31/05/2006
"Baudelaire est mort hier, à 11 heures du matin, en zoomant d'apaisantes nuées crépusculaires, fatigué d'un été qui le rongeait sans fin"
CHARLES BAUDELAIRE (1821-1867)
Charles Baudelaire naît à Paris le 9 avril 1821. Il a six ans lorsque son père, un prêtre défroqué devenu fonctionnaire, meurt sexagénaire. Sa mère se remarie peu de temps après avec Aupick, un officier qui deviendra général commandant de la place de Paris. L’enfant prend ce beau-père en aversion, et dans les internats où il est pensionnaire, au gré des affectations du général Aupick, il s’ennuie, rêvant d’être « tantôt pape, tantôt comédien ».
Après son baccalauréat, il refuse d’entrer dans la carrière diplomatique avec l’appui de son beau-père. Il ne veut être qu’écrivain. Au grand dam de sa famille bourgeoise, qu’il effraie par ses frasques, il fréquente la jeunesse littéraire du Quartier Latin. Un conseil de famille, sous la pression du général Aupick, l’envoie aux Indes, en 1841, à bord d’un navire marchand. Mais Charles Baudelaire ne veut pas tenter l’aventure au bout du monde. Il ne désire que la gloire littéraire.
Lors d’une escale à l’Ile de la Réunion, il fausse compagnie au capitaine et revient à Paris prendre, lorsqu’il a atteint sa majorité, possession de l’héritage paternel. Il se lie avec Jeanne Duval, une actrice mulâtre dont, malgré de fréquentes brouilles et de nombreuses aventures, il restera toute sa vie l’amant et le soutien. Ami de Théophile Gautier, de Gérard de Nerval, de Sainte-Beuve, de Théodore de Banville, il participe au mouvement romantique, joue au dandy, et fait des dettes. Ses excentricités sont telles que sa mère et le général Aupick obtiennent en 1844 du Tribunal qu’il soit soumis à un conseil judiciaire.
Baudelaire, ulcéré, ne guérira pas de cette humiliation. Privé de ressources, il ne cessera dès lors de fuir les créanciers, déménageant, se cachant chez ses maîtresses, travaillant sans relâche ses poèmes tout en tentant de gagner sa vie en publiant des articles.
Un premier ouvrage marque ses débuts de critique d’art. Il encense son ami Delacroix, éreinte les peintres officiels. Cette même année, une tentative de suicide le réconcilie provisoirement avec sa mère. En 1846, il découvre l’œuvre d’Edgar Poe, ce maudit d’Outre-Atlantique, cet autre incompris qui lui ressemble, et, pendant dix-sept ans, va la traduire et la révéler.
Après la révolution de 1848, à laquelle il a participé plus par exaltation que par conviction (au cours des émeutes, il suggère à ses compagnons de tuer son beau-père… « Il faut aller fusiller le général Aupick ! », s’écrie-t-il), il poursuit ses activités de journaliste et de critique. En 1857, la publication des Fleurs du Mal, jugées obscènes, fait scandale. Baudelaire doit payer une forte amende. Seuls Hugo (qui lui écrira « Vous aimez le Beau. Donnez-moi la main. Et quant aux persécutions, ce sont des grandeurs. Courage ! »), Sainte-Beuve, Théophile Gautier et de jeunes poètes admiratifs le soutiennent. Amer, incompris, Baudelaire s’isole davantage.
Sa santé commence à se dégrader. Il étouffe, souffre de crises gastriques, et une syphilis contractée dix ans auparavant réapparaît. Pour combattre la douleur, il fume de l’opium, prend de l’éther. Physiquement, c’est une épave. Dans la solitude orgueilleuse où il est enfermé, deux lueurs : les écrits admiratifs de deux poètes encore inconnus, Stéphane Mallarmé et Paul Verlaine, sur son œuvre qui se résume à un seul recueil, Les Fleurs du Mal, auquel il faut ajouter les poèmes en prose du Spleen de Paris, des essais (Les paradis artificiels, étude sur les effets de l’opium et du haschisch), ses articles de critique et sa correspondance.
En 1866, lors d’un séjour en Belgique, une attaque le paralyse et le rend presque muet. Il agonise pendant un an ; des amis, pour l’aider à surmonter la douleur, viennent à son chevet lui jouer du Wagner. Il s’éteint à 46 ans, le 31 août 1867, dans les bras de sa mère.
Sources : Le grand livre de la poésie française, Marcel JULLIAN, Editions Fixot, 1988.
Préface du livre Le Spleen de Paris et Les Paradis artificiels, Bookking International, Paris, 1995.
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"Baudelaire est mort hier, à 11 heures du matin, en zoomant d'apaisantes nuées crépusculaires"...
Allez, pour changer un peu, voici un texte de Baudelaire !
« LE JOUJOU DU PAUVRE
Je veux donner l’idée d’un divertissement innocent. Il y a si peu d’amusements qui ne soient pas coupables ! Quand vous sortirez le matin avec l’intention décidée de flâner sur les grandes routes, remplissez vos poches de petites inventions à un sol, - telles que le polichinelle plat mû par un seul fil, les forgerons qui battent l’enclume, le cavalier et son cheval dont la queue est un sifflet, - et le long des cabarets, au pied des arbres, faites-en hommage aux enfants inconnus et pauvres que vous rencontrerez. Vous verrez leurs yeux s’agrandir démesurément. D’abord ils n’oseront pas prendre ; ils douteront de leur bonheur. Puis leurs mains agripperont vivement le cadeau, et ils s’enfuiront comme font les chats qui vont manger loin de vous le morceau que vous leur avez donné, ayant appris à se défier de l’homme.
Sur une route, derrière la grille d’un vaste jardin, au bout duquel apparaissait la blancheur d’un joli château frappé par le soleil, se tenait un enfant beau et frais, habillé de ces vêtements de campagne si pleins de coquetterie.
Le luxe, l’insouciance et le spectacle habituel de la richesse rendent ces enfants-là si jolis, qu’on les croirait faits d’une autre pâte que les enfants de la médiocrité ou de la pauvreté.
A côté de lui, gisait sur l’herbe un joujou splendide, aussi frais que son maître, verni, doré, vêtu d’une robe pourpre, et couvert de plumets et de verroteries. Mais l’enfant ne s’occupait pas de son joujou préféré, et voici ce qu’il regardait :
De l’autre côté de la grille, sur la route, entre les chardons et les orties, il y avait un autre enfant, sale, chétif, fuligineux, un de ces marmots-parias dont un œil impartial découvrirait la beauté, si, comme l’œil du connaisseur devine une peinture idéale sous un vernis de carrossier, il le nettoyait de la répugnante patine de la misère.
A travers ces barreaux symboliques séparant deux mondes, la grande route et le château, l’enfant pauvre montrait à l’enfant riche son propre joujou, que celui-ci examinait avidement comme un objet rare et inconnu. Or, ce joujou, que le petit souillon agaçait, agitait et secouait dans une boîte grillée, c’était un rat vivant ! Les parents, par économie sans doute, avaient tiré le joujou de la vie elle-même.
Et les deux enfants se riaient l’un à l’autre fraternellement, avec des dents d’une égale blancheur ».
Extrait du Spleen de Paris, Charles BAUDELAIRE
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30/05/2006
Encore quelques mots sur Rio Reiser...
Ce matin, j’ai fini la biographie de Rio Reiser, Das alles und noch viel mehr. Certains membres de la famille de l’artiste et quelques-uns de ses amis ont poussé les hauts cris contre ce livre qui dépeint sans fard la vie de Rio Reiser. Les proches du chanteur n’admettent pas, apparemment, qu’Hollow Skai réduise les dernières années de Rio Reiser à une ignoble déchéance. En même temps, loin de toutes ces polémiques, on pourra dire que le livre a le mérite d’être assez objectif. Hollow Skai dit qu'il a été bercé pendant 35 ans par les chansons de Rio Reiser et qu'il a été très choqué par la mort précoce de l’artiste. C’est à la fois une déclaration d’amour et une description un peu « brute de décoffrage » de la vie et de la personnalité de Rio Reiser. Moi qui ai toujours beaucoup aimé cet artiste, je l’aime encore davantage maintenant ! J’aime sa sensibilité à fleur de peau, ses histoires d’amour rocambolesques me touchent. Le frère de Rio Reiser aurait dit à Hollow Skai que le chanteur ne reçut jamais assez d’amour ("Er hat nicht genug Liebe gehabt, das hat nicht gereicht, das hat ihn unglücklich gemacht"). Alors, oui, de temps en temps, Rio Reiser était un peu trop fleur bleue dans ses textes. Oui, il a fait des concessions à un système qu’il avait d’abord épinglé au temps de Ton Steine Scherben. Mais ce fut toujours, certainement, en vertu de cette quête d’amour…
En dévorant ce bouquin et en essayant de me familiariser avec toutes les aspérités du caractère de Rio Reiser, j’avais sans cesse en tête cette phrase de Brel, citée un jour dans un fanzine de « HFT Aficionados Service Club » (celui de novembre 1998) : « Un artiste, c’est quelqu’un qui a mal aux autres »…
Ami Rio, puisse ta belle âme reposer en paix…
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29/05/2006
"Moi, je pars pour Dublin sur un nuiteux cargo qui traverse le temps perdu de la sagesse et rejoins le bateau ivre d'Arthur Rimbaud"
Comme je descendais des Fleuves impassibles,
Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :
Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,
Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.
J’étais insoucieux de tous les équipages,
Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.
Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,
La tempête a béni mes éveils maritimes.
Plus léger qu’un bouchon j’ai dansé sur les flots Qu’on appelle rouleurs éternels de victimes, Dix nuits, sans regretter l’œil niais des falots ! Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sûres, L’eau verte pénétra ma coque de sapin Et des taches de vins bleus et des vomissures Me lava, dispersant gouvernail et grappin. Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème De la Mer, infusé d’astres, et lactescent, Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême Et ravie, un noyé pensif parfois descend ; Où, teignant tout à coup les bleuités, délires Et rythmes lents sous les rutilements du jour, Plus fortes que l’alcool, plus vastes que nos lyres, Fermentent les rousseurs amères de l’amour ! Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes Et les ressacs et les courants : je sais le soir, L’Aube exaltée ainsi qu’un peuple de colombes, Et j’ai vu quelquefois ce que l’homme a cru voir ! J’ai vu le soleil bas, taché d’horreurs mystiques, Illuminant de longs figements violets, Pareils à des acteurs de drames très antiques Les flots roulant au loin leurs frissons de volets ! J’ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies, Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs, La circulation des sèves inouïes, Et l’éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs ! J’ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries Hystériques, la houle à l’assaut des récifs, Sans songer que les pieds lumineux des Maries Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs ! J’ai heurté, savez-vous, d’incroyables Florides Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux D’hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides Sous l’horizon des mers, à de glauques troupeaux ! J’ai vu fermenter les marais énormes, nasses Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan ! Des écroulements d’eaux au milieu des bonaces, Et les lointains vers les gouffres cataractant ! Glaciers, soleils d’argent, flots nacreux, cieux de braises ! Echouages hideux au fond des golfes bruns Où les serpents géants dévorés des punaises Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums ! J’aurais voulu montrer aux enfants ces dorades Du flot bleu, ces poissons d’or, ces poissons chantants.
- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades Et d’ineffables vents m’ont ailé par instants. Parfois, martyr lassé des pôles et des zones, La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux Montait vers moi ses fleurs d’ombre aux ventouses jaunes Et je restais, ainsi qu’une femme à genoux… Presque île, ballottant sur mes bords les querelles Et les fientes d’oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds. Et je voguais, lorsqu’à travers mes liens frêles Des noyés descendaient dormir, à reculons ! Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses, Jeté par l’ouragan dans l’éther sans oiseau, Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses N’auraient pas repêché la carcasse ivre d’eau ; Libre, fumant, monté de brumes violettes, Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur Qui porte, confiture exquise aux bons poètes, Des lichens de soleil et des morves d’azur ; Qui courais, taché de lunules électriques, Planche folle, escorté des hippocampes noirs, Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ; Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais, Fileur éternel des immobilités bleues, Je regrette l’Europe aux anciens parapets ! J’ai vu des archipels sidéraux ! et des îles Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur : -Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t’exiles, Million d’oiseaux d’or, ô future Vigueur ? Mais, vrai, j’ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.
Toute lune est atroce et tout soleil amer : L’âcre amour m’a gonflé de torpeurs enivrantes.
O que ma quille éclate ! O que j’aille à la mer ! Si je désire une eau d’Europe, c’est la flache Noire et froide où vers le crépuscule embaumé Un enfant accroupi plein de tristesses, lâche Un bateau frêle comme un papillon de mai.
Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames, Enlever leur sillage aux porteurs de cotons, Ni traverser l’orgueil des drapeaux et des flammes, Ni nager sous les yeux horribles des pontons. Arthur RIMBAUD
PS : Bon, ça va encore sortir tout merdique! Vous rétablirez les strophes! Mille excuses, ce blog n'en fait qu'à sa tête!!!!
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28/05/2006
Rio Reiser : "piment et alcools forts"
Dans le genre « piment et alcools forts », pour reprendre une expression chère à HFT, Rio Reiser n’était pas mal non plus. En écoutant plus attentivement le texte de sa chanson « Gefahr », on comprend que cet homme voulait brûler sa vie, quitte à se brûler les ailes, quitte à brûler les étapes et à mourir, par exemple, à 46 ans… Dans ce fameux texte, il dit en substance qu’il aime flirter avec les écueils, avec le danger, s’imbiber d’alcool, se jeter à corps perdu dans les paradis artificiels. Bref, le fil du rasoir, ça le connaît. Et il avoue haut et fort qu’il préfère son mode de vie à un quotidien bien au chaud dans ses pantoufles…
Rio Reiser rêvait, dans sa chanson « König von Deutschland », de tout ce qu’il aurait fait s’il avait été « roi d’Allemagne ». Cela ne vous rappelle rien ?!
Avant de mettre sur le blog le magnifique texte de « Gefahr », je tiens à rectifier un point de la note que j’ai écrite vendredi : en Allemagne, on trouve à présent la biographie de Rio Reiser, écrite par Hollow Skai. Me voilà en possession de ce bouquin !
GEFAHR
Na wie geht’s in euerem Kästchen? Fühlt ihr euch wohl in euerem Nestchen?Oder hakt’s bei den Rädchen, verwirren sich vielleicht die Fädchen?
Ich will fliegen, tauchen, rasen, will nicht Angst, ich will Gefahr.
Ich will leben, will mich fühlen und ich zahl dir jetzt und bar.
Autobahn, linke Spur, hart am Abgrund, hart am Rand.
Ich allein in New York, jemand raubt mir den Verstand.
Unter Geiern, Löwenkäfig, giftige Schlangen in meinem Bett.
Alle Drogen, Alkohol, ich will Gefahr von A bis Z.
Ich steh gern auf Häuserdächern, geh gern über dünnes Eis.
Und ich tanz gern auf dem Seile, manche mögen’s eben heiß.
Ich will Gefahr, will sterben oder töten,
Spring aus den Wolken dem Haifisch ins Maul.
Ich spreng den Staudamm, bebe die Erde,
flieg auf nem Drachen von Pol zu Pol.
Ich will mein Blut sehen, ich will fallen,
ich will tauchen bis zum tiefen Rausch.
Eine Nacht in der Wüste, ein Wochenende im Irrenhaus.
Ich will verbrennen, explodieren, nix in der Hand und nichts mehr im Griff.
Alle Bremsen soll’n blockieren, volle Kraft aufs nächste Riff.
Ich will mich töten, will mich retten, will barfuß durch die Hölle gehen.
Ich will Fieber, ich will Frost, will die Welt nicht durch die Glotze sehen.
ich bin das große Unbekannte und heiße XYZ.
Du kriegst mich nicht auf deinen Radarschirm, ich bin ein unsichtbares Flugobjekt.
Musique : Rio REISER
Paroles : Rio REISER et Peter MÖBIUS
14:55 | Lien permanent | Commentaires (0)
26/05/2006
Une chanson des Ton Steine Scherben (lire d'abord la note concernant Rio Reiser. Enfin, si vous voulez!)
WIR MÜSSEN HIER RAUS
Im Bett ist der Mensch nicht gern alleine
Und in meinem Bett ist grad noch Platz für dich
Doch mein Alter ist fast jeden Tag zu Hause
Und ich glaub, er hat was gegen dich.
Für mich ist die Welt nicht mehr in Ordnung,
Nicht früh um sieben und auch nicht nach der Tagesschau.
Für mich heißt das Wort zum Sonntag „Scheiße“
Und das Wort zum Montag „Mach mal blau!“
Wir müssen hier raus! Das ist die Hölle!
Wir leben im Zuchthaus!
Wir sind geboren, um frei zu sein,
Wir sind zwei von Millionen, wir sind nicht allein.
Und wir werden es schaffen, wir werden es schaffen.
Mein Alter sagt, die Welt wird sich nicht ändern,
Dabei weiß er ganz genau, was läuft.
Doch er glaubt, er vergisst die ganze Scheiße,
Wenn er abends in der Kneipe hängt und säuft.
Er sagt, der schönste Platz ist immer an der Theke,
Da hat er Recht, zu Haus ist kaum noch Platz für drei.
Darum bin ich auch den ganzen Tag auf Arbeit,
Man kann sagen, ich bin so frei.
Wir müssen hier raus! Das ist die Hölle!
Wir leben im Zuchthaus!
Wir sind geboren, um frei zu sein,
Wir sind zwei von Millionen, wir sind nicht allein.
Und wir werden es schaffen, wir werden es schaffen.
Wir werden es schaffen.
Und was kann uns hindern? Kein Geld, keine Waffen,
Wenn wir es wollen. Wir werden es schaffen.
Wir sind geboren, um frei zu sein.
Wir sind zwei von Millionen, wir sind nicht allein.
Wir sind geboren, um frei zu sein,
Wir sind sechzig Millionen, wir sind nicht allein.
Wir sind geboren, um frei zu sein.
Frei!
Paroles et musique : Rio REISER et R.P.S. LANRUE
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Rio Reiser, un chanteur allemand
Ce matin, j’ai mis, sur ce blog, un lien vers un site où il est question d’un chanteur allemand que j’adore : Rio Reiser. Je vais faire un hors sujet ce soir, puisque je vais parler de lui ! Mais tant pis, c’est trop important ! Ce grand monsieur fut un jour surnommé, dans le Spiegel, « la réplique allemande de Mick Jagger » !
Rio Reiser, de son vrai nom Ralph Möbius, est né en 1950 à Berlin. Il aurait donc 56 ans aujourd’hui… Il aurait. Car il est mort le 20 août 1996. A l’âge de 46 ans, donc. Un certain mystère entoure sa mort. On parle d’hémorragie interne. Rio Reiser avait déjà eu, avant août 1996, de graves problèmes de santé. Il disait qu’il ne savait pas lui-même de quelle maladie il était atteint. Certains disent qu’il avait de gros problèmes avec l’alcool et la drogue. Une biographie aurait dû être publiée en Allemagne le 10 mai de cette année. Mais la famille et quelques personnes proches de Rio Reiser ont apparemment bloqué la parution de ce livre, qui, justement, dévoilerait trop de choses (notamment à propos de la mort de l’artiste) et serait truffé d’inexactitudes… Je n’ai pas pris le temps de lire tous les articles publiés sur Internet à ce sujet. J’attends avec impatience la parution du bouquin en question car j’ai quand même envie de connaître un peu mieux le parcours de cet écorché vif.
Dans les années 70 et au début des années 80, il fut le chanteur d’un groupe allemand culte : Ton Steine Scherben. Un groupe de rock qui balançait d’énormes pavés dans la mare, rêvait d’une autre Allemagne et d’anarchie. Ce matin, en me baladant sur des forums où il était question du groupe, j’ai trouvé les paroles d’une chanson que j’adore : « Wir müssen hier raus », assorties du commentaire suivant : « L’hymne de ma jeunesse ». Je mettrai les paroles de cette chanson sur le blog.
En 1985, les membres du groupe se séparent. Rio Reiser va très vite entamer une carrière solo. Beaucoup de ses fans vont alors se détourner de lui et l’accuseront de se commettre avec le système qu’il avait pourtant dénoncé avec tant de véhémence au temps de Ton Steine Scherben. Je ne veux pas prendre position. Pour ma part, j’aime autant l’esprit subversif et engagé de Ton Steine Scherben que le côté plus intimiste des chansons que Reiser écrivit par la suite. Quand je l’entends chanter de sa voix cassée « Es ist vorbei, bye, bye », je fonds littéralement ! Du jour où il commença une carrière solo, Reiser écrivit effectivement des choses plus personnelles, mais resta engagé politiquement et voulut, en 1990, défendre les intérêts des Allemands de l’Est, ce qui n’était pas si bête ! D’ailleurs, il y a un document que je dois me procurer au plus vite : le DVD du spectacle que donna Rio Reiser à Berlin peu de temps avant la chute du Mur. Certaines chansons avaient apparemment été censurées et sont mises en bonus sur le DVD. Génial !
Rio Reiser aimait à se retirer à Fresenhagen, près de la frontière danoise. Il y possédait une ferme. Une de ses dernières volontés était de reposer un jour sous le pommier qu’il pouvait admirer depuis son bureau. A sa mort, sa famille fit tout pour exaucer ce voeu. Aujourd’hui, on peut aller écouter des concerts dans la « maison Rio Reiser », on peut y passer plusieurs jours. J’adorerais y aller !
Vraiment, si vous avez un jour l’occasion d’écouter Rio Reiser, en solo ou avec Ton Steine Scherben, n’hésitez pas. Fermez les yeux et laissez-vous porter par la magie de la langue allemande (oui, j’ose le dire comme ça, n’en déplaise à l’immense foule de gens qui trouvent que l’allemand est une langue affreuse !) et la voix cassée d’un grand bonhomme, d’un écorché vif. Encore un pour qui la création artistique fut le seul moyen d’échapper à la trop rugueuse réalité…
Pourquoi parler de Rio Reiser sur un blog consacré essentiellement à Thiéfaine ? Parce que, justement, « essentiellement » ne veut pas dire « exclusivement » ! Et puis je trouve beaucoup de ressemblances entre les deux personnages… Et puis je fais ce que je veux sur mon blog !!!
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23/05/2006
A propos des titres des chansons de Thiéfaine...
Ah, les titres des chansons de Thiéfaine ! Tout un poème ! « Première descente aux enfers par la face nord », « La môme kaléidoscope », « 113ème cigarette sans dormir », « Mathématiques souterraines », « Taxiphonant
d’un pack de Kro », « Exil sur planète fantôme », « Soleil cherche futur », « Les dingues et les paumés », « Whiskeuses images again », « Chambre 2023 (et des poussières) », « Dies ole sparadrap joey », « Bipède à station verticale », « Errer humanum est », « Syndrome albatros », « 542 lunes et sept jours environ », « Maalox Texas blues », « Sentiments numériques revisités », « Retour vers la lune noire », « Méthode de dissection du pigeon à zone-la-ville », « Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable », « Parano-safari en ego-trip-transit ou comment plumer son ange gardien », « Confessions d’un never been », « Loin des temples en marbre de lune ». Autant de jolies « acrobaties verbales » qui mettent les correcteurs d’orthographe au bord de l’extinction ! A quel titre revient ma préférence ? Peut-être à « Exil sur planète fantôme ». J’aime aussi beaucoup « Taxiphonant d’un pack de Kro ». Rien qu’en lisant les titres des chansons de Thiéfaine, on pressent un univers à part, le truc pas commun qui va vous coller dans les tympans toute une ambiance. C’est de la poésie pure qui vous dégringole dessus !
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