétal (la guêpe et la fleur) communient, signant leur appartenance à un même grand ensemble, l'univers qui les contient. Comme souvent, la femme apparaît ici comme un point d'ancrage rassurant. « Sur mon styx une étoile fixe illumine ma fréquence ». Cela rappelle étrangement d'autres envolées : « A chercher le Pérou sur ma radio inca j'ai trouvé la fréquence que je n'attendais pas ». La zone du féminin est chaude, c'est l'ultime refuge, le nid douillet où vient s'échouer le désespoir. C'est la douceur, voire la fragilité (que l'on trouve dans les images du cristal, de la fleur à peine éclose, ou encore de la déchirure). Impossible pour moi de ne pas faire un parallèle avec la chanson de Ferré, « Cette blessure » :

 

« Cette blessure

Où va ma lèvre à l'aube de l'amour

Où bat ta fièvre un peu comme un tambour

D'où part ta vigne en y pressant des doigts

D'où vient le cri le même chaque fois

Cette blessure d'où tu viens

 

Cette blessure

Qui se referme à l'orée de l'ennui

Comme une cicatrice de la nuit

Et qui n'en finit pas de se rouvrir

Sous des larmes qu'affile le désir ».

 

Déchirure pour Thiéfaine, blessure pour Ferré, le registre reste le même...

 

J'aime aussi la mélancolie qui se dégage du dernier couplet :

« Mais le jour

s'lève pas toujours

au milieu des dentelles

et parfois

je sens le froid

quand je suis trop loin d'elle ».

 

Non, le jour ne se lève pas toujours au milieu des dentelles. Il n'est pas rare que l'on se prenne en pleine face la brutalité du soleil levant... Coups de poing dans la tronche après la torpeur bienfaisante du sommeil (quand on a la chance de s'y être enfoncé et qu'on n'a pas grillé 113 cigarettes sans dormir). Le jour qui se lève, c'est plutôt « Caterpillar dans la lingerie fine », comme dirait Souchon. Peu ou pas de place pour les dentelles, les froufrous, les douces fragrances et la poésie. D'où la nécessité absolue, l'urgence totale de s'enivrer des mots d'HFT...

19/05/2014

La longue dame brune

La pensée du jour : "Je suis si lourde

du temps que je porte". BARBARA

 

 Elle n'avait pas sa pareille pour dire la pâleur des amours en déclin, les baisses de température dans les sentiments, les virevoltes du cœur, la mélancolie de l'automne (elle avait même créé le verbe « automner »), les trains qui partent (« au revoir, nous étions bien ensemble »), l'absence qui crie. Et tant encore. Le pardon malgré les horreurs subies. La douceur des rues de Vienne. Les « enfants blonds de Göttingen ». Elle, je veux dire : Barbara. Barbara dont les chansons ont bercé mon enfance, puis mon adolescence, et enfin ma vie d'adulte. Barbara, cette femme qui chantait, qui se définissait tout entière dans ce seul verbe : chanter. Qui n'avait pas eu peur de renoncer à une vie de famille bien ordonnée pour pouvoir chanter encore et toujours. La vie d'artiste avant tout, et tant pis pour le reste ! Un homme à demeure ? Trop encombrant ! Une entrave à sa liberté de femme qui chantait et sillonnait les routes pour aller retrouver régulièrement sa plus belle histoire d'amour : le public. Un enfant ? Même topo ! Plus tard, dans ses mémoires, elle écrira : « Dans ma vie de femme j'ai échoué. Dans ma vie de mère j'ai échoué. J'ai longtemps senti dans mon ventre un vide glacé, j'ai longtemps jalousé les femmes enceintes et détesté les nouveau-nés. J'ai souvent marché la main posée sur mon ventre. Aujourd'hui, je pense que c'était sans doute le prix à payer et que ma vie a été malgré tout belle et intense ».

Barbara, c'est comme Thiéfaine, je l'ai tellement écoutée que je peux passer de longs mois sans faire entrer sa voix chez moi, ce n'est pas une absence, c'est juste la mer qui se retire mais n'est jamais bien loin. Je la porte à l'intérieur de moi, ses mots m'habitent, ses mélodies me sont une maison.

Hier, en écoutant Marie-Hélène Fery chanter et évoquer Barbara dans son spectacle musical « De l'Ecluse au Châtelet », j'ai senti à quel point le répertoire de la longue dame brune faisait partie de moi. Quelques mots, quelques notes, et j'étais repartie au « temps béni de mon enfance », j'aimais et je souffrais avec Barbara. Marie-Hélène Fery a le mérite de mettre sa touche et sa sensibilité personnelles dans l'univers qu'elle revisite. Elle raconte les débuts de Barbara à l'Ecluse, sort des tiroirs des chansons audacieuses comme « Joyeux Noël », et c'est un peu comme si Barbara, du fond de son exil, nous faisait un petit clin d'œil espiègle... On réécoute avec émotion (moi, en tout cas) la merveilleuse aventure que fut le voyage à Göttingen, et l'on se dit que Barbara était tout simplement admirable dans ses pardons et dans ses choix.

Merci, Marie-Hélène, pour cet hommage vibrant. En sortant du spectacle hier, je me suis dit que la mer s'était retirée trop longtemps et qu'il était temps de me refaire une petite cure de Barbara ! J'ai commencé ce matin !