20/01/2011
Une note signée Jean Théfaine !
La pensée du jour : "Le destin vient de les présenter l'un à l'autre, c'est lui qui se chargera de les réunir et de les séparer. Et son double visage montre plus souvent la face du malheur que celle de la joie". René BARJAVEL
Il y a quelques mois, j'avais demandé à Jean Théfaine s'il était prêt à m'accorder une petite "interview" que je publierais ensuite sur mon blog. Quelle jolie surprise ce fut de recevoir sa réponse positive ! C'était en otobre, il était en train de retravailler à la réédition de sa biographie de Thiéfaine, il ne savait pas quand il pourrait accorder un peu de temps à mes questions. Nous nous sommes recontactés dernièrement, je lui ai envoyé quelques questions en début de semaine, et la réponse n'a pas tardé à arriver dans ma boîte mail. Finalement, il a répondu essentiellement à ma première question (à savoir "pourquoi vous être consacré à Thiéfaine ? Lui vouez-vous une admiration particulière ?") et a longuement développé, si bien qu'à la fin, il avait répondu à toutes mes autres questions !!!
Voici donc :
En tant que journaliste culturel au quotidien Ouest-France, je me suis toujours intéressé (entre autres !) au travail d’Hubert et à son parcours. Sa singularité dans le métier, sa façon de manier les mots en virtuose, son incroyable impact auprès d’un public d’inconditionnels m’ont fasciné très tôt. J’ai cherché à percer le secret du cocktail, non pas en fan (je ne le suis de personne, même si j’ai mes icônes à moi), mais en admirateur épaté par la force du tsunami thiéfainien. C’est dans le Finistère, à Concarneau, dans la première moitié des années 80, que j’ai vu HFT en scène pour la première fois. Mais c’est quelques années plus tard, aux Francofolies de La Rochelle, où je travaillais pour mon journal, que j’ai rencontré Hubert… de vive voix. La quasi similitude de nos noms l’a amusé, tout comme moi, et on a entamé là une « conversation » qui n’a jamais cessé depuis. Je veux dire par là que, pour Ouest-France, comme pour la revue Chorus, à laquelle j’ai collaboré pendant quinze ans, je n’ai quasiment rien raté des albums et des tournées du Jurassien, au fil de nombreuses interviews et chroniques.
C’est dans le numéro 26 de Chorus, fin 1998, qu’est paru sous ma plume un dossier de 25 pages sur Hubert. Une première de cette importance-là, je crois, essentiellement mise en boîte chez notre homme, en bordure de la forêt de Chaux. Thiéfaine s’y découvrait avec une telle attachante sincérité qu’a alors germé en moi l’idée d’une biographie. Mission impossible, m’avait-on prévenu. C’est vrai que « l’enquête » n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, mais la confiance que m’a alors accordé Hubert, envers et contre tout, m’a permis de signer un premier ouvrage de 330 pages, paru chez Fayard/Chorus fin novembre 2005. De très nombreux admirateurs de HFT s’y sont retrouvés, même si certains auraient aimé que je me lance dans une exégèse des textes, ce qui n’était pas mon propos.
Cinq années ont passé. J’ai suivi, bien sûr, la carrière de l’hombre ; notamment sa collaboration avec Paul Personne, un autre artiste que je connais bien et que j’apprécie, ainsi que le “burn-out” de l’été 2008, qui a totalement chamboulé la trajectoire d’Hubert. C’est à ce moment que j’ai eu l’envie de revisiter la bio de 2005, de la compléter en amont (avec de nouveaux témoins) et surtout en aval. Fayard ayant accepté de reconduire l’aventure, j’ai repris mon bâton de pèlerin, HFT m’ayant renouvelé sa confiance. C’est lors d’un séjour au cœur du Jura, au printemps 2010, que j’ai engrangé des heures et des heures de confidences dont j’ai tiré ce qui me semblait nécessaire. Les lecteurs jugeront du résultat, mais je suis fier du “bouquin” de 440 pages qui débarquera en librairie le 23 février, sous une couverture nettement plus conforme que celle de l’édition 2005, à l’image que vous et moi avons du poète électrique. Bonne lecture à ceux et celles qui s’y plongeront.
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15/01/2011
Chanson n°87 : "Série de 7 rêves en crash position"
La pensée du jour : "Complices du moindre fait, du tressaillement le plus infime de l'autre". Caroline THIVEL
SERIE DE 7 REVES EN CRASH POSITION
Corbeaux neuro-taxi
Fixés au stabilo
Sur l'écran confetti
Des cauchemars-vidéo
Parfums d'ombres peyotl
Au fond des catacombes
Avec ces bruits de bottes
Qui marchent sur ma tombe
Mais que devient le rêveur
Quand le rêve est fini ?
L'ange exterminateur
Dans une vieille Mercury
Joue du ventilateur
Devant la nurserie
Emballages de MacDo
Boîtes de bière écrasées
Aux limites du ghetto
Sur le parking brûlé
Mais que devient le rêveur
Quand le rêve est fini ?
Clavier bien tempéré
Mais vopo taciturne
Couleur d'homme écorché
Sur les murs de sa turne
Yellow cake nauséeux
Reniflant le nabab
Aux carrefours charogneux
Où pourrissent les macchabes
Mais que devient le rêveur
Quand le rêve est fini ?
Les jambes des meufs qui montent
Jusqu'à l'extrême douleur
Des vestiges de la honte
Aux moisissures du coeur
Nostalgie suicidaire
De ceux qui n'ont plus l'âge
De mourir à l'envers
Sur un porte-bagages
Mais que devient le rêveur
Quand le rêve est fini ?
La fille du cosmonaute
Explore le terrain vague
Autour du Noah's boat
Avec un doggy bag
Son perfecto trop lourd
Sur sa robe de mariée
Dans le ronflement sourd
De l'air conditionné
Mais que devient le rêveur
Quand le rêve est fini ?
L'opéra cristallin
Du choeur des crânes rasés
Piloté par un chien
Aveugle et déjanté
Délatte au nunchaku
Mes gravures de Dürer
Pendant que je mets les bouts
Dans un cercueil à fleurs
Mais que devient le rêveur
Quand le rêve est fini ?
Amants numérotés
De 0 à 104
Coeurs polymérisés
En relief écarlate
Mycoses et staphylomes
Dans le barrelhouse
Où la danse du fantôme
Dégénère en partouze
Mais que devient le rêveur
Quand le rêve est fini ?
Les dandies androgynes
Les putains somptueuses
Les Vénus callipyges
Les chiennes voluptueuses
Les fleurs de Tijuana
Sur fonds d'oeil ecchymose
Et les secrétariats
D'Etat aux maisons closes
Mais que devient le rêveur
Quand le rêve est fini ?
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14/01/2011
Chansons n°85 et n°86 : "Fin de partie" et "Animal en quarantaine"
La pensée du jour : "Ende März hatten wir entdeckt, dass wir uns unser Leben lang immer schon lieben und geliebt haben, von Anfang an und bis zum Jüngsten Tag". Birgit VANDERBEKE
FIN DE PARTIE
débris distordus de skylab
fossilisés sur ta moquette
fines fleurs calcées de baobab
violacées au bout de tes gamètes
comme dans un rébus
tu déchibres tes nuits
ce n'est qu'un début
juste une fin de partie
juste une fin de partie
juste une fin de partie
vieille odeur de foutre moisi
dans les brumes du vestiaire
où t'échanges ta mélancolie
contre un canon scié Winchester
baiser gluant de James Joyce
sous le rasoir effilé de tes chromes
whisky-rock and rolls royce
vodka mercurochrome
juste une fin de partie
juste une fin de partie
juste une fin de partie
où est la sortie ?
chien errant à minuit
devant l'asile fermé des petites sœurs éphémères
tu n'entends plus le cri
tu n'entends plus le cri
le cri
le cri
le cri de tes désirs
le cri de tes désirs
le cri de tes désirs déserts
le cri de tes désirs déserts
où est la sortie ?
juste une fin de partie
où est la sortie ?
juste une fin de partie ... / ...
ANIMAL EN QUARANTAINE
oh ! le vent se lève
au large des galaxies
et je dérêve
dérive à l'infini
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
je m'imagine
en ombre vaporeuse
âme anonyme
errante et silencieuse
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! dépouillé
exigeant l'immortalité
et refusant de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit
vers l'autre monde
dans le dernier taxi
les infos grondent
et le temps s'obscurcit
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
exigeons l'immortalité
et refusons de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit ... / ...
oh ! le vent se lève
au large des galaxies
et je dérêve
dérive à l'infini
oh ! oh ! tourmenté
oh ! oh ! torturé
exigeons l'immortalité
et refusons de retourner
peu à peu vers la face cachée
de la nuit
21:06 | Lien permanent | Commentaires (15)
06/01/2011
Chanson n°84 : "Bruits de bulles"
La pensée du jour : "Il arrive un moment dans la vie où toutes les femmes que l'on a rencontrées finissent par vous composer une image très claire de celle qui vous manque". Romain GARY
BRUITS DE BULLES
Soleil écorché,
Vestiges éventrés,
Corps décapités,
Squelettes éclatés,
Fragments de silence
Dans la transparence
Ouatée des écrans
De contrôle assistance,
Bruits de bulles,
Bruits de bulles,
Bruits de bulles.
Le rouge de ses lèvres
Et le bleu de ses yeux
Sur le blanc crayeux
De son visage laiteux,
Charme ténébreux
Des ruines sur les lieux
Du crash où se cache
La bête à sept têtes,
Bruits de bulles,
Bruits de bulles,
Bruits de bulles.
Le temps se coagule,
Lueurs des rayons
Rouges filtrés des néons,
Lasers et lézards,
Démons de mon hasard,
Bruits de bulles,
Bruits de bulles,
Bruits de bulles.
L'instant se coagule,
Aurore et rosée,
Légère et vaporeuse,
Parfums orangés
De ces nuits orageuses,
Je m'engouffre en fumée
Dans la fissure,
Cliché désintégré,
Faille obscure,
Bruits de bulles,
Bruits de bulles,
Bruits de bulles,
Le temps se coagule...
Impossible de ne pas penser à Lorelei2 en postant cette note ici ! Je la lui dédie, d'ailleurs !
21:09 | Lien permanent | Commentaires (8)
05/01/2011
Chansons n°82 et n°83 : "Les mouches bleues" et "Est-ce ta première fin de millénaire ?"
La pensée du jour : "Il faut tout vivre et beaucoup oublier pour vivre le nouveau, l'inespéré, qui se donne finalement à l'espérance qui n'espère plus rien". Henri BAUCHAU
LES MOUCHES BLEUES
L'ours en cage est au pied du mur
En train d'équarrir son dresseur
Vapeurs d'oxyde et de luxure
C'est déjà demain et d'ailleurs
C'est juste une visite au musée
Pour mater les singes acrobates
Avant que je donne ma tête à couper
Et peut-être ma langue à ta chatte
C'est étrange comme les mots se troublent
A l'intérieur de mon cerveau
Chromosomes noircis au chirouble
Au gasoil et à la nitro
Il est trop tard pour s'abîmer
Dans des scories émotionnelles
Je veux mourir estrangulé
Sous tes nylons et tes dentelles
Peu à peu
Peu à peu
Les mouches bleues
Les mouches bleues reviennent
Et les hyènes
Toujours les hyènes
Sur la même chaîne
Peu à peu je vois s'estomper
Les rêves de mon esprit tordu
Je commence même à oublier
Les choses que je n'ai jamais sues
Peut-être eussé-je dû frapper plus
Et me lever tôt le matin
Peut-être encore eût-il fallusse
Baby que je buvasse un peu moins
Peu à peu
Peu à peu
Les mouches bleues
Les mouches bleues reviennent
Et les hyènes
Toujours les hyènes
Sur la même chaîne
EST-CE TA PREMIERE FIN DE MILLENAIRE ?
Il n'est de jour si long qui ne trouble tes nuits
Maléficieux bipède aux yeux brûlant de haine
Ton soleil a sombré dans un ghetto de pluie
Dans ces rues où s'allument les guérillas urbaines
Est-ce ta première fin de millénaire ?
Est-ce ta première fin de millénaire ?
Déjà les chauve-souris s'échappent en ricanant
Des parkings souterrains et des bouches de métro
Des Luna Park en ruines, chaotiques flamboyants
Aux disneyeuses gargouilles d'un Mickey toxico
Est-ce ta première fin de millénaire ?
Est-ce ta première fin de millénaire ?
Le bleu du ciel plombé complètement destroyé
Par les gaz hilarants de tes vapeurs intimes
Ne filtre plus l'écho de mémoire fossoyée
Sous le feu des rayons meurtriers des abîmes
Est-ce ta première fin de millénaire ?
Est-ce ta première fin de millénaire ?
La peste a rendez-vous avec le carnaval
Les cytomégalos dansent avec arlequin
Comedia del arte, cagoules antivirales
Masques à gaz, oxygène et costumes florentins
T'as momifié ton coeur, tatoué ton numéro
Bancaire sur les parois internes de ton crâne
Tu n'as plus qu'à déduire l'alcool de tes impôts
Si tu veux pas crever sans arroser ton âme
Est-ce ta première fin de millénaire ?
Est-ce ta première fin de millénaire ?
Les hordes affamées envahissent tes palaces
Piétinent ton épitaphe et tringlent sur tes pelouses
Trop tard pour leur jeter ta tronche en dédicace
Mieux vaut lâcher ton flingue, tes diams et tes perlouzes
Est-ce ta première fin de millénaire ?
Est-ce ta première fin de millnéaire ?
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03/01/2011
Chanson n°81 : "Crépuscule-Transfert"
La pensée du jour : "Le grand bouquet, sur la commode de l'entrée, est fané. Nous mourons de vivre". Louis CALAFERTE
Nous abordons cette fois les textes de l'album "Fragments d'hébétude". En postant ici les paroles de "Crépuscule-transfert", je me dis que finalement, "Fragments d'hébétude" s'ouvre sur le même thème que "Chroniques bluesymentales". Car, au fond, que nous dit Thiéfaine dans "Demain les kids" ? Il nous chante déjà que l'horreur est "humaine, clinique et banale"...
CREPUSCULE-TRANSFERT
Dans la clarté morne et glaciale
D'un ténébreux soleil d'hiver
Tu te blottis comme un animal
Sous les tôles rouillées d'une Chrysler
Entre une laverie automatique
En train de cramer et un bunker
Y a plus grand-chose de magnétique
Sur la bande son de ton flipper
Les gens tristement quotidiens
Dans leur normalité baveuse
Traînent leur futur d'euro-pingouins
Au bout d'leurs graisses albumineuses
Et toi tu ne sais plus où aller
De cul de sac en voie sans issue
T'as juste appris à éviter
Les snippers et les tirs d'obus
L'horreur est humaine, clinique et banale
Enfant de la haine, enfant de la peur
L'horreur est humaine, médico-légale
Enfant de la haine, que ta joie demeure !
Sous les regards torves et nighteux
Des cyborgs aux circuits moisis
Les cerveaux devenus poreux
S'en retournent à la barbarie
Et tu traînes tes tendres années
D'incertitude et d'impuissance
Parfois tu rêves de t'envoler
De mourir par inadvertance
L'horreur est humaine, clinique et banale
Enfant de la haine, enfant de la peur
L'horreur est humaine, médico-légale
Enfant de la haine, que ta joie demeure !
Dans les dédales vertigineux
Et séculaires de ta mémoire
Tu froisses un vieux cahier poisseux
Plein de formules d'algèbre noire
A quoi peut ressembler ton spleen
Ton désespoir et ton chagrin
Vus d'une des étoiles anonymes
De la constellation du chien
L'horreur est humaine, clinique et banale
Enfant de la haine, enfant de la peur
L'horreur est humaine, médico-légale
Enfant de la haine, que ta joie demeure !
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02/01/2011
Chansons n°79 et n°80 : "Misty dog in love" et "Villes natales et frenchitude"
La pensée du jour : "Des fleurs dans des verres
demandent la clef des champs". Jules RENARD
Tout d'abord, je vous souhaite une excellente année 2011 ! Le compte à rebours a commencé : bientôt sortira l'album que nous attendons tous depuis si longtemps ! Quant au concert à Bercy, il arrivera plus vite qu'on ne le pense : encore une fin d'hiver, un printemps, un été, un début d'automne, et nous y serons !
Puisque nous en sommes à compter les saisons, j'en profite pour dire au passage que ce blog fêtera justement ses cinq printemps en avril ! Je repense toujours avec un peu d'émotion à la nuit qui vit naître ce modeste Cabaret. Cela faisait quelque temps que l'idée me trottait dans la tête, et puis une nuit, je ne sais pas, j'ai tout vu arriver sur moi en même temps : le nom de ce blog, les idées de notes, tout ! Le lendemain, je "mettais au monde" cet espace que je conçois avant tout comme un lieu de communication et d'échanges. Je reconnais que ces derniers temps, je ne vous ai pas offert des trucs très originaux, très solides, mais avec la sortie du prochain album, il y aura de nouveau matière à alimenter le Cabaret ! Je m'en réjouis déjà ! Je serai là, fidèle au poste !
MISTY DOG IN LOVE
je te veux dans ma nuit
je te veux dans mon brouillard
je te veux dans ma pluie
je te veux dans mon blizzard
je te veux fauve et captive
écartelée dans ma geôle
je te veux chaude et lascive
glamoureuse et sans contrôle
je te veux sur ma route
je te veux dans mes errances
je te veux dans mes doutes
je te veux dans mes silences
je te veux en amazone
à cheval sur ma monture
je te veux quand j'abandonne
ma racine à ta blessure
je te veux dans la spirale
de tes abîmes éclatants
je te veux dans les annales
de ton féminin troublant
je te veux dans le feu
taciturne des étoiles
je te veux dans le jeu
des vagues où s'enfuient nos voiles
je te veux vamp et rebelle
bouillonnante et sans pudeur
je te veux tendre et cruelle
sur mon sexe et dans mon cœur
je te veux dans l'opéra
silencieux de mes planètes
je te veux dans le magma
où se déchire ma comète
je te veux dans ma nuit
je te veux dans mon brouillard
je te veux dans ma pluie
je te veux dans mon blizzard
je te veux dans le sulfure
de mes galeries inconscientes
je te veux dans l'or-azur
de mes envolées d'atlante
je te veux dans la lumière
de mes soleils suburbains
je te veux dans la prière
des dieux suppliant l'Humain
je te veux dans ma nuit
je te veux dans mon brouillard
je te veux dans ma pluie
je te veux dans mon blizzard
je te veux fauve et captive
écartelée dans ma geôle
je te veux chaude et lascive
entrouverte et sans contrôle
VILLES NATALES ET FRENCHITUDE
Clichés de poubelles renversées
Dans la neige au gris jaunissant
Où un vieux clébard estropié
R'nifle un tampon sanguinolent
Givré dans la nuit de Noël
Un clocher balbutie son glas
Pour ce pékin dans les ruelles
Qui semble émerger du trépas
Il vient s'arrêter sur la place
Pour zoomer quelques souvenirs
Fantômes étoilés de verglas
Qui se fissurent et se déchirent
Ici y avait un paradis
Où l'on volait nos carambars
Maint'nant y a plus rien mon zombie
Pas même un bordel ou un bar
Voici la crèche municipale
Sous son badigeon de cambouis
Où les générations foetales
Venaient s'initier à l'ennui
Cow-boys au colt 45
Dans la tendresse bleue des latrines
On était tous en manque d'indiens
Devant nos bols d'hémoglobine
Voici l'canal couvert de glace
Où l'on conserve les noyés
Et là c'est juste la grimace
D'un matou sénile et pelé
Mais ses yeux sont tellement zarbis
Et son agonie si tranquille
Que même les greffiers par ici
Donnent l'impression d'être en exil
Voici la statue du grand homme
Sous le spectre des marronniers
Où l'on croqua la première pomme
D'une quelconque vipère en acné
Et voici les murs du lycée
Où t'as vomi toutes tes quatre heures
En essayant d'imaginer
Un truc pour t'arracher le coeur
Mais t'as jamais vu les visages
De tes compagnons d'écurie
T'étais déjà dans les nuages
A l'autre bout des galaxies
Trop longtemps zoné dans ce bled
A compter les minutes qui tombent
A crucifier de fausses barmaids
Sur les murs glacés de leurs tombes
Un camion passe sur la rocade
Et le vent du Nord se réveille
Mais faut pas rêver d'une tornade
Ici les jours sont tous pareils
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