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04/05/2024

Relire Hölderlin...

"Ils croient voir venir Dieu, ils relisent Hölderlin". Hubert-Félix THIÉFAINE

 

Hier encore, j'étais à Tübingen, en Allemagne (il paraît qu'on dit Tubingue en français, mais ce n'est pas terrible). C'est une ville où j'étais déjà passée en coup de vent il y a quelques années. J'avais voulu y visiter la tour Hölderlin, mais elle était fermée, je ne sais plus pour quelle raison. Je m'étais promis de retourner là-bas. C'est chose faite.
Pendant cinq jours (c'est si peu), j'ai eu le plaisir de me promener dans une ville où la littérature tient une large place. De nombreux écrivains sont venus ici. Hermann Hesse y a été apprenti libraire. Goethe y a séjourné. Mais celui qui a le plus profondément marqué Tübingen n'est autre qu'Hölderlin, celui-là même que Thiéfaine évoque dans Les dingues et les paumés. Un « catalogue » où ce poète est plus que légitime. Il fut déclaré fou en 1806. On l'interna à la clinique du docteur Authenrieth à Tübingen, puis le menuisier Zimmer lui offrit l'hospitalité, dans une tour située sur le fleuve Neckar (toujours à Tübingen). C'est cette tour que je vous présente en photos dans le nouvel album qui orne ce blog. Elle a été reconstituée, elle fut détruite par un incendie cinq ans après le passage d'Hölderlin en ses murs. Celui-ci y vécut les 36 dernières années de sa vie. Il transforma très vite la pièce qu'il occupait en laboratoire d'écriture. Il l'arpenta de long en large durant de longues années, scandant régulièrement ses vers, pour voir un peu si une mélodie acceptable en sortait (cela rappelle le gueuloir de Flaubert). Ses poèmes, parlons-en : ils firent mon désespoir durant mes années d'études. Je n'y pigeais tout simplement que dalle (ni en allemand, ni en français). Je me souviens d'y avoir écorché mes neurones sans aucun succès. Galère. En revanche, l'homme me fut d'emblée sympathique. Sa vie nous fut présentée avec beaucoup d'empathie par un professeur que la littérature allemande faisait vibrer par tous les pores, ça se voyait. Plus tard, une autre prof nous dirait, à nous ses étudiants, que nombreux étaient les génies germanophones qui avaient fini par se suicider ou par sombrer dans la folie. Une sorte de marque de fabrique, en quelque sorte. Je venais de pénétrer sur un territoire de sables mouvants, peuplé des fantômes de Kleist, de Zweig et d'autres désespérés... Ce ne fut pas pour me déplaire. Le tout porté par une langue majestueuse. Si, si, je persiste et je signe : l'allemand est une très belle langue. Ceux qui ne voient pas plus loin que le bout de ses accents toniques (un peu fiévreux, il est vrai, mais tellement « aussagekräftig », justement) me désolent. Disons qu'exprimer ce genre d'opinion devant moi n'est pas faire preuve de diplomatie... Bref...

Dans les jours qui viennent, je rassemblerai les informations que j'ai récoltées à Tübingen au sujet de ce pauvre Hölderlin à l'esprit embrumé, et je les mettrai ici. Avec quelques poèmes, en version bilingue. Vous me direz si vous y comprenez quelque chose ! Pour moi, c'est rien que du flou, mais je me laisse porter par la beauté des mots. Un peu comme si je me baladais en « Stocherkahn » sur le Neckar.... Doux souvenir de ces embarcations, à mi-chemin entre la pirogue et la gondole ! J'ai fait une jolie promenade sur l'une d'elles mardi dernier. Ah, que le temps file vite, mes amis ! « La vie passe comme une rivière, faut pas trop regarder l'heure », c'est le cas de le dire avec ce brave Capdevielle que je ne cite pas souvent ici !!!