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25/01/2009

Concert de Zaza Fournier hier soir à l'Ostra

Zaza.jpgLa pensée du jour : "Hasard ou destin, la réponse n'est pas si simple, aimait-il répéter". Jean-Marie BARON, à propos de Joseph Kessel.

 

 

Connaissez-vous Zaza Fournier ? En ce moment, on doit entendre pas mal sur les ondes son entraînante « Vie à deux » (« Oh mon amour, la vie à deux, tu vois, c'est pas si simple », etc). Après avoir lu, il y a quelques mois et dans je ne sais plus quel magazine, une critique encensant la demoiselle, je me suis précipitée sur son album, l'achetant sans en avoir jamais entendu un seul titre. Sur un coup de tête. Sûre que je ne me trompais pas. Et effectivement ! Depuis, nous écoutons régulièrement ce CD, à tel point que Clara l'a elle aussi dans ses références ! Elle aime bien la dame qui chante « tralali tralala » !

Hier soir, Zaza Fournier passait dans une salle splendide de Nancy : l'Ostra. Je n'y avais encore jamais mis les pieds. Mais, ça y est, maintenant que j'ai découvert ce lieu, je vais faire partie de ses fidèles abonnés ! D'ailleurs, le 21 février, l'immense Allain Leprest y passe, et c'est un de mes rêves qui se réalise : je veux absolument le voir en concert ! Bref... Zaza Fournier, donc. En première partie, il y avait Martial Robillard, que nous avions déjà vu il y a quelques mois chez Paulette. Martial a interprété des chansons de sa composition, ainsi que « Ma môme » de Ferrat, et puis aussi une chanson dont le texte fut écrit par Boris Vian, une autre signée Bernard Dimey, et deux titres de Brassens. Belle première partie avec un monsieur talentueux qui ne se prend pas au sérieux !

Puis, Zaza Fournier est arrivée. Egale à elle-même, pareille à celle que l'on peut voir sur les photos ! Hier soir, elle portait une jupe rouge à petits pois noirs, un débardeur blanc (avec, d'un côté, un oeil fermé, de l'autre un oeil ouvert), un collant noir et des chaussures rouges. De fausses fleurs plantées dans la chevelure. Cette fille-là, quand elle arrive sur scène, il se passe tout de suite quelque chose. Elle est drôle, souriante, agréable, d'une fraîcheur rare. Elle nous a fait faire un joli tour dans son répertoire, interprétant également un titre d'Elvis Presley et « Les vieux » de Jacques Brel. Etonnée de constater que dans le public, certains connaissaient par coeur les paroles de ses chansons. Etonnée de se faire rappeler chaleureusement à la fin.

Après le concert, nous nous sommes installés au bar. Et nous avons papoté avec Martial et Baldo, le patron de ce lieu doté d'une âme si forte. Puis, Zaza est arrivée. Elle est dans la vie comme elle se montre sur scène : authentique, drôle, débordante d'énergie, s'émerveillant de l'enthousiasme qu'elle suscite.

J'ai passé une excellente soirée. De quoi enlever un peu de poids de mes valises si lourdes... Ce fut, pour plagier Sagan, « un peu de soleil dans l'eau froide ». J'ai repris des forces pour affronter la tourmente qui sévit en ma vie depuis plus d'un mois maintenant... Merci Zaza, merci Martial, merci Baldo ! Et merci, Sam, d'avoir insisté pour que j'aille à ce concert !

23/01/2009

Paroles et musique (suite et presque fin)

La pensée du jour : "Hélas ! elle est douce, la vie, mais c'est à ceux qui ne la connaissent pas". Alfred DE MUSSET (La confession d'un enfant du siècle).

 

 

« Vous paraissez, depuis quelques années, moins ironique et provocateur.

-C'est peut-être à ce niveau que l'on perçoit l'effet de la campagne. Je me sens plus serein. L'ironie, c'est quelque chose de mordant qui répond à des instants de crise.

 

-Quelles inflexions avez-vous voulu apporter à votre musique ?

-On s'est situés, Claude Mairet et moi, dans le sillage de Meteo für nada. Un rock simple, riche en guitare et plus mélodique.

 

-Un rock avec moins de paroxysme ?

-Et moins de fractures, de « cassures ».

 

-Vous savez que la particularité de votre public, c'est d'être d'une extrême fidélité et de connaître vos paroles de A à Z ?

-ça prouve que ce n'est pas si ésotérique. Pour retenir un texte, il faut le comprendre !

 

-Ce public si constant, vous le connaissez ?

-L'an dernier, après la parution de Meteo, je n'ai fait que le rencontrer durant deux mois à travers toute la France, grâce aux FNAC. Il y avait beaucoup de lycéens.

 

-Est-ce votre « parler vrai » qui les touche, a contrario des chanteurs de la « béatitude » ?

-Je crois qu'ils sont sensibles au fait que j'ai conservé précieusement mon adolescence, tout en revendiquant le fait d'être un adulte responsable.

 

-Vous aviez vingt ans en 1968 ?

-Oui, et, d'une certaine manière, j'ai gardé ma révolte d'adolescent. Cette révolte qui esquisse la liberté...

 

-Mais cette liberté, vous la relativisez vous-même. Je pense à votre chanson intitulée « Affaire Rimbaud », dans laquelle ni Arthur, ni la beauté amère, ni la liberté spirituelle ne sortent indemnes. Ou encore à Diogène, « héros de la classe moins zéro » que vous évoquez également de façon ambiguë. C'est quand même de l'optimisme sceptique ?

-Oui, c'est à peu près ça. Ou un pessimisme joyeux... Non, plutôt ouvert à toutes les possibilités d'un monde meilleur... (Long silence). Non, je ne suis pas véritablement optimiste !

 

-Vous écoutez beaucoup de musique ?

-Très peu. Même si je suis au courant. Forcément. Sans faire la démarche, on sait à peu près où en est la mode... Le dernier Sting, Billy Idol, un peu de Ferré, de Manset... ou les Stones. Avec eux, j'ai toujours 17 balais et je suis en 1965. C'est peut-être ça, après tout, la musique de mes deux derniers albums : un retour vers cette musique qui m'a complètement rendu cinglé dans les années 60 !

21/01/2009

Paroles et musique (suite)

La pensée du jour : "Tout ce qui était n'est plus; tout ce qui sera n'est pas encore. Ne cherchez pas ailleurs le secret de nos maux". Alfred DE MUSSET, La confession d'un enfant du siècle.

Musset.jpg

Aujourd'hui, voici la suite de l'interview que Thiéfaine avait accordée à Paroles et musique en 1988. Justement, dans le passage qui suit, il évoque La confession d'un enfant du siècle. Un livre que j'avais lu en 1995 et avec lequel j'avais passé des heures magiques. A relire, peut-être, tiens ?

 

« Quand on écoute « Droïde song », c'est plus que des doutes : c'est presque du fatalisme ?

-(Dubitatif) J'ai l'impression que c'est bien centralisé, que l'on bouffe de « la centrale »... Qu'il est de plus en plus difficile d'avoir des idées à soi, son propre jugement, son propre rythme...

 

-Jadis, dans « Bipède à station verticale », vous écriviez : « Parfois, j'ai la nostalgie de la gadoue ».

-J'évoquais notre côté animal. La tentation de se vautrer dans la boue ou de se détruire, alors qu'on a opté pour autre chose...

 

-Ambiguïté d'un enfant du siècle à la croisée des chemins ?

-C'est un peu ça. A parler d'auteurs, j'ai été marqué par Alfred de Musset, et particulièrement par la Confession d'un enfant du siècle. Ce côté romantisme déchiré... On a une déchirure en soi, et à travers elle on peut exprimer beaucoup de choses. Dans Musset, il y a cela, outre une appréhension de la solitude...

 

-Il y a une chose qui me frappe chez vous. Vous vivez près des arbres et des champs, dans le Jura, et pourtant, à les lire, vos textes semblent avoir été composés à New York ou dans les tours de La Défense à Paris. René Char vient de mourir. Indépendamment de l'universalité de sa poésie, il incarnait une sorte de tragique solaire. Son écriture a une origine indéniablement méridionale, par ses mots, ses couleurs, ses parfums, etc. Vous, vous parlez en privé des orages, des oiseaux, des odeurs de l'herbe, mais on n'en trouve pas trace dans vos chansons.

-Oui, j'ai beaucoup souffert durant mes années de vie à Paris. J'avais la nostalgie de l'espace et de la nature... Avec elle, je n'ai aucune responsabilité. Tandis qu'avec les villes c'est vraiment l'homme qui est impliqué...

 

-Peut-être qu'il y a cette différence. Mais, lorsqu'un Jean Ferrat chantait « La montagne » -chanson écologiste avant la lettre-, il défendait aussi un certain type de rapport à la vie !

-J'y viendrai peut-être... Jusqu'ici, pour moi, une chanson est une décharge. Une « purification » au cours de laquelle on cherche à s'enlever tout le plus qu'il y a en soi. Une forme d'exorcisme, aussi. Individuel et général, puisque l'individuel c'est du général. »

 

 

18/01/2009

Paroles et musique

 La pensée du jour : "Je songe, attristé, à tout ce que j'aurai ignoré de toi". Louis CALAFERTE.

Il y a bien longtemps, j'avais acheté un magazine Paroles et musique  ... parce qu'il contenait un dossier très riche sur Renaud. Remontons en arrière : nous sommes en avril 1988, je suis fan de l'ami Séchan et j'essaie de récupérer tout ce qui le concerne. J'achète donc le magazine en question. Et je le lacère une fois lu, le but étant de mettre un maximum de photos de Renaud aux murs de ma chambre !

Des années plus tard, sur mes vieux jours, l'ouragan Hubert étant passé par là, je me souviendrai soudain (les miracles de la mémoire à long terme !) que ce même magazine avait consacré un article complet à Thiéfaine. Article dans lequel, j'en ai toujours été certaine, le même Thiéfaine disait qu'il aimait bien l'allemand. Pendant longtemps, j'ai cherché ce Paroles et musique ... enfin, ce qu'il en restait. Et voilà que Sam vient de l'acquérir. J'avais raison : dans l'interview, Hubert dit effectivement qu'il aime bien l'allemand (ce dont je le félicite à grands cris !! Merci, nous ne sommes pas légion à reconnaître l'immense talent poétique de cette langue). Bref... Voici un petit bout de l'interview. A l'époque, on était en plein dans Eros über alles .

 

« Pourquoi ce titre ?

-J'aime bien l'allemand. Je l'ai déjà utilisé avec Meteo für nada. C'est le dernier vers de « Je suis partout », une chanson que j'ai composée au moment du procès de Klaus Barbie. Non seulement ça sonnait bien, mais, en outre, ça détournait quelque chose.

 

-« Was ist das rock'n'roll » est une chanson autobiographique ?

-Oui. Une sorte de grande facétie avec son propre miroir.

 

-Vous évoquez dans cette chanson « quelque mauvais don d'acrobatie verbale ». A ce propos, vous écriviez dans Le Monde : « S'il est vrai que chaque chanson est pour moi une étape vers un devenir plus lumineux, j'ai bien conscience de ne pas être un archange ». Nietzsche disait que les poètes n'ont pas la pudeur de leurs aventures qu'ils exploitent :

-Je ne me considère pas comme un poète, mais, en tant qu'auteur de chansons, je pense que c'est un peu pareil...

-Où en êtes-vous en ce qui concerne votre statut ?

-C'est vrai que, pendant longtemps, j'ai hésité. Je ne savais pas du tout à quoi je pouvais servir. Et puis, autant se spécialiser dans ce qu'on aime et ce qu'on fait le mieux ! Aujourd'hui, je n'ai plus ce problème. Je me dis : Vas-y ! Je peux assumer ce genre d'acrobatie.

 

 

-« Pulque mezcal y tequila » fait référence à Malcolm Lowry. Vous êtes allé au Mexique ?

-Plusieurs fois. C'était un brouillon de texte, que je voulais intégrer dans Alambic, mais qui n'était pas assez travaillé.

 

-Il y a une chanson à part dans l'album, « Septembre rose ».

-Elle raconte une naissance presque en temps réel...

 

-Dans cet album de tonalité assez sombre, c'est un peu une fenêtre...

-Je crois qu'il y a une autre ouverture : « Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir ». Je la trouve assez positive (sourire).

 

-C'est un point de vue !

-C'est quand même une chanson d'amour !

 

-Il y a dans vos thèmes une permanence : celle d'une société de plus en plus dépersonnalisante, mécanisée. Une vision à la William Burroughs.

-C'est intuitif. Une vieille angoisse. Je ne suis pas contre le progrès, au contraire. Mais j'ai quelques doutes... »

04/01/2009

Méthode de dissection : place à "Soleil cherche futur"

La pensée du jour : "Ecrire, c'est se découvrir hémophile, saigner de l'encre à la première écorchure". Christian BOBIN.

 

 

Année de parution : 1982

 

Titres :

Soleil cherche futur

Lorelei Sebasto Cha

Autoroutes jeudi d'automne

Ad orgasmum aeternum

Les dingues et les paumés

Exit to chatagoune-goune

Rock joyeux

Solexine et ganja

 

Pochette : On reste un peu dans la même veine que sur « Dernières balises avant mutation ». Toujours cette confrontation de l'enfance avec un univers trash. Le décor : une espèce d'usine désaffectée, comme on en voit beaucoup par chez nous, d'ailleurs, notamment en Moselle. L'endroit me fait également penser à la Rockhal, salle de concert luxembourgeoise plantée dans un décor assez atypique (une usine désaffectée justement). C'est dans cette salle que je vis Hubert pour la première fois à l'occasion de la tournée « Scandale mélancolique », moment magique de retrouvailles avec l'artiste et découverte de son équipe de musiciens, ainsi que de l'habillage scène des morceaux choisis...

 

Les phrases morceaux d'anthologie (à mes yeux, s'entend) :

« Et moi je reste assis les poumons dans la sciure

à filer mes temps morts à la mélancolie ».

 

« C'est depuis le début du monde

que l'homme s'est déchiré ».

 

« Les monstres galactiques projettent nos bégaiements

Sur les murs de la sphère où nous rêvons d'amour ».

 

« Et je te dis reviens maintenant c'est mon tour

de t'offrir le voyage pour les Galapagos

et je te dis reviens on s'en va mon amour

recoller du soleil sur nos ailes d'albatros ».

 

« Il est bientôt minuit mais je fais beaucoup plus jeune » (à noter, dans ces « Mathématiques souterraines n°2 », le parallèle avec « Mathématiques souterraines » tout court : « Il est minuit sur ma fréquence et j'ai mal aux globules »).

 

En fait, pour moi, toute la chanson « Autoroutes jeudi d'automne » est un morceau d'anthologie !

 

D'ailleurs, que de chefs-d'oeuvre sur cet album ! On continue avec « Ad orgasmum aeternum », que je trouve magnifique, entre « Je reviendrai comme un vieux junkie m'écrouler dans ton alchimie » et

« Je reviendrai comme un vieux paria me déchirer dans ton karma ». Mais aussi : « Je reviendrai narguer tes dieux

déguisé en voleur de feu

et crever d'un dernier amour

le foie bouffé par tes vautours ».

 

Vient ensuite LA chanson, j'ai nommé « Les dingues et les paumés », oeuvre magistrale et centrale dans le grand laboratoire thiéfainien. Là encore, il faudrait citer l'intégralité des paroles ! « La solitude n'est plus une maladie honteuse » : j'en connais plus d'un à qui cette phrase a dit des choses intimes, n'est-ce pas ? En moi aussi, elle avait fait tilt en 1992, année de du choc Thiéfaine pour moi. J'aime particulièrement la version live 83. C'est justement la chanson « Les dingues et les paumés » qui ouvre le bal, et j'adore cette intro durant laquelle le son monte lentement, mystérieusement, pour devenir plus rythmé.

 

« Ce soir je sors de ma poubelle

pour provoquer tes océans ».

 

« Inutile d'afficher nos scores

aux sorties des supermarchés

les dieux sont jaloux de nos corps

nous balayons l'éternité ».

 

Là encore, quel poème ! Les sonorités s'épousent divinement bien, le texte est splendide aussi.

 

« Casse-toi de mon ombre

tu fous du soleil sur mes pompes ».

 

« Et je traîne dans la galerie en grillant mes traumas ».

 

En fait, cet album fait partie de mes préférés aussi ! Et j'aurais d'ailleurs toutes les peines du monde à établir un classement dans mes préférences. De toute façon, là n'est pas la question, l'essentiel est ailleurs, n'est-ce pas ? Ce qui compte, c'est la richesse de l'oeuvre de Thiéfaine, et la façon dont elle irradie depuis si longtemps déjà dans mon quotidien. Pas un jour sans que je ne pense à un mot, une phrase, une mélodie de l'ami Hubert. Mais je m'égare !

 

Les p'tites références à l'Allemagne :

« Rue barrée à Hambourg », « Hölderlin », « Lorelei ».

Vous avez remarqué que dans chaque album, on trouve ces fameuses références à l'Allemagne ?!! Pas besoin de chercher longuement, il y en a partout, elles poussent ici et là comme de jolis champignons, ce qui est loin de me déplaire !

 

La chanson que je n'ai jamais entendue en live : « Rock joyeux ».