28/10/2023
Thiéfaine était aux Nuits de Champagne mercredi... Tiens donc, moi aussi !
"Un caractère moral s'attache aux scènes de l'automne : ces feuilles qui tombent comme nos ans, ces fleurs qui se fanent comme nos heures, ces nuages qui fuient comme nos illusions, cette lumière qui s'affaiblit comme notre intelligence, ce soleil qui se refroidit comme nos amours, ces fleuves qui se glacent comme notre vie, ont des rapports secrets avec nos destinées". CHATEAUBRIAND
Se souvenir des belles choses...
La ville de Troyes même pas défigurée par la lancinante pluie d'octobre.
Les retrouvailles avec, par ordre chronologique, Laurence, Philippe, Pascal, Françoise et le Doc.
Les burgers du MacDo avalés en faisant la queue devant l'espace Argence. Initier ma fille Louise à ces drôles de rituels qui précèdent les concerts !
L'attente dans la salle. Laurence qui me dit que c'est le moment qu'elle préfère. Tiens, c'est marrant, moi aussi, et je l'ai écrit plus d'une fois. Dès lors que l'attente fait place à l'attendu, celui-ci glisse vers sa fin et prend une teinte mélancolique. Je comprends mieux pourquoi, à quinze ans, lisant Une vie de Maupassant, je fus saisie par cette phrase : « C'était fini d'attendre ». J'aime l'attente pour ce qu'elle contient de promesses, pour ce qu'elle offre d'excitation. Plus tard, j'eus un autre choc en lisant cette expression sous la plume de Serge Rezvani : « la nostalgie du présent ». La nostalgie du présent se nourrit de la peur que l'on a de voir s'évanouir trop vite les belles minutes que l'on est en train de vivre. Ainsi en va-t-il de toutes les minutes qui font les concerts d'HFT !
Le moment où les lumières s'éteignent, puis celui où les musiciens arrivent.
Tous les regards cherchent la silhouette d'Hubert. Ça y est, le voilà, il est là, devant nous, et pour moi c'est comme un miracle qui se renouvellerait depuis vingt-huit ans.
Les voix qui s'élèvent dans la salle, en même temps que la sienne sur la scène.
Le regard pétillant de Louise, qui m'a dit dans l'après-midi : « En vrai, je suis super contente d'aller à ce concert ».
Ma voisine de droite qui connaît toutes les chansons par cœur. Nos dandinements qui finissent par s'entrechoquer, et l'éclat de rire qui en résulte.
Thiéfaine qui sourit, va vers les musiciens, les honore de regards complices. Ces mêmes musiciens qui donnent tout.
Le plantage d'Hubert au début de Mathématiques souterraines. « Eh ben, c'est mal barré », lance-t-il, puis il se reprend et tout roule nickel. Philippe se retourne et me dit : « C'est ta chanson ». En quelque sorte, oui. C'est la chanson de ma vie, ai-je envie de dire, comme d'autres disent « la femme de ma vie » ou « l'homme de ma vie ». On remplit sa vie comme on peut. Moi, c'est de chansons !
Cette Fille du coupeur de joints qui, comme dans toutes les salles, unit dans son rythme « les cheveux blonds, les cheveux gris ».
Les lumières se rallument et Philippe s'exclame : « C'était trop court ». La nostalgie du présent devient nostalgie du passé. Moments qui ne reviendront jamais, et l'on en crève un peu chaque fois...
Mais... Se souvenir des belles choses. Demander à l'oublieuse mémoire de s'efforcer de bien graver tout ça, précieusement, jalousement, pour que cela fasse un soleil éclatant à serrer au fond de soi par mauvais temps.
Pascal qui récupère la setlist et me la tend parce que « si quelqu'un mérite de l'avoir, celle-là, c'est bien toi ».
Les discussions dehors, sur le trottoir, « dans le froid qui nous pince ». Le Doc qui me dit que j'ai bonne mine. C'est Hubert qui m'a requinquée ! Et toutes ces belles choses qui ne sont déjà plus.
Face à tant de cruauté, une seule revanche possible : attendre le prochain concert. C'est ça, ma vie, depuis 1995, et je n'en reviens pas tout à fait moi-même. Et tous les concerts me ramènent immanquablement au premier, un certain 27 octobre 1995, celui auquel j'assistai en compagnie de ma mère, le plus beau, le plus fort... Alors, vivement le prochain !
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