15/03/2019
Bercy 2018 : souvenirs, souvenirs...
"Merci d'être venus ce soir... si nombreux. Dans ce monde de désolation ça fait chaud au cœur. Et voici d'ailleurs une chanson pour nous remonter le moral"... Hubert-Félix THIEFAINE
Je viens de faire entrer tout Bercy dans mon salon. Oui, Bercy, parce que je ne me résous guère à dire AccorHôtels Machin Chose. On fait quand même mieux comme nom de salle de spectacles. Bref...
Au début, sur le DVD, il y a cet homme qui vient vers nous, nous qui l'attendons dans la fièvre d'un samedi soir de novembre. Au dehors, avant le concert, on a croisé des cinglés comme nous, des complètement barges qui sont habités par l'œuvre de Thiéfaine, de la même manière que nous, et on n'en est pas revenus d'être si différents et pourtant si frères. De s'être reconnus sans se connaître. Ils sont, comme nous, des êtres en qui trois lettres allument un vertige : prononcez H, puis F, puis T, envoyez-leur ça dans le plexus, et les voilà saisis d'une extase. On ne sait pas bien pourquoi. C'est un truc qui les a pris comme ça, par surprise, il y a cinq, dix, quinze ou vingt ans, ou plus. Ils sont tombés dans la marmite. C'est comme une maladie qui ne s'éteindra qu'avec eux. Soudain, une chanson a fait éclore un univers entier dans leur tête et beaucoup de choses, subitement, n'ont plus compté. Je me revois, à même pas vingt ans, empoignée par une œuvre dont je ne pouvais pas mesurer toute la portée (encore aujourd'hui, elle me dépasse, même si je m'en sens profondément intime), et dont j'ignorais qu'elle ferait si longue route à mes côtés...
Il y a cet homme, donc, sa silhouette et son ombre. Avant d'arriver à nous, il traverse des espaces inconnus de nous, et c'est comme une métaphore de l'amour. Nous sommes là, prêts à accueillir le don qu'il va nous faire. Dans la salle, palpitent je ne sais combien de cœurs que bientôt un embrasement commun va faire battre à l'unisson. La caméra s'attarde sur des détails de la scène : une chaussure, un instrument de musique, des doigts sur une guitare. Il y a aussi la puissance d'une étreinte entre un père et son fils, Lucas, la mimique de celui-ci semblant vouloir dire à celui-là : « ça va le faire, tu verras ». La flambée est prête ! Et, soudain, mon salon n'est plus mon salon, c'est Bercy, c'est Metz, c'est Dijon, ce sont tous les endroits où j'ai vu Hubert, d'innombrables fois. Quarante-six peut-être bien. Oui, il me semble que c'est ça. Entre la première fois à Sarreguemines et la dernière à Dijon, que de chemin parcouru ! Peu de choses réellement stables dans ma vie, mais cette folie HFT, ça oui, toujours, elle a résisté à l'usure et à tous les tremblements, elle n'a pas pris la moindre ridule. Elle est là, comme un soleil qui réchauffe l'eau froide en toutes circonstances.
Que d'émotions en revoyant Thiéfaine comme si Bercy c'était hier ! Comme si c'était hier que je le découvrais, les yeux orageux et fous sur L'agence des amants de madame Müller, le rire sardonique à la fin de Critique du chapitre 3, habité lui aussi par son œuvre. Dans le public, je reconnais des visages. Je lis des extases intimes, des transes secrètes, je vois des larmes qui coulent, une jeune fille qui hésite entre le rire et l'étonnement devant l'ardeur de son compagnon (je connais ce jeune homme, j'ai discuté avec lui un jour – au lycée, une de ses absences fut justifiée de la sorte par ses parents : « concert de Thiéfaine », si je me souviens bien. Comme il me racontait cette anecdote, j'avais presque pâli d'envie : moi aussi, j'aurais voulu des élèves comme ça, des acharnés de Thiéfaine, des vrais). J'adore le mouvement qui saisit la foule tout entière par moments, sur Soleil cherche futur, sur Sweet amanite phalloïde queen, et tant d'autres titres. Qui, mieux qu'Hubert, abolit les frontières entre les êtres, je vous le demande ?
Lucas avait raison : oui, ça l'a fait, et comment que ça l'a fait ! Les chansons invendables en ont fait du chemin, elles aussi, traçant durablement, infatigablement, leur sillon unique, hors circuit. La mini-tournée 2018 a bien raison de se prolonger en 2019 ! Il est des bonheurs qui ne se refusent pas ! Vivement l'Olympia !
18:06 | Lien permanent | Commentaires (53)
10/03/2019
Programme des réjouissances...
"Ne rien lire, ne penser à rien, ne pas dormir,
Sentir la vie courir en moi comme une rivière dans son lit,
Là-bas, dehors, un grand silence
Comme un dieu qui dort". Fernando PESSOA
Ma mère, voici le temps venu, non pas d'aller prier pour mon salut (quoique...), mais pour mon compte bancaire ! Car : folies en perspective, ivresse, flammèches tous azimuts, et surtout dépenses qu'il ne faudrait pas faire et que je ferai quand même. Donc, récapitulons : vendredi 15, sortira, comme chacun sait, ceci :
Évidemment, comme toujours, je vais me sentir obligée de m'offrir la gamme complète : CD et vinyle. De toute façon, j'ai le droit puisque j'ai fait il y a peu l'acquisition d'une platine ! Fini, donc, le temps où je regardais s'empoussiérer les disques !
Autre réjouissance : la mini-tournée a été prolongée, et le choix ne manque pas. Pour ma part, je serais bien allée voir Hubert au Printemps de Bourges, mais je crois que ça ne va pas coller avec certaines de mes obligations (dommage car le lendemain, il y a un hommage à Higelin, et j'aurais bien « fait » les deux, mon capitaine). J'irais volontiers aux Vieilles Charrues aussi, mais j'ai l'impression qu'il n'y a déjà plus de billets. Et vous, des dates prévues ?
J'ai d'autres questions à vous poser :
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Que vous inspire la pochette du live qui sortira vendredi ?
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Connaissez-vous bien l'œuvre de Ferré ? Après avoir entendu Hubert citer maintes fois cet artiste, je me dis que je devrais maîtriser un peu mieux son immense répertoire. J'ai beaucoup écouté Ferré il y a une vingtaine d'années, mais pas tout, loin de là. Avez-vous des conseils, des préférences ? Vous est-il déjà arrivé de percevoir des liens entre l'œuvre d'HFT et celle de Ferré ? Pour ma part, je me souviens d'avoir éprouvé un grand choc en découvrant La vie d'artiste. Dès la première écoute, pas de doute : on n'était pas loin, ici, de La dèche, le twist et le reste. Je me demande même si je n'avais pas écrit ici même un billet à ce sujet, mais c'est vieux, et comme « je commence même à oublier des choses que je n'ai jamais sues », je me méfie de celles que je savais ou croyais savoir !
13:07 | Lien permanent | Commentaires (11)