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Rechercher : beau repaire

Louis Calaferte

Voilà encore un auteur que j'aime beaucoup. Il me semble que c'est lui qui se définissait comme un "mortimiste". Ce soir, voici encore quelques mots de lui (et tant pis si je m'éloigne du sujet, mais, comme Romain Gary, je revendique haut et fort mon droit au "hors de propos"!!) :

"Simple, mais vrai contentement, que d'entrer au moment du coucher, dans la chambre agréablement aménagée et décorée. L'odeur de lessive des draps propres. Tiédeur de la pièce chauffée par le soleil de la journée, où flottent comme en traces légères les saveurs de la campagne.

Ce sont des sensations de cette nature, des minutes aussi fugaces, mais profondément ressenties, qui sont le bonheur; qu'il faut s'appliquer à savourer.
Ce sont ces instants, ces détails infimes que, plus tard, l'on regrette, qui vous bouleversent aux larmes lorsqu'ils sont à jamais disparus".

 

"On ne connaît rien de ceux qui nous entourent, de ceux qui nous sont chers. On les regarde sans les voir, on les entend sans les comprendre, on les aime sans les pénétrer : ils disparaissent, étrangers à nous comme à eux nous le sommes; et, après nous, ce désert se prolonge".

 

"On songe, par ces magnifiques journées de beau temps, à tous les malheurs qui nous pourraient accabler".

 

"Le grand bouquet, sur la commode de l'entrée, est fané. Nous mourons de vivre".

 

"Je suis criblé d'orages". 

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13/09/2006 | Lien permanent

Le Club des Poètes

En juillet ou en août 1999 (avez-vous remarqué à quel point les gens qui hésitent pendant trois plombes sur une date sont pénibles?! Je vous ferai donc grâce d'éventuels "ce devait être en juillet parce que ceci" ou "non, c'était plutôt en août parce que cela"!), en juillet ou en août 1999, donc (et d'ailleurs, c'était peut-être dans la nuit du 31 juillet au premier août, ce qui changerait toutes les données!!!), en juillet ou / et en août 1999, donc, j'avais, par je ne sais plus quel hasard, atterri au Club des Poètes à Paris. Oui, ce même Club dont il est question dans Jours d'orage! Je cite : "Très important à ce moment-là, il y a également le Club des Poètes. Jean-Pierre Rosnay, qui en est l'animateur (et qui se trouve être le beau-frère de Georges Moustaki), adore le travail d'Hubert qu'il fait chanter chez lui, tout en lui offrant, en contrepartie, une chambre sous les toits". Je me souviens très bien de cette soirée-là, je me souviens assez bien du lieu, des nombreuses photos de Moustaki sur les murs, de l'hommage rendu à Blaise Cendrars. La soirée s'était finie ... au petit matin! Et dire que je me suis trouvée à la table de Jean-Pierre Rosnay, sans savoir que cet homme fabuleux, qui répète à tue-tête "vive la poésie!", avait fait un bout de chemin avec le père Hubert! Si j'avais su!!

Ce soir-là, j'avais acheté un recueil de poèmes de Jean-Pierre Rosnay. Je devrais me plonger plus souvent dans ce splendide Fragment et relief. Ce soir, j'y trouve cette phrase :

"On ne communique pas ses souvenirs, jeune homme, on communique aux autres la nostalgie des leurs".

Joli, non? Jean-Pierre Rosnay mérite bien qu'on s'attarde sur sa poésie. Je lui consacrerai d'autres notes.

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Matinée d'ivresse

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Ô mon Bien ! Ô mon Beau ! Fanfare atroce où je ne trébuche point ! Chevalet féerique ! Hourra pour l'œuvre inouïe et pour le corps merveilleux, pour la première fois ! Cela commença sous les rires des enfants, cela finira par eux. Ce poison va rester dans toutes nos veines même quand, la fanfare tournant, nous serons rendus à l'ancienne inharmonie. Ô maintenant nous si digne de ces tortures ! Rassemblons fervemment cette promesse surhumaine faite à notre corps et à notre âme créés : cette promesse, cette démence ! L'élégance, la science, la violence ! On nous a promis d'enterrer dans l'ombre l'arbre du bien et du mal, de déporter les honnêtetés tyranniques, afin que nous amenions notre très pur amour. Cela commença par quelques dégoûts et cela finit, - ne pouvant nous saisir sur-le-champ de cette éternité, - cela finit par une débandade de parfums.

Rire des enfants, discrétion des esclaves, austérité des vierges, horreur des figures et des objets d'ici, sacrés soyez-vous par le souvenir de cette veille. Cela commençait par toute la rustrerie, voici que cela finit par des anges de flamme et de glace.

Petite veille d'ivresse, sainte ! Quand ce ne serait que pour le masque dont tu nous as gratifié. Nous t'affirmons, méthode ! Nous n'oublions pas que tu as glorifié hier chacun de nos âges. Nous avons foi au poison. Nous savons donner notre vie tout entière tous les jours.
Voici le temps des Assassins.

 

Arthur Rimbaud, extrait des Illuminations.

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Un article sur HFT dans VSD

La pensée du jour : "C'était idiot d'attendre des jours et des jours, d'attendre quoi ? La semaine prochaine, nous serions vieux, nous aurions des cheveux blancs, des cannes, des varices". René FALLET

 

Mes amis, dans une semaine, nous serons en transe !!! Jour J moins 7 !!!

Et sortie de la nouvelle version de la bio mercredi ! Beau mois de février ! Il va finir en apothéose, oui !

 

J'ai acheté VSD samedi, pour la première fois de ma vie !!! Tout cela parce qu'on pouvait y lire un article consacré à Thiéfaine ! Il est plutôt bien fichu, voulez-vous que je le mette ici ? Ou est-ce que cela ne sert à rien parce que tout le monde a acheté VSD (pour la première fois de sa vie !!!) ?

 

Voici déjà l'introduction :

 

HFT ou la poésie rock

suppléments de mensonge cover

 

Cela commence par une ballade mélancolique (La Ruelle des morts) pour continuer avec une déclaration riche de rires et de pleurs (Fièvre résurectionnelle). C'est de la poésie, c'est du rock, c'est de la chanson réaliste, c'est tout cela à la fois, bref, c'est du Thiéfaine. Et, dans une certaine mesure, hormis Manset ou Murat, c'est le seul à faire ça ici-bas. Ses mots sont mis en valeur par des mélodistes aussi divers que Ludéal, JP Nataf, Arman Méliès ou Domonique Dalcan, ce qui évite l'écueil de la redite. Cinq ans après son dernier album, on se dit que la bête a encore de beaux jours devant elle, de bien belles vallées à parcourir et que la route qui la sépare de Léo Ferré est de plus en plus à sa portée.

 

Source : VSD du 17 au 23 février 2011.

 

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Miossec à L'autre Canal, à Nancy...

La pensée du jour (ou plutôt de la nuit) : "Et l'on ne reverra plus l'inconnu, et l'on y pensera souvent, longtemps, toujours peut-être, à elle et à d'autres, et cela aurait été si beau, plus beau que tout, et on a mal comme si on avait vécu pour rien... ça vous arrive, de temps en temps ? Moi, souvent. Chaque jour. Enfin, presque. Il y a des jours où je ne sors pas". CAVANNA.

 

 

Cet homme est tout simplement bouleversant. Et bouleversé, semble-t-il aussi, en permanence ! Quand il chante, les yeux suppliants, « ne me secoue surtout pas car je suis plein de larmes » (je me demande si Henri Calet n'a pas écrit un truc semblable, ça ne vous dit rien ?), oui, quand il nous lance ces mots à la gorge, celle-ci se noue, on voudrait bien le serrer très fort, sans le secouer surtout...

J'ai découvert Miossec en 2002. C'était en Bretagne, il participait au même festival que Thiéfaine à Goméné. Miossec, je connaissais de nom, mais je n'avais jamais prêté une oreille très attentive à ce qu'il chantait. Et là, ce concert... Fabuleux. Je découvrais un artiste, un homme, un univers. Ses rades, au propre comme au figuré... Le lendemain, j'avais prévu d'aller visiter Brest (cela ne s'invente pas !) et j'y achetai l'album de l'époque, «Brûle ». Symboliquement, le geste était fort !!!

Bref. Ensuite, je me suis procuré les albums précédents. J'y suis allée assez fort, comme avec Thiéfaine, je voulais connaître, boire tout Miossec en un clin d'œil. Mais voilà un univers qui ne s'avale pas comme ça, il faut prendre le temps de le descendre à petites gorgées, en sirotant tranquillou chaque mot, chaque blessure couchée sur le papier.

Alors ce fut l'aventure Miossec, comme il y eut l'aventure HFT et l'aventure Higelin. Je me mis à guetter chaque sortie d'album. Et voilà. Je les ai tous. Le dernier, acheté il y a quelques mois, ne m'a d'abord pas enthousiasmée des masses. Mais, cette semaine, j'ai voulu prendre le temps de le réécouter attentivement. De le siroter, justement. Et j'y ai découvert des trésors, comme dans tous les autres. « Une fortune de mer », mais comment ai-je pu, à la première écoute, passer à côté de cette sublime chanson ? Ce n'est que ce soir que la beauté de cette « fortune de mer » m'a sauté aux oreilles. Le dernier album vaut vraiment le détour, je retire ici ce que j'ai dit quand certains, parmi vous, m'ont demandé ce que j'en pensais. Je n'en pense plus que du bien, du vrai, du beau ! Foncez l'acheter !

Mais je m'égare. Le concert de ce soir, donc. A « l'autre canal ». Je n'avais encore jamais mis les pieds dans cette salle de Nancy, mais rien que le nom m'a toujours fait rêver, allez savoir pourquoi ! Bref... Ce soir, je suis arrivée à 19h40 devant ce lieu magique (un bel ensemble rouge, "l'autre canal" étant écrit en blanc dessus). Ce qui m'a valu d'être tout devant, à un mètre à peine de Miossec ! J'ai d'abord eu un petit choc quand je l'ai vu débarquer avec une canne. Je me suis alors souvenue d'Evadné, qui avait eu les mêmes craintes, il y a quelques semaines, en le voyant arriver avec des béquilles. Qu'il avait très vite balancées ! Idem pour la canne. A un moment, je me suis rendu compte qu'elle n'était même plus sur la scène. Quelqu'un avait dû venir l'enlever. Quelques cafouillis dans les textes parfois, me semble-t-il, mais je ne connais pas Miossec par cœur et ne saurais affirmer à cent pour cent qu'il y a bel et bien eu cafouillis. Il est touchant, cet homme. Quelqu'un lui a dit, après une chanson : « C'était bien, Christophe », ce à quoi le même Christophe a répondu, avec l'art de la dévalorisation qui le caractérise (j'ai donc trouvé plus fort que moi à ce jeu auto-destructeur !) : « Mais ça va pas durer ». Il est gentil, cet homme. Un gros lourdaud a passé tout le concert à hurler pendant les chansons, à les massacrer à la hache de sa voix avinée, à dire des trucs inintéressants au possible entre deux morceaux, et, accessoirement, à me meurtrir les pieds (car, bien sûr, avec le bol qui me poursuit depuis toujours, quand il y a un mec comme ça dans toute une salle -fût-elle occupée par cent mille personnes !-, c'est toujours à mes côtés qu'il vient s'échouer, je vous jure !!). Bref, ce gros lourdaud a même essayé de voler la vedette à Miossec, il a tenté de lui piquer son micro ! Et là j'ai même fini par en avoir honte pour lui, vraiment. Et Christophe de prendre tout cela avec beaucoup d'humour et de délicatesse ... enfin, il a quand même dit à la fin que le triste individu avait réussi à flinguer tout le concert, ce qui n'est pas entièrement faux ! Il y en a toujours des comme ça, dans le public de Thiéfaine aussi (je le sais, ils sont toujours à côté de moi !!!!!!!!!!!!!!). Par exemple, le pénible a demandé à un moment à Miossec s'il ne pouvait pas chanter rien que pour sa copine, Aurélia. Et Miossec de demander : « Mais elle est où, Aurélia ? » Réponse du type : « Au fond de la salle ». Miossec : « Aurélia, tu veux pas le rappeler à tes côtés ?! » Purée mais c'est comme dans une salle de classe, il y a toujours un couillon qui voudrait que toute l'attention se focalise sur lui !! N'empêche que la pauvre Aurélia, quand même ! A sa place, j'aurais été rouge de honte. Et j'aurais quitté mon lourdaud sur-le-champ. Ce serait quand même le comble de l'ironie du sort, ça, se faire plaquer au beau milieu d'un concert de Miossec ! Prends ça dans les dents, je te laisse la collection de CD, tu pourras éponger ton chagrin avec, car côté ruptures, il y a de quoi faire là-dedans ! Pardon, j'arrête !
Ce pauvre hère ne m'a même pas gâché le concert. Je dois vieillir plutôt pas mal car aux Eurockéennes, en 1999, un type du même acabit était venu s'installer près de moi (quand je vous dis que je les attire !) et je l'avais poussé de toutes mes forces en l'engueulant même ! Fini, tout cela, j'ai dû m'habituer à la connerie ambiante, elle me glisse dessus comme de la flotte sur les plumes d'un canard...

Donc, ce concert : magnifique ! Un bel hommage à Bashung, avec la reprise d' « Osez Joséphine ». Une réserve, une sobriété (est-ce bien raisonnable d'employer ce mot pour parler du Brestois ?!!!), je veux dire : pas de grands mots pour évoquer Alain... Juste une chanson. Une chanson juste. Miossec est pétri d'une sensibilité immense, on le sent généreux, mais aussi et surtout fragile, prêt à s'effondrer. Christophe, mon frangin d'infortune (moi non plus je ne mise jamais sur le bon cheval, moi non plus je ne tire jamais le bon numéro, ce ne serait pas dû aux gênes bretons, des fois ?!), merci pour cette splendide soirée... Je reviendrai !!

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HFT entre 3 g et 5 h

La pensée du jour : "Il n'y a rien de plus beau qu'une clef, tant qu'on ne sait pas ce qu'elle ouvre". Maurice MAETERLINCK.

Voici ce que j'ai reçu au courrier de ce matin :

 

"Madame, Monsieur,

 

Nous portons à votre connaissance la parution du livre Hubert-Félix Thiéfaine Entre 3 grammes et 5 heures du matin de Jean-Charles Chapuzet.

 

Il raconte l'histoire du commissaire Stanislas Bronski et de son lieutenant Joseph Destouches, chargés de retrouver, mort ou vif, un poète jurassien, monsieur Hubert-Félix Thiéfaine. Ce dernier a enlevé une sirène qui répond au joli nom de Lorelei. Reste à maîtriser l'environnement du coupable; ce n'est pas gagné. De Dijon à Arbois, en passant par Hong-Kong, croisant Jean-Louis Foulquier, Paul Personne, Malcolm Lowry, Jim Morrison et Léo Ferré en Toscane, les deux enquêteurs s'embourbent dans un univers bien particulier, empreint de liberté, de mysticisme, d'alcool, de gentillesse et d'antidépresseurs; bref, des idées noires et du vin jaune, tout Hubert-Félix Thiéfaine. Vont-ils atteindre leur proie, à moins que ce périple leur soit fatal ?...

 

Genre : musique, polar

176 pages – 16x24 cm

Prix public : 16 euros

Disponible en librairie en mai 2009."

 

Suivent quelques lignes présentant Jean-Charles Chapuzet, et un bon de commande, que je vais m'empresser de remplir et de poster !

 

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Ma mère (Jacques Higelin)

Très beau texte d'Higelin, hommage à sa maman. Nous avons découvert cet hommage lors du splendide concert du grand Jacques à Vandoeuvre-lès-Nancy... Un texte qui me touche tout particulièrement en ce moment...

 

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Mon âme a choisi

ton ventre

pour s'y bâtir la maison du petit d'homme

que j'ai été

que je suis

ma Mère

 

 

La barque d'amour

où tu m'as couché, enfant

je la ramène à ton port

chargée de toutes les richesses du monde où elle m'a emporté

 

 

Tu sais

l'océan est rude

et j'ai coulé mille fois

Mille fois, le poisson m'a glissé des mains

les amphores étaient vides depuis des siècles

et ma voile s'est déchirée sur la lame des ouragans

 

 

Aujourd'hui

je te ramène l'errant

le naufragé en loques

qui s'est souvenu de ton havre

vierge éternelle

en qui j'ai déposé mes baisers les plus lourds

et mes caresses les plus fragiles

 

 

L'amour que tu es

a les bras grands ouverts

sur la sérénité de tous les espaces

Ton regard

est le miroir de mes rêves

où je peux me mesurer sans honte

et sans lassitude

 

 

Je n'ai jamais eu de maison où me poser

que tes entrailles

Je n'ai jamais eu de soif apaisée

que par ton sein

Je n'ai jamais eu de larmes effacées

que par tes larmes

 

 

Et ceux qui ont levé le poing sur toi

ont essuyé leur indifférence sur ta joue

sont les fossoyeurs de la vie

 

 

Aussi

j'ai hissé le pavillon d'amour sur notre barque

ma Mère

notre caravelle

rongée par le sel, écorchée par le fond

qui roule en corsaire sur le flot déchaîné

et qu'un cri de détresse secoue

de la quille à la pointe du grand mât

 

 

Navire ma Mère

Océan ma Mère

Sel ma Mère

Tempête ma Mère

Soleil ma Mère

Univers ma Mère

AMOUR ma MERE

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Ad orgasmum aeternum

La pensée du jour : "Dépêche-toi de rire

il en est encor temps

bientôt la poêle à frire

et adieu le beau temps". Jean TARDIEU

 

 

Une chanson que j'aime tout particulièrement et dont je reparlerai quand je ferai ma dissection de "Soleil cherche futur" :

 

Ad orgasmum aeternum

 

Dans cité X y a une barmaid

qui lave mon linge entre deux raids

si un jour elle apprend mon tilt

au bout d'un flip tourné trop vite

je veux pas qu'on lui renvoie mes scores

ni ma loterie ni mon passeport

mais je veux qu'on lui rende ses lasers

avec mes cendres et mes poussières

et j'aimerais qu'elle tire la chasse d'eau

pour que mes tripes et mon cerveau

enfin redevenus lumière

retournent baiser vers la mer

 

 

je reviendrai comme un vieux junkie

m'écrouler dans ton alchimie

delirium visions chromatiques

amour no-limit éthylique

je reviendrai comme un vieux paria

me déchirer dans ton karma

retrouver nos mains androgynes

dans ta zone couleur benzédrine

 

 

je reviendrai fixer ta chaleur

dans la chambre au ventilateur

où tes ombres sucent les paumés

entre deux caisses de s.t.p.

je reviendrai te lécher les glandes

dans la tendresse d'un no man's land

et te jouer de l'harmonica

sur un décapsuleur coma

 

 

je reviendrai jouir sous ton volcan

battre nos cartes avec le vent

je reviendrai taxer ta mémoire

dans la nuit du dernier espoir

je reviendrai chercher notre enfance

assassinée par la démence

et lui coller des lunettes noires

le blues est au fond du couloir

je reviendrai narguer tes dieux

déguisé en voleur de feu

et crever d'un dernier amour

le foie bouffé par tes vautours

 

Hubert-Félix Thiéfaine

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15/12/2008 | Lien permanent

Borniol, Barbara et Thiéfaine...

La pensée du jour : "Chacun a les émotions qu'il mérite", André SUARES.

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Tiens donc, quel peut bien être le lien entre Borniol, Barbara et Thiéfaine? C'est simplement qu'en lisant le très beau livre que Valérie Lehoux a consacré à Barbara (Barbara, portrait en clair-obscur), je suis tombée sur cette anecdote racontée par Marie Chaix :

"Au petit théâtre de Fontainebleau, donc, très chic, il y avait un piano recouvert non pas de pin-up, mais de femmes nues, de petits anges... C'est un piano du XVIIIème siècle, superbe, et dont le directeur de la salle était très fier. Il est venu le lui présenter... Mais elle lui a dit : "Monsieur, excusez-moi, mais vous m'imaginez assise au piano quand je vais chanter Nantes... Il y a le sein de la dame qui va me sauter dans l'oeil, qu'est-ce que je vais faire?" C'est elle qui a trouvé la solution : louer un drap mortuaire chez Borniol ! C'est donc ce qu'on a fait. Elle a fait empaqueter le piano dans ce drap mortuaire. ça avait une drôle d'allure... Le piano ressemblait à un gros paquet... Elle a expliqué l'histoire aux gens et elle a fait rire tout le monde. Elle ne voulait pas chanter avec des femmes nues sur le piano".

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”La jambe de Rimbaud”...

La pensée du jour : "Lasse de vivre, ayant peur de mourir, pareille

Au brick perdu jouet du flux et du reflux,

Mon âme pour d'affreux naufrages appareille". Paul VERLAINE.

 

 

Matinée d'ivresse

 

Ô mon Bien ! Ô mon Beau ! Fanfare atroce où je ne trébuche point ! Chevalet féerique ! Hourra pour l'oeuvre inouïe et pour le corps merveilleux, pour la première fois ! Cela commença sous les rires des enfants, cela finira par eux. Ce poison va rester dans toutes nos veines même quand, la fanfare tournant, nous serons rendus à l'ancienne inharmonie. Ô maintenant nous si digne de ces tortures ! Rassemblons fervemment cette promesse surhumaine faite à notre corps et à notre âme créés : cette promesse, cette démence ! L'élégance, la science, la violence ! On nous a promis d'enterrer dans l'ombre l'arbre du bien et du mal, de déporter les honnêtetés tyranniques, afin que nous amenions notre très pur amour. Cela commença par quelques dégoûts et cela finit, - ne pouvant nous saisir sur-le-champ de cette éternité, - cela finit par une débandade de parfums.

Rire des enfants, discrétion des esclaves, austérité des vierges, horreur des figures et des objets d'ici, sacrés soyez-vous par le souvenir de cette veille. Cela commençait par toute la rustrerie, voici que cela finit par des anges de flamme et de glace.

Petite veille d'ivresse, sainte ! Quand ce ne serait que pour le masque dont tu nous as gratifié. Nous t'affirmons, méthode ! Nous n'oublions pas que tu as glorifié hier chacun de nos âges. Nous avons foi au poison. Nous savons donner notre vie tout entière tous les jours.
Voici le temps des Assassins.

 

Arthur Rimbaud, extrait des Illuminations.

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