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”Quand j'ai besoin d'amour ou de fraternité”...

La pensée du jour : "Quand j'ai besoin d'amour ou de fraternité

j'vais voir Caïn cherchant Abel pour le plomber". Hubert-Félix THIEFAINE

 

Les références bibliques ne manquent pas dans l'oeuvre de Thiéfaine. L'occasion, pour moi, de réviser mes "classiques", si je puis dire, et de m'apercevoir que j'ai oublié pas mal de choses depuis le caté !! J'ai donc décidé de m'amuser à rechercher toutes les allusions à la Bible dans les chansons de Thiéfaine et de mettre ensuite, sur ce blog, les passages en question.
Alors, qu'est-ce qu'on aurait de beau? Comme ça, de mémoire, je citerais Abraham, l'Ecclésiaste (j'ai déjà mis le texte "Un temps pour chaque chose" sur ce blog), Lilith (bien sûr), Loth. Je vais encore creuser, mais rien ne vous empêche de venir en aide à ma mémoire défaillante ! Merci.

Commençons par Caïn et Abel :

 

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Adam connut Eve, sa femme. Elle conçut et donna le jour à Caïn. « J’ai acquis, dit-elle, un homme, avec l’aide du Seigneur.» Elle mit ensuite au monde Abel, frère de Caïn. Abel devint berger, et Caïn laboureur.

 

Au bout d’un certain temps, Caïn présenta des fruits de la terre en offrande au Seigneur. Abel, de son côté, offrit des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse. Le Seigneur eut égard à Abel et à son offrande, mais ne regarda pas Caïn et la sienne. Caïn en fut très irrité et son visage était tout défait. « Pourquoi, lui dit le Seigneur, es-tu fâché, et ton visage est-il défait ? Si tu faisais le bien, ton offrande ne serait-elle pas agréée ? Si tu te comportes mal, le péché est posté à ta porte et te guette ; mais toi, tu dois dominer sur lui.» Caïn dit alors à Abel, son frère : « Allons aux champs. » Dès qu’ils furent dans la campagne, Caïn se jeta sur lui et le tua.

 

Le Seigneur dit à Caïn : « Où est Abel, ton frère ? » - « Je n’en sais rien, répondit Caïn ; suis-je le gardien de mon frère ? » - « Qu’as-tu fait ! reprit le Seigneur, la voix du sang de ton frère crie de la terre jusqu’à moi. Désormais tu seras maudit, banni de la terre, qui a ouvert sa bouche pour boire de ta main le sang de ton frère. Quand tu la cultiveras, elle ne te donnera plus sa richesse. Tu seras errant et vagabond sur la terre.» Caïn dit au Seigneur : « Mon châtiment est trop grand pour être supporté. Vous me chassez présentement de ce pays, et je dois me cacher loin de votre face, devenir errant et vagabond sur la terre. Le premier qui me rencontrera me tuera.» - « Non, répondit le Seigneur ; qui tuera Caïn en sera châtié sept fois.» Et le Seigneur le marqua d’un signe, afin que quiconque le rencontrerait ne le tuât point. Caïn se retira de la présence du Seigneur, et s’en fut habiter au pays de Nod, à l’orient d’Eden. 

 

 

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Lamartine encore

Le lac

 

Ainsi, toujours poussés vers de nouveaux rivages,

Dans la nuit éternelle emportés sans retour,

Ne pourrons-nous jamais sur l'océan des âges

Jeter l'ancre un seul jour?

 

Ô lac ! l'année à peine a fini sa carrière,

Et près des flots chéris qu'elle devait revoir,

Regarde ! je viens seul m'asseoir sur cette pierre

Où tu la vis s'asseoir !

 

Tu mugissais ainsi sous ces roches profondes,

Ainsi tu te brisais sur leurs flancs déchirés,

Ainsi le vent jetait l'enclume de tes ondes

Sur ses pieds adorés.



Un soir, t'en souvient-il? nous voguions en silence;

On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,

Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence

Tes flots harmonieux.

 

Tout à coup des accents inconnus à la terre

Du rivage charmé frappèrent les échos :

Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère

Laissa tomber ces mots :

 

"Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !

Suspendez votre cours :

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours !

 

"Assez de malheureux ici-bas vous implorent,

Coulez, coulez pour eux;

Prenez avec leurs jours les soins qui les dévorent,

Oubliez les heureux.

 

"Mais je demande en vain quelques moments encre,

Le temps m'échappe et fuit;

Je dis à cette nuit : Sois plus lente; et l'aurore

Va dissiper la nuit.

 

"Aimons donc, aimons donc ! de l'heure fugitive,

Hâtons-nous, jouissons !

L'homme n'a point de port, le temps n'a point de rive;

Il coule, et nous passons !"

 

Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,

Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,

S'envolent au loin de nous de la même vitesse

Que les jours de malheur?

 

Eh quoi ! n'en pourrons-nous fixer au moins la trace?

Quoi ! passés pour jamais ! quoi ! tout entiers perdus !

Ce temps qui les donna, ce temps qui les efface,

Ne nous les rendra plus !

 

Eternité, néant, passé, sombres abîmes,

Que faites-vous des jours que vous engloutissez?

Parlez : nous rendrez-vous ces extases sublimes

Que vous nous ravissez?

 

Ô lac ! rochers muets ! grottes ! forêt obscure !

Vous, que le temps épargne ou qu'il peut rajeunir,

Gardez de cette nuit, gardez, belle nature,

Au moins le souvenir !

 

Qu'il soit dans ton repos, qu'il soit dans tes orages,

Beau lac, et dans l'aspect de tes riants coteaux,

Et dans ces noirs sapins, et dans ces rocs sauvages

Qui pendent sur tes eaux.



Qu'il soit dans le zéphyr qui frémit et qui passe,

Dans les bruits de tes bords par tes bords répétés,

Dans l'astre au front d'argent qui blanchit ta surface

De ses molles clartés.

 

Que le vent qui gémit, le roseau qui soupire,

Que les parfums légers de ton air embaumé,

Que tout ce qu'on entend, l'on voit ou l'on respire,

Tout dise : Ils ont aimé !

 

Alphonse de Lamartine

 

 

Et la pensée du jour qui s'impose à moi est d'Yves Jamait et je l'ai d'ailleurs déjà mise sur ce blog :

"Ô temps, suspends mes heures de vol !"

 

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Jil Caplan

La pensée du jour : "Si vous saviez combien j'aime l'automne, combien je me sens accordé à cette saison. Les ardeurs de l'été ont pris fin, et avec elles, les tensions, parfois le mal-être qu'elles entraînent. Une douceur est là, présente dans l'air, les lumières, les ciels qui pâlissent. En elle se profile la menace du déclin, et c'est peut-être cette menace qui donne tant de prix à la stupeur de ces journées où la vie jette ses derniers feux", Charles JULIET.

 

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« Au printemps 71, Tony (Carbonare) fait la connaissance d’Hervé Bergerat. La rencontre a lieu au café « Chez Paulette », à Pagney-derrière-Barine (Meurthe-et-Moselle). Tony est là avec son groupe ; Hervé accompagne Catharsis, alors la formation-phare de son label, sous lequel enregistreront plus tard Machin puis Thiéfaine ». (Hubert-Félix Thiéfaine, Jours d’orage, Jean THEFAINE).

Hier soir, c’est dans ce même incroyable café, « Chez Paulette », que se produisait Jil Caplan. Incroyable, ce café, parce que niché au beau milieu d’un petit bled de quelque 500 âmes, me semble-t-il. De nombreux artistes y ont déjà joué.

Alors Jil Caplan sur scène, je ne sais pas si vous connaissez, mais pour ma part, j’ai trouvé cela divin ! Une sensibilité à fleur de peau, une générosité phénoménale… Hier soir, nous étions très peu à applaudir Jil Caplan et ses musiciens. J’ai envie de dire dommage et tant mieux à la fois. Dommage car Jil Caplan aurait mérité de faire salle comble ! Tant mieux parce que, comme ça, nous nous tenions chaud et parce que la belle Jil, eh bien, nous ne l’avions que pour nous !

Jil Caplan a bercé mon adolescence, et depuis, je l’ai toujours suivie, achetant inlassablement tous ses albums, me renseignant toujours sur son « cas », ne la perdant jamais de vue. Son dernier album, « Derrière la porte », est un petit bijou. La maturité vient mettre encore plus de profondeur dans les textes de mademoiselle Caplan. Ce que j’aime par-dessus tout, c’est la voix de cette femme. Et sur scène, elle chante aussi bien qu’en studio, ce qui n’est quand même pas donné à tout le monde. Vraiment, le concert d’hier restera gravé en moi comme l’un des plus beaux spectacles auxquels j’aie assisté… Quand Jil Caplan nous dit qu’elle a écrit certains titres de « Derrière la porte » dans le désespoir le plus total, on sent la frangine qui comprendrait tout s’il nous était donné, rien qu’un instant, d’échanger quelques mots avec elle après le concert…

 

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Mon grand souhait pour 2010...

La pensée du jour : "Mais est-ce bien cela vivre

cette perpétuelle déchirure

il devait bien y avoir autre chose

que je n'ai pas su voir". Franck VENAILLE

 

 

C'est comme une drogue. Il me faut ma dose quasi quotidienne. Sinon, je tombe en carafe, dans les abysses de la détresse et du vide... Cela fait 17 ans que ça dure. Cela a d'abord mis mes parents au désespoir. Comment ? Leur fille écoutait des trucs pas catholiques ? Des choses peu recommandables ? Quoi ? Il y aurait de la poésie là-dedans ? Et même des allusions à Goethe et à Hölderlin ?!!! A d'autres !!!

Oui, c'est comme une drogue. Et j'imagine qu'il en va de même pour vous, chers visiteurs de ce blog. Tiens, tout à l'heure encore, cela m'est tombé subitement dessus : envie d'écouter Thiéfaine à fond la gomme et les manettes ! Machinalement, j'ai mis « Mathématiques souterraines ». Une chanson qui, à mon avis, restera toujours ma grande favorite. Ma numéro un. Parce que c'est grâce à cette chanson que je pris, il y a un peu plus de 17 ans, mon premier « trip thiéfainien ». Parce que cette chanson fut l'ascenseur au fond du précipice dans lequel je me tordais de douleur à l'époque. « Mathématiques souterraines », j'ai dû l'écouter cent mille fois dans ma vie, et c'est toujours la même émotion, je ne sais pas pourquoi. Mais « à quoi ça sert de chercher à comprendre » pourquoi l'on vit ce que l'on vit ? Vivons et ressentons, bordel !

2009 s'achève, et j'aimerais que cette année maudite s'en aille dormir à jamais dans les limbes de l'oubli... En même temps, je sais bien que rien ne s'efface. « On n'oublie rien, on s'habitue, c'est tout », écrivait mon ami Brel... 2009, va-t'en vite ailleurs, va voir là-bas si j'y suis ! Je sais bien qu'on couche toujours avec des morts , comme le chantait Ferré. Pour survivre en ce monde fangeux où tant d'êtres me manqueront toujours, j'ai quelques bouées de sauvetage. Il y en a une qui s'appelle Thiéfaine.

2009 : pas de nouvel album de l'ami Hubert. En même temps, on ne va pas demander à une année maudite de nous refiler une petite lueur d'espoir, ce serait trop beau. Mais on ne va pas laisser 2010 nous filer entre les doigts sans qu'il y ait du nouveau dans l'horizon thiéfainien. On va faire une pétition, oui ! Exigeons ce nouvel album !!!

 

Ecrit dans le tumulte, le tohu-bohu dont sont capables mes mômes, vous n'imaginez même pas. Alors, ok, ce n'est pas terrible, mais soyez indulgents !!!

 

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Les deux ogres

La pensée du jour : "Tu vins au coeur du désarroi

Pour chasser les mauvaises fièvres

Et j'ai flambé comme un genièvre

A la Noël entre tes doigts

Je suis né vraiment de ta lèvre

Ma vie est à partir de toi". Louis ARAGON

 

                   

Désolée pour le vide affiché sur mon blog hier soir et jusqu'à je ne sais trop quand aujourd'hui... Un truc indépendant de ma volonté, évidemment.

Demain, nous emmenons Clara à son premier concert du soir ! Nous allons voir Aldebert. J'aime bien ce que fait cet artiste, que ce soit pour les adultes ou pour les enfants. Sur chacun de ses albums ou presque, il remercie Hubert-Félix Thiéfaine. Dernièrement, il l'a même fait chanter. Une chanson pour enfants : "Les deux ogres", que vous connaissez sûrement et dont il a déjà été question ici. En voici le texte. Un peu tronqué : à la fin, il y a un dialogue entre les deux ogres et leur papa, je ne l'ai pas recopié, je vous laisse écouter cela sur le blog de Yoann (http://bluesymental.blogspot.com/)

Il y a un mot que je ne comprends pas dans le texte chanté par Hubert. Qui peut m'éclairer ?

 

 

Aldebert : Nous avons adopté depuis quelques jours

Ma famille et moi deux ogres poilus

Le premier s'appelle tsunami

Jamait : Bonjour

Aldebert : Et le second, son p'tit nom c'est typhon

HFT : Salut

 

Jamait : Les gens disent que je mange des enfants

que j'ai des cornes pour éventrer les brebis

mais mon truc à moi c'est la mousse au chocolat blanc

et jouer au « mille bornes » avec ma mamie au lit

 

HFT : Les gens disent que je suis très violent

que j'ai des oisillons morts entre les crocs

alors que je collectionne les bons sentiments

que ma plus grande passion c'est le ??? c'est trop beau

 

Refrain (Aldebert) : Quand on ne connaît pas on raconte n'importe quoi

Les on-dit et les cancans rendent les gentils méchants

 

HFT : Les gens disent que je m'lave au purin

Jamait : Ah c'est toi qui... Ah !

 

HFT : que je bois du rhum à la bave de serpent (Jamait : euh !)

mais je passe des heures à la salle de bain

je tombe dans les pommes à la vue du sang

Non vraiment

 

Jamait: les gens disent que ma maison est hantée

que j'ai des milliers de blattes au fond de mon lit la nuit

alors que je regarde Bambi en DVD

en faisant des p'tites nattes à mes poupées Barbie c'est mimi...

 

refrain x2 (d'abord Aldebert, puis Aldebert, HFT et Jamait)

 

HFT : Quand je souris à pleines dents

en voulant faire des bisous

les gens se sauvent en courant

prenant leurs jambes à leur cou

 

Jamait : Si j'ai à leur intention des cadeaux pour faire connaissance

ils pensent que c'est du poison et se débinent dans tous les sens

 

refrain x2 (Aldebert / puis : Aldebert, HFT, Jamait)

Quand on ne connaît pas on raconte n'importe quoi

les on-dit et les cancans rendent les gentils méchants

 

Allez les ogres ! On se dépêche, à table !

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Les affaires reprennent !!!

"D'innombrables moi m'habitent et me narguent. Une cacophonie de moi". Paul VALET
 
Dieu, que la campagne lorraine est jolie ce matin ! Colza, fleufleurs en goguette, arbres parés de joie, le tout arrosé de soleil. On dirait que le paysage s'est fait beau pour Hubert qui va le traverser. On dirait que c'est lui, Hubert, qui a fait jaillir le printemps après tant de jours de pluie. Je ne serais pas étonnée qu'il ait ce pouvoir-là aussi, parmi tant d'autres, et pas des moindres !
Printemps dans les cœurs itou, n'est-ce pas, et surtout dans le mien. Depuis que la maladie m'est passée dessus comme un poids lourd lancé à vive allure, je sais que chaque concert de plus est un cadeau. Et une revanche sur la période où j'avais mal aux globules...
Combien de concerts d'HFT à ce jour ? Peut-être bien 59. Ce qui voudrait dire que ce soir je vais entrer dans la soixantaine. Je ne sais plus trop, il faudrait que je reprenne les calculs, comme ça, pour voir, mais quelque chose me dit aussi que quand on aime on ne compte pas. On ne compte pas les kilomètres parcourus (m'en fous, j'adore conduire !), on ne compte pas non plus les deniers dépensés, ce serait trop petit comme raisonnement. De toute façon, pour Hubert, j'ai toujours eu un bas de laine planqué quelque part, au cas où. Et il y a eu pas mal de cas où...
Ce soir encore, je m'enivrerai de ces chansons sur lesquelles pas un seul cheveu blanc n'a poussé. Du fond des âges, j'entendrai la voix de ma mère me demander, comme il y a trente ans : "T'en as pas marre d'écouter ce chanteur ?". Ben non, maman, toujours pas marre, tu vois... Trente ans plus tard, on prend le même et on recommence !
Ce soir encore, je m'émerveillerai en regardant le public d'Hubert. On n'est plus tout jeunes, certes, mais qu'est-ce qu'on est beaux ! L'œil vif encore, et l'âme enflammée !
Il y a quelques nuits, j'ai rêvé qu'HFT nous revenait, en cette deuxième partie de tournée, avec une setlist un peu modifiée. Et qu'on avait droit à Maalox Texas Blues. Que j'adore, que j'adore... Ce serait vraiment Byzance. Mais tous les rêves ne sont pas prémonitoires...
Dieu, ou je ne sais trop qui là-haut, faites que ce bel aujourd'hui ne passe pas trop vite ! C'est si fragile et si précieux, un bel aujourd'hui...

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Histoire du soldat : suite

Bon, ce n'est pas possible, ces saloperies d'insomnies! Alors je vais balancer ma note pour demain, et c'est tout! Sév, comme tu passes souvent par ici le mardi, tu seras peut-être contente d'y lire la suite de cette Histoire du soldat

 

Mais d'abord la pensée du jour (enfin, de la nuit en ce qui me concerne!) :

"Tout sera gardé dans une mémoire sans souvenir. Le grain de sel qui fond dans l'eau ne disparaît pas puisqu'il rend l'eau salée", Eugène IONESCO.

 

 

LE LECTEUR

Il se mit à lire dans le livre et le produit de la lecture fut l’argent, fut beaucoup d’argent,

parce qu’il connaissait l’événement avant le temps.

Il se mit à lire tant qu’il put,

Alors il eut tout l’argent qu’il voulut,

et avec cet argent tout ce qu’il voulait ;

ayant été marchand d’abord, marchand d’objets, puis…

puis il n’y eut même plus besoin d’objets, parce qu’on est entré dans l’esprit,

et on est en dehors du temps,

et j’use des autres comme j’entends

parce qu’ils sont dans le présent,

et, moi, je sais déjà quand eux croient seulement.

 

C’est un livre qui se lit tout seul… c’est un coffre-fort.
On n’a qu’à l’ouvrir, on tire dehors…

Des titres.

Des billets.

DE L’OR.

 

Et les grandes richesses, alors,

et tout ce que les grandes richesses sont dans la vie,

femmes, tableaux, chevaux, châteaux, tables servies ;

 

tout, j’ai tout, tout ce que je veux ;

tout ce qu’ont les autres, et je le leur prends,

et, ce que j’ai, ils ne peuvent pas, eux !

 

Alors il va, des fois, le soir, se promener.

 

Ainsi, ce soir ; c’est un beau soir de mai.
Un beau soir de mai, il fait bon ;

Il ne fait pas trop chaud comme plus tard dans la saison.

On voit le merle faire pencher la branche, puis la quittant,

la branche reprend sa place d’avant.

 

J’ai tout, les gens arrosent les jardins, « combien d’arrosoirs ? »

fins de semaine, samedis soir,

il se sent un peu fatigué,

les petites filles jouent à « capitaine russe, partez »,

 

j’ai tout, j’ai tout ce qu’ils n’ont pas,

alors comment est-ce qu’il se fait que ces autres choses ne soient pas à moi ?

quand tout l’air sent bon comme ça,

seulement l’odeur n’entre pas ;

 

tout le monde, et pas moi, qui est en train de s’amuser ;

des amoureux partout, personne pour m’aimer ;

 

les seuls choses qui font besoin,

et tout mon argent ne me sert à rien, parce qu’elles ne coûtent rien,

elles ne peuvent pas s’acheter ;

 

c’est pas la nourriture qui compte, c’est l’appétit ;

alors, je n’ai rien, ils ont tout ; je n’ai plus rien, ils m’ont tout pris.

 

Et, rentrant à présent chez lui : c’est pas les cordes qui font le son,

parce que toutes les cordes y sont ;

et ce n’est pas la qualité du bois, j’ai les plus fins, les plus précieux :

mon violon valait dix francs, mon violon valait bien mieux ;

 

Satan ! Satan ! tu m’as volé,

comment faire pour s’échapper ?

Comment faire ? comment faire ? est-ce que c’est dans le livre ça ?

et il l’a ouvert encore une fois,

l’a ouvert, l’a repoussé ;

Satan ! Satan ! tu m’as volé !

 

mais peut-être que le livre sait quand même, il sait tout, alors (dit-il au livre) réponds :

les autres sont heureux, comment est-ce qu’ils font ?

 

les amoureux sont sur le banc,

comment faire ? comment faire pour être comme avant ?

 

dis donc, parce que tu dois savoir,

comment faire pour ne rien avoir ?

 

On entend la sonnerie du téléphone.

 

Qu’est-ce qu’il y a ?... Monsieur, c’est pour ces cinq cent mille francs ;

est-ce qu’il faut les verser à votre compte courant ?

 

On heurte.

 

C’est un télégramme qui lui apporte des nouvelles de ses bateaux ; toutes les mers à moi ! je suis enfermé.

On m’envie comme jamais homme n’a été envié, on m’envie,

je suis mort, je suis hors de la vie.

Je suis énormément riche, je suis riche énormément.

Je suis mort parmi les vivants.

 

 

 

Le rideau se lève ; on voit le soldat assis avec le livre à son bureau. Le diable habillé en vieille femme apparaît sur le côté de la scène. Il se dissimule derrière le portant. Il n’est pas visible pour le soldat.

 

 

Question : Quelqu'un connaît-il le jeu "Capitaine russe, partez!" dont il est question dans cet extrait? C'est quoi, ce truc? J'y ai jamais joué, moi!

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De Cioran à Thiéfaine, il n'y a qu'un pas, vous ne trouvez pas?

« Dernièrement, j’ai été choqué en lisant une interview de Cioran, dans laquelle il disait que la naissance de son enfant avait été sa seule concession. Je comprends très bien ce qu’il veut dire – sa vision de la vie n’est d’ailleurs pas très éloignée de la mienne -, mais en même temps ça m’agace. Je refuse ce genre de cynisme qui balaie la tendresse. Pour moi l’enfant est sacré. Il est le seul générateur de sourire et d’espoir. Choisir d’avoir un enfant a été ma seule et unique révolution – celle qui m’a réconcilié avec la vie ». Hubert-Félix Thiéfaine, cité par Pascale Bigot.

Allez, un peu de Cioran pour nous remettre du baume au cœur !!! Attention, c’est aussi gai que Schopenhauer ! Mais qu’est-ce que c’est beau ! Les titres de ses livres sont des poèmes à eux seuls : Précis de décomposition, Syllogismes de l’amertume, De l’inconvénient d’être né, Sur les cimes du désespoir

« Si on réfléchit aux choses, on devrait cesser d’agir, de se mouvoir. On devrait se foutre par terre, et pleurer ».

 

« Il est évident que si l’on a la conscience du néant, il est absurde d’écrire un livre, c’est ridicule même. Pourquoi écrire et pour qui ? Mais il y a des nécessités intérieures qui échappent à cette vision, elles sont d’une autre nature, plus intimes et plus mystérieuses, irrationnelles. La conscience du néant poussée au bout n’est compatible avec rien, avec aucun geste ; l’idée de fidélité, d’authenticité, etc – tout fout le camp. Mais il y a quand même cette vitalité mystérieuse qui vous pousse à faire quelque chose. Et peut-être c’est ça la vie, sans vouloir employer de grands mots, c’est que l’on fait des choses auxquelles on adhère sans y croire, oui, c’est à peu près ça ».

 

Petite parenthèse : ces mots me font penser à ce que disait Thiéfaine dans je ne sais plus trop quelle émission, peut-être bien « Ombre et lumière ». Il disait quelque chose du style : « La vie, tout ça, au fond, cela ne m’intéresse pas beaucoup ». Je trouve que l’univers de Cioran est très proche de celui d’Hubert.

 

« La vie n’est supportable que si l’on n’est pas conscient de chaque moment qui passe, autrement on est fichu. L’expérience de l’ennui c’est la conscience du temps exaspéré ».

 

« Et je me suis rendu compte qu’il fallait que j’écrive, parce que c’était une libération, parce que c’était une explosion sans conséquence pour les autres, c’était mieux que de casser la gueule à quelqu’un ».

 

« Au beau milieu d’études sérieuses, je découvris que j’allais mourir un jour… ; ma modestie en fut ébranlée. Convaincu qu’il ne me restait plus rien à apprendre, j’abandonnai mes études pour mettre le monde au courant d’une si remarquable découverte ».

 

Tiens, en feuilletant de nouveau Syllogismes de l’amertume, je tombe sur le chapitre : « Le cirque de la solitude » ! Et à propos de solitude, justement :

« Nul ne peut veiller sur sa solitude s’il ne sait se rendre odieux » !

 

« Toutes les eaux sont couleur de noyade ».

 

« Je vadrouille à travers les jours comme une putain dans un monde sans trottoirs ». (J’ai une immense tendresse pour cette phrase, et puis pour les putains sans trottoirs !!).

 

« Le Réel me donne de l’asthme » (cf. « Et rien qu’le fait de respirer, ça m’fout des crampes dans le sternum » !!).

 

« Il est certain que les gens qui se sont effondrés sont les plus impressionnants. Particulièrement les poètes ».

 

« C’est au début de l’homme que quelque chose a craqué. Dès les fondements, quelque chose n’a pas réussi, ne pouvait pas réussir, car la pureté de la créature n’est pas possible. Donc, l’homme est atteint dès sa naissance ».

 

« Si je devais faire mon propre bilan, alors je devrais dire que je suis le résultat de mes heures perdues ».

 

« J’ai beaucoup voyagé, j’ai tout vu en Europe. Partout où je suis allé, j’ai été saisi d’un immense enthousiasme ; et puis le lendemain, l’ennui. Chaque fois que je visitais un endroit, je me disais que c’était là que j’aurais voulu vivre. Et puis le lendemain … ce mal qui me possède a fini par m’obséder ».

 

Et ma préférée pour la fin :

 

« Depuis deux mille ans, Jésus se venge sur nous de n’être pas mort sur un canapé ». Et c’est sans doute la raison pour laquelle « ça fait bientôt deux mille ans que j’ai plus faim » !!!!!!

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Suite de l'article paru dans Chanson magazine en 1983

La pensée du jour : "Où trouver le temps de lire ? Grave problème. Qui n'en est pas un. Dès que se pose la question du temps de lire, c'est que l'envie n'y est pas. Car, à y regarder de plus près, personne n'a jamais le temps de lire. Ni les petits, ni les ados, ni les grands. La vie est une entrave perpétuelle à la lecture". Daniel PENNAC

 

 

Tournée Thiéfaine en direct

 

Oui, Thiéfaine « bourre » partout. Et se déplace en grande équipée. J'ai pu le constater en me joignant pendant quelques jours à la tournée, suite proposition d'Hubert. « Suis-nous quelques jours et tu verras ». Ne pas me le répéter deux fois ! Tayo, Tayo ! La vie d'artiste en quatre jours !

 

Les quatre jours achevés, je ne viendrai pas vous raconter que j'ai tout compris. Sûre d'une chose peut-être, c'est qu'il ne faut pas trop fabuler, et que la vie d'artiste n'est pas la vie de rêve qu'on veut trop faire croire. C'est de la vie, simplement. Une vie de groupe avec ses tensions et ses fous rires, une vie en vase clos, hors du temps, du monde qu'on croise à contretemps.

 

Premier jour, direction Lille. J'embarque dans un dodge somptueux avec les six musiciens. Ils ont tous dans les pattes trente et un concerts en trente trois jours (à part Alain Doueb le percussionniste arrivé seulement pour l'Olympia mais qui doit se remettre d'avoir dû mémoriser vingt-quatre morceaux en trois jours) et une semaine d'Olympia. Pas mécontents de repartir immédiatement après, les charentaises, c'est pas pour eux. Et puis, quoi, ne pas perdre le rythme angélique des tournées : route, concert, route !... Boutade d'Hubert alors que j'essaie de calculer le temps de vacances nécessaires pour récupérer. Deux mois ? « Non, vingt ans » !

 

Levés en début d'après-midi, couchés au petit matin. Route. Trouver l'hôtel inexorablement en bordure d'autoroute, tous identiques. Trouver la salle. Tout est fonction et tourne autour des deux heures de spectacle. Pour la vie de rêve, il faudrait pouvoir ôter fatigue et tension. (Ça carbure sec au café !) Et quelque soit son « état », réussir à être disponible tous les soirs, « donner ». Vous avez, vous, tous les soirs envie d'offrir quelque chose ?

 

La tournée de Thiéfaine n'a sans doute rien de plus extraordinaire qu'une autre. Mais y souffle un «  vent de chaleur humaine » comme me dit un technicien, pas souvent perceptible ailleurs.

 

16 h 30. Arrivée à la salle « St-Sauveur » à Lille. Et une salle de sports, une ! Brève admiration des vestiaires dits « loges ». Dans la salle, deux panneaux lumineux affichent « Visiteurs/ Lille ». Tout le matériel est déjà installé. A dix mètres de haut, allongé sur une poutrelle, un technicien règle la direction des projos tandis que Serge Perod à la console lumière en fond de salle, doit sûrement lui raconter des histoires bizarres dans le casque. Chacun s'affaire dans son coin. Dans les loges, on change les cordes des guitares. Zem susurre inlassablement des « 2-2-1 » dans les micros. Chaque musicien fait sa balance et quand Hubert arrive, ils reprennent tout ça en chœur avec lui. Le son des synthés ne passe pas. On cavale pour régler ça en vitesse mais sans le moindre signe de panique.

 

Calme et efficacité des techniciens liés sans doute au climat de confiance qui règne. Pas vu Hubert une seule fois s'acharner sur un détail ou réclamer ceci ou cela. Silence, attend s'il y a un problème. Laisse chacun faire son boulot. Aucun risque, ici, d'entendre dire « C'est l'enfer, plus jamais je ne rebosserai avec lui ». L'équipe est soudée, fidèle.

 

Des techniciens qui, outre leur compétence, disposent d'un atout en or : la pêche en permanence ! Si avec Thiéfaine et les musiciens, la fatigue se ressent, créant parfois une ambiance un peu « apathique », elle ne semble guère les toucher. Premiers levés, partis, bossant de midi à deux heures du

 

matin et derniers couchés. Déconneurs de première... Pour la seule soirée « off », ils iront dérober malgré les cris hystériques de la réceptionniste, la télé couleur du hall de l'hôtel pour remplacer la leur en noir et blanc. Avec quelques musiciens, en se retrouvera à une dizaine dans une chambre pour regarder la « Dernière séance ». Pas triste !

 

Balance achevée, les sept technicos vont manger (un cuisinier suit la tournée avec sa camionnette). Dans la loge, silences et discussions s'entrecroisent. On sort les « costioumes de scène » ! Jason remporte haut la main le trophée des couleurs les plus criardes ! Gérard, qui assiste Tonv, annonce régulièrement « dans une heure », « vingt minutes », « dix minutes ». Top, partez ! Lampe de poche au poing, sourire parce qu'elle veut bien marcher, il guide le beau monde dans l'obscurité derrière le rideau noir.

 

Cris et piaffements dans la salle. On dirait qu'ils vont entrer sur un ring ! Sourires complices. Les loups sont lâchés. Musique. Magie...

 

Je rejoins Zem à la console scène. Brèves visites d'Hubert à qui l'on tend bouteille ou vitamines. Jason pète une corde, Paul, le batteur, manque de se casser la figure de son tabouret et perd en route une baguette. Jasper cavale et guette le moindre signe de détresse. Pas pour rien qu'il s'appelle SOS technique.

 

 

 

Où sont les miradors ?

 

Concert fini, repos ! Une heure après « à table ! ». Retour à l'hôtel. C'est la fête au genièvre, l'alcool du coin. Dodo cinq heures. On ne s'appesantit pas sur le concert du jour, on est déjà au lendemain. Hubert s'inquiète de l'état de la salle de Reims. Cette salle-là, toujours de sports, battra tous les records avec des tonnes de vitres inclinées à 45°, bonjour la résonance ! Se battre pour essayer de faire passer quelque chose alors que le son est irrémédiablement pourri et qu'une porte bat toutes les cinq minutes et éclaire toute la salle. Jouer dans une salle de sports, mais quel bonheur !

 

Dernier concert pour moi, Nancy : hall d'expo. Décor de tubulures en ferraille pour le plafond. Décor extérieur encore plus alléchant : bloc de béton en bord d'autoroute, entouré de grillages. « Où sont les miradors » demande Thiéfaine... Une table de ping-pong fera naître des exploits avant et après le spectacle. Sourires sur les lèvres. Autant déçus la veille à Reims, qu'heureux ce soir d'avoir pu offrir un beau concert.

 

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Encore un article paru dans le magazine Chanson

La pensée du jour : "Non. Pas de dérision. Surtout pas de dérision. Mais des mots qui seraient source d'énergie, donneraient le courage de ne pas sombrer, exalteraient les forces de vie, inciteraient ceux qui les accueillent à aller vers toujours plus de lucidité, de tolérance, de compassion". Charles JULIET

 

Je prends enfin le temps de vous faire signe ! Voici ce matin un autre article paru en 1983 dans le magazine Chanson, et envoyé une fois encore par M.D., que je remercie au passage !

 

 

 

Quand la rage et le désespoir deviennent énergie, ne pleurent plus mais griffent, mordent, soi-même, les autres, il est urgent d'aller fondre sa rage et ses impuissances dans les siennes, d'aller s'éclater dans ses concerts où le noir du désespoir et le rouge de l'ironie s'enchaînent dans un rock flamboyant et tonique...

 

Prenez dans la main gauche les trois premiers disques de Thiéfaine, les deux derniers dans la main droite (vous avez le droit d'inverser main gauche et main droite). Non, il ne s'agit pas de peser mais de regarder et d'écouter. Premier réflexe rapide, ça n'a pas la même gueule, ça ne sonne pas pareil, ça ne raconte pas vraiment les mêmes choses. La rupture est flagrante...

 

« Entre deux délires, deux idées noires »

 

Thiéfaine, le clown narquois, grimé, aux chansons où l'absurde et l'ironie s'aiment à la folie, où délire et humour sont rois (La vierge au dodge, L'ascenseur de 22 h 43), ne se retrouve plus du tout dans les deux derniers disques. Le pire, c'est que ça ne donne même pas envie de pleurer. Aucun regret à exprimer.

Le  « ch'est plus comme avant » geignard, on s'en balance! C'est plus pareil, mais qu'est-ce que ch'est beau !

 

Deuxième réflexe (moins rapide) : chercher des liens. On trouve la trace des angoisses dans les trois premiers LP. Un peu cachées mais déjà présentes :

« Orgie de silence et de propreté où celui qui aurait encore quelque chose à dire préfère se taire plutôt que d'avoir à utiliser leurs formulaires d'autorisation de délirer... Demain, nous reviendrons avec des revolvers au bout de nos yeux morts » (Autorisation de délirer).

 

Recourir dans l'autre sens, vers le quatrième et le cinquième pour retrouver une trace d'humour. « Il est bientôt minuit mais je fais beaucoup plus jeune » (Autoroutes jeudi d'automne).

 

Mais avec tout ça, je ne suis guère avancée. J'veux comprendre ! Que l'on puisse dépasser le cap de l'ironie, se détacher de cet atout-là pour fixer le noir dans les yeux, sérieusement, je ne peux pas y croire. Réponse fulgurante et convaincante d'Hubert, je m'incline.

 

« II y a des moments où tu ne peux plus rire. C'est pas la peine de vouloir se dire: on va rire de tout. Il y a certains moments où tu es carrément écorché dans un truc et c'est tout... Tu peux tout cacher derrière le rire, l'ironie. Jusqu'au jour où tu t'aperçois qu'en tournant tout en dérision, en riant de tout, tu tombes complètement. Il n'y a plus rien, parce que, quelque part, tu as tout détruit ».

 

Cette fameuse rupture entre le troisième et quatrième album, est également sensible à travers la musique. Les trois premiers suivaient des tracés classiques : bons vieux rocks, boogies, voire bourrées pour rigoler, avec un « son » plus folk que rock. Avec les suivants, le climat devient plus personnel, percutant et fort, du rock « léché » aux lignes mélodiques qui ont le faible don de s'installer dans vos oreilles pour ne plus vous quitter.

 

Responsable : un dénommé Claude Mairet. « Accusé levez-vous ! ». En fait, Claude reste tranquillement assis au bar à déguster son petit « déj », acceptant que je grignote son croissant. Evident qu'il tient un rôle principal dans l'affaire, avec, of course, Thiéfaine. Deux compères qui se sont connus sur les bancs de l'école, dans leur pays franc-comtois (je ne vous raconte pas l'accent détenu par presque toute « l'équipe » Thiéfaine).

 

Séparés quand l'un part délirer dans les cabarets parisiens, et l'autre s'amuse dans un groupe rock « Guidon Edmond et Clafoutis ». Absent du premier disque qu'il n'aimera pas, Claude se compromet à la guitare dans le second, arrange un morceau, puis deux pour le troisième. A partir de Dernières Balises, le voilà totalement arrangeur et même compositeur pour plus de la moitié des titres du dernier, dont les musiques de Lorelei et 713.105. Soleil Cherche Futur. « J'étais vraiment content de lui offrir ça un matin », tu parles ! Déclic. Collaboration fructueuse que reconnaît et approuve Tony Carbonare, arrangeur des trois premiers albums. Mettez Mairet et Carbonare sur un ring et repartez déçus ! Pas de match ni de luttes, apparents ou réels, puisque tous deux bossent toujours ensemble, Tony en tant que « manager ». Il a automatiquement interrompu son rôle d'interprète (bassiste) quand il n'était plus lié à celui de créateur.

 

Quand Thiéfaine, en 77, décide de s'entourer de musiciens, c'est le groupe « Machin » dont Tony, ami d'Hubert, est membre actif, qui viendra jouer avec lui. C'est la grande époque du folk, Tri Yann et compagnie. « Machin » est dans ce trip-là, d'où influence pas vraiment désirée sur des chansons de Thiéfaine. Le « son » de ces premiers albums est loin d'être parfait aussi. Mais, à l'époque, les sous sont rares. Quatre jours d'enregistrement pour le premier disque, c'est peu. Les deux suivants n'auront droit qu'à quelques jours de plus, alors que les deux derniers seront soignés pendant un mois dans un beau studio. Ça joue...

 

Bref, aujourd'hui, ce sont les grands moyens, pour les disques, comme pour les tournées. Le bouche à oreille, pour Thiéfaine, a fonctionné à une puissance rarement égalée. Jusqu'au point, aujourd'hui, de bourrer les plus grandes salles de France et de Navarre, y compris l'Olympia, de transformer deux LP en disques d'or... (Moi, ça me fait... rêver de médias en folie au bord du suicide, ou craindre de voir s'envoler tous les arguments et alibis des chanteurs géniaux mais oubliés ! Mais du calme !)

 

La suite dans les jours qui viennent. Et si vous avez loupé CO2 mon amour le samedi 16 juin sur France Inter, profitez de ce dimanche pour écouter cette émission ! L'épisode s'appelait Hubert-Félix Thiéfaine dans le silence de la forêt de Chaux. Suivez le lien :

http://franceinter.fr/archives-diffusions/137217/2012-06

 

 

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