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31/03/2012

Un compte rendu du concert de Gennevilliers

Pas le temps en ce moment de pondre des billets ou même de recopier des articles de journaux. En revanche, je vous invite à aller lire ici le compte rendu du concert de Gennevilliers :

http://perlicuisine.canalblog.com/

Je reviens ici dès que possible.

 

 

23/03/2012

Supplément d'interview (suite et fin)

La pensée du jour : "Une plume

De l'encre

Du papier

 

Si c'est encore trop demander

 

Alors rien que du sable

Ou de la neige

 

Et un doigt

Pour y tracer

Un poème".

Bernard LORRAINE

 

 

Voici (enfin !) la suite et la fin de ce fameux supplément d'interview dont je vous ai livré une infime partie la semaine dernière. J'ai bien essayé de convertir la suite de mon document word pour le mettre sur le blog. Impossible. Du coup, je retape tout ici. Je vais connaître l'interview par coeur, je pourrai remplacer HFT en cas de besoin !!!!

 

Comment avez-vous rencontré Léo Ferré et quelles relations entreteniez-vous ?

Nous avions le même manager en Suisse. Il a pris l'initiative de nous réunir quelques jours chez Léo en 1985. J'étais statufié, je connaissais la moindre de ses chansons. Je le considérais comme mon maître, bien que théoriquement, ni dieu, ni maître ne pouvaient nous séparer. Léo voyait bien que j'étais complètement figé, intimidé, alors il a gentiment essayé de me débloquer. Je crois ne l'avoir jamais été totalement avec lui. C'était un être plein de tendresse et de gueulantes, dans la vie comme sur scène. Un jour, il m'a téléphoné. La veille, j'étais allé le voir sur scène à Dijon et nous avions à peine échangé quelques mots, lui fatigué, moi toujours intimidé. Au téléphone, il s'est mis à me parler : "Je t'aime, je t'aime vraiment beaucoup"... C'était sincère, je le sais, sa compagne m'a dit qu'il m'adorait. J'en suis encore retourné rien que de l'évoquer.

 

Vos chansons et vos titres sont truffés de chiffres, d'où vient cette obsession ?

J'étais nul en maths, c'est une vengeance... Non, en réalité, j'aime bien les chiffres, il y en a partout dans notre vie, alors pourquoi ne pas les utiliser ? On a des numéros d'adresse, des codes postaux, on paye des additions, on tape des codes... Et puis les chiffres, c'est de la poésie pour les mathématiciens si j'ai bien compris ce qu'écrit William Boyd. Alors, comme j'essaie d'écrire de façon circulaire, ils s'imposent à moi. Par exemple, je m'installe à la terrasse d'un bistrot en été, je note "été". Un type à côté de moi lit le journal, j'aperçois un titre : "635 morts", je note "635". Tout est dans le détail. J'entendais Roman Polanski le dire à propos de ses films. Il a raison. Un film travaillé dans le détail est infiniment plus agréable à regarder. C'est un peu ce que j'essaie de faire, d'où les chiffres, les marques, les médicaments...

 

Le cinéma est important pour vous ?

Très. J'allais à la Cinémathèque de Chaillot. ça coûtait cinq francs. ça ouvrait vers 3 heures de l'après-midi et on pouvait dormir jusqu'à 2h du mat'. Mais j'ai aussi vu beaucoup de films. Des trucs pas possibles. Le Warhol où la même image de clôture défile pendant trois quarts d'heure, tout Bergman, avec ses extraordinaires jeux d'ombre et de lumière. Je pense au Septième Sceau, notamment.

 

(Au sujet de ses débuts difficiles) Ce combat que vous avez mené vous attire un immense respect aujourd'hui. Vous le sentez ?

En filigrane, oui. Mais ça me gêne. Il y a une pudeur, je ne sais pas manipuler ce genre de situation. On me reproche d'être trop humble, en fait, je suis très orgueilleux. Mais je n'aime pas ce mot, ça me rappelle trop les curés.

 

Sur la pochette de votre album, vous remerciez les soignants qui se sont occupés de vous après votre burn-out : vous ont-ils ouvert à une humanité plus humaine que vous ne l'imaginiez ?

Je n'irai pas jusque là, non. Ils m'ont touché. J'ai trouvé en eux des qualités que j'apprécie chez les gens, qu'ils soient médecins ou artistes. Ils faisaient bien leur travail et arrivaient même à y rajouter un petit supplément d'âme, alors que leur profession est très malmenée.

 

Le jeune Hubert aurait-il pu imaginer que Thiéfaine deviendrait le plus éloquent défenseur de l'initiation au latin et au grec ?

(Rires) C'est vachement important, ne serait-ce que pour ne pas avoir l'air con. J'ai eu récemment des problèmes de racines de dents. Radios à l'appui, le stomatologue m'a parlé pendant une heure et quart, et je n'ai pu le suivre que parce que j'avais des notions de grec et de latin.

 

Se connaître soi-même et son corps. Le grec et le latin en seraient donc les meilleures clés...

On peut se passer du latin et du grec mais leur connaissance tire vers le haut. Ces langues mettent de la perspective, nous donnent une idée de l'humanisme et des civilisations qui nous ont précédés. Elles nous offrent une vision beaucoup plus large du monde.

 

Propos recueillis par Hugo Cassavetti et Olivier Milot

 

15/03/2012

Supplément d'interview

La pensée du jour : "Dès que la conscience apparaît, l'homme est travaillé par la mort comme le bois par le ver". Georges PERROS

 

Légèrement énervée ce matin : à plusieurs reprises, déjà, j'ai essayé de publier cette note, mais elle ne passe pas.

Il y a quelque temps, Aska m'a signalé (et je l'en remercie) que sur le site de Télérama, on pouvait trouver une version enrichie de l'interview parue dans le n°3241 du même magazine. Mon idée : vous livrer ici ce supplément de questions-réponses. J'ai tapé deux fois l'interview, pour finalement la paumer !! En tout cas, je suis au top, je la connais par coeur ! 130 000 visites sur ce blog, c'est une immense satisfaction, mais combien de moments passés à m'énerver sur ce machin ?!!! Je ne suis pas une pro de la technique. Si ça ne marche pas du premier coup, je suis incapable de trouver les solutions adéquates !

Allez, pour l'interview, je fais une dernière tentative ce matin...

 

Pensiez-vous que cet album allait aussi bien marcher ?

Non. On ne sait jamais si un disque va se vendre ou pas. Quand j'ai terminé Suppléments de mensonge en décembre 2010, j'y croyais comme à chacun de mes albums. Ensuite, j'ai senti que Sony, ma maison de disques, accrochait vraiment, que l'album plaisait à ceux qui l'écoutaient, que les premiers retours des critiques étaient bons. A ce moment-là seulement, j'ai commencé à me dire qu'il se passait quelque chose. Mais, encore une fois, rien n'est jamais prévisible. Quand j'ai fait Dernières balises (avant mutation), je commençais à m'installer grâce à mes trois premiers disques, j'avais un petit public. Pourtant, j'ai tout cassé avec la quasi certitude de me planter, d'être viré par ma maison de disques. J'en avais des sueurs froides à la sortie de l'album. Ce sera mon premier disque d'or. Totalement inattendu.

 

 

Vous évoquiez tout à l'heure un "changement de vie", est-il lié au burn-out que vous avez fait à l'été 2008 ?

... J'ai abandonné Itinéraire d'un naufragé, l'album sur lequel je travaillais avant mon burn-out. J'en ai simplement repris deux chansons (Petit matin 4.10 heure d'été et Garbo XW machine) dans Suppléments de mensonge et trois autres en bonus sur le deuxième CD de l'album. Il reste encore d'autres titres sur cet album fantôme que je reprendrai peut-être un jour.

 

Allez, j'en reste là pour aujourd'hui. Pas la peine de taper l'interview dans son intégralité si c'est pour qu'elle disparaisse à jamais dans les limbes du néant !!

Je mettrai la suite ici dans les jours qui viennent.

11/03/2012

Un article paru dans un journal luxembourgeois suite aux Victoires de la musique

La pensée du jour : "Dépêche-toi de rire

Il en est encor temps

bientôt la poêle à frire

et adieu le beau temps". Jean TARDIEU

 

Merci à 655321, qui m'a donné dernièrement un article paru lundi 5 mars dans un journal luxembourgeois gratuit, L'essentiel, suite aux Victoires de la musique. Je vous recopie ici l'intégralité de cet article. J'espère pouvoir récupérer celui du Républicain Lorrain, consacré au concert d'Amnéville.

 

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Des Victoires pour les rebelles notoires

 

PARIS – Catherine Ringer, Hubert-Félix Thiéfaine et Orelsan triomphent aux Victoires de la musique.

 

Les 27èmes Victoires françaises de la musique ont sacré, samedi soir, à Paris, deux des voix les plus singulières de la chanson française longtemps oubliées de la cérémonie, Catherine Ringer et Hubert-Félix Thiéfaine, et salué l'ascension du rappeur Orelsan.

Hubert-Félix Thiéfaine a remporté samedi ses premières Victoires en quarante ans de carrière, celle de l'artiste masculin de l'année et celle de l'album de chansons pour Suppléments de mensonge. Cette première, malgré seize albums studio et une influence revendiquée par nombre de jeunes artistes, est à l'image d'une figure du rock indépendant qui a construit sa carrière à l'écart du star-système. Absent des télés, peu diffusé à la radio, peu connu du grand public, « HFT » est cependant capable de remplir les plus grandes salles.

Autre grande figure un peu oubliée des Victoires, Catherine Ringer a été sacrée artiste-interprète féminine de l'année. Emue, elle a remercié Fred Chichin « qui m'a tellement aidée et appris de choses ». Le guitariste des Rita Mitsouko et compagnon de l'artiste est décédé fin 2007 à l'âge de 53 ans d'un cancer fulgurant. En la récompensant, les Victoires de la musique ont salué une des voix les plus singulières de la chanson française. Autre grand vainqueur de la soirée, le rappeur Orelsan est reparti avec deux trophées, celui de la révélation du public et celui de l'album de musiques urbaines pour Le chant des sirènes. Cette double consécration de la profession et du public a un goût de revanche pour le jeune rappeur, souvent comparé à l'Anglais The Streets, après la polémique qui avait marqué ses débuts.

09/03/2012

Thiéfaine à Amnéville hier soir

La pensée du jour : "Le moment présent est un cadeau dont je n'ai pas su profiter,

Je n'en connais pas bien l'usage, je le tourne dans tous les sens,

Sans savoir faire marcher sa mécanique difficile". Jules SUPERVIELLE

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Que dire et comment le dire ? Avant de poster ici mon énième compte rendu de concert, je m'interroge : y a-t-il des mots capables de retranscrire l'intensité de ce qui se joue avant, pendant et après un concert de Thiéfaine ? Vais-je parvenir au plus près de ce que j'ai ressenti ou bouclerai-je cette note avec une sale impression d'inachevé ?

Comment dire ? Avant chaque concert d'Hubert, j'ai la courbe de Gauss branchée sur du 200 000 volts (et comme je ne suis bonne ni en maths, ni en physique, je ne sais pas trop ce que ça donne, j'ai même la vague intuition que c'est un truc impossible, mais, littérairement parlant, l'image me plaît !!).

Comment dire ? Pendant le concert, le compteur explose. Il y a les petites phrases d'Hubert auxquelles on s'attend (par exemple : « au départ, quand j'ai fait le programme de cette tournée, j'ai voulu éliminer toutes les chansons qui parlaient d'alcool, de drogue, de sexe, de Dieu et de mort, mais au final, cela aurait fait un concert de douze minutes, alors je n'ai rien changé »). Il y a les petites phrases qu'on avait un peu espérées et qui arrivent comme des cadeaux : « Je voulais vous dire que ma plus belle récompense, ma plus belle victoire, c'était vous ». Alors là, quand Hubert se la joue à la Barbara, genre « ma plus belle histoire d'amour c'est vous » et tutti quanti, je fonds. Merci de nous dire merci. Il ajoute quelques mots sur ce qu'il perçoit en concert : des gens qui se déplacent régulièrement, et même en famille, pour lui. On le sent sincère, on le sent ému. Et cela nous retourne. Toutes générations confondues ! Pour ma part, presque vingt ans de fidélité à Hubert ! C'est avec lui que j'ai battu tous les records de longévité de ce côté-là !!!!

Je suis désordonnée aujourd'hui. Pardon, c'est l'émotion, les glandes lacrymales chahutées, le trop-plein d'affolement !!!

Hier, je suis arrivée à 19h30 au Galaxie. Les portes étaient déjà ouvertes. Petite crainte : et si les premiers rangs étaient déjà bien occupés? J'arrive dans la salle. Ça va, je m'attendais à pire. J'aperçois le Doc et vais m'installer derrière lui. Quelques mots échangés. Avec le Doc, et aussi à droite, à gauche, avec les personnes des premiers rangs.

Les lumières s'éteignent. Tristan Nihouarn arrive. J'avoue que comme durant toutes les premières parties des concerts de Thiéfaine, j'ai les écoutilles un peu ailleurs. Je réécouterai Tristan Nihouarn chez moi, plus tard, à tête reposée, car j'ai noté ici ou là des petits trucs susceptibles de me plaire. J'ai également, dans un coin de ma tête, la date de sortie de son album : 26 mars. Il est même fort possible que je l'achète. Mais pour l'heure, pleins feux sur Hubert !

Les musiciens arrivent. Toujours le même choc quand retentissent les premières notes d'Annihilation. Autre choc, réellement physique celui-là : deux bourrins me foncent dessus et me délogent, m'obligeant à passer au troisième rang. Je suis furibarde. Je tapote l'épaule d'un des deux lourdingues : « Dites donc, j'étais là avant ». « Pardon, on ne t'avait pas vue », me répond-il. Genre : je suis une chose insignifiante, un ectoplasme. Bravo messieurs, je vous décerne la palme de l'indélicatesse ! Faut-il vous rappeler que c'est la journée de la femme aujourd'hui ? En tout cas, si vous en avez une, de femme, je vous la souhaite orchidoclaste au possible !!! Ce ne serait que justice ! Merde alors !!
Voilà donc la première chanson un peu gâchée. Les deux types me font repasser au deuxième rang, l'un des deux tente une sorte d'étreinte. Et là, j'appelle le Doc au secours ! Je m'installe à ses côtés, tout devant ! A ma gauche, un jeune homme passionné, habité par les chansons de Thiéfaine, et avec qui je sympathiserai par la suite. Mais pour l'instant, je suis sur les nerfs. Je viens de perdre quelques minutes d'un concert quasi sacré à mes yeux. Attendu depuis ... ben depuis le dernier concert d'HFT en fait !!!!

Je mets quelques minutes avant de ne plus trembler de rage ! Les mots d'Hubert (« Ma plus belle récompense, ma plus belle victoire, c'est vous ») me permettent de me « recentrer sur mon axe ». Merci de nous dire merci !

Les chansons défilent. Petit tournant dans la tournée. Certains titres ont fait place à d'autres. Plus de Vamp orchidoclaste, plus d'Ombres du soir non plus. En revanche : Annabel Lee et Ad orgasmum aeternum. Une interprétation magistrale de cette dernière, d'ailleurs. Il faut dire aussi que c'est une de mes préférées depuis toujours.

Beaucoup d'émotion encore quand Thiéfaine s'assoit pour chanter L'étranger dans la glace. Décidément, cette « soufflerie où se terre le mystère inquiet des ondes et de l'asymétrie » me rappelle des souvenirs bien trop indélicats, coincés dans la gorge comme des sanglots étouffés...

Les chansons défilent, donc, et le public s'enflamme. La fille du coupeur de joints secoue la salle comme un tsunami. Nous voilà, comme dirait ma fille aînée, tout « avalanchés ». Tout chamboulés, quoi.

Un petit rappel. Les filles du Sud. Ah, depuis le temps que je l'attendais ! Je jubile. En revanche, les Ombres du soir manquent cruellement à l'appel. D'aucuns en cherchent la sortie, de cette chanson, ils la trouvent trop lente, trop lancinante, trop lassante. Moi, je pourrais l'écouter en boucle du matin au soir et y découvrir encore et toujours quelque subtilité...

Les lumières se rallument. L'occasion, pour moi, de discuter un peu avec mon voisin de gauche. Nous nous dirigeons ensemble vers le hall d'entrée. Le temps d'acheter un tee-shirt et un sac en toile (ben oui ! Groupie, peut-être, mais écolo !!)

Quelle magnifique équipe nous avons trouvée hier ! D'Hubert à Alice en passant par Bruce, Christopher et Marc, ils étaient tous en grande forme, contents d'être là, complices et détendus.

 

Voilà. J'ai parlé de ce qui se jouait avant chaque concert d'Hubert, j'ai tenté de vous faire un compte rendu pas trop lamentable de la soirée d'hier, et puisque nous voici arrivés au terme de cette note, il convient d'évoquer l'après... Après chaque concert d'Hubert, c'est ravages sur la courbe de Gauss, le « long retour au point zéro »... Les pieds, qui ne touchaient plus terre hier, redécouvrent aujourd'hui un sol inhospitalier. La tête plantée dans les étoiles hier, et à l'envers aujourd'hui. Maintenant, il va falloir veiller à ce que la redescente ne se transforme pas en vol plané. Le meilleur moyen pour y parvenir ? Je n'en vois qu'un : se lover dans la délicieuse attente du prochain concert d'Hubert !!!!

07/03/2012

Interview parue aujourd'hui dans L'Est Républicain

La pensée du jour : "Il y a des moments où tout réussit. Il ne faut pas s'effrayer. ça passe". Jules RENARD

 

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Flash-back sur les Victoires avec Hubert-Félix Thiéfaine. En concert ce jeudi au Galaxie, il sera également à l'affiche des prochaines Eurockéennes.

 

 

Nancy. Il y a un an pile, après la sortie de l'album Suppléments de mensonge, Hubert-Félix Thiéfaine disait : "Je n'ai pas envie d'être un has been, ni un never-been". Has been, il ne l'est assurément pas, même après 40 ans de carrière et 16 albums. Deux Victoires de la musique (artiste et meilleur album de l'année) viennent ce week-end de le démontrer... Flash-back avec le sexagénaire jurassien "bientôt jurassique", comme il plaisante.

 

Quel est votre état d'esprit après ces récompenses ?

On ne se laisse pas intimider. Je suis assez froid vis-à-vis de tout ça. Nominé, c'était déjà pas mal... Lors des nominations en décembre, mon staff m'avait dit : "On a une mauvaise nouvelle..." Le principal est d'avoir vu beaucoup de bonheur dans les yeux de tous mes collaborateurs.

 

C'est un honneur, une revanche ?

Il y a des choses qu'on organise soi-même dont on est responsable et qui correspondent au choix de nos vies. Et les choses qui arrivent et pour lesquelles on n'y est pour rien... Ce serait prétentieux de refuser ce genre de prix, et je n'aime pas un tel défaut. Ce prix, je le reçois avec beaucoup d'humilité. Mais j'ai un certain nombre de choses à faire dans ma vie, ça ne va pas changer grand-chose. Je suis en tournée, j'ai du plaisir à repartir, avec ce souci en moins (rires)... Les seules cérémonies que j'aime, ce sont mes concerts.

 

Cette visibilité aux Victoires va-t-elle élargir votre public, vers les jeunes notamment ?

On n'a pas attendu... Depuis le mois d'otobre, on remplit les salles partout. Il y a un paquet de jeunes et ils ont toujours été là. Il y a plusieurs générations, des familles qui sont là...

 

Aux Victoires, vous avez côtoyé la jeune scène française. Vous vous sentez en adéquation avec elle ?

Elle manque un peu de culture, la chanson française en ce moment. Moi, je ne fais que continuer ce qu'ont fait mes maîtres comme Ferré, Brel. Il y a un petit appauvrissement, c'est indéniable, sans vouloir tirer tous azimuts. Du lot, on peut sauver Archimède ou Thomas Dutronc. Ou Tristan Nihouarn (ex-Matmatah) qui fait ma première partie. Il ne faut pas avoir honte d'être à son niveau et de ne pas descendre. Il y a trop de chaînes populistes qui tapent le plus bas possible pour avoir le plus grand nombre de téléspectateurs. C'est d'une médiocrité absolument dérangeante !

 

Aubert, Voulzy, Ringer et vous, récompensés aux Victoires. En 2012, on se croirait encore dans les années 80, non ?

Je m'en fous complètement ! C'est peut-être encore ce qu'il y a de meilleur en ce moment, non (rires) ? Mais écoutez : élections en Russie, campagnes en France et aux USA, crise financière, panique en Grèce. On vit dans une période d'incertitudes à beaucoup de niveaux. Peut-être que les gens se tournent vers des valeurs qui existent déjà, qui ont fait leurs preuves. C'est ma petite analyse : dans les périodes troubles, on ne prend pas beaucoup de risques. Et puis, il faut arrêter les conneries, Catherine Ringer et moi, on a mérité nos prix !

 

François Hollande est passé saluer les artistes aux Victoires. Vous vous êtes entretenu avec lui ?

Je lui ai serré la main, c'est quelqu'un de très poli.

 

Allez-vous vous engager durant la campagne ?

Je vais m'engager dans ma solitude, oui ! Je vais aller voter, je ne sais pas pour qui, mais sans doute blanc, pour la démocratie. ça reste le meilleur système par rapport aux autres. J'irai faire mon devoir de citoyen !

 

Propos recueillis par Xavier FRERE

 

 

03/03/2012

Victoire !

La pensée du jour : "Même au-dessus du cimetière il y aura toujours les cieux". Louis ARAGON

 

 

 

Il y a quelques mois, j'avais consacré ici une note à l'ambiance qui régnait sur le parking du Zénith de Nancy, juste avant le concert d'Hubert. Cette fois, petit billet de rien du tout sur ce qui se passe chez moi en ce moment même, avant la cérémonie des Victoires de la musique. J'ai promis à mes filles que ce soir, elles auraient le droit de rester éveillées un peu plus longtemps que d'habitude afin de regarder Hubert avec moi. Il y a une demi-heure, la plus petite des deux dansait dans le salon en répétant à tue-tête : « Hubert-Félix Thiéfaine » !! L'aînée est déjà assise sur le canapé, en face de la télé, et me demande toutes les cinq minutes : « Bon, ça commence quand ? » Bientôt, ma fille, bientôt...

 

Nous savons bien, vous et moi, que dans l'absolu Thiéfaine n'a pas réellement besoin de ces victoires. Qu'il est un peu au-dessus de tout ça, d'une certaine manière. Mais, en même temps, avouons quand même que cela ne nous démange pas qu'un peu qu'il rafle trois victoires ce soir, le père Hub'. Ce serait la petite cerise à l'eau-de-vie sur le gâteau d'une carrière à nulle autre pareille. La réparation d'un oubli long de je ne sais combien d'années...

 

Ce soir, tous à nos postes, amis dingues et paumés, fidèles de la première heure ou petits jeunots ayant chopé le train en route il y a peu. Le public d'HFT a ceci de particulier qu'il tape dans toutes les tranches d'âge !

 

Oui, dans l'absolu, c'est vrai que Thiéfaine n'a pas besoin de victoire, de récompense. Sa victoire, c'est nous, non ?! Sa récompense, c'est cette carrière qui s'est maintenue contre vents et marées sur du long terme.

 

Mais bon, mais bon...