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29/01/2010

Les deux ogres

La pensée du jour : "Tu vins au coeur du désarroi

Pour chasser les mauvaises fièvres

Et j'ai flambé comme un genièvre

A la Noël entre tes doigts

Je suis né vraiment de ta lèvre

Ma vie est à partir de toi". Louis ARAGON

 

                   

Désolée pour le vide affiché sur mon blog hier soir et jusqu'à je ne sais trop quand aujourd'hui... Un truc indépendant de ma volonté, évidemment.

Demain, nous emmenons Clara à son premier concert du soir ! Nous allons voir Aldebert. J'aime bien ce que fait cet artiste, que ce soit pour les adultes ou pour les enfants. Sur chacun de ses albums ou presque, il remercie Hubert-Félix Thiéfaine. Dernièrement, il l'a même fait chanter. Une chanson pour enfants : "Les deux ogres", que vous connaissez sûrement et dont il a déjà été question ici. En voici le texte. Un peu tronqué : à la fin, il y a un dialogue entre les deux ogres et leur papa, je ne l'ai pas recopié, je vous laisse écouter cela sur le blog de Yoann (http://bluesymental.blogspot.com/)

Il y a un mot que je ne comprends pas dans le texte chanté par Hubert. Qui peut m'éclairer ?

 

 

Aldebert : Nous avons adopté depuis quelques jours

Ma famille et moi deux ogres poilus

Le premier s'appelle tsunami

Jamait : Bonjour

Aldebert : Et le second, son p'tit nom c'est typhon

HFT : Salut

 

Jamait : Les gens disent que je mange des enfants

que j'ai des cornes pour éventrer les brebis

mais mon truc à moi c'est la mousse au chocolat blanc

et jouer au « mille bornes » avec ma mamie au lit

 

HFT : Les gens disent que je suis très violent

que j'ai des oisillons morts entre les crocs

alors que je collectionne les bons sentiments

que ma plus grande passion c'est le ??? c'est trop beau

 

Refrain (Aldebert) : Quand on ne connaît pas on raconte n'importe quoi

Les on-dit et les cancans rendent les gentils méchants

 

HFT : Les gens disent que je m'lave au purin

Jamait : Ah c'est toi qui... Ah !

 

HFT : que je bois du rhum à la bave de serpent (Jamait : euh !)

mais je passe des heures à la salle de bain

je tombe dans les pommes à la vue du sang

Non vraiment

 

Jamait: les gens disent que ma maison est hantée

que j'ai des milliers de blattes au fond de mon lit la nuit

alors que je regarde Bambi en DVD

en faisant des p'tites nattes à mes poupées Barbie c'est mimi...

 

refrain x2 (d'abord Aldebert, puis Aldebert, HFT et Jamait)

 

HFT : Quand je souris à pleines dents

en voulant faire des bisous

les gens se sauvent en courant

prenant leurs jambes à leur cou

 

Jamait : Si j'ai à leur intention des cadeaux pour faire connaissance

ils pensent que c'est du poison et se débinent dans tous les sens

 

refrain x2 (Aldebert / puis : Aldebert, HFT, Jamait)

Quand on ne connaît pas on raconte n'importe quoi

les on-dit et les cancans rendent les gentils méchants

 

Allez les ogres ! On se dépêche, à table !

27/01/2010

"Baudelaire est mort hier"...

La pensée du jour : "Quand quelqu'un de cher disparaît, nous payons de mille regrets poignants la faute de survivre. Sa mort nous découvre sa singularité unique; il devient vaste comme le monde que son absence anéantit pour lui, que sa présence faisait exister tout entier; il nous semble qu'il aurait dû tenir plus de place dans notre vie : à la limite toute la place". Simone DE BEAUVOIR.

Spleen

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle
Sur l'esprit gémissant en proie aux longs ennuis,
Et que de l'horizon embrassant tout le cercle
Il nous verse un jour noir plus triste que les nuits ;

Quand la terre est changée en un cachot humide,
Où l'Espérance, comme une chauve-souris,
S'en va battant les murs de son aile timide
Et se cognant la tête à des plafonds pourris ;

Quand la pluie étalant ses immenses traînées
D'une vaste prison imite les barreaux,
Et qu'un peuple muet d'infâmes araignées
Vient tendre ses filets au fond de nos cerveaux,

Des cloches tout à coup sautent avec furie
Et lancent vers le ciel un affreux hurlement,
Ainsi que des esprits errants et sans patrie
Qui se mettent à geindre opiniâtrement.

- Et de longs corbillards, sans tambours ni musique,
Défilent lentement dans mon âme ; l'Espoir,
Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce, despotique,
Sur mon crâne incliné plante son drapeau noir.

 

Charles BAUDELAIRE

26/01/2010

Méthode de dissection : suite et fin avec "Amicalement blues"

La pensée du jour : "Wenn du einem Menschen begegnest, soll er mit einem Lächeln weitergehen, und sein Puls soll um drei Grade stärker schlagen, weil du ihm eine Ahnung von seinen verborgenen Kräften und den in ihm schlummernden Ideen verschafft hast !" Fred WANDER.

 

 

Eh oui, j'arrive déjà au terme de ces dissections d'albums ! Il est grand temps qu'un avion (que dis-je, un missile, oui !) vienne enfin traverser les cieux thiéfainiens ! A quand ce nouvel album tant attendu dans le monde entier (ou presque) ?!!

« Amicalement blues », donc. Déjà, quand je saurai taper « amicalement » sans me gourer et sans transformer systématiquement cet adverbe en « amiclament », je serai contente ! Mais il me faudrait encore beaucoup d'entraînement ! Pas douée !!!

Allez, disons-le : lorsqu'il a été question de ce CD, au début, je me suis dit que ce ne serait pas pour moi... Je n'étais pas sûre d'aimer la musique de l'oeuvre à venir. Malgré mes vagues réticences (car, quand il s'agit d'HFT, mes réticences sont toujours vagues seulement !!), je me suis précipitée sur « Amicalement blues » dès sa sortie ! La petite intro signée Hubert me séduisit immédiatement : « Marshall, nous voilà  ! », il fallait y penser !

Première chanson plutôt sympathique. « Avenue de l'amour ». La chanson que Clara réclame souvent en ces termes : « Je veux yeah, yeah » !!! Deuxième chanson ... plutôt sympathique aussi. Replaçons-nous dans le passé, au moment où est sorti ce CD. Je l'écoute une première fois. Pas beaucoup de réactions. Je ne sais pas encore si j'accroche vraiment ou pas. Deuxième écoute, puis troisième. Des préférences commencent à se dessiner : d'emblée, « Photographie d'un rêveur » m'enchante. « Je veux juste t'offrir l'amour sans la mort ». Cette phrase me perturbe depuis que je l'ai entendue. Alors quoi, aimer quelqu'un reviendrait, la plupart du temps, à l'assassiner ? A le priver de sa substance ? Ici, le père Hubert nous propose autre chose. Un amour qui ne flinguerait pas l'autre, ne le réduirait pas à néant... En même temps, il a beau faire, il a beau dire, son amour demeure humain, donc imparfait, donc perfectible :

« Si parfois je ruisselle

comme un vieux troubadour

sous les yeux maternels

d'une barmaid trop glamour »... (dites, il s'agirait pas de la barmaid de cité X, précédemment évoquée ici ?!!)

On est loin de cette conception incroyable, trouvée un jour chez Vincenot : « Et même si tu regardes une femme, comme dit Tolstoï, et que tu la désires, ou seulement si tu la trouves désirable, tu as déjà commis l'adultère en ton coeur  ! » Bon, ben, mon rêveur, tu repasseras, tu as tout faux ! Non, désolée, je m'éloigne du sujet.

Bref... J'aime bien cette chanson qui dit, sur une musique que j'adore, la difficulté d'aimer...

Dans le genre « difficulté d'aimer », il y a aussi « Distance », chanson pas bien gaie. « Je ne suis plus rien juste une épave à brader »... Ici, il est question de « féminité flinguée », de beauté tuée... « Mais je n'vois maint'nant que le mot fin sur l'écran ». Un homme contemple les vestiges d'un amour déchiqueté. Chanson vraiment triste dont la musique a elle aussi des accents mélancoliques...

Deux autres chansons que j'aime bien sur « Amicalement blues » (purée, j'ai encore écrit « amiclament » ... ben oui, ce CD, c'est le fruit du travail de deux amis clamant le blues, finalement !) : « Rendez-vous au dernier carrefour » et « Spécial ado SMS blues ». Ah, et il y a aussi « Juste avant l'enfer ». Et « Amant sous contrôle », surtout pour sa belle envolée au moment de « tu es mon île

dans mes amours insensées »...

Un peu moins de tendresse pour « Emeute émotionnelle, » bien qu'un souvenir sentimental y soit lié puisque Clara (encore elle !) a longtemps cru qu'au lieu de « ta vie me tue », il fallait comprendre « avimetiou ». En un mot, en anglais, et ne me demandez pas ce que ça veut dire !!!

« Strindberg 2007 ». Un peu moins de tendresse pour cette chanson-là aussi. Mais quand même, « j'essaierai d'être sérieux à mon dernier soupir », c'est bon, très, très bon !

Sur cet album, il y a aussi des chansons auxquelles je n'accroche pas des masses : « L'appel de la forêt », « Les douceurs de la vengeance », « Your terraplane is ready mister Bob ! ». Et il y a aussi cette histoire de vieux bluesman et de bimbo que je trouve fatigante (oui, fatigante, trop répétitive)...

 

Voilà. Il s'agit là d'un album que globalement, j'aime bien, même si ici, les textes d'Hubert n'ont pas forcément la classe à laquelle nous sommes habitués (en bons enfants gâtés que nous sommes !).

J'avais bien aimé les deux concerts de la mini-tournée « Amicalement blues ». Ah oui, j'ai de très bons souvenirs de Paris et de cette rencontre entre fans après le concert. De très bons souvenirs de la Madine aussi... Un petit regret quand même, je le mentionne vite fait sans vouloir ressasser : l'annulation du concert de Thiéfaine-Personne au NJP. Pour la première fois, mon frère devait venir voir Hubert avec moi ! Je m'en faisais une joie... Vite retombée. Comme un soufflé. Comme un vieux string qui n'est plus « qu'une boule de nylon », oui ! Dommage, dommage...

Cet album renferme lui aussi, c'est la loi, sa petite allusion à l'Allemagne, même si elle n'est pas des plus heureuses : « j'ai jamais bien supporté

les vieilles polkas nazies ». Il est évident que je préfère les références à la peinture ou à la littérature d'outre-Rhin, mais bon...

Voilà. J'ai donc fini ce chapitre de dissections (mais il est possible, qui sait, que j'aie à le reprendre cette année encore, on veut y croire). J'attends vos avis sur « Amiclament blues » (cette fois, je l'ai fait exprès !!).

 

25/01/2010

"Ad orgasmum aeternum"

La pensée du jour : "Tout est hasard, ou rien n'est hasard. Si je croyais à la première possibilité, je ne pourrais pas vivre, mais je ne suis pas encore convaincue de la seconde". Etty HILLESUM, Une vie bouleversée.

 

Ad orgasmum aeternum

 

dans cité X y a une barmaid

qui lave mon linge entre deux raids

si un jour elle apprend mon tilt

au bout d'un flip tourné trop vite

je veux pas qu'on lui renvoie mes scores

ni ma loterie ni mon passeport

mais je veux qu'on lui rende ses lasers

avec mes cendres et mes poussières

et j'aimerais qu'elle tire la chasse d'eau

pour que mes tripes et mon cerveau

enfin redevenus lumière

retournent baiser vers la mer

 

 

je reviendrai comme un vieux junkie

m'écrouler dans ton alchimie

delirium visions chromatiques

amour no-limit éthylique

je reviendrai comme un vieux paria

me déchirer dans ton karma

retrouver nos mains androgynes

dans ta zone couleur benzédrine

 

je reviendrai fixer ta chaleur

dans la chambre au ventilateur

où tes ombres sucent les paumés

entre deux caisses de S.T.P.

je reviendrai te lécher les glandes

dans la tendresse d'un no man's land

et te jouer de l'harmonica

sur un décapsuleur coma

 

je reviendrai jouir sous ton volcan

battre nos cartes avec le vent

je reviendrai taxer ta mémoire

dans la nuit du dernier espoir

je reviendrai chercher notre enfance

assassinée par la démence

et lui coller des lunettes noires

le blues est au fond du couloir

je reviendrai narguer tes dieux

déguisé en voleur de feu

et crever d'un dernier amour

le foie bouffé par tes vautours

 

 

Hubert-Félix THIEFAINE

 

Cette chanson est une de mes préférées ! J'adore sa structure : les paroles dites et non chantées au début, le silence juste avant la deuxième strophe. « Je reviendrai comme un vieux junkie m'écrouler dans ton alchimie » est une phrase que j'adore et qui m'accompagne en permanence. Vous aussi, je suppose que vous en avez une foule, des phrases comme ça, dans un coin de votre cerveau.

S.T.P. signifie ici « Sérénité Tranquillité Paix » et désigne un psychotrope appelé aussi D.O.M.

 

Remarque : J'espère qu'on va pouvoir poster des commentaires sous cette note. Hier, c'était impossible.

Remarque 2 : Non, on ne peut toujours pas poster de commentaires sous cette note. Je ne sais pas pourquoi...

23/01/2010

Dans le genre "Confessions d'un never been" : "Tribulations d'un éternel largué"...

La pensée du jour : "les raisins sont amers et trop verts les citrons". Raymond QUENEAU, avec qui j'ai passé la journée !!!

 

J'aime bien Myspace... Souvent, des inconnus, domiciliés loin de vous, parfois tout près aussi, vous envoient des invitations. Il suffit d'avoir des amis communs ou des centres d'intérêt qui sont aussi les leurs, et il vous arrive tout à coup une sollicitation, une demande, « pourrais-tu aller jeter un coup d'oeil sur mon profil ? » Enfin, en général, vu les centres d'intérêt que j'ai indiqués, je reçois plutôt des questions du type : « Peux-tu aller écouter ce que je fais, s'il te plaît ? » C'est ainsi que j'ai découvert Rougge, habitant d'ailleurs à Nancy... Hier, une fille du Canada m'a contactée, elle m'a posé des questions sur mon métier, etc. Avant-hier, c'était un homme de Ouagadougou (si !) qui m'envoyait un mot ... auquel je n'ai pas répondu parce que je ne cherche pas, pour l'instant en tout cas, de « grand noir culturiste » !!! Je vais répondre quand même, par politesse, mais je ne sais pas, le monsieur me dit qu'il voudrait entamer une « quelconque relation » avec moi, et je m'interroge sur ce qu'il entend par « quelconque relation »... Il n'a pas dit « relation quelconque », mais bon ! Bref... Aujourd'hui, un certain Akim Martin m'a envoyé une demande d'ajout à sa liste d'amis. Nous avons trois amis communs : Lorelei, HFT (!), Jacques Higelin. C'était déjà un bon début, qui m'a bien disposée à l'égard du fameux Akim. Ensuite, je suis allée me balader sur son profil. J'aime bien la photo qui nous accueille : Akim, la corde au cou, et un verre de bière à la main. Encore de quoi être bien disposée à l'égard de ce monsieur !!! D'un côté le penchant pour la mort, de l'autre les bons côtés de la vie ... auxquels on tient quand même, tous autant que nous sommes ou presque, n'est-ce pas ?!

Ensuite, je jette un coup d'oeil sur les titres des chansons d'Akim : « Missive aux archanges », « Tribulations d'un éternel largué », « L'astronome d'une nuit », voilà qui me plaît déjà ! Puis, je me mets à écouter les chansons en question. Et là, je me les prends ... en pleine face, pour faire un clin d'oeil au titre d'un des morceaux en écoute sur Myspace (« en pleine face » est d'ailleurs la chanson que je préfère). Jolie voix, très jolie voix. Des textes qui me parlent illico, une musique qui bouge bien. Et qui fait bouger mes deux mômes aussi, d'ailleurs !

Voilà. Assez causé ! Si vous avez envie d'écouter Akim Martin (et je vous le conseille vivement), c'est là que ça se passe :

http://www.myspace.com/akimmartin63

"Un Sturm und Drang sans fin au bout du neverbeen"...

La pensée du jour : "J'connaîtrai jamais le bonheur sur terre

je suis bien trop con". Raymond QUENEAU.

La statue de Goethe et de Schiller à Weimar, superbe ville de Thuringe...

 

« Sturm und Drang » signifie « tempête et élan ». « Drang », c'est aussi le désir, l'impulsion, le penchant, la poussée, et il n'est pas rare de trouver ce mot associé à la préposition « nach », qui vient dire vers quoi s'oriente le désir : « der Drang nach Freiheit », « der Drang nach Abenteuer ».

Les termes « Sturm und Drang » qualifient le mouvement littéraire qui naquit en Allemagne durant la deuxième moitié du 18ème siècle. Il atteignit son apogée dans les années 1770, l'année 1770 étant d'ailleurs extrêmement importante puisqu'elle est celle de la rencontre entre Goethe et Herder à Strasbourg. Ce courant succède à la période des Lumières (« Aufklärung ») et est considéré comme le précurseur du romantisme.

Les deux termes font référence à une pièce de Friedrich Maximilian Klinger parue en 1776. Le « Sturm und Drang » va réunir des écrivains plutôt jeunes. Parfois, dans les précis de littérature allemande, on trouve également le mot « Geniezeit », « Genieperiode » (=la période des génies) pour qualifier ce mouvement.

Aux yeux de Herder, un poète a du génie lorsqu'il sait faire preuve d'esprit, d'imagination, de perspicacité et de goût.

Le « Sturm und Drang » prône la supériorité des sentiments et s'intéresse à la nature comme un « tout organique ». On retourne aux sources, ce qui explique aussi le regain d'intérêt pour les chants populaires. On préfère la passion à la raison. Le mouvement s'inspire beaucoup de Shakespeare et de Jean-Jacques Rousseau. Ce sont surtout Friedrich Schiller et Goethe qui seront les principaux représentants de ce courant, avec Die Räuber (Les brigands) pour Schiller et Götz von Berlichingen, ou encore Die Leiden des jungen Werthers pour Goethe. Ce roman épistolaire raconte l'histoire de Werther, jeune homme ne sachant que faire de son existence et s'installant dans la ville de W. pour y fuir le monde bourgeois. Un jour, il est invité à un bal et y rencontre Charlotte (Lotte), dont il tombe amoureux, bien que la sachant déjà liée à un autre homme, Albert. A la fin, Werther se suicide. D'ailleurs, ce roman eut un tel impact à sa parution en Allemagne, qu'il y déclencha une vague de suicides. Dans Die Leiden des jungen Werthers, les sentiments sont exaltés, le coeur devient la partie centrale de l'individu.

Autres écrivains ayant appartenu à ce mouvement : Jakob Michael Reinhold Lenz, Johann Gottfried Herder, Heinrich Leopold Wagner, Friedrich Maximilian Klinger.

Sources : Wikipédia + Auklärung, Sturm und Drang, Geschichte der deutschen Literatur,  Theo Herold und Hildegard Wittenberg, Ernst Klett Schulbuchverlag GmbH, Stuttgart 1983.

19/01/2010

La collection 78-88

La pensée du jour (la deuxième pensée du jour puisque j'ai déjà fait une note aujourd'hui !) : "De toute façon, je n'avais aucune envie d'être quoi que ce soit. Et j'y arrivais brillamment". Charles BUKOWSKI.

 

Putain d'époque que le rock vient d'ébranler. La musique bouscule les moeurs. La vieille chanson se meurt et, avec elle, une certaine morale.
Un accord de guitare électrique fait vaciller le vieux monde et pousse les générations nées de l'après-guerre à penser autrement. La France ne restitue qu'un écho affaibli des pionniers, de ce cocktail explosif né d'une première fusion des musiques blanches et noires.
Le business d'ici a beau y faire, pousser dans les projecteurs des wagons d' « idoles » aux caricatures de vécu, le mal est beaucoup plus profond qu'il n'y paraît, les vieilles institutions et leurs garde-chiourmes du penser juste et sans remise en cause auront beau faire, une révolution est en marche, portée par ce qu'on appelle le rock, mot fourre-tout où se retrouvent les multiples variantes de la nouvelle expression musicale.

Fort d'une telle capacité à bousculer le vieux monde, ses moeurs, ses têtes pensantes d'un autre temps et d'une rigidité maladive, le mouvement ne s'arrêtera plus et à défaut de balayer tout sur son passage, il transforme le vieux monde.
Ses héros écrivent la BO des décennies traversées, sans en grimer les aspects les plus sombres. Ils ne sont pas légion dans un système apte à récupérer et exploiter même la prétendue colère, mais rien ne parviendra à les faire taire.

 

Hubert-Félix Thiéfaine fait incontestablement partie d'eux avec pour particularité d'être unique, conséquence certainement de cette solitude liée à son histoire, un vécu particulier et une grande sensibilité.
Les prémices de son initiation passent par une succession de chocs ressentis assurément avec beaucoup plus d'intensité que d'autres. Le contexte ne fait qu'exacerber cette capacité à s'imprégner de tant de chaos, à le vivre avec une dimension intérieure décuplée. L'enfermement durant les années d'adolescence ne peut qu'être subi dans la douleur quand déjà vos aspirations vous poussent à imaginer d'autres horizons.
Et ses maîtres d'alors constituent les remparts d'un savoir-faire définitivement périmé, sans qu'ils ne le sachent. Ces quelques années passées dans un séminaire perdu au fond d'une campagne vont, finalement, surtout lui donner un goût absolu de la liberté libre, rendre plus intense la découverte de Villon, Rimbaud, Maldoror, les riffs des guitares.
Il raconte surtout comment, dans ce huis-clos où chaque geste est épié, le moindre comportement passé au crible, l'esprit est le dernier refuge, l'ultime salut de ceux qui refusent.

Il y met en forme ses premières chansons. Sous le crâne brûle la révolte et celle-là n'a rien à voir avec des implications furtives, l'artifice !

Un destin est en marche.

 

 

Ainsi commence le livret « Hubert-Félix Thiéfaine, la collection 78-88 ». Je n'ai pas encore lu ces quelques pages. Mais, en le feuilletant attentivement dimanche, je me suis rendu compte qu'il contenait de nombreux documents intéressants. Je le prends dans mon lit ce soir ! Et je vais essayer de ne pas faire trop attention aux imprécisions et aux fautes d'orthographe qui, de prime abord, m'avaient donné envie de refermer assez vite ce livret (cela commence dès la première page : « dans des dédales obscures où plane la folie », cela continue un peu plus loin, avec « la lectures d'une belle brochette de ces estampillés maudits »)... Quand même, personne n'a relu ces pages avant leur publication ?!

Vie de Lamartine : suite et fin

La pensée du jour : "L'amour est une maladie d'incomplétude. (...) Quelque chose s'est perdu à l'origine, une affection s'est refusée, une sympathie s'est interrompue, et l'on est à jamais avide de ce qui pourrait en tenir lieu". Jean-Paul ENTHOVEN.

 

 

En 1833, Lamartine commence une carrière politique. Elu député et conseiller général, il devient peu à peu un orateur écouté et lance l'idée d'un « parti social ». Son Histoire des Girondins, en 1847, obtient un succès prodigieux et cet être de grande race, fait de muscles et de nerfs, devient un des rois de l'opinion. Son activité frénétique l'a vieilli de 10 ans, mais il compte bien « garder jusqu'au tombeau la jeunesse inextinguible de l'âme qui pense, qui rêve, qui espère, qui aime ». Ministre du Gouvernement Provisoire, il est hélas vite débordé par les haines de droite et de gauche. En juin, il supplie en vain que l'armée investisse Paris, pour éviter la révolte et le massacre qui s'ensuivra. Cela n'arrange personne : l'extrême-gauche s'entête, tandis que la droite et les modérés veulent faire un « exemple ». Alors le nouveau ministre de la Guerre, Cavaignac, sabre, cravache et fusille et Sainte-Beuve, ravi de la déconfiture du poète, ose écrire, avec perfidie et mauvaise foi : « Les pieds de Lamartine lui ont glissé dans le sang ».

C'en est fait de Lamartine homme politique. Il obtient aux Présidentielles un score dérisoire et voit sa vie se transformer en une succession de problèmes financiers et d'énormes travaux littéraires et historiques. Son logis parisien n'est plus qu'un bureau, une usine, dont madame de Lamartine devient la cogérante.

Les années passent, peuplées de rêves impossibles et de cauchemars quotidiens, et à 70 ans, le poète se tue encore au travail et devient la proie des usuriers. Il doit vendre Milly, « la moelle de ses os ». En 1863, sa femme meurt et en 1867, il se remarie secrètement avec sa nièce Valentine de Cessiat, davantage infirmière qu'épouse. Il meurt le 25 février 1869. Sur sa poitrine, le crucifix que tenait Julie Charles sur son lit de mort.