30/04/2010
Miossec à L'autre Canal, à Nancy...
La pensée du jour (ou plutôt de la nuit) : "Et l'on ne reverra plus l'inconnu, et l'on y pensera souvent, longtemps, toujours peut-être, à elle et à d'autres, et cela aurait été si beau, plus beau que tout, et on a mal comme si on avait vécu pour rien... ça vous arrive, de temps en temps ? Moi, souvent. Chaque jour. Enfin, presque. Il y a des jours où je ne sors pas". CAVANNA.
Cet homme est tout simplement bouleversant. Et bouleversé, semble-t-il aussi, en permanence ! Quand il chante, les yeux suppliants, « ne me secoue surtout pas car je suis plein de larmes » (je me demande si Henri Calet n'a pas écrit un truc semblable, ça ne vous dit rien ?), oui, quand il nous lance ces mots à la gorge, celle-ci se noue, on voudrait bien le serrer très fort, sans le secouer surtout...
J'ai découvert Miossec en 2002. C'était en Bretagne, il participait au même festival que Thiéfaine à Goméné. Miossec, je connaissais de nom, mais je n'avais jamais prêté une oreille très attentive à ce qu'il chantait. Et là, ce concert... Fabuleux. Je découvrais un artiste, un homme, un univers. Ses rades, au propre comme au figuré... Le lendemain, j'avais prévu d'aller visiter Brest (cela ne s'invente pas !) et j'y achetai l'album de l'époque, «Brûle ». Symboliquement, le geste était fort !!!
Bref. Ensuite, je me suis procuré les albums précédents. J'y suis allée assez fort, comme avec Thiéfaine, je voulais connaître, boire tout Miossec en un clin d'œil. Mais voilà un univers qui ne s'avale pas comme ça, il faut prendre le temps de le descendre à petites gorgées, en sirotant tranquillou chaque mot, chaque blessure couchée sur le papier.
Alors ce fut l'aventure Miossec, comme il y eut l'aventure HFT et l'aventure Higelin. Je me mis à guetter chaque sortie d'album. Et voilà. Je les ai tous. Le dernier, acheté il y a quelques mois, ne m'a d'abord pas enthousiasmée des masses. Mais, cette semaine, j'ai voulu prendre le temps de le réécouter attentivement. De le siroter, justement. Et j'y ai découvert des trésors, comme dans tous les autres. « Une fortune de mer », mais comment ai-je pu, à la première écoute, passer à côté de cette sublime chanson ? Ce n'est que ce soir que la beauté de cette « fortune de mer » m'a sauté aux oreilles. Le dernier album vaut vraiment le détour, je retire ici ce que j'ai dit quand certains, parmi vous, m'ont demandé ce que j'en pensais. Je n'en pense plus que du bien, du vrai, du beau ! Foncez l'acheter !
Mais je m'égare. Le concert de ce soir, donc. A « l'autre canal ». Je n'avais encore jamais mis les pieds dans cette salle de Nancy, mais rien que le nom m'a toujours fait rêver, allez savoir pourquoi ! Bref... Ce soir, je suis arrivée à 19h40 devant ce lieu magique (un bel ensemble rouge, "l'autre canal" étant écrit en blanc dessus). Ce qui m'a valu d'être tout devant, à un mètre à peine de Miossec ! J'ai d'abord eu un petit choc quand je l'ai vu débarquer avec une canne. Je me suis alors souvenue d'Evadné, qui avait eu les mêmes craintes, il y a quelques semaines, en le voyant arriver avec des béquilles. Qu'il avait très vite balancées ! Idem pour la canne. A un moment, je me suis rendu compte qu'elle n'était même plus sur la scène. Quelqu'un avait dû venir l'enlever. Quelques cafouillis dans les textes parfois, me semble-t-il, mais je ne connais pas Miossec par cœur et ne saurais affirmer à cent pour cent qu'il y a bel et bien eu cafouillis. Il est touchant, cet homme. Quelqu'un lui a dit, après une chanson : « C'était bien, Christophe », ce à quoi le même Christophe a répondu, avec l'art de la dévalorisation qui le caractérise (j'ai donc trouvé plus fort que moi à ce jeu auto-destructeur !) : « Mais ça va pas durer ». Il est gentil, cet homme. Un gros lourdaud a passé tout le concert à hurler pendant les chansons, à les massacrer à la hache de sa voix avinée, à dire des trucs inintéressants au possible entre deux morceaux, et, accessoirement, à me meurtrir les pieds (car, bien sûr, avec le bol qui me poursuit depuis toujours, quand il y a un mec comme ça dans toute une salle -fût-elle occupée par cent mille personnes !-, c'est toujours à mes côtés qu'il vient s'échouer, je vous jure !!). Bref, ce gros lourdaud a même essayé de voler la vedette à Miossec, il a tenté de lui piquer son micro ! Et là j'ai même fini par en avoir honte pour lui, vraiment. Et Christophe de prendre tout cela avec beaucoup d'humour et de délicatesse ... enfin, il a quand même dit à la fin que le triste individu avait réussi à flinguer tout le concert, ce qui n'est pas entièrement faux ! Il y en a toujours des comme ça, dans le public de Thiéfaine aussi (je le sais, ils sont toujours à côté de moi !!!!!!!!!!!!!!). Par exemple, le pénible a demandé à un moment à Miossec s'il ne pouvait pas chanter rien que pour sa copine, Aurélia. Et Miossec de demander : « Mais elle est où, Aurélia ? » Réponse du type : « Au fond de la salle ». Miossec : « Aurélia, tu veux pas le rappeler à tes côtés ?! » Purée mais c'est comme dans une salle de classe, il y a toujours un couillon qui voudrait que toute l'attention se focalise sur lui !! N'empêche que la pauvre Aurélia, quand même ! A sa place, j'aurais été rouge de honte. Et j'aurais quitté mon lourdaud sur-le-champ. Ce serait quand même le comble de l'ironie du sort, ça, se faire plaquer au beau milieu d'un concert de Miossec ! Prends ça dans les dents, je te laisse la collection de CD, tu pourras éponger ton chagrin avec, car côté ruptures, il y a de quoi faire là-dedans ! Pardon, j'arrête !
Ce pauvre hère ne m'a même pas gâché le concert. Je dois vieillir plutôt pas mal car aux Eurockéennes, en 1999, un type du même acabit était venu s'installer près de moi (quand je vous dis que je les attire !) et je l'avais poussé de toutes mes forces en l'engueulant même ! Fini, tout cela, j'ai dû m'habituer à la connerie ambiante, elle me glisse dessus comme de la flotte sur les plumes d'un canard...
Donc, ce concert : magnifique ! Un bel hommage à Bashung, avec la reprise d' « Osez Joséphine ». Une réserve, une sobriété (est-ce bien raisonnable d'employer ce mot pour parler du Brestois ?!!!), je veux dire : pas de grands mots pour évoquer Alain... Juste une chanson. Une chanson juste. Miossec est pétri d'une sensibilité immense, on le sent généreux, mais aussi et surtout fragile, prêt à s'effondrer. Christophe, mon frangin d'infortune (moi non plus je ne mise jamais sur le bon cheval, moi non plus je ne tire jamais le bon numéro, ce ne serait pas dû aux gênes bretons, des fois ?!), merci pour cette splendide soirée... Je reviendrai !!
00:45 | Lien permanent | Commentaires (14)
27/04/2010
"Demain, tu verras tous ces petits alchimistes pulvériser un continent"...
La pensée du jour : "Vous rencontrez quelqu'un que vous n'avez pas vu depuis longtemps; vous parlez pendant des heures, mais c'est le néant. Vous rencontrez quelqu'un d'autre, vous vous parlez et vous rentrez chez vous bouleversé. C'est ça la vraie originalité des êtres, ce qu'ils cachent et qui transperce malgré tout dans ce qu'ils disent". CIORAN.
Une histoire d'alchimie, quoi, ça prend ou ça ne prend pas...
"Je t'ai recontrée une nuit
au détour d'un chemin perdu
qui ne conduisait nulle part
où tu te tenais immobile
en équilibre sur un fil
tendu au-dessus du hasard"...
Je suis rentrée de Rome, après bien des péripéties. Depuis, j'ai même eu le temps de réécouter Thiéfaine (!!), de préparer des cours, de faire ma rentrée, etc. J'ai délaissé ce blog, mais lorsque je suis silencieuse, c'est souvent "pour mieux revenir, vagabonde, dans votre rue" !! Parlons donc d'alchimie aujourd'hui... Cette note, comme quelques autres, doit beaucoup à l'ouvrage Symboles et signes, origines et interprétations, que je ne peux feuilleter sans penser à l'une ou l'autre chanson de Thiéfaine !!
L'alchimie
Elaborée dans l'Europe du Moyen Âge, l'alchimie occidentale a hérité de pratiques en provenance de l'Egypte ancienne et de la Mésopotamie. Essentiellement destinée à permettre le changement des métaux vils en or ou en argent, elle est sous-tendue par des enjeux symboliques particulièrement profonds : le fait de parvenir à opérer une telle transmutation reviendrait en effet à conjurer l'impur pour atteindre la pureté. L'alchimiste s'engage ainsi dans une quête spirituelle, appelée à le mener des ténèbres à la lumière.
Les alchimistes ont d'abord pris pour symboles des signes astraux, tels que le Soleil et la Lune. Mais, au Moyen Âge, la crainte de la persécution les incita à se doter d'un vocabulaire spécifique et complexe pour consigner et transmettre leur savoir. Cet hermétisme leur valut d'être souvent taxés de charlatanisme, en dépit de la validité scientifique de certaines de leurs découvertes.
Pour l'alchimiste, la quête de l'or est une recherche de spiritualité. Pour la mener à bien, il doit trouver la « pierre philosophale », substance tour à tour décrite comme une pierre véritable ou comme une poudre de couleur rouge. Investie de diverses qualités mystiques, elle serait la clef de la transformation du plomb en or. Parfois assimilée à l'élixir de jeunesse, elle représente la pureté et l'immortalité, et sa découverte est l'aboutissement du « grand œuvre ».
La symbolique des couleurs
Dans cette aquarelle tirée du Splendor solis, traité alchimique publié en 1598, les couleurs noir, blanc, rouge et or sont investies de significations hautement symboliques. Le noir représente le premier stade du processus (« œuvre au noir »), qui passe ensuite par le blanc, puis le rouge, jusqu'au résultat final, l'or.
Ah d'accord, je comprends mieux ceci à présent :
Memento remember je tremble et me souviens
Des moments familiers des labos clandestins
Où le vieil alchimiste me répétait tout bas :
« Si tu veux pas noircir, tu ne blanchiras pas » (extrait de la sublime chanson « Annihilation »).
Il est question d'alchimie, de grand oeuvre ou d'alchimistes dans plusieurs chansons de Thiéfaine. Je vous laisse le plaisir de trouver les extraits que je n'ai pas cités ici !
21:57 | Lien permanent | Commentaires (26)
11/04/2010
La Lune (et sa face cachée)
La pensée du jour : "Vous mettrez sur ma tombe une bouée de sauvetage. Parce qu'on ne sait jamais". Robert DESNOS.
Encore un extrait de mon livre Symboles et signes, origines et interprétations :
Mystérieuse, la Lune a toujours stimulé l'imagination des hommes. Sa présence lumineuse dans le ciel nocturne en fait un symbole d'espoir et d'illumination. Comme le Soleil, elle est souvent associée à la naissance, à la mort et à la résurrection, mais elle exerce aussi son influence sur les eaux et la fertilité. Gouvernant les rêves, la Lune est associée à l'énigmatique; sa face cachée représente le monde occulte. Elle symbolise également la déesse mère par ses qualités féminines.
L'influence de la Lune :
En raison de sa course dans le ciel et de sa forme changeante, la Lune est associée par les sociétés ancestrales au cycle de la vie humaine. Un symbolisme particulier se rattache en effet à chacune de ses phases - croissante, décroissante ou pleine -, ainsi qu'aux éclipses lunaires. Outre son influence sur les marées, le temps et la vie en général, la Lune passe pour gouverner la destinée humaine.
Les divinités lunaires :
Certaines cultures de l'Océanie et des tribus africaines assimilent la Lune à une divinité mâle fécondante, mais elle est généralement considérée comme d'essence féminine. Ainsi la Vierge Marie est-elle associée à la Lune. Les déesses lunaires, aussi bien les mères protectrices que les vierges farouches, telle Diane, déesse romaine de la chasse, sont quant à elles considérées comme « tisseuses » du destin et sont donc représentées sous la forme d'araignées.
Voilà. Là aussi, on peut citer des passages dans lesquels Thiéfaine évoque la Lune. Je commence :
"Welcome senor Malcolm Lowry
sous la lune caustique et sanguine"...
A vous ! Vous avez une semaine entière pour réfléchir à ce petit jeu. D'autres extraits de chansons me sont déjà venus à l'esprit, mais je ne voudrais pas gâcher votre plaisir ! Donc, oui, vous avez une semaine entière, car je pars demain pour Rome, je serai de retour dimanche prochain (si tout va bien, ne jurons de rien)...
10:04 | Lien permanent | Commentaires (10)
09/04/2010
713705 cherche futur
La pensée du jour : "Et l'avenir mon seul espoir c'est mon tombeau
Pareil au tien cerné d'un monde indifférent
J'étais si près de toi que j'ai froid près des autres". Paul ELUARD
Au courrier de ce matin, j'ai reçu un livre que je m'étais commandé en me disant que je trouverais là-dedans des tas de trucs en lien avec Thiéfaine. Et pour cause : l'ouvrage s'intitule Symboles et signes, origines et interprétations ! J'avais feuilleté le livre sur internet au préalable et j'étais tombée sur deux pages consacrées au soleil. De quoi me réjouir ! Une vraie mine, ce bouquin ! Il y a là-dedans un dossier sur les divinités grecques et romaines, sur Satan et les démons, l'alchimie, etc, etc. De quoi alimenter ce blog pendant de longues années !!!!!
Voici donc un petit topo sur le soleil puisque celui-ci, dans l'univers de Thiéfaine, se cherche un futur...
La plupart des cultures ont, au cours de leur histoire, vénéré le Soleil, énergie vitale et force cosmique suprême. En tant que source de chaleur, l'astre est synonyme de vitalité, de passion et de jeunesse. Et, étant à l'origine de la lumière, il symbolise aussi l'illumination. Il constitue en outre un symbole royal et impérial. Dans certaines traditions, le Soleil est le Père universel, dont le lever et le coucher sont associés à la naissance, à la mort et à la résurrection.
Les solstices d'hiver et d'été correspondent aux jours le plus court et le plus long de l'année, et ils ont engendré des mythes et des fêtes dans le monde entier. Le solstice hivernal symbolise la victoire de la lumière sur l'obscurité, et le début d'un nouveau cycle de lumière et de croissance. Le solstice estival célèbre la terre dans sa plénitude, mais il marque aussi le pouvoir déclinant du Soleil. Les druides fêtaient le début du solstice d'été à l'aube. Les deux solstices sont symbolisés par le feu, qui évoque la chaleur du Soleil et la fertilité.
Icare : selon la mythologie grecque, Dédale a fabriqué des ailes en cire à son fils Icare, qui les a fait fondre en volant trop près du Soleil. Sur le plan symbolique, son orgueil et son manque de respect à l'égard des dieux sont à l'origine de sa chute.
Phénix : symbole de la mort, de la renaissance et du Soleil, le phénix de la mythologie est représenté sous la forme d'un rapace s'élevant au-dessus des flammes.
Et maintenant, un petit jeu, genre « Shabadabada » : comme ça, sans trop réfléchir, quels sont les extraits de chansons de Thiéfaine qui évoquent le soleil et qui vous viennent à l'esprit ? Je commence :
« Casse-toi de mon ombre
tu fous du soleil sur mes pompes » (« Rock joyeux »).
14:51 | Lien permanent | Commentaires (29)
08/04/2010
Un mémoire sur Thiéfaine
La pensée du jour : "Je passe mon temps à amasser du silence et attendre que s'éveille le murmure". Charles JULIET.
En ce 8 avril, joyeux anniversaire à Alfana, fidèle visiteur de ce blog !
Et un cadeau, pour lui, pour tous ceux qui aiment HFT :
09:02 | Lien permanent | Commentaires (30)
07/04/2010
"Je suis le fils d'une société fondamentalement épuisée"...
La pensée du jour : "Pourquoi attendre des êtres que tu rencontres plus qu'ils ne peuvent donner, exiger d'eux une clarté, une connaissance dont ils ne peuvent jouir et que toi-même tu n'as pas ? Tu te condamnes ainsi à ne connaître que déceptions". Charles JULIET.
La fin du Saint Empire Romain Germanique
Je suis le fils d'une société
fondamentalement épuisée
passe-moi ma pipe de Marijane
sinon je me shoote à la banane
tout comme ses autres copains mon père
s'en revenait de Germany
quand on leur a dit les petits pères
faut nous faire de la démographie
moi c'est comme ça que j'ai débarqué
par un beau matin aux aurores
la guerre venait de se terminer
on revendait les miradors
les miradors...
avec les germes de la guerre
on ne fabrique que des tarés
moi j'ai le coeur qui tape à l'envers
et le cerveau qui a des ratés
pourtant on m'a donné l'enfance
d'un petit Français bien rassasié
jusqu'à l'école où Mendès-France
venait nous donner la tétée
mais si je fus un beau nourrisson
répondant aux normes Nestlé
aujourd'hui j'ai l'air tellement con
qu'on veut pas de moi même dans l'armée
même dans l'armée...
d'ailleurs je suis toujours mal foutu
j'ai mal aux seins, j'ai mal au ...
y'a guère que dans la naphtaline
que je trouve un peu de vitamines
et pour ce qui est des nanas
j'ai même plus le courage de draguer
quand je les emmène au cinéma
je m'endors aux actualités
faut dire que maintenant les starlettes
ça devient micheton à dégommer
quand elles cartonnent pas M.L.F.
elles vous allongent au karaté
au karaté...
arné sné connunu salome
massasné mazna en sodome
loukoum loukoum dé trougaga
arné snavi rutabaga
je suis le fils d'une société
fondamentalement épuisée
refile-moi mon dir-la-da-da
sinon je me shoote au Banania
c'est la fin de mes éructations
j'ai pas le courage d'aller plus loin
mieux vaut s'arrêter là sinon
ça va se terminer en boudin
ouais, en boudin...
Antoine avait ses élucubrations, Thiéfaine a donc ses éructations... « La fin du Saint Empire romain germanique ». Das Ende des Heiligen Römischen Reiches Deutscher Nation. 1806. Voilà qui me rappelle mes années de fac et des flopées de dates à apprendre par coeur (oubliées depuis, la preuve : j'ai dû faire des recherches pour retomber sur 1806 !!!)
Dans ces éructations-là, Thiéfaine revient donc, avec évidemment beaucoup de recul et d'auto-dérision, sur sa naissance (1948 : « la guerre venait de se terminer, on revendait les miradors ») et son enfance.
J'adore cette chanson. Et, sur la tournée « HFT en solitaire », c'était toujours un grand moment quand Thiéfaine la faisait à la guitare.
Revenons sur quelques points :
-Pierre Mendès France (1907 – 1982) : homme politique français. Avocat, député radical-socialiste à partir de 1932, président du Conseil en 1954-1955, il marqua la vie politique française tant par son style nouveau que par l'importance de ses décisions : fin de la guerre d'Indochine (accords de Genève), autonomie interne en Tunisie et rejet de la Communauté européenne de défense (CED).
En 1954, quand il était président du Conseil, Mendès France, carence en calcium et malnutrition obligent, instaura un rituel : distribution de lait à tous les enfants des écoles maternelles de France. C'est cet épisode-là auquel il est fait allusion ici.
-M.L.F. : Mouvement de Libération des Femmes.
-Banania : la célèbre boisson chocolatée aurait vu le jour en 1914 à Courbevoie. Ironie de l'art : dans une même chanson, Thiéfaine évoque à la fois Mendès France, dont le nom reste associé à une action en faveur de la décolonisation, et la boisson Banania, dont certains diront, dans les années 1970, que son slogan est un symbole du colonialisme (plus de renseignements sur Wikipedia, par exemple).
-Nestlé : multinationale suisse. Cette société a été fondée en 1866 par Henri Nestlé, pharmacien suisse d'origine allemande.
J'adore cette chanson, je le répète. Et, dans cet album à dominante délirante qu'est "Tout corps vivant branché sur le secteur étant appelé à s'émouvoir", elle ne produit pas un effet discordant, bien au contraire !!!
08:16 | Lien permanent | Commentaires (12)