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21/08/2017

Une météorite ou un truc dans le genre...

"De nos actes les plus considérables nous sommes ignorants

Sans le savoir vous m'avez sauvé la vie". Emily DICKINSON

 

Dans quelques semaines, je pourrai me glorifier de vivre depuis 25 ans (oui, 25 ans !!) dans un drôle d'état, quasi permanent de surcroît, et que seul un mot me semble pouvoir définir correctement : la « thiéfainomanie » !!! Cette étrange folie « m'a toujours sauvée et m'a empêchée d'être folle », pourrais-je écrire en paraphrasant en toute conscience Hubert-Félix Thiéfaine ! Cela me tomba dessus par une nuit de septembre, dans la carcasse bleue, déglinguée, fatiguée, d'une R18 ! Le genre de chignole qui ne circule plus depuis bien longtemps, à part peut-être en quelque coin reculé de la Bretagne profonde, qui sait ?! Bref... Le monde bouge, et le temps s'en va, madame, et nous aussi, par petits bouts, jour après jour (je pense à ce qu'écrit Bohringer dans Quinze rounds : « La vieillesse me fait du mal. Elle me prend chaque jour un tout petit truc, presque pas visible, et ne me le rend pas au réveil »). Mais il est des attachements qui ne larguent jamais les amarres. Qui nous amarrent plutôt en cette vie. Sans lesquels on ne serait pas le même. Sans lesquels on aurait peut-être sombré par un « sunday où l'on aurait trop souffert », comme aurait dit Gainsbourg. Qu'a-t-on dans la caboche à 19 ans, qu'on n'est pas plus sérieux que quand on en avait 17, et qu'un certain Hubert-Félix Thiéfaine vient nous tirer par la manche ? Des rêves en pagaille, bien sûr, une révolte coincée dans les entrailles, une envie, peut-être, d'en découdre avec un monde trop vieux, trop usé, trop lourdingue. Pour sûr, on fera mieux que nos parents, croit-on ! Une part de nous abrite aussi, me semble-t-il, l'espoir de rencontrer, faute de savoir trouver les mots pour se dire, quelqu'un qui le fera à notre place. Qui signera nos défaites de sa plus belle plume, et puis nos cris, nos douleurs et nos joies. Qui, mieux que nous, fera surgir de nos tripes ce qui cherchait à se dire sans jamais y parvenir. C'est ce qui m'arriva en cette nuit de septembre 1992, et je m'en souviens comme d'une entrée en collision avec un univers ! La chute d'une météorite à proximité de ma maison n'eût pas déclenché plus violent cataclysme ! Soudain, je était un autre, un autre était je, ou presque ! Oui, je sais, c'est un peu prétentiard, mais j'en connais un qui dirait que c'est la règle du boulot, n'est-ce pas ?!

Premier concert en 1995. Le début d'une longue série. Il me semble, si mes comptes sont justes, que j'ai vu Thiéfaine 43 fois sur scène ! Ce n'est plus de l'amour, c'est de la rage, me disent parfois certains amis. De la rage ? Ils ne croient pas si bien dire ! D'aucuns me prédirent, avec une conviction solennelle dans la voix, que le jour où j'aurais des enfants, monsieur Hubert-Félix Thiéfaine passerait un peu à la trappe. Ils ne croyaient pas si mal dire, eux, pour le coup ! Que nenni ! J'ai toujours réussi à bricoler au dernier moment des baby-sittings de fortune, traînant parfois mes deux gamines jusqu'à Paris, les larguant ici ou là (toujours en de bonnes mains quand même !!), et m'engouffrant le cœur battant dans le métro qui m'emporterait vers mon extase !

Que reste-t-il de la jeune fille de la R18 et de ses rêves ? De temps à autre, parce que la vie n'avait rien de mieux à faire, elle leur a balancé un rouleau compresseur sur la bobine, et vlan, un rêve de moins, une illusion amochée, un truc en moins au réveil !! Mais il est une chose qui, comme disait ma mère, ne passera qu'avec la bonne femme, c'est cette thiéfainomanie que le temps n'a pas su cabosser, malgré les rudes épreuves dont il a le secret. Les mois qui viennent de s'écouler ont été particulièrement difficiles, et j'ai loupé Thiéfaine à le Poudrière de Belfort, aux Eurockéennes et ailleurs. Mais, au plus profond de moi-même, les rendez-vous furent légion avec une œuvre dont la richesse foisonnante ne s'est jamais démentie à mes yeux. Même, au contraire, elle m'apparaît au fil des années comme un insondable puits sans fond, et j'aime à me plonger en ses abîmes, en revenir de guingois, groggy, chamboulée, toute chose !

Ce Cabaret a connu de longues plages de silence, mais des idées de billets me reviennent enfin, il est temps de sonner la fête, je vous attends !

Si l'un de vous a envie de nous raconter un festival d'été, un concert à Belfort ou en Suisse, ou n'importe quoi d'autre (en rapport tout de même avec le sujet qui nous préoccupe, à savoir HFT, s'entend !!) : les commentaires sont ouverts !