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28/02/2010

Méthode de dissection : "Hubert-Félix Thiéfaine en concert à Bercy"

La pensée du jour : "Comme le coeur se rapetisse en vieillissant... Où sont les transports de seize ans !... On désapprend la naïveté pour apprendre la vie. Et l'on perd tout, TOUT, en apprenant précisément à vivre. Funérailles !" René FALLET, Carnets de jeunesse 3.

 

Déjà, petite anecdote que je trouve bien sympathique : hier, je suis allée à une soirée où se trouvaient réunis à peu près tous les amis de Sam. Presque tous des métalleux, boucles d'oreilles, piercings, cheveux longs (ceux qui ont les cheveux courts étant généralement ceux qui, aux abords de la trentaine ou la trentaine bien installée, souffrant d'une calvitie trop prononcée, ont capitulé capillairement parlant !!). Evidemment, dans tous les coins, cela causait de groupes musicaux que je ne connaissais pas. Mais, en regardant mon voisin d'en face, je ne sais pas pourquoi, j'ai eu comme un flash : tout à coup, certitude absolue qu'il aimait bien Thiéfaine et que j'allais enfin pouvoir me retrouver en terrain connu. Oui, il avait la « tête de l'emploi » !!! Et mon intuition s'est révélée exacte ! Il adore Thiéfaine, le considère comme le plus grand chanteur de rock français. Et il l'a vu 5 fois sur scène, nous avons même assisté un jour à un même concert, à Troyes. Bref, un homme bien sous tous rapports, ce voisin ! Cela réchauffe le coeur, n'est-ce pas, des gens comme ça avec qui, à table, alors que vous ne vous connaissez ni d'Eve ni d'Adam, vous pouvez évoquer une chanson comme « Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable » ?!!!

 

Bon, voilà, c'est dit. Maintenant, parlons donc de ce live à Bercy.

Tout d'abord, il y a cette pochette : « Thiéfaine, 3 heures de spectacle à Bercy, complet ». « Complet », et toc, joli pied de nez aux mutiques médias qui ont presque toujours laissé Thiéfaine de côté. « Complet », comme une revanche sur le silence. Et là je dis que nous tous, autant que nous sommes, nous pouvons nous sentir importants !!!! Le succès d'Hubert, c'est quand même un peu (même totalement, oui !) nous qui le faisons !!!!

« Complet », donc. Pourtant, lorsque j'écoute ce live, moi, je ressens une immense incomplétude. Sentiment dû à cette fatale erreur de jeunesse qui me fit décider de ne pas aller à Paris ce soir-là, alors que j'avais tout pour pouvoir y aller (un ami prêt à me véhiculer -j'ai bien dit « véhiculer » !!-, un plan qu'il avait déjà échafaudé comme il faut dans sa tête : nous partions le vendredi assez tôt dans l'après-midi, nous étions de retour dans la nuit, je pouvais assurer mes cours du samedi matin, la tête en vrac certes, mais où était le problème ? Les gamins, déjà en week-end dans leur caboche, n'y auraient vu que du feu. Au pire, j'aurais collé une interro à tout le monde !!!). Ne revenons pas là-dessus, c'est trop cruel ! Rien que quand on écoute les deux CD enregistrés à Bercy en 1998, on imagine totalement l'ambiance électrique qui régnait ce soir-là dans la salle ! Et je suppose que ce n'est pas Fred06 qui me contredira ! Ni tous les autres qui ont assisté à ce fabuleux concert, n'est-ce pas ? Pour ma part, je n'ai eu droit « qu'aux » festins de province  ! Pas de Bercy ! Enfin, quand même, ce furent des moments grandioses aussi, ne crachons pas dans la soupe (superbes concerts notamment à Saint-Avold en 1998 et aux Eurockéennes en 1999).

Je ne vais pas passer en revue toutes les chansons qui figurent sur ces deux CD. Un grand nombre d'entre elles font partie des « habituelles », je les ai déjà triturées pas mal, disséquées, essorées, sans pour autant, bien souvent, en percer l'indicible mystère (et c'est tant mieux).

Les moments forts de Bercy selon moi (enfin, ils sont tous forts, disons que certains sortent encore plus du lot) :

-celui où Claude Mairet vient pousser la note sur « Narcisse 81 »,

-« Groupie 89 turbo 6 », avec la voix fabuleuse de je ne sais plus quelle choriste (soit Fabienne Medina, soit Kim Schmid),

-Philippe Gonnand au saxophone sur « Mathématiques souterraines » (et j'imagine qu'Hubert descendant dans le public sur cette intro, cela devait être quelque chose, on en a un bon aperçu sur le DVD),

-le groupe Machin débarquant sur scène pour « La cancoillote » (et je me souviens d'un concert de Machin -à Vandoeuvre, en 2006- qui avait débouché ensuite sur une belle rencontre avec les membres de ce groupe),

-la version faite ici de la chanson « Les dingues et les paumés »,

-le public souhaitant un joyeux anniversaire à Cousin Hub',

-les deux chansons dédiées à ses enfants,

-« La vierge au dodge 51 » dans sa version complète, délirante, endiablée (et là, je ne peux m'empêcher de penser au commentaire qu'RV a fait ici il y a quelques semaines, et dans lequel il expliquait que l'idée d'une baignoire remplie de choucroute garnie le faisait rêver !!! Moi, c'est pas tellement la choucroute qui me fait rêver ici !!! Plutôt le « regard inhumain » de « l'amant maudit », c'est ce que Tieum appellerait mon côté SM !!!!)

-« Autoroutes jeudi d'automne »,

-« Exil sur planète fantôme »,

-« Exercice de simple provocation avec 33 fois le mot coupable »,

-« Des adieux ».

 

Débarquer sur scène en chantant « J'arriverai par l'ascenseur de 22h43 », très bonne idée !! Un ascenseur en provenance de Babylone et nous conduisant tout droit à Byzance ! Que de chouettes souvenirs liés à jamais à cette tournée dans ma mémoire !

Je note qu'ici, « La fille du coupeur de joints » a récupéré un « s », enfin ! Cela me convient mieux !!!

J'aime bien aussi le moment où Thiéfaine qualifie l'insomnie d'« indigestion de l'âme ». Cela me rappelle toutes ces pages que Cioran a écrites là-dessus (notamment « L'homme, animal insomniaque », dans Sur les cimes du désespoir : oh tiens, je vais recopier ce texte ici bientôt, cela nous permettra de philosopher un peu entre amis !!!). Pages que très souvent, d'ailleurs, j'ai dévorées en mes nuits d'insomnie, justement, afin de me sentir moins seule dans le « silence infini de ces espaces » qui, moi aussi, cher Blaise, m'effraie...

Sam me dit qu'il manque six titres sur les CD. Qui pourrait m'en donner la liste complète ?

26/02/2010

"Comme les p'tites gouttes d'eau que j'entends tomber dehors par la fenêtre"...

La pensée du jour : "Les murs, ça n'effraie que ceux qui restent plantés devant ! Même si on s'écorche en grimpant, même si on se blesse en retombant... on se repose, on attend que le souffle revienne pour la prochaine escalade. Mais ne rien entreprendre parce que le mur semble trop haut, se dire qu'on n'y arrivera jamais, autant se flinguer". Jacques HIGELIN

 

 

Alors qu'un autre poète se déclarait, en son temps, « le ténébreux, le veuf, l'inconsolé », Jacques Higelin dit de lui-même : « Je suis le sage, le fou, le débile » (cf. « Irradié »). Oui, il a raison, il est tout cela à la fois !

Higelin, j'ai dû tomber dedans quand j'avais 19-20 ans. Oui, c'est ça, j'ai dû découvrir l'ami Jacques en même temps que je découvrais Hubert. Et ce fut aussi une révolution. Parce qu'Higelin, c'est quelqu'un aussi, hein ! C'est un éternel amoureux, qui parle de l'amour aussi bien qu'une certaine Barbara. Qui chante l'extase d'aimer dans des envolées lyriques parfois totalement saugrenues (cf. « y'a des allumettes au fond de tes yeux, des pianos à queue dans la boîte aux lettres, des pots de yaourt dans la vinaigrette et des oubliettes au fond de la cour » !!). Mais aussi la douleur d'aimer (« Je ne peux plus dire je t'aime, ne me demande pas pourquoi, trop de serpents sous les caresses trop d'amour à couteaux tirés », mais aussi : « L'amour, l'amour, l'amour est mort »... « Si loin de toi, j'ai mal, j'ai froid, j'ai peur, je n'aime que toi », « Aujourd'hui temps gris, vent contraire », « drôle de nuit de nos-talgie », etc.). Higelin, c'est quelqu'un qui chante la vie (et enchante la mienne) et se laisse volontiers bousculer par ses surprises, toujours (« la vie c'est c'qui vous tombe dessus toujours au moment où l'on n'y croit plus »). Qui sait les cueillir, les accueillir comme il se doit, ces surprises. Higelin, c'est Lettres d'amour d'un soldat de vingt ans, avec la sensibilité exacerbée du jeune homme qu'il fut. Ce sont des concerts qui nous mènent on ne sait où. C'est l'amour des enfants, tous ceux de la terre (« J'suis trop p'tit pour me prendre au sérieux, trop sérieux pour faire le jeu des grands »), des siens en particulier, évidemment (« Le 24-9-90, ma p'tite gonzesse a vu le jour dans la nuit », « J't'aime telle, telle que t'es »). C'est aussi la sublime mélancolie de « Parc Montsouris » : « Le parc Montsouris c'est le domaine où je promène mes anomalies, où j'me décrasse les antennes des mesquineries de la vie », « Je n'vis pas ma vie, je la rêve, c'est comme une maladie que j'aurais chopée tout p'tit »). Mais c'est aussi le sautillant « Tombé du ciel », le non moins sautillant « Tom Bonbadilom » (et je connais un formidable prof de musique qui apprend cette chanson à ses élèves en leur expliquant qu'il faut faire, dans sa vie, la part belle au rêve, sagesse qu'Higelin ne bouderait certainement pas, lui qui ne vit pas sa vie, mais la rêve). Higelin, c'est aussi « Ballade pour Roger », « Poil dans la main » (« poil dans la main, payé à rien foutre »), « Champagne » (« La nuit promet d'être belle », etc.), « Vague à l'âme » (« Poire William à 40 degrés »), « Aux héros de la voltige ». « Lettre à la petite amie de l'ennemi public n°1 », « Pars » (« pars, surtout ne te retourne pas »), « Amor doloroso » (oh purée, celle-là, quel bijou ! (« La mort s’en vient

L’amour s’en va

Seul sur le quai je broie du noir

Le train repart sans moi

La route est longue le temps est lourd

La nuit est blanche encore et noir le jour

Je te revois fière et sauvage ensorcelée

Pieds nus dans la poussière

T’embraser comme une flamme affolée par le vent

Et te jeter dans mes bras »).

 

Higelin, c'est un homme respectueux de son public, cela m'a toujours frappée et charmée. Quand il arrive sur scène, il prend le temps de saluer avec beaucoup de chaleur ceux qui sont venus l'applaudir.

Higelin, c'est aussi « Je suis mort, qui, qui dit mieux ? Mort le venin, coupée la rose ». C'est Trénet revisité qui tout à coup vous devient familier, presque sympathique, grâce au talent de celui qui lui rend hommage... Higelin, c'est celui qui vient juste après HFT dans mon « classement » (un brin idiot, j'en conviens).

Higelin, c'est aussi une nouvelle galette, qui est encore toute chaude, qui sort du four : « Coup de foudre », un album pour lequel je craque littéralement. Voilà !

25/02/2010

Méthode de dissection : "HF Thiéfaine Paris-Zénith" (deuxième partie)

La pensée du jour : "Et je me suis rendu compte qu'il fallait absolument que j'écrive, parce que c'était une libération, parce que c'était une explosion sans conséquence pour les autres, c'était mieux que de casser la gueule à quelqu'un". CIORAN

 

Le CD 2 s'ouvre sur cette sublime chanson qu'est « La dêche, le twist et le reste ». Très belle version, déchirante même, avec ce superbe violon chinois qui vient imprimer encore plus de tension à cette histoire d'amour qui tourne mal. Pour moi, et je l'ai déjà dit ici, « La dêche, le twist et le reste », c'est un peu « La vie d'artiste » façon Thiéfaine. Même sombre histoire qui tourne au vinaigre, même mélasse financière (« on bouffe une fois tous les trois jours » / « cette fameuse fin du mois qui, depuis qu'on est toi et moi, nous revient sept fois par semaine » / « et notre pitance incertaine », « moi je bricole et je fabrique des chansons qui sont invendables » / «et nos soirées sans cinéma et mon succès qui ne vient pas »).

« ça peut durer jusqu'à toujours

à moins que l'on ait le courage

de se dire merde un beau jour

et de mettre fin au naufrage »...

Eh oui, comme chantait Ferré, « l'amour meurt

comme meurent les fleurs

l'amour meurt

comme mentent les gens

l'amour va

comme vont les rivières ».

L'amour meurt, passe son tour, englué dans un quotidien glauque (« tu t'jettes sur la bouteille d'éther pour ton vol plané à deux mille »), réduit à des préoccupations bien prosaïques, mais cependant essentielles... Est-il nécessaire de dire que cette chanson me flanqua une gifle inoubliable lorsque je la découvris, à 19 ans ? Légère impression, à l'époque, d'avoir une expérience commune avec cousin Hub'...

Ferré, tiens, je l'évoquais ci-dessus, et le revoilà donc, chanté par Thiéfaine : « La solitude ». Là encore, « je suis d'un autre pays que le vôtre », « le désespoir est une forme supérieure de la critique », tout cela me fit un effet boeuf quand j'étais jeune. Et c'est Thiéfaine qui, deux ans après la disparition de Ferré, me mena vers lui. De Ferré, j'aime surtout les adaptations qu'il a faites de certains poèmes de Verlaine, d'Apollinaire, de Rimbaud, d'Aragon, et de tant d'autres. J'aime « Pépée » j'aime « L'âge d'or », « L'amour meurt », « Les romantiques », « La mélancolie, « Vingt ans », « La mémoire et la mer », « Thank you Satan ». Et aussi le très beau livre Benoît Misère. Mais je n'ai jamais réussi à entrer pleinement dans l'univers de chansons plus obscures, comme « Le chien », par exemple.

Bref... En tout cas, l'interprétation que Thiéfaine livre ici de « La solitude » est excellente, je trouve. D'ailleurs, je me souviens d'une belle soirée consacrée à Ferré, à Lyon, et durant laquelle Hubert avait brillamment interprété des chansons de celui qu'il admire tant...

Ensuite, c'est « Alligator 427 » (sans « s » ici). La chanson aux lancinants leitmotivs (« vive la mort », « je vous attends »). La chanson qui est capable de me faire flipper quand je l'écoute dans le noir (si, c'est vrai, mais je dois dire que je suis très impressionnable !!).

Puis, un peu de douceur dans ce monde vendu aux « fantômes, aux hyènes et aux vautours » : « Je t'en remets au vent ». Avec une espèce d'effet de distanciation (« Verfremdungseffekt ») à la Brecht quand Hubert déclare avoir écrit cette chanson pour une certaine Jeanne-Marie Cramouillot, qui était sa petite amie au CM2. Il paraît de toute façon que « Je t'en remets au vent » date des très jeunes années de Thiéfaine. Avoir écrit cela sans grande expérience, faut le faire, quand même ! « D'avoir voulu vivre avec moi

t'as gâché deux ans de ta vie

deux ans suspendue à ta croix

à veiller sur mes insomnies ». Je me souviens encore du sourire de ma mère, à Sarreguemines, quand la chanson avait commencé. Sans doute une des seules qu'elle ait appréciées pendant le concert, avec aussi « Animal en quarantaine » et « Crépuscule transfert », le reste lui semblant trop baroque !! J'aime bien la façon dont Thiéfaine présente cette chanson : « Mon pauvre Thiéfaine, tu sais plus quoi inventer pour te rendre intéressant » (plus tard, il chantera pour se rendre intéressant, d'ailleurs !). Et le terrible « Maintenant, je crois que dans les cours de récréation, les petits enfants savent que la Bosnie-Herzégovine, ça existe ».

« A quoi peut ressembler ton spleen

ton désespoir et ton chagrin

vus d'une des étoiles anonymes

de la constellation du chien ? »

Deuxième medley ensuite. Avec « Was ist das Rock'n'roll » comme fil conducteur.

« Série de 7 rêves en crash position ». Alors là, à Sarreguemines, sentant approcher la fin du concert, et donc du rêve, je peux vous dire que les mots « mais que devient le rêveur quand le rêve est fini ?» avaient eu une saveur assez amère pour moi. Ce concert, je l'avais tellement attendu, tellement rêvé, que le vivre enfin marquait en même temps la fin de quelque chose. La fin d'une attente ardente, tout simplement...

Heureusement, il y eut « Encore un petit café » pour me tenir debout. Et « Pogo sur la deadline ». Fin du rêve. Pas grave, j'attendrai que passe le suivant, comme d'autres espèrent le prochain bar !

 

Et juste comme ça, pour le plaisir, un lien vers une interview d'Higelin, lien qu'Evadné m'a mis hier sur mon mur Facebook, cadeau pour lequel je la remercie, le grand Jacques restant, ici encore, fidèle à l'image que je me fais de lui. Image d'un être lumineux, pour qui l'amour demeure la valeur première. (Hugo, si tu passes par là, fonce voir ça, tu devrais aimer !)

http://musique.sfr.fr/recherche/?search=Higelin&targe...

Et notez déjà sur vos précieuses tablettes que Jacques Higelin sera au Fou du roi demain sur France Inter !

 

22/02/2010

Psychopompes / métempsychose & sportswear

La pensée du jour : "Comme quoi parfois tout finit bien. Je le dis vite en passant, car, lorsque les choses s'arrangent, j'en ai de l'angoisse, je me demande toujours ce que l'avenir a en tête". Romain GARY

 

 

Psychopompes / métempsychose & sportswear

 

enfant de la balle et de la bête

je peignais mes dazibaos

sur « l'incertitude du poète »

qu'on croise au gré des noirs échos

et j'ai bu la lie de ses vers

jusqu'à la fièvre de l'écume

mais son vin était si amer

que je suis dev'nu l'amertume

nike your mother / reebok your sister

& adidas rock & roll

 

prototype dans un groupe en loques

au fond d'impossibles garages

je poussais mes troupeaux de phoques

loin à l'intérieur des nuages

& j'ai combattu leur messie

à m'en péter l'excalibur

pendant qu'les coqs de l'insomnie

chantaient trois fois leur imposture

nike your mother / reebok your sister

& adidas rock & roll

 

de port en port / de quai en quai

j'ai rencontré de drôles de gnomes

des intellos qui confondaient

C.G. Jung avec C. Jérôme

& glauque à Santa Barbara

avec un sacré mal de vivre

je me disais : je ne sais pas

pourquoi j'vais comme un bateau ivre

Santa Barbara je ne sais pas ...

 

de sanibroyeur en sixtine

je vois s'évanouir le futur

et je tire à la chevrotine

sur les chiennes en manteau d'fourrure

je vois l'ivrogne & son tambour

assis devant son chevalet

& Mona Lisa, mon amour

dans un blindé cabriolet

nike your mother / reebok your sister

& adidas rock & roll

 

la vie défile au nom du Christ

des pissotières du pain rassis

Staline était séminariste

et Jerry Lee Lewis aussi

mais le Dieu manque à cet hôtel

où je dois jouer les victimes

en contractant des salmonelles

avec des hosties aux enzymes

nike your mother / reebok your sister

& adidas rock & roll

 

à r'garder passer les linceuls

dans la rue aux spectres visqueux

j'sais plus si c'est moi qui suis seul

ou les aut'qui sont trop nombreux

o.k. l'art est une escroquerie

et j'ai limé trop d'as de coeur

en jouant blue moon kentucky

sous l'oeil du colonel Parker

nike your mother / reebok your sister

& adidas rock & roll

 

& quand le Pinocchio baveux

poussera ma brouette à l'Ankou

j'veux faire des bulles avec mon noeud

pour éloigner les loups-garous

j'veux qu'on m'déglace au Gin-Synthol

dans une boîte de Joseph Cornell

ou à la Vodka d'chez Warhol

avec du Tomato Campbell's

nike your mother / reebok your sister

& adidas rock & roll

nike ta mère / reebok ta soeur

& adidas rock & roll ... / ... (ad lib.)

 

Après Higelin, autre petite parenthèse aujourd'hui, avant de poursuivre la dissection de « HF Thiéfaine Paris-Zénith ».

Pourquoi cette parenthèse ? A cela mille et une raisons. La première, c'est que j'adore cette chanson. Ensuite, elle regorge d'allusions à différents artistes, à de multiples oeuvres. Il y a aussi cette évocation de l'Ankou, personnage auquel j'ai déjà dédié une note, origines bretonnes obligent !!!

Une perle parmi d'autres dans cette chanson : « A r'garder passer les linceuls

dans la rue aux spectres visqueux

j'sais plus si c'est moi qui suis seul

ou les autres qui sont trop nombreux ». J'adore cette phrase ! Même qu'il y a des fois où pour ma part, je me demande si ce n'est pas moi qui suis trop nombreuse dans mon incommensurable solitude !!!

Aujourd'hui, je me penche plus particulièrement sur « j'veux qu'on m'déglace au Gin-Synthol dans une boîte de Joseph Cornell ». Sur Facebook, dernièrement, Uther m'a demandé si, lors de mon séjour à Venise, j'avais visité la fondation Peggy Guggenheim et si j'y avais vu les boîtes de Joseph Cornell. Horreur, je ne voyais pas de quoi il parlait, je ne voyais tout bonnement pas de quelles boîtes il s'agissait ! Et l'allusion à Hubert m'avait échappé !!!! Oui, je reconnais que je ne sais pas par coeur toutes les chansons de Thiéfaine ! Je me souviens d'en avoir discuté un jour avec Evadné : elle disait qu'elle savait sur le bout des doigts les anciens titres, mais avait du mal à retenir les textes de certaines chansons récentes. Idem pour moi ! Nous nous étions demandé si ce n'était pas déjà l'âge qui rendait notre mémoire défaillante ! Aucune idée ! Et donc, pour en revenir à Venise : oui, bien sûr, visiter la fondation Peggy Guggenheim faisait partie de mes priorités ! Mais, en me rendant dans cet endroit mythique, je ne pensais pas du tout à Joseph Cornell. Pire : lorsque je me suis retrouvée devant ses boîtes, je n'ai même pas pensé une seconde à « Psychopompes / métempsychose & sportswear ». Que la honte s'abatte sur moi en une pluie de cendres ! Alors voilà, je rattrape mon impardonnable erreur. Voici quelques boîtes de Joseph Cornell. Et je vais bientôt créer ici un album photo sur Venise et la fondation Guggenheim. J'ai été un peu déçue par le lieu, je dois dire. Peut-être parce que les salles sont trop petites et qu'on n'a pas assez de recul pour admirer les oeuvres exposées ? Enfin, quand même, je suis restée en extase devant les Max Ernst.

 

Sinon, grâce à cette chanson, j'ai appris le mot « dazibao » : en Chine, c'est une affiche rédigée par un simple citoyen, traitant d'un sujet politique ou moral, et placardée pour être lue par le public.

Bref, assez papoté. Voici quelques boîtes de Joseph Cornell :

 

                    Fortune Telling Parrot (Parrot Music Box)

21/02/2010

Coup de foudre

La pensée du jour : "C'est effrayant ce qu'on en a des choses et des gens qui ne bougent plus dans son passé. Les vivants qu'on égare dans les cryptes du temps dorment si bien avec les morts qu'une même ombre les confond déjà. On ne sait plus qui réveiller en vieillissant, les vivants ou les morts". Louis-Ferdinand CELINE.

 

Mais la pensée du jour de Clara vaut son pesant d'or aussi. "Ecoutez" ça : au parc, je lui dis "Clara, la balançoire est trop mouillée. A ta place, je n'en ferais pas". Et Clara de rétorquer : "Ben, vas-y, maman, n'en fais pas" !!!!!!!

 

 

-Coup de foudre

-J'ai jamais su

-Qu'est-ce qui se passe à la caisse ?

-New Orleans

-Egéries, muses et modèles

-Kyrie Eleison

-Hôtel Terminus

-Août put

-Valse MF

-Bye bye bye

-Aujourd'hui la crise

-Expo photos

 

C'est la liste des titres de « Coup de foudre », le nouvel album d'Higelin, que j'ai pu écouter ce soir en intégralité sur Deezer et que je foncerai acheter demain !

J'ai déjà dit, je crois, à quel point j'aime Higelin ! J'aime sa folle fantaisie, son appétit de vivre, sa gourmandise, oui, les étincelles dans ses yeux ... mais peut-être que ce sont des allumettes ?! J'ai vu Higelin quatre ou cinq fois en concert. A chaque fois, je me demandais quelles surprises il allait nous balancer. Je n'ai jamais été déçue. Je l'ai vu un soir dans une salle incroyable, au fond d'un jardin. Concert gratuit et magnifique, durant lequel il avait interprété beaucoup de chansons de Trénet. Je l'ai revu plus récemment, émouvant, magnifique, pour un concert dont il avait dit lui-même dès le début qu'il ne savait pas bien où il allait le mener. Evoquant entre autres sa mère dans une chanson sublime et que je m'attendais à trouver sur « Coup de foudre ». Mais non, elle ne figure pas parmi les titres de l'album. C'est peut-être mieux comme ça, elle est trop émouvante...

Parlons donc de « Coup de foudre » :

Déjà, il y a environ un mois, j'avais pu écouter «J'ai jamais su » sur MySpace. Mélodie entraînante, petit refrain sympa qui s'imprime vite dans la mémoire (« tout bonheur que la main n'atteint pas est un leurre »)... « J'ai jamais su sur quel pied danser avec toi ». J'aime Higelin dans ses hésitations amoureuses, tout comme dans ses grandes déclarations (pour moi, « Tête en l'air » est une des plus belles chansons d'amour que la Terre ait jamais portées !!!). Alors voilà, dans « J'ai jamais su », il avoue sa difficulté à cerner la personnalité de celle qu'il aime. Merci, on se sent moins seul, Jacquot !!

Quant à la chanson qui ouvre l'album et lui donne son titre magique, elle est très belle aussi.

« C'est pas qu'je t'aime, t'aime, t'aime, t'aime, t'aime,

C'est pas qu'je t'aime, t'aime, t'aime, t'aime, t'aime,

Mais y'a d'ça ». C'est si bien dit !

Comme ça, à la première écoute, je retiendrais tout particulièrement « New Orleans », « Valse MF », « Bye bye bye », « Coup de foudre », bien sûr, « J'ai jamais su », évidemment. J'aime bien la douceur de « Egéries, muses et modèles ». « Août put » me rappelle un sublime moment du dernier concert d'Higelin : il avait dirigé le public pendant un petit moment, lui faisant chanter « Gourdon, Alpes-Maritimes, dont le donjon culmine à deux mille cinq cents pieds du niveau de la mer  Méditerranée» !!! Ici, clin d'oeil à mon ami Fred06 ! C'est où, Gourdon ?!! « C'est le mois d'août, le mois où moi j'doute », ça me rappelle un peu « Mais c'est toujours au mois de mai qu'on a envie de se pendre » !

Et puis, oui, il y a « Valse MF », dont je cite pêle-mêle les extraits marquants :

« Quand on vit comme moi dans l'36ème dessous,

où y'a qu'des barjots, des tordus, des voyous,

on comprend jamais trop

ceux qui s'plaignent quand ils ont tout c'qu'il faut ».

 

« J'lis pas les journaux, alors j'ai peur de rien

Aujourd'hui, temps pourri, demain il fera beau ».

 

« La télé, la radio, c'est qu'du mou d'veau pour les chiens ».

 

« C'est la fin des asticots ».

Superbe chanson sur la crise, qui s'achève dans un splendide étouffement ! Un autre titre traite de ce fléau qui frappe le monde : « Aujourd'hui la crise ». Et toujours le même optimisme : « C'est dur aujourd'hui peut-être, demain ça s'ra vachement mieux », c'est ce que me dit toujours un de mes adorables collègues quand j'ai un coup de moins bien ! Adorable collègue qui aime Thiéfaine et Higelin aussi, d'ailleurs !!

 

Cet album est divin ! Beaucoup de chansons sautillantes de joie et d'entrain, cela fait un bien fou !

Merci, monsieur Higelin, merci d'illuminer nos chaumières et nos coeurs !

20/02/2010

Méthode de dissection : "HF Thiéfaine Paris-Zénith" (première partie)

La pensée du jour : "Avant tout, je cherche le cas : dans la réflexion, la littérature, mon intérêt va surtout au fragile, au précaire, à ce qui s'effondre, et aussi à ce qui résiste à la tentation de l'effondrement mais garde la constante de la menace". CIORAN.

 

Voilà un live que j'affectionne tout particulièrement. C'est ici qu'enfin « j'entre dans la danse ». C'est en effet sur la tournée « Fragments d'hébétude » que j'assistai à mon premier concert de Thiéfaine ! A 22 ans, il était temps ! J'aurais pu mieux faire de ce côté-là. Fort heureusement, je me suis relativement bien rattrapée depuis (relativement seulement car il manquera toujours le concert de Bercy à mon « palmarès » pas trop dégueu par ailleurs !)

Déjà, j'aime bien la pochette de cet album. Ensuite, chapeau bas, vraiment, pour la sublime « y'a quelqu'intro », mélange de « Maison Borniol » et de « Première descente aux enfers par la face nord ». Je me souviens encore bien de ce grand moment, le père Hubert débarquant sur scène avec son chapeau et sa lanterne et demandant fiévreusement « y'a quelqu'un ? »...

Dès les premières notes, on sent que l'ambiance va être bien rock ! Et on n'est pas déçu, n'est-ce pas ?

Récapitulons : CD 1 :

-Y'a quelqu'intro

-La Terre tremble

-Paranoïd Game

-Est-ce ta première fin de millénaire ?

-Animal en quarantaine

-Les mouches bleues

-Les dingues et les paumés

-Pulque, mescal y tequila

-Medley 1 : Lorelei Sebasto Cha, Mathématiques souterraines, Exil sur planète fantôme, La fille du coupeur de joints

-Enfermé dans les cabinets (avec...)

-Fin de partie

 

Occupons-nous, dans un premier temps, de ce CD 1. Ce sera déjà pas mal en ce jour où je « rentre de mes insomnies », le cerveau (enfin, ce qu'il en reste) en copeaux, plongé dans un drôle de brouillard à couper au couteau, mais rempli de belles images (comme celle de ce fou rire au café Florian où Goethe et Lord Byron vinrent un jour, paraît-il, traîner leurs guêtres ! L'univers de l'ami Hubert n'est donc jamais bien loin !!)

 

Après l'intro -surprenante, magnifique, originale-, voici que la Terre tremble. L'album s'ouvre sur de belles interprétations endiablées de certains morceaux de « Fragments d'hébétude ». On retiendra aussi ce moment farfelu durant lequel Thiéfaine cherche à se renseigner sur l'âge de son public. Gros fouillis quand tout le monde se met à répondre comme un seul homme à cette question. C'est plus clair comme ça, en effet ! Jolie introduction à « Animal en quarantaine ». A l'époque, je faisais partie de la frange jeune du public d'HFT... Et me voici à présent moi-même à quelques encablures de la quarantaine ! « Le vent se lève au large des galaxies et je dérêve, dérive à l'infini »... Chanson surprenante dans la bouche d'un HFT se réclamant si souvent d'un certain nihilisme, clamant son peu d'intérêt pour les choses de la vie... Contradiction de laquelle je me sens assez proche, d'ailleurs !

Par une bizarre association d'idées, il est question ensuite des « mouches bleues ». Un petit tour sur Wikipédia vous renseignera sur toutes les sortes de mouches qui existent (www.http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouche). Je ne savais pas que Marcel Aymé avait écrit une pièce de théâtre intitulée « La mouche bleue », tiens ! « Les mouches bleues », voilà une chanson qui m'a donné du fil à retordre ! Je l'ai d'abord longtemps détestée (oui, carrément !), ne la résumant ingratement qu'à un bel aphorisme (« peu à peu je vois s'estomper les rêves de mon esprit tordu, je commence même à oublier les choses que je n'ai jamais sues »). Maintenant, je l'aime bien, et j'ignore la raison de cette virevolte...

Ensuite, on a droit à une superbe version de la chanson « Les dingues et les paumés », même si à mes yeux, LA grande version reste celle d'HFT en concert volume 1... Ah, et puis il y a ensuite « Pulque, mescal y tequila ». J'adore ! Je me souviens encore de mon immense joie à Sarreguemines quand Hubert nous avait offert ce morceau (d'anthologie !). Tiens, j'aimerais bien réentendre cette chanson sur scène un jour ! Combien de fois me suis-je enivrée de ces mots : « J'ai confié mon âme à un gnome qui jonglait sous un revolver », « Et je picole en compagnie d'un spectre imbibé de strychnine », « Je respire l'odeur alcaline des relents d'amour périmé » ! Une chanson qui m'a amenée vers le fascinant volcan de Malcolm Lowry. Superbe livre, déchirant...

 

Premier medley ensuite. Commençant par « Lorelei Sebasto Cha ». Le public, reconnaissant illico les premières notes, se déchaîne. Puis, c'est un petit bout de « Mathématiques souterraines ». Trop petit bout à mon goût, mais bon, on ne peut pas gagner à tous les coups !! Trop petit bout aussi du grandiose « Exil sur planète fantôme », dommage... Très vite, trop vite, les heures impossibles à décompter font place à « La fille du coupeur de joints ». N'empêche qu'à Sarreguemines, mamma mia, cette chanson avait déclenché une réaction du feu de Dieu dans le public. A mon avis, des coupeurs et surtout des fumeurs de joints, là-dedans, il y en avait une pléthore ! Et, comme on pouvait s'en donner à son aise dans la salle, personne ne s'était gêné ... sauf, je pense, ma mère et moi !!!!!!!!!!!! Petite anecdote amusante : mon voisin avait fini torse nu à un moment du concert, peut-être bien sur la « fille du coupeur de joints », d'ailleurs !!!!!

Puis, c'est « Enfermé dans les cabinets (avec points de suspension) » !! Je l'aime bien, celle-là... « J'aurais encore aimé franchir ta nébuleuse, mais ton corps est cousu de fil blanc barbelé ». Pensée émue pour l'abominable docteur Petiot, que Thiéfaine mentionne ici.

Le CD 1 s'achève sur « Fin de partie ». Logique ! Belles prouesses de « L'Officiel » à l'harmonica. « Tu n'entends plus le cri de tes désirs, le cri de tes désirs, le cri de tes désirs déserts », c'est fort, ça !

 

Voilà. Lorelei2, tu me demandais sur Facebook si j'allais prendre un CD d'HFT pour Venise. Non. Je me suis limitée raisonnablement. Les chansons, je les ai toujours dans un coin de ma tête, de toute façon, et il me suffit d'appuyer sur un bouton pour que tout se mette à fredonner joyeusement là-dedans ! Mais, quand même : en général, quand je reviens de mes pérégrinations, commander un petit HFT dans mon juke-box fait partie des priorités absolues !

 

PS : Cet après-midi, j'ai eu la joie de découvrir, dans mes spams que je ne regarde pourtant jamais, le joli mail d'un certain Hugo. Merci, Hugo. Si vous passez par là, postez, postez des commentaires à foison ! Ils seront forcément intéressants, vu le contenu de votre message ! Merci. "Un peu de soleil dans l'eau froide" ne nuit pas !!

PS 2 : Merci également à Fred06 pour son gentil mail, auquel je ne manquerai pas de répondre ce soir ou demain.

13/02/2010

"Routes 88" : "Bienvenue dans notre cirque un peu pervers" !

La pensée du jour : "Le côté décisif des premières rencontres : enthousiasme ou rejet. Je ne puis aborder aucun être nouveau avec indifférence ou froideur. Toute rencontre devient pour moi un volcan". Elias CANETTI

 

Finalement, je trouve un peu de temps pour consacrer une note à « Routes 88 ». Cela me tenait à coeur avant de partir ! J'aime beaucoup ce live. Il s'ouvre sur « La vierge au dodge WC 51 » (oui, ici, le morceau s'intitule « La vierge au dodge WC 51 », alors que sur la version studio, on lit : « La vierge au dodge. 51 »). Oui, donc, il s'ouvre sur cette chanson, et c'est heureux, même si, comme Lorelei, je déplore l'absence de la deuxième partie, nettement plus endiablée, encore plus barge que le début ! En tout cas, en cette veille de Saint Valentin, je propose que l'on sorte des sentiers battus, des déclarations d'amour à deux balles, des gros coeurs rouges ridicules ornés d'angelots non moins ridicules, et que nous, admirateurs de Thiéfaine, nous réinventions une façon de conter fleurette. Par exemple comme ceci : « Je t'aime, je t'aime, et je t'offre ma vie et je t'offre mon corps, mon casier judiciaire et mon béri-béri, je t'aime » !! Dans le style original, voilà qui se pose là !

Deuxième morceau : « Bipède à station verticale ». Une chanson qui fait partie de mes préférées. « Paraît qu'je viens d'une catastrophe, mais les dieux sont pas très bavards »... « Parfois, parfois, j'ai la nostalgie de la gadoue »... Moi aussi. Nostalgie de la Gadoue, avec un grand G, comme le point !!

J'adore les versions de « Was ist das rock'n'roll », « Narcisse 81 », « Exil sur planète fantôme », « Chambre 2023 et des poussières » (j'espère toujours l'explication d'Arnaud à ce sujet). Pour « Les dingues et les paumés », je préfère la mouture du premier live, je la mets au-dessus de toutes les autres, de toute façon.

J'aime aussi la version d'« Affaire Rimbaud ». Quand j'étais jeune, je rêvais de mourir en écoutant cette chanson-là ! J'ai eu ma période Rimbaud, une vraie de vraie, je m'enivrais des Illuminations, tout en n'y comprenant « saintement que dalle », comme dirait Albert Cohen ! Avec mon copain Christophe, nous nous prenions pour des poètes, nous nous lisions du Rimbaud pendant de longues heures à la lueur d'une bougie, après avoir écouté Hubert-Félix, et c'était le bonheur sur terre !!

Ensuite, c'est « Droïde song », une chanson que je n'ai pas tout de suite intégrée dans mon univers. C'est sur la tournée « HFT en solitaire » que je l'ai vraiment découverte et que sa grandiose beauté m'a éclaté à la bobine. Magnifique ! « Le jour où les terriens prendront figure humaine, j'enlèverai ma cagoule pour entrer dans l'arène »... Oui, eh bien, ce n'est pas demain la veille !

Ah, et puis il y a « Sweet amanite phalloïde queen », qui était d'ailleurs la chanson préférée de Christophe. Je pense toujours à lui quand je l'entends ! Depuis ma période rimbaldienne, il s'en est passé des choses, et le monde s'est vidé de quelques indispensables et lumineuses présences, dont celle de Christophe... « Manufacture de recyclage des mélancolies hors d'usage », mais c'est sublime, ça !

Un peu de douceur dans ce monde de brutes, et voici donc « Septembre rose », qui est presque une ode à la vie (presque, parce que c'est Thiéfaine, quand même, et que le désespoir n'est jamais bien loin, mais « au fond du couloir », avec son ami le blues). Une chanson qui affirme son appartenance à un registre plus joyeux. Le jeune père qu'était HFT à l'époque s'extasiait de son bonheur, mais restait tout de même légèrement sur ses gardes (cf. « Quand par manque d'habitude on s'méfie du bonheur »)...

Après « Je ne sais plus quoi faire pour te décevoir », voici les incontournables, les chansons qui seront désormais de toutes les tournées ou presque : « Zone chaude, môme », « Lorelei Sebasto Cha », « Mathématiques souterraines », « La fille du coupeur de joints » (et je mets encore une fois un « s » à « joints » !!).
Le tout s'achève sur « Errer humanum est », chanson que j'adore ! Très belle allégorie de nos pauvres conditions bien crétines : on nourrit de grandes ambitions, on fait tout pour les réaliser, et c'est finalement la déconfiture totale (« On fait Nankin-Ouagadougou pour apprendre le volapük, et on se r'trouve comme kangourou dans un zoo qui prend les tucs »). Nous voilà « aplatis comme de vieilles pizzas lâchées d'un soyouz en détresse », et le réconfort cherché auprès des « p'tites frangines », se révèle bien éphémère et dérisoire. « Pas prendre pour un courrier du coeur les pulsions des glandes endocrines ». Enfin, quand même, embarqués malgré nous dans l'aventure, nous poursuivons la route... « Toujours plus loin à fond la caisse », et ce n'est pas mon ami le Doc qui dira le contraire, je pense...

12/02/2010

"Routes 88"

La pensée du jour : "La question n'est pas de savoir si j'ai le temps de lire ou pas (temps que personne,d 'ailleurs, ne me donnera), mais si je m'offre ou non le bonheur d'être lecteur", Daniel PENNAC (Comme un roman).

 

Jolie surprise en faisant nos courses tout à l'heure : tout à coup, au loin, j'ai vu un homme vêtu d'un sweat-shirt « Thiéfaine Scandale mélancolique tour ». Evidemment, je l'ai regardé avec insistance, puis l'ai montré (discrètement, s'entend !) à Sam. Je me suis approchée du monsieur en question, bien décidée à lui dire deux mots, et là, quelle joie, j'ai reconnu Etienne ! Etienne que nous n'avions pas revu depuis le Livre sur la Place 2007, peut-être bien. Etienne avec qui j'ai toujours bien aimé discuter. Etienne, que Sam avait aidé à choisir son sweat-shirt HFT après un concert à Voujeaucourt. Quand même, quelle belle équipe nous formons, nous les admirateurs d'HFT !!!

 

Sinon, je suis très fatiguée en ce premier soir de vacances... Il n'y paraît pas, comme ça, mais le métier de prof n'est pas de tout repos !!! Je pars lundi pour Venise, je ne suis pas sûre de pouvoir alimenter ce blog avant mon départ. Dommage, j'aurais bien voulu écrire un billet sur « Routes 88 » avant de partir sur ma "route 2010" ! Mais je n'y parviendrai pas, à mon avis. Alors, j'ai une idée. Je vais faire ma prof et vous demander de me dire en quelques lignes ce que vous pensez de ce live !! Allez, je ramasse les copies très bientôt !

Non, je plaisante, je ne vais pas faire ma prof. Dès ce matin, d'ailleurs, je me suis installée au fond de la salle de classe, j'ai envoyé au tableau la brave Charlotte qui maîtrise tout, et j'ai dit à mes chers élèves : « Terminé, je ne suis plus prof pendant 15 jours, je commence ce matin, et c'est Charlotte qui va vous expliquer la leçon » !! J'adore faire ça, cela marche en général très bien !! Et moi je fais le cancre au fond de la classe, cela me rappelle mes années-collège !!!
Donc, oui, je disais : cette fois, c'est vous qui commencez, c'est vous qui allez me donner vos impressions sur « Routes 88 ». Je consacrerai une note à ce live quand je serai rentrée de Venise... Je penserai à vous, entre une visite de musée, un tour en gondole, une pause au café Florian !!