30/09/2011
"L'amour est une névrose"
La pensée du jour : "L'homme mange la plante et la chair de la bête, et la matière devient pensée.
Quelle est la suite ?
Qui ?
Qui se nourrit de l'homme ? Que deviennent nos joies, nos amours digérées ?" René BARJAVEL
Si vous êtes abonnés à la lettre d'information de Sony, vous avez sans doute reçu un mail contenant un extrait d'un des trois inédits qui viendront bientôt ajouter une vérité de plus à « Suppléments de mensonge ». Le titre de ce bijou ? « L'amour est une névrose ». De l'harmonica, un rythme bien balancé et un texte sacrément bon ! Que demande le peuple ?!
Cette chanson me trotte dans la tête depuis cet après-midi. Je l'ai déjà adoptée ! Et vous ?
En voici quelques petits extraits (je n'ai pas encore réussi à tout retranscrire, je ne pige pas tous les mots !!!) :
« Sur la courbe de Gauss
des transferts suburbains
l'ennui métamorphose
le fond des nuits sans fin
où les maris moroses
retournent au quotidien
vers ces morts qu'on repose
leur conjugal destin ».
« Amour névrose
(..)
une chute, une overdose ».
(...)
« Amour névrose
(...)
un sirupeux bakchich ».
(...)
« Amour bleu du passé
qui revient de la guerre
pour une éternité
qui s'amuse à l'envers ».
23:45 | Lien permanent | Commentaires (3)
24/09/2011
"Chansons ordinaires", le nouveau Miossec
La pensée du jour : "J'ai peur de l'aube grège avec ses blancs fantômes". Bernard LORRAINE
Il y a quelques mois encore, j'avais un autre blog, consacré à Miossec celui-là. Je ne l'ai pas alimenté une seule fois en 2011, et je ne peux plus y accéder, je ne sais plus sous quel identifiant je m'y connectais, et j'ai oublié mon mot de passe ! Je vais donc consacrer ici une note à Miossec et plus particulièrement à son dernier album.
Ma « relation » à Miossec est compliquée. Parfois, quand j'écoute certaines de ses chansons, je me dis que quand même il exagère, qu'il pourrait renouveler sa garde-robe, que tout est de l'ordre de la redite. Oui, ça m'arrive de mettre un peu de fiel là où on croit qu'il n'y a qu'admiration ! Parce qu'il me semble que toute admiration doit être raisonnée. Idem pour HFT. Je ne pense pas toujours que du bien du bonhomme. Mais j'essaie de faire la part des choses, je sais aussi que la façade cache une « âme sur charbons ardents », comme disait Gary, une âme tourmentée et malade. L'indulgence est donc de mise, et je ne m'en suis jamais départie à l'égard de l'ami Hubert.
Je crois que c'est idem avec de nombreux artistes. Le dernier coup de gueule d'Higelin au NJP de Nancy m'a d'abord laissée pantoise, démunie, mécontente. Puis, l'indulgence a repris le dessus. Renaud m'a souvent énervée au cours des dernières années, j'ai souvent pensé, comme bien d'autres, que la société l'avait eu, finalement, et même jusqu'au trognon. Et puis, entendre sa voix déglinguée ici ou là me porte à chaque fois, encore et toujours, à cette fameuse indulgence.
Pour Miossec, c'est pareil. Quand je l'écoute parler, je le sens tellement fragile, tellement peu sûr de lui, que j'en oublie les quelques déboires qui ont suivi « Boire », album magnifique, percutant, alors que d'autres furent un peu mous et geignards...
Le dernier opus s'intitule « Chansons ordinaires ». Des chansons déclinées à toutes les sauces. Il y a la chanson que personne n'écoute, et c'est très subtil de l'avoir placée « en tête de gondole », au tout début de l'album. Forcément, ici, tout le monde va l'écouter ! « Toutes choses sont dites déjà; mais comme personne n'écoute, il faut toujours recommencer ». Ainsi parlait Gide ! Miossec reprend l'idée à sa façon !
Il y a aussi une chanson pour les amis, empreinte d'une douce nostalgie et de questions qui bousculent, comme celle-ci : « faites-vous encore quelques rêves ou vous êtes-vous assis dessus ? »
Viennent ensuite la chanson d'un fait divers, celle pour un homme couvert de femmes, etc. L'idée est sympathique et réussie. Avec sa « chanson dramatique », Miossec oscille entre désespoir (« quand on a connu trop de drames
on se demande bien ce qu'on fout là
on n'a plus rien à faire dans le paysage
on tient juste la chandelle entre nos bras ») et détermination
(« mais je respire encore
même à bout de souffle
chaque seconde vaut de l'or »).
La chanson protestataire me plaît bien aussi. La conclusion est marrante : « Y a pas que du bon chez les Bretons » !!!
Je n'ai pas encore toutes les mélodies en tête, mais je peux déjà vous dire qu'elles me parlent. Elles sont plus rock que celles de l'album précédent, ce qui devrait permettre à certains « abonnés » déçus de renouer avec Miossec, avec sa patte, sa verve, sa sensibilité.
13:07 | Lien permanent | Commentaires (7)
22/09/2011
Garbo XW Machine
La pensée du jour : "Il est rare que je prenne des taxis (...), le fait est que je finis toujours, à l'arrière des berlines, par avoir mal au coeur. Ce matin-là pourtant, je fis l'effort de répondre au chauffeur, d'abord un peu évasive, et puis, comme il insistait, je finis par lui dire que j'écrivais.
-A quoi c'est dû, m'a-t-il demandé, exactement comme s'il s'agissait d'une maladie, voire d'une punition, ou d'une malédiction". Delphine DE VIGAN
Je relance le petit "jeu" d'il y a quelques mois et qui consistait à mettre ici les paroles des chansons de Thiéfaine. Je reprends les choses là où je les avais laissées : dans "Suppléments de mensonge", j'en étais à "Trois poèmes pour Annabel Lee". Juste après ce monument de poésie, nous arrive, tel un pion indélicat dans le circuit, "Garbo XW Machine", une chanson que, vous l'aurez peut-être compris, je n'affectionne pas des masses ! Dommage, cela commence plutôt bien. Comme une chanson d'amour. Sauf que... Sauf que ce n'est pas une chanson d'amour, c'est une chanson de sexe !!! Rien de bien choquant en soi. Qui écoute HFT depuis de longues années a l'oreille aguerrie et pas forcément chaste ! Mais là, quand même... "Tel un disciple de Jésus je boirai le sang de ta plaie". J'ai beau faire ce que je veux, je n'arrive pas à m'y faire, l'image me révulse !!!!!!!
Je n'en dis pas davantage. J'ai souvent fait le choix de ne parler ici que de ce que j'aimais, je vais donc vous laisser la parole.
Question, quand même : "Garbo XW Machine", cela vous évoque quoi ? Cela me fait penser à un flipper, un truc dans le genre.
Question 2 : Y a-t-il un lien avec Greta Garbo ?
GARBO XW MACHINE
J'ai longtemps kiffé dans la boue
sur de longs chemins chaotiques
en transmutant le je en nous
dans une alchimie romantique
mes actions d'amour dévaluées
m'ont laissé des larmes à crédit
et maintenant je viens m'annuler
devant ton lapis lazuli
prends mon pion dans ton circuit
Garbo XW machine
prends mon pion dans ton circuit
j'aime tant ta froideur féminine
prends mon pion dans ton circuit
Garbo XW machine
machine ! machine, machine !
Ne me dis pas que tes anglais
ont attaqué ta forteresse
que je dois déclarer forfait
avec mon doberman en laisse
tel un disciple de Jésus
je boirai le sang de ta plaie
et deviendrai le vampire nu
dans le coffre de tes jouets
prends mon pion dans ton circuit
Garbo XW machine
prends mon pion dans ton circuit
j'aime tant ta froideur féminine
prends mon pion dans ton circuit
Garbo XW machine
machine ! machine, machine !
Je te laisserai me déchirer
m'arracher la chair et les os
me greffer d'infernales idées
dans le gouffre de mon cerveau
tandis que mes doigts sous ta soie
chercheront la corde sensible
celle qui remonte jusqu'à ta voix
en hurlant au cœur de ma cible
prends mon pion dans ton circuit
Garbo XW machine
prends mon pion dans ton circuit
j'aime tant ta froideur féminine
prends mon pion dans ton circuit
Garbo XW machine
machine ! machine, machine !
19:19 | Lien permanent | Commentaires (24)
14/09/2011
Saint Augustin et le temps
La pensée du jour : "Sa vie n'est rien d'autre que ça : une vue imprenable sur l'ampleur du désastre". Delphine DE VIGAN
Merci à vous d'avoir répondu à mes petites questions ! Finalement, de nombreuses tranches d'âge sont représentées dans le public d'HFT ! Mais nous le savions déjà ! Il est vrai qu'il suffit d'aller à un de ses concerts pour s'en rendre compte. En tout cas, les "animaux en quarantaine" sont nombreux. On s'aperçoit aussi que quand on est tombé en thiéfainie (comme certains d'entre vous disent si joliment), on a du mal à en sortir indemne. A en sortir tout court.
Je suis contente que la note précédente ait suscité autant de réactions. Cela fait chaud au coeur, donne envie de continuer. Merci !
Un peu moins drôle aujourd'hui (et, cette fois, les commentaires ne vont pas se bousculer, j'en suis sûre !!) : un texte de Saint Augustin sur le temps. Je l'avais étudié en philo il y a 21 ans (!!!). J'avais même pondu une dissert sur le sujet. Aujourd'hui, je me demande comment j'avais réussi cet exploit à l'époque !!!!! En me replongeant dernièrement dans les Confessions, j'ai dû, je l'avoue, lire plusieurs fois certains passages pour essayer de les piger un peu... Avec le temps, le cerveau se ramollit, mon cher Augustin !!!! Voilà la conclusion hautement philosophique à laquelle j'aboutis aujourd'hui ! Il y a 21 ans, aussi, j'avais une prof de philo qui accompagnait les élèves dans leur réflexion. Faisait littéralement accoucher les esprits !!! Elle disait que la philosophie était une matière qui devait bousculer, sans quoi elle n'avait aucune raison d'être. Cela me ramène à l'oeuvre de Thiéfaine, qui bouscule, elle aussi, et révolutionne la vie de qui la laisse entrer en lui...
Mais assez bavassé : place à Saint Augustin même si ce n'est pas lui qui joue du violon dans les bois !!!!!
« Qu'est-ce en effet que le temps ? Qui serait capable de l'expliquer facilement et brièvement ? Qui peut le concevoir, même en pensée, assez nettement pour exprimer par des mots l'idée qu'il s'en fait ? Est-il cependant notion plus familière et plus connue dont nous usions en parlant ? Quand nous en parlons, nous comprenons sans doute ce que nous disons; nous comprenons aussi, si nous entendons un autre en parler.
Qu'est-ce donc que le temps ? Si personne ne me le demande, je le sais; mais si on me le demande et que je veuille l'expliquer, je ne le sais plus. Pourtant, je le déclare hardiment, je sais que si rien ne passait, il n'y aurait pas de temps passé, que si rien n'arrivait, il n'y aurait pas de temps à venir; que si rien n'était, il n'y aurait pas de temps présent.
Comment donc, ces deux temps, le passé et l'avenir, sont-ils, puisque le passé n'est plus et que l'avenir n'est pas encore ? Quant au présent, s'il était toujours présent, s'il n'allait pas rejoindre le passé, il ne serait pas du temps, il serait l'éternité. Donc, si le présent, pour être du temps, doit rejoindre le passé, comment pouvons-nous déclarer qu'il est aussi, lui qui ne peut être qu'en cessant d'être ? Si bien que ce qui nous autorise à affirmer que le temps est, c'est qu'il tend à n'être plus ».
13:56 | Lien permanent | Commentaires (6)
09/09/2011
Petit sondage
La pensée du jour : "Dreißig Meter lange Arme müsste ich haben, damit ich greifen könnte, wonach meine Sehnsucht geht, denn es ist immer zu fern von mir, und ich kann es auch schlecht sehen". Iris HANIKA
« Quel âge a le public de Thiéfaine ? »
Aujourd'hui, c'est moi qui ai envie de connaître la réponse à cette question. Je ne dis pas que ce blog est un échantillon représentatif du public d'HFT, mais j'aimerais savoir quel âge vous avez, vous les visiteurs du CSL. Autre question : depuis quand écoutez-vous Thiéfaine ?
Je commence par ma petite personne : j'ai 37 ans, bientôt 38. J'ai découvert Thiéfaine en septembre 1992 et ce fut un choc dont je ne me suis jamais totalement remise ! En septembre 2012, donc, je fêterai mes 20 ans de haute dépendance à l'œuvre d'HFT ! Voilà qui ne me rajeunit pas...
09:25 | Lien permanent | Commentaires (43)
07/09/2011
Petite biographie d'Edward Hopper (suite et fin)
La pensée du jour : "Il n'y a plus d'écriteaux au ciel
que des lambeaux". Pierre REVERDY (ces mots me font penser à ceux d'HFT : "Dans le jardin d'Eden désert, les étoiles n'ont plus de discours").
Two Comedians, Edward Hopper
Suite et fin de la petite bio d'Edward Hopper, donc :
1943 : Il se rend à Mexico en train. Il retournera au Mexique en 1946, 1951 et 1952.
1945 : Il est élu membre du National Institute of Arts and Letters.
1950 : Rétrospective au Whitney Museum of American Art. Exposition au Museum of Fine Arts de Boston et à l'Institute of Arts de Detroit.
1952 : Edward Hopper fait partie des artistes choisis pour représenter les Etats-Unis à la Biennale de Venise.
1953 : Il rejoint le comité éditorial de la revue Reality.
1955 : Médaille d'or de peinture par le National Institute of Arts and Letters.
1960 : Il reçoit le prix annuel Art in America. Avec les artistes de Reality, il proteste contre la prédominance de l'art abstrait au Whitney Museum et au Museum of Modern Art de New York.
1964 : Exposition rétrospective majeure au Whitney Museum, puis à l'Art Institute de Chicago.
1965 : Il peint sa dernière peinture, Two Comedians.
1967 : Edward Hopper meurt le 15 mai à New York. Ses oeuvres sont présentées à l'exposition américaine à la Biennale de Sao Paulo.
20:39 | Lien permanent | Commentaires (0)
06/09/2011
Suite de la biographie d'Edward Hopper
La pensée du jour : "Alors tu reviendras vers moi
Nous pourrons rire
Un espoir à peine indiqué
Sous le vent une plainte amère".
Pierre REVERDY
1920 : Première exposition personnelle au Whitney Studio Club de New York. A partir de 1920, il peint de plus en plus à l'huile.
1921 : Il participe à l'exposition annuelle du Whitney Studio Club de New York et il y exposera régulièrement jusqu'en 1925.
1923 : Il s'occupe du cours du soir de dessin au Whitney Studio Club de New York et réalise de nombreuses esquisses. Il réalise ses dernières eaux-fortes et commence à peindre régulièrement des aquarelles. Le Brooklyn Museum de New York achète son aquarelle The Mansard Roof.
1924 : Il épouse Josephine Nivison le 9 juillet.
En octobre, son exposition d'aquarelles à la galerie Frank K.M. Rehn remporte un tel succès qu'il peut quitter son emploi d'illustrateur.
1925 : Il se rend au Colorado et au Nouveau-Mexique où il peint des aquarelles.
1927 : Achat d'une automobile. Il va désormais beaucoup voyager en voiture à travers les Etats-Unis. De nombreuses œuvres voient le jour pendant ses voyages.
1928 : Il réalise sa dernière gravure, une pointe sèche : Portrait of Jo.
1930 : Il loue la maison d'un ami à Truro dans le Massachusetts. Il reviendra à Truro plusieurs fois et s'y fera construire une maison-atelier (1934) où il passera presque tous ses étés.
1932 : Il participe à la première Biennale du Whitney Museum of American Arts.
1933 : Exposition rétrospective au Museum of Modern Art de New York.
1934 : Exposition rétrospective à l'Arts Club de Chicago.
1941 : Voyage sur la côte ouest des Etats-Unis.
20:18 | Lien permanent | Commentaires (3)