27/03/2015
Helter-skelter
La pensée du jour : "L'épreuve, parce qu'elle nous met à terre, nous oblige à tourner notre regard vers le haut". Hélène GESTERN
Merci à Arnaud et à Vaxenlair pour les liens mis en commentaire sous la note "J'écoute le souffle de l'instant et l'accélération du temps" ! Je viens d'écouter le première partie des Nocturnes. Je me rattrape un peu car, depuis le début de la promotion du dernier album d'HFT, je ne suis guère assidue ! La bande originale, je n'avais pas écouté non plus ! Je vais réparer cet oubli, promis !
Helter-skelter, donc. C'est bien ce morceau qui a inspiré la chanson Toboggan à Thiéfaine. Dans Les Nocturnes, il explique qu'avec la chanson Helter-skelter, les Beatles ont voulu faire plus fort que les Who. Le guitariste de ce groupe, Pete Townshend, aurait déclaré un jour que c'était les Who qui produisaient le son le plus fort. Helter-skelter serait la petite vengeance des Beatles !
Ce n'est que récemment que Thiéfaine a appris la signification de cet étrange mot composé, "helter-skelter" (="toboggan"). Ne sachant pas non plus ce que signifiait le texte de la chanson des Beatles, il s'est dit qu'il allait écrire son Toboggan à lui. Conclusion : "J'ai regardé le texte de Paul McCartney et j'avoue que j'aime bien le mien"!
Et vous, que pensez-vous de ce Toboggan ?
Je mettrai bientôt le texte de Helter-skelter ici.
11:40 | Lien permanent | Commentaires (5)
20/03/2015
"Ravages esthétiques"...
La pensée du jour : "Ich denk an ihre Augen,
die nicht vergehen
Und was sie jetzt wohl seh'n
Oder wen". Max PROSA
Régulièrement, je me prends des claques poétiques ! Je sais, dès la première écoute de telle ou telle chanson, qu’elle va désormais faire partie de mon paysage quotidien, lui donner un autre relief. Thiéfaine fut celui qui m’administra la première grande bourrade, ou même bourrasque, le premier « ravage esthétique », ai-je envie de dire, pour reprendre l’expression utilisée par David Foenkinos quand il évoque ce que fut pour lui la rencontre avec l’œuvre de Charlotte Salomon.
Dans ma vie, il y a eu comme ça bien d’autres artistes, mais toujours, est-il nécessaire de le préciser, Thiéfaine reste le grand, l’immense, le magistral ! Celui avec qui il fait bon nager en eau trouble, mourir à 4h10 par un matin d’été, pour renaître d’une fièvre résurrectionnelle inespérée…
Bien sûr, d’autres flacons m’apportent l’ivresse, et heureusement ! Mais je constate jour après jour que seule la poésie de Thiéfaine semble me correspondre pleinement. Feu d’artifice au-dessus de l’abîme, incandescence ravageuse !
Mais quand même : au répertoire des découvertes sublimes, il y a eu pour moi Max Prosa. C’est un jeune Allemand, tout frêle, habité par les mots qu’il chante. Je l’ai vu une fois sur scène, et je suis restée bouche bée devant cette singulière apparition. Max Prosa vient d’une autre planète, il touche des sphères que nous ne pouvons que contempler de loin. Ses mots sont d’une incroyable beauté, et je déplore (une fois de plus !) que tant de gens disent des vacheries au sujet de l’allemand, langue éminemment inventive, qui sait claquer comme un fouet parfois, peut-être, mais qui sait avant tout englober la poésie du monde. Oui ! Et je le disais encore tout à l’heure à mes élèves, que mon envolée lyrique a laissés un brin interdits !!
Max Prosa dit les univers que nous n’atteindrons jamais, qui se dérobent au commun des mortels, il pleure l’amour qui se meurt dans un sanglot, il chante la brûlure qui étreint deux papillons lorsqu’ils tournoient autour de la lumière en une danse hardie qui leur sera sans doute fatale (Zwei Falter est à mes yeux le texte le plus poétique de Prosa), le soleil qui resurgit après la tempête («Als der Sturm vorbei war, hab ich die Sonne wieder geseh’n »). C’est la vie (oui, le titre est en français) parle d’une déchirure, et l’on peut tout imaginer : il est possible qu’ici, le chanteur évoque la fin d’un amour, mais peut-être aussi la mort d’un proche. C’est une chanson qui me chamboule complètement…
Bref, si le cœur vous en dit, oubliez ce soir tous les poncifs qui courent sur la langue allemande (rugueuse, moche, militaire, j‘en passe, et des pires), mettez-vous un petit Max Prosa, fermez les mirettes pour mieux siroter ce miel, et donnez-m’en des nouvelles !
18:18 | Lien permanent | Commentaires (0)
15/03/2015
"J'écoute le souffle de l'instant et l'accélération du temps"
La pensée du jour : "Voilà la chose la plus difficile : apprendre à vivre avec ses disparus. Les ranger dans une boîte afin qu'ils deviennent des souvenirs. Les tenir à distance pour qu'ils cessent de nous heurter". Philippe BESSON.
Ma plume se fait rare depuis quelque temps. Ici, en tout cas. Car, ailleurs, j’ai noirci dernièrement des pages et des pages ! J’ai même enfin écrit quelque chose de plus conséquent que ces notes éparses livrées sur ce blog ou un autre (http://dadla.hautefort.com/) : un roman sur un sujet qui m’obsède depuis plus de vingt ans, à savoir la RDA et son système hautement répressif pour qui ne marchait pas dans les clous… Bref, tout cela pour vous dire que j’ai été occupée ailleurs, souvent. J’ai même zappé quelques émissions dans lesquelles HFT est apparu récemment. Moi pour qui ce genre d’omission était impensable il y a quelques années encore… J’ai vieilli, peut-être ! Mais la passion ne s’est pas émoussée, et je réserve toute mon attention aux chansons de Thiéfaine, écoutées inlassablement au fil des jours. Le dernier album, Stratégie de l’inespoir, a tourné en boucle dans ma voiture au cours des derniers mois. Et je l’aime toujours autant, voire plus qu’à sa sortie. J’ai même fini par apprivoiser quelques morceaux qui me semblaient au départ un peu rebutants, comme Mytilène Island. Je ne dis pas que cette chanson me plaît follement à présent, mais disons que je ne la passe plus systématiquement ! Ayant appris ici ou là qu’elle faisait partie des chansons préférées de tel ou tel thiéfainaute, j’ai cherché à creuser. On peut effectivement voir de l’audace dans le thème, on peut peut-être imaginer, en l’écoutant, un tableau du style Gabrielle d’Estrées et une de ses sœurs (cf. une conversation que j’ai eue avec 655321). Pourquoi pas ? Tout est possible, et il en faut pour tous les goûts !
Pour ma part, je suis toujours subjuguée par En remontant le fleuve. Entrée en matière éminemment thiéfainienne, aux accents délicieusement rimbaldiens, comme l’a déjà souligné Foxy (http://foxysback.hautefort.com/). Cette remontée jusqu’au « berceau final » m’enchante, et ce depuis le début ! Un des textes les plus percutants de Thiéfaine selon moi, à ranger du côté des morceaux d’anthologie du style Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable, ou encore Annihilation. Au fil du temps, des liens entre certaines chansons se sont imposés à moi comme des évidences. C’est ainsi que je vois une passerelle entre Résilience zéro et Toboggan. Immobilité du temps de l‘enfance, accélération de ce même temps à l‘heure où la vie se penche vers son automne. Et c’est bien là, je crois, une expérience commune à tous, cette impression que le temps ne s’écoule pas de la même façon aux différents âges de la vie. Je me revois encore, adolescente, maudire le dimanche soir qui annonçait les « heures de la désolation » à venir, s’empilant mollement les unes sur les autres. Impression, avec le lundi qui arrivait, de retourner au bagne à perpétuité ! La nécessité de m’enivrer des Alcools d’Appolinaire, un frangin qui se demandait lui aussi quand donc finirait la semaine ! Et soudain, la trentaine s’est pointée, sans s’annoncer, puis la quarantaine, et me voilà comme déclassée. Et ce temps qui défile et me file entre les pattes, et mon impuissance à le retenir, et la sensation d’aller moi aussi vers le grand toboggan, vers l’ultime chute dont je ne me relèverai pas… La hantise, presque la certitude, de trouver le néant en bout de course, et non ce Dieu en qui je croyais dur comme fer quand j’étais môme. « Je te salue Seigneur, du fond de l’inutile. »
Bref, voilà un album qui m’accompagne quasi quotidiennement, et que j’ai hâte de découvrir sur scène !
Autre chose : j’aimerais bientôt écrire un petit billet sur la chanson Helter Skelter des Beatles, citée par Thiéfaine comme étant celle qui lui aurait inspiré Toboggan. Quelqu’un pourrait-il me dire dans quelle émission HFT a évoqué ce parallèle ? Merci !
10:53 | Lien permanent | Commentaires (10)